L’herbe à l’ail: délicieuse, mais dangereuse
Avec un nom comme «herbe à l’ail», on pourrait penser qu’elle est vendue dans un petit pot hors de prix et qu’elle est délicieuse dans un sandwich. Bien que je ne l’aie jamais goûtée, on m’a dit que ses feuilles ont un léger goût d’ail et qu’elles peuvent être utilisées en cuisine. Mais si vous le faites, procédez avec une extrême vigilance! L’herbe à l’ail, aussi connue sous le nom d’alliaire officinale, est une espèce envahissante en Amérique du Nord, et il ne vaut pas la peine de la répandre en échange d’une collation savoureuse!
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Qu’est-ce que l’alliaire officinale?
L’herbe à l’ail (Alliaria petiolata) est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Brassicacées, qui comprend les crucifères, les choux et, bien sûr, les moutardes. La première année, elle forme de petites rosettes rondes de feuilles réniformes. Comme ses feuilles dentées sont persistantes, elles émergent de la neige avec un net avantage sur les plantes indigènes. Au printemps de sa deuxième année, elle produit une ou plusieurs tiges fleuries d’environ 1 m de haut, surmontées de petites fleurs blanches à quatre pétales, et ses feuilles supérieures deviennent triangulaires et dentelées. Au début de l’été, la plante a déjà produit des gousses à quatre côtés et est morte. Chaque plante produit en moyenne 600 graines, mais pourrait aussi en produire jusqu’à 7900, d’où le problème.
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Origine et dispersion
L’alliaire officinale est originaire d’Europe et de certaines régions d’Asie et, vous l’aurez deviné, elle a été introduite en Amérique du Nord par les colons européens au XIXe siècle. Elle y était cultivée comme herbe et à des fins médicinales. Elle a échappé à la culture et s’est maintenant répandue dans la majorité des États américains et, au Canada, on la trouve en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec.
Bien que la moutarde à l’ail ait tendance à se répandre dans les zones perturbées, elle peut également envahir les forêts non perturbées et supplanter les plantes indigènes. Comme elle émerge rapidement au printemps et que sa croissance est rapide, elle étouffe les plantes environnantes. Elle est également très adaptable, tolérant une large gamme de conditions de croissance. Alors que la moutarde à l’ail a des prédateurs dans son habitat d’origine, elle n’en a pas ici, ce qui contribue à sa propagation.
Heureusement, ses graines ont tendance à rester près de chez elle. La dispersion par le vent et l’eau n’est pas un problème important. Ce qui pose un problème, en revanche, c’est la propagation par les humains et les animaux, y compris les animaux domestiques. Les graines peuvent s’accrocher aux vêtements, aux bottes et à la fourrure et être dispersées par inadvertance dans de nouvelles zones. C’est la raison pour laquelle l’herbe à l’ail est assez répandue le long des sentiers de randonnée.
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Impact
Comme indiqué ci-dessus, l’alliaire officinale pousse et monte rapidement en graines, formant des massifs denses qui étouffent les plantes indigènes en leur faisant concurrence pour la lumière, les nutriments et l’eau. En outre, elle est allélopathique et libère des substances chimiques qui entravent la croissance des plantes environnantes. Ces substances chimiques peuvent également affecter la relation symbiotique bénéfique que certaines plantes entretiennent avec les champignons, ce qui nuit encore plus aux populations locales de plantes.
On pense également que les feuilles de la moutarde à l’ail, qui se décomposent rapidement, peuvent affecter la quantité de litière de feuilles dans une zone infectée. Comme elles se décomposent plus rapidement que celles des plantes indigènes, elles peuvent réduire la quantité de feuilles mortes et avoir un impact négatif sur les écosystèmes locaux, ainsi que sur la flore et la faune qui en dépendent.
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Identification
L’identification correcte de la moutarde à l’ail est une première étape essentielle de son éradication, car elle peut être confondue avec d’autres plantes indigènes et non indigènes. Au cours de sa première année de vie, ses feuilles en forme de rein peuvent être confondues avec des violettes indigènes, mais aussi avec le lierre terrestre (Glechoma hederacea), une autre plante envahissante. Elle est cependant facilement identifiable par ses feuilles qui sentent l’ail lorsqu’elles sont écrasées. La deuxième année, elle peut être distinguée d’autres plantes similaires par ses feuilles triangulaires dentées.
