Histoire de ruelle
J’ai la chance d’habiter dans un quartier de Québec rempli de ruelles, le quartier Limoilou. Ces espaces qui ne sont pas «réellement» des rues ont de multiples usages: stationnement, extension de cours, passage pour piétons et cyclistes, espace de création collective. Ce que j’aime de ces lieux, c’est qu’ils peuvent se modéliser et se transformer selon les aspirations des riverains. D’ailleurs, si vous avez la chance de parcourir ces ruelles lors des belles journées d’été, je trouve que cela offre une toute nouvelle perspective sur notre ville.
Ma ruelle était loin d’être le modèle idyllique que l’on voit souvent sur le Web: peu entretenue, chemin rempli de trous, déchets, aspect général plutôt gris. Elle n’avait pas vraiment d’âme. Je savais depuis longtemps qu’il était possible d’aller chercher du financement et de l’accompagnement pour transformer une ruelle auprès de la Ville de Québec. Toutefois, le manque de temps reportait constamment ce projet. Par chance, une voisine a décidé de prendre le dossier en main et d’amorcer ce nouveau virage. Elle a récolté des signatures, monté un dossier et soumis notre candidature. Nous avons été sélectionnés! Quelle chance! Nous allions avoir un accompagnement complet avec l’organisme Nature Québec, en plus de recevoir des sous afin de démarrer le projet.
Passer à l’action
Nous avons mis un petit comité en place et démarré pour une première saison. Je suis bien consciente que le projet dont je vous parle a été réalisé grâce à une aide externe. Peu importe le budget ou le temps, je vous encourage fortement à transformer ces espaces vacants qui n’attendent qu’à être verdis! J’ai fait plusieurs apprentissages lors de cette première implication. C’est afin de vous motiver à l’action que je partage aujourd’hui avec vous quelques petites réflexions liées à mon expérience.
On ne le dira jamais assez, le jardinage rassemble les gens. J’ai rencontré plusieurs voisins lors de la réalisation de ma ruelle (je dis ma ruelle, mais ne vous inquiétez pas, je sais bien qu’elle n’est pas à moi!). Un projet commun brise l’isolement et surtout la gêne qui peut nous retenir d’entrer en contact. On met des idées en commun, on construit des bacs, on sort notre fibre artistique, on pellette de la terre, on a chaud, on plante et on rit. Les curieux regardent de leur balcon, d’autres se joignent ou posent des questions. Si vous saviez comment ça change l’ambiance d’un lieu! Investir la ruelle a grandement augmenté mon sentiment d’appartenance envers celui-ci, j’ai contribué à lui redonner vie.
Un milieu qui peut être hostile
Malgré tout, je ne vous le cacherai pas, les ruelles non aménagées sont assez souvent des lieux plutôt hostiles pour l’implantation de végétaux. Sol compacté, fertilité douteuse, présence de débris et de cailloux. Si vous avez une pioche sous la main pour creuser, sortez-la dès maintenant! Aussi, si vous avez un peu de budget, investissez dans l’achat de compost afin de donner un petit coup de pouce aux futures plantes résidentes.
Je me suis beaucoup questionnée sur le choix des végétaux. Comme je viens du monde plus «agricole», j’avais l’intention de mettre des légumes partout. Avec le recul, eh bien j’ai changé d’idée. Les plantes potagères sont souvent exigeantes. Elles demandent des soins réguliers en plus d’une irrigation et d’une fertilisation régulière. Une ruelle ou un lieu vacant appartient à tout le monde et à personne en même temps. Malgré de bonnes intentions, il est possible que l’arrosage soit déficient et les soins sporadiques. On veut donc des plantes rustiques, vigoureuses et qui se plaisent dans un environnement pauvre.
Choisir des plantes tenaces!
Je suis loin d’être une spécialiste des vivaces ornementales, mais j’ai essayé quelques petites choses qui ont étonnamment bien marché! Ceux qui ont des plates-bandes de vivaces le savent: vient toujours un moment où il faut inévitablement diviser les plants avant qu’ils ne prennent toute la place. J’ai regardé dans mon réseau et j’ai facilement trouvé des gens qui pourraient me donner de leur surplus. En fait, tout le monde était vraiment content de m’aider. J’y ai vu une belle opportunité pour verdir la ruelle à peu de frais tout en essayant plusieurs nouvelles choses. Voici donc mes grandes gagnantes: les graminées ornementales, les hémérocalles de toutes sortes, les iris, les astilbes, les hostas et la barbe de bouc. Belle sélection, n’est-ce pas? Deux années plus tard, sans soins particuliers, tout le monde est encore en vie!
Un peu de couleur
Un autre constat fait en saison: la couleur égaie les cœurs. Plusieurs riverains souhaitaient laisser place à leur imagination et peinturer la ruelle. On a mis de la couleur sur les bacs (ils ont tous été construits en bois récupéré!). On a transformé de vieux pneus abandonnés d’un garage à proximité en bacs à fleurs multicolores. On a même mis de la couleur sur les poteaux électriques (avions-nous le droit?). Une amie a fabriqué quelques guirlandes de fanions avec des tissus trouvés en friperie. En glanant ces objets autour de nous, nous sommes arrivés à créer une petite oasis colorée.
Le clou du spectacle: nous avons pu payer un artiste du quartier afin de nous créer une belle murale! Le regarder travailler a captivé plusieurs résidents et le résultat final est décidément plus intéressant qu’un mur de béton gris. Soyez sans crainte, nous avions demandé la permission au propriétaire du bâtiment avant d’appliquer toute cette couleur!
J’ai aussi appris à lâcher prise. En tant qu’horticultrice, j’ai développé une petite obsession envers l’entretien d’aménagements, comestibles ou non. Mon travail consiste, entre autres, à prendre soin de potagers, mais également à conserver son esthétisme tout au long de la saison. On remplace les plants qui ont eu la vie dure, on taille, on fertilise, on tuteure, on enlève les mauvaises herbes. Il a été difficile pour moi de laisser aller toutes ces déformations professionnelles et d’accepter de ne pas tout contrôler. On laisse la nature prendre totalement le contrôle. On plante et on verra bien ce qui se passe!
Que des avantages
Sans énumérer tous les avantages écosystémiques liés à la transformation de la ruelle, il est quand même intéressant de mettre l’emphase sur certains d’entre eux. Toutes ces nouvelles plantes permettent la captation et l’absorption d’eau lors de pluies abondantes. Leur feuillage contribue à contrer l’effet «four» ou îlot de chaleur d’une ruelle majoritairement bétonnée et on remarque le retour de plusieurs petits oiseaux et insectes de toutes sortes. Je serais bien curieuse de voir une étude de cas avant/après qui calculerait plusieurs paramètres liés à l’environnement et à l’impact social.
Pour la suite? Regarder la ruelle verdir depuis la terrasse en la bonifiant un peu plus chaque saison.
Derrière toutes ces descriptions, je cherche bien humblement à vous motiver à agir et à vous réapproprier ces espaces publics vacants. Pas besoin de grande structure administrative ou de budgets quinquennaux. Ces transformations sont accessibles au bout de votre pelle, de votre perceuse, de votre pinceau. Le plus grand risque encouru est de bonifier votre réseau, de vous amuser, de décrocher quelques sourires et d’embellir votre milieu de vie.
Très intéressant et surtout motivant de lire sur les ruelles ! J’ai hâte de voir de mes yeux ce changement .
A+ Pierre P.
Merci ,pour le très beau reportage,
Magnifique,inspirant,
J’aimerais beaucoup,connaître l’endroit .
Rencontrer,les gens ,
Bonne journée,
Quel joli projet! Félicitation!
Ma fille habite ce quartier, lorsque je vais la visiter je me cherche une raison pour aller marcher! Les ruelles sont accueillantes et chaleureuses.C’est un quartier magnifique!
Wow! Quel magnifique projet! Toutes mes félicitations et mon admiration, Marie-Andrée! (ainsi qu’à vos voisins) Très inspirant tout ça!
Bonjour ! Cestun projet qui me touche.
Rendre la ville plus belle, vivante, accueillante et une belle façon de rassembler les voisins ! Wow !
Démystifier la culture. Plusieurs vont dire ne pas avoir le pouce vert et n’essayeront même pas.
Un espace communautaire est la solution.
La ruelle l’espace pour réaliser ce projet.
Ramener, reapproprier la culture
Dans toute sa simplicité !
J’adore.
Nous avons un jardin de 12k pi carrés.
Je crois que je ferai une journée ‘jardin ouvert’ pour expliquer & encourager la vie dans nos cours des banlieues. 🙂
J’habite une ruelle verte de Limoilou. Notre projet entreprend sa 3e saison. Et je me suis reconnue dans ces propos. Longue vie aux Ruelles Vertes!
Magnifique projet qui rassemble & embellit: bravo !
Et les photos parlent d’elles même.
Bravo!!! J’espère que vous allez en inspirer plusieurs!