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Ô mon bel arbre

Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine le 8 août 2001 dans Le Soleil.


Quelque chose de vital manque dans les aménagements paysagers: les arbres. Force est de constater que beaucoup de terrains sont joliment aménagés, avec une belle pelouse, d’attrayantes plates-bandes d’arbustes, de vivaces et d’annuelles, parfois même une rocaille, une fontaine et c’est très bien. Mais il manque un élément clé: l’arbre. L’arbre, c’est la pièce maîtresse d’un aménagement paysager. Il aide à faire le lien entre le ciel et la terre, à ancrer le paysage dans son environnement. C’est la touche finale qui fait la différence entre un aménagement qui est attrayant, mais sans plus, et un aménagement vraiment saisissant. Rares sont les terrains qui n’ont pas besoin d’un arbre, ou même plusieurs, comme touche finale.

En plus d’embellir, l’arbre est pratique. Avec son ombre, il rafraîchit le terrain, plus d’ailleurs encore qu’un parasol de jardin. Car l’arbre coupe non seulement le soleil, mais par son évaporation, il fait littéralement baisser la température de quelques degrés. Il vous faut au moins un arbre sur votre terrain, si ce n’est que pour pouvoir vous asseoir à la fraîcheur par temps de canicule!

De la planification

Mais de tous les éléments vivants que l’on incorpore dans un aménagement paysager, c’est l’arbre qui demande le plus d’attention dans la sélection et l’emplacement. Après tout, si une vivace ne correspond pas à vos goûts, vous pouvez l’enlever ou la changer de place en deux minutes. On ne déplace pas un arbre aussi facilement. Et on ne peut pas, non plus, facilement tailler un arbre s’il devient trop grand. Il faut choisir exactement la bonne essence pour les besoins du terrain. Et cela demande de la planification.

On n’achète pas un arbre sur un coup de tête. On planifie son achat.

D’abord, regardez votre terrain de tous les côtés. On plantera surtout un arbre un peu vers le côté de la maison, là où il ne bloquera pas la vue. Il est toujours bien de planter un arbre à feuilles caduques du côté sud ou ouest de la maison, car en mûrissant, il jettera de l’ombre sur votre maison et il aidera à réduire les coûts de climatisation l’été, alors que les feuilles tombant l’hiver permettent au soleil de chauffer la structure quand vous en avez le plus besoin.

Le choix de l’arbre

Un conifère (pin, épinette, etc.) par contre, est souvent placé du côté nord ou nord-ouest de la maison, car il coupe le vent hivernal et fait beaucoup économiser sur les frais de chauffage. Et il faut tenir compte des obstacles. La ligne téléphonique ou électrique qui paraît si loin à la plantation sera vite dans sa ramure quand l’arbre grandit. Pour ne pas avoir, soit à couper l’arbre ou à lui soumettre à une taille barbare et inégale pour dégager seulement les fils, plantez tout grand arbre loin des fils. Vous pouvez toutefois utiliser à certains endroits de petits arbres (ceux qui ne dépasseront pas 7 m de hauteur).

Voilà pour la hauteur, mais il faut aussi considérer le diamètre éventuel de votre sélection. Vous ne voudriez pas qu’il vienne frotter contre la maison ou qu’il dépasse votre piscine (sinon, les oiseaux se feront un devoir de laisser plein de petits cadeaux dans l’eau).

Il existe quelques arbres de port dressé, comme le chêne anglais fastigié (Quercus robur ‘Fastigiata’, zone 4b) ou les pommetiers colonnaires, qui peuvent servir dans les lieux exigus, mais la plupart des arbres exigeront presque autant d’espace horizontal que vertical. Une fois que vous avez une idée des proportions possibles, il est temps de regarder les autres attraits. Voulez-vous un arbre à feuillage persistant (sous nos climats, nécessairement un conifère) ou à feuilles caduques? À feuillage vert (plus facile à agencer dans un aménagement) ou coloré (attention surtout au feuillage pourpré, très difficile à accommoder; les teintes dorées et argentées sont plus faciles).

