Par Marie-Andrée Asselin
13 juillet 2023

Éloge de ce qui n’a pas l’air prêt

L’agriculture urbaine peut se pratiquer à de multiples endroits, mais il arrive souvent qu’elle se pratique dans l’espace public. On cultive devant sa maison, on prend possession d’un carré d’arbre de la ville, on jardine dans une cour ouverte ou dans la ruelle. Les fruits de notre labeur sont visibles et à la portée à tous.

Pour ma part, on peut dire que mon potager, sans clôture ni protection, est carrément accessible à toute personne qui passe. Jardiner ainsi implique nécessairement une petite notion de partage. Soyons francs, il est parfois difficile de résister à une belle fraise toute rouge ou une tomate à point, et ce, même si le plant ne nous appartient pas. Je sais très bien que quelques récoltes seront glanées durant la saison. Malgré tout, j’espère et aspire à avoir une récolte personnelle intéressante.

Tromper les yeux

Règle générale, les variétés qui ne correspondent pas à l’image habituelle que nous avons d’un fruit ou d’un légume sont moins populaires. Prenons pour exemple une aubergine blanche ou un poivron mauve. La forme peut également avoir une influence: pensez à un concombre qui tourne sur lui-même en poussant (comme le Suyo long) ou à une aubergine en forme de boule (comme l’aubergine turque). Explorez les variétés lors de l’achat de vos semences ou transplants! Ce sera pour vous une belle occasion de diversifier vos connaissances variétales et gustatives.

Je partage aujourd’hui avec vous deux coups de cœur qui passent incognito en public (et qui permet d’en avoir plus pour vous!). Ils passent le test depuis plusieurs années chez moi: le framboisier Jewel et la tomate Green Zebra.

Framboisier Jewel

J’ai planté mon framboisier Jewel tout juste à la fin de mon terrain un peu par hasard. En fait, je ne savais même pas de quelle variété il s’agissait. Ce petit bâton de framboise était un restant de la distribution de fruitiers que nous faisons annuellement aux Urbainculteurs. Un non réclamé à l’agonie que j’ai planté en me disant: «on verra bien».

Pour ceux qui ne le savent pas encore, le framboisier Jewel produit des framboises noires absolument délicieuses et c’est là que réside sa grande qualité de plante incognito! Les grappes de framboises se forment en fin de tige (très piquante!), en forme d’ombelles. Ce qui est drôle, c’est qu’elles arborent longtemps la couleur rouge caractéristique des framboises, ce qui fait croire qu’elles sont prêtes. Mais prenez garde, à ce stade elles sont encore très dures et surtout bien surettes! J’avoue avoir observé plusieurs fois, non sans un petit sourire en coin, le visage de glaneurs se tordre après avoir croqué dans une framboise qu’ils croyaient prête (hihi). Je ne les ai jamais revus. Cette framboise doit être complètement noire et luisante afin d’être dégustée à son plein potentiel. Un vrai délice!

Tomate Green Zebra

J’ai déjà parlé dans ce blogue de la tomate Green Zebra. Je l’aime tellement! Cette tomate est indéterminée, c’est-à-dire qu’elle peut atteindre une bonne hauteur et que vous devrez la tuteurer. Son super pouvoir réside dans le fait qu’il faut bien connaître cette variété afin de savoir que les fruits sont mûrs. Je la surnomme la plante camouflage. Elle reste presque totalement verte durant tout son développement, avec quelques stries d’un vert plus foncé, de là l’appellation Zebra. Lorsqu’elle est prête, la texture du fruit se ramollit. Mais surtout, elle devient jaune orangé autour du pédoncule. Il faut avoir l’œil!

Elle est absolument délicieuse et donne un beau coup d’œil à vos salades estivales. De par son apparence peu commune et surtout parce qu’elle se fond au travers des feuilles, je crois qu’elle est une tomate de choix pour les endroits passants. Je n’ai jamais vu une tomate Green Zebra disparaître de mes plants.

Voici donc les petites bases d’un jardinage incognito. Vous pourrez explorer pour la suite. Je serais bien curieuse de connaître vos trucs! Bon jardinage 

Marie-Andrée Asselin

Marie-Andrée travaille comme horticultrice aux Urbainculteurs depuis 2015. Véritable référence au niveau technique, elle planifie et supervise la production des Jardins du bassin Louise et transmet ses connaissances à notre équipe d’horticulteur·rice·s. Vulgarisatrice hors pair, c’est une excellente formatrice et elle coanime Mâche-patate depuis l’été 2019. En dehors du travail, si vous ne trouvez pas Marie-Andrée en train de courir, skier ou boire une IPA sur une terrasse, elle est probablement en train de tricoter… ou de teindre de la laine pour son projet Couleurs locales!

laformation.urbainculteurs.org/courses/champignons?ref=b0696b

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