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Méthodes de contrôle
Il n’y a pas de méthode facile pour éliminer l’herbe à l’ail et, je suis désolé de le dire, il faudra probablement l’arracher à la main! Il existe 4 mesures de contrôle principales:
- Désherber manuellement;
- Faucher ou couper;
- Enlever les têtes de fleurs;
- Appliquer un herbicide.
La meilleure méthode dépend de la dimension de la zone infestée. Les petites zones d’alliaire officinale peuvent être éliminées à la main ou coupées à l’aide d’une tondeuse à gazon ou d’une autre machine. L’élimination des têtes de fleurs est une autre méthode efficace, car elle empêche la dissémination des graines et les plantes meurent peu de temps après. Les débris doivent être mis dans un double sac et laissés au soleil pendant quelques jours pour s’assurer que les plantes ont été correctement neutralisées. NE PAS COMPOSTER! Les graines peuvent survivre au processus de compostage et se propager.
Après avoir travaillé avec l’herbe à l’ail, veillez à ne pas disperser les graines qui ont pu s’accrocher à vos bottes et à vos vêtements. Enlevez-les dès que possible et lavez soigneusement vos vêtements. Les bottes peuvent être brossées pour éliminer les graines restantes.
Infestations importantes
Pour les infestations plus importantes, la tonte reste une option viable. Je vous conseille vivement de contacter un professionnel et les autorités locales en cas d’infestation sévère. Le brûlage contrôlé et l’utilisation d’herbicide sont envisageables, mais réglementés. Il faut aussi penser que la présence d’espèces rares et menacées doit être vérifiée au préalable et un plan de restauration des plantes indigènes est fortement recommandé.
Les graines de l’alliaire officinale peuvent rester viables jusqu’à 5 ans dans le sol, de sorte que toute méthode de contrôle que vous choisirez devra probablement être répétée pendant plusieurs années. Je ne recommanderais pas la récolte comme méthode de contrôle en raison des risques de dispersion des semences.
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La prévention
Il y a très peu de choses à faire pour empêcher la propagation de l’herbe à l’ail. Dans la mesure du possible, évitez de perturber les zones forestières, car cela peut constituer le point d’entrée d’une infestation. Apprenez également à identifier l’herbe à l’ail lors de vos randonnées, car l’humain est un vecteur important de sa dissémination.
Il y a de la lumière au bout du tunnel, car de petites populations de pucerons (identifiés comme Lipaphis pseudobrassicae, mais qui pourraient aussi être le Lipaphis alliariae européen) se nourrissant d’herbe à l’ail ont été trouvées dans le Connecticut, le Massachusetts, le Michigan, le Minnesota, l’Ohio et le Wisconsin. L’insecte vert foncé se nourrit de la sève de la plante, provoquant le flétrissement des feuilles et le tortillement des gousses de graines. La biomasse de cette plante envahissante est plus faible dans les zones où ce puceron est présent. Des espèces de charançons européens (Ceutorhynchus spp) sont également à l’étude en tant que moyens biologiques de lutte contre l’alliaire officinale.
Toujours le problème des plantes ou animaux importés, qui dans leur milieu d’origine se comportent normalement mais deviennent invasifs dans le milieu où ils ont été importés. Nous vous avons fait un cadeau empoisonné avec l’alliaire et la salicaire, par exemple qui se comportent en indésirables (j’ai de l’alliaire qui pousse dans mon jardin mais qui est très facile à maîtriser). Nous avons hérité de la jussie, de l’ambroisie, des ragondins et des renouées asiatiques etc., Ce n’est pas là une forme de coopération internationale à développer
Vous avez tout à fait raison, J.J. Nous pourrions citer tout plein de beaux exemples d’échanges, de cadeaux ou d’emprunts de l’Europe, et vice versa, qui se sont avérés plus heureux et bénéfiques. 😉
Merci de nous renseigner à ce sujet, Mathieu! Plus nous serons conscientisés aux différentes plantes envahissantes, plus nous pourrons garder l’oeil ouvert et réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Bon dimanche!
Merci Mathieu! J’ai tendance à être très « accueillante » pour les nouvelles plantes… Je serai dorénavant plus attentive!
Je vs ai