Pour tous les goûts

Produit-il de belles fleurs? Des fruits colorés? Et voulez-vous même des fruits, sachant qu’un jour ils tomberont et qu’il vous faudrait les ramasser? Cherchez-vous une ombre dense ou légère? Un arbre qui bouchera un trou sur le terrain (préférez un arbre dont la ramure commence au sol) ou qui sera surtout aérien, avec des branches commençant haut sur le tronc, ce qui vous permet d’utiliser le terrain à son pied pour autre chose?

Regardez maintenant l’autre aspect: quelles conditions pouvez-vous offrir à l’arbre? Votre sol est-il riche ou pauvre? Glaiseux, rocailleux ou sablonneux? Sec, humide ou bien drainé? Ensoleillé ou ombragé? Sachez que peu importe la combinaison de conditions, il y a toujours un vaste choix d’essences qui convient.

Et il est plus facile de choisir des arbres convenant à vos conditions que d’essayer de changer les conditions dans votre cour!

L’achat de l’arbre

Vous avez maintenant en tête le portrait de I’arbre idéal: telles ou telles dimensions, pas de défauts majeurs, etc. Allez voir un pépiniériste pour qu’il vous conseille quelques arbres qui peuvent convenir: il y a littéralement des centaines de choix!

Photo: Pépinière Deschênes

Attention aux arbres de grand calibre! D’abord, ils paraissent très bien en pépinière, mais sont difficiles à planter à cause de l’énormité de leur motte et prennent souvent plusieurs années avant de bien s’acclimater. Souvent il vaut mieux acheter un jeune spécimen de la même espèce. Non seulement coûtera-t-il souvent beaucoup moins cher, mais les jeunes arbres s’acclimatent rapidement aux nouveaux lieux et souvent dépassent les «grands gaillards» en seulement un an ou deux!

La plantation

De nos jours, les arbres sont généralement vendus en pot et on peut alors les planter à toute période de l’année où le sol n’est pas gelé. Vous pouvez donc les planter quand vous voulez, essentiellement.

Mais comment les planter? Creusez un trou de la même profondeur que la motte de racines (jamais plus, sinon l’arbre aura tendance à se pencher quand le sol se tasse) et deux à trois fois plus larges. Enlevez le pot (il est souvent plus facile de le couper). Tirez sur les racines de l’extérieur du pot, celles qui tournent en rond, pour les diriger dans tous les sens.

Maintenant, remplissez le trou à moitié avec la terre prélevée, tassez bien avec le pied, puis arrosez une première fois pour bien atteindre les racines dans la moitié inférieure de la motte. Remplissez le trou complètement, puis tassez et arrosez encore.

Appliquer une bonne couche de paillis (au moins 7 cm) assure une meilleure reprise.

Astuces pour le sol lors de la plantation

Vous remarquerez que je ne recommande pas d’améliorer le sol à la plantation. De plus en plus d’études démontrent que, pour les arbres et les arbustes du moins, mieux vaut les planter dans le sol prélevé, sans aucun ajout de bonne terre, de compost, etc. Si votre terre est déjà naturellement riche, il n’y a pas de danger à le faire (mais pas davantage non plus!), mais dans un sol de moindre qualité, vous créerez une «cuve» de bonne terre dans laquelle les racines tendent à s’entasser, ce qui empêche l’arbre de développer les racines qui courent au loin, comme il se doit. Si la terre est de qualité égale partout, l’arbre produira de longues racines qui l’ancreront davantage.

(Vous jugez votre sol de trop mauvaise qualité pour y planter un arbre? Améliorez alors le sol DANS TOUT LE SECTEUR et non pas seulement au pied de l’arbre, quitte à faire venir quelques camionnées de bonne terre, s’il le faut.)

Il n’y a pas lieu non plus de tailler un arbre à la plantation ni de supprimer sa flèche (pointe), sauf pour tailler jusqu’à une branche saine tout rameau brisé lors de la plantation. L’idée qu’il faut tailler un arbre à la plantation pour le renforcer est encore un vieux mythe qu’il vaut mieux oublier.

NE POSEZ PAS de gazon jusqu’à la base de l’arbre! Cela vous encouragera à trop approcher le tronc avec la tondeuse ou un coupe-bordure. NE LAISSEZ JAMAIS un outil cogner contre le tronc, sinon vous provoquerez de petites blessures, souvent invisibles à l’œil nu, qui peuvent faire décoller l’écorce et entraîner le dépérissement de l’arbre. À la place, une rondelle de paillis ornemental à son pied préviendra les mauvaises herbes, tout en ne nécessitant aucune tonte.

Soins après plantation

La première année: arrosez au besoin pour que le sol demeure un peu humide en tout temps.

La deuxième année: n’arrosez pas votre arbre plus que d’autres plantes bien établies sur votre terrain.

Après quatre ou cinq ans: pour les arbres à plus grand déploiement, vous pouvez commencer à supprimer quelques branches inférieures pour «monter la cime»: cela vous permettra de circuler sur le terrain sans risquer de vous cogner la tête!

Et voilà! Avoir un bel arbre sur son terrain qui durera toute votre vie n’est pas si sorcier que cela: il s’agit surtout de bien choisir l’arbre qui convient à vos besoins… et aux besoins de votre terrain.


commentaire sur "Ô mon bel arbre"

  1. Scarabées japonais dans les vignes, bon! Mais dans mes chênes et tilleuls? Désespérée! À l’aide! Comment sera l’été prochain? Pire? Quel est leur cycle?

    • Les oiseaux vont s’en charger,
      Dès qu’ils trouveront cette source de nourriture.
      Autrement, n’importe quel produit aurait u. Effet désastreux sur la nature.
      Cycle normal, la gent ailé en a besoin.
      Faut juste laisser un peu de temps et
      Votre arbre en souffrira très peu.

  2. Que c’est enrichissant de relire ce texte.
    Merci de le mettre à la disposition de tous.

  3. La vie qu’amène un arbre !
    La gestion de la température par l’ombre,
    Retenir le sol par leur systèmes racinaires !
    Tant D’avantages!
    Faut-il voir non seulement sa taille mais aussi tenir compte de l’espace dégagée sous les branches : un pommetier en façade c’est magnifique ! Dans une cour de ville, pas vraiment car aura seulement 2m maximum de dégagement sous ses branches & aura besoin d’être taillé convenablement.
    Je préfère ceux aussi qui ont un système racinaire plus profond (bouleaux et érables: racines sont trop en surface).
    Notre zone ombragée est fantastique par les 30C, fraîcheur dessous, oiseaux viennent et le vent dans les feuilles est si relaxant.

  4. J’aimerais bien avoir le droit de publier cet article dans le journal municipal du village parce qu’on essaie d’encourager nos citoyens à planter plus d’arbres chez eux et on y trouve dans l’article toute information pertinente pour les motiver. Si on cite correctement la source, est-ce qu’il est permis?

  5. J’ai dans mon jardin de 30’x40′,un séquoia, 3 lilas, un aulne haut de 3 étages et son copain le ginko à peine plus petit. J’habite dans le quartier St Jean Baptiste de Québec,. Je vous aurais bien glissé une photo mais cette page ne les prends pas…. J’adore les arbres

  6. jai une rangee de chêne majestueux et un enorme orme et 1 grand et large erable…tous planter au sud ouest…ce qui fait que ma maison est climatisée en ete de facon naturelle. ma moyenne deconomie selon hydro quebec est en bas de la moyenne. de plus l’hiver, les arbres denudes font en sorte que les grandes fenetres rechauffent la maison.. et le cycle continu.
    sous ses arbres,
    j’y joue au ballon avec le chien, lecture, apero..
    l’air ambiant est toujours favorable…sous les arbres!!

  7. Dans un aménagement paysager, il est vrai qu’ un ou quelques arbres sont incontournables. Il y a tellement de choix de hauteur et largeur. J’aime bien tenir compte aussi de la couleur (feuillage, grains, fleurs ou fruits) au fil des saisons car cela complète joliment le décor.

  8. Mon conjoint est spécialement amoureux des arbres. Et moi surtout les vivaces, les arbustes et fleurs annuelles. Vivant au même endroit depuis plus de 45 ans, notre terrain est délimité par ses arbres préférés, surtout des épinettes. Ils nous procurent de l’intimité. Ils sont âgés de 40 ans environ, expropriés de la forêt jeunot. Ils Nous procurent les qualités énoncés ds la chronique. Surtout l’ombre que j’apprécie pour mes plantes d’ombre et pour relaxer.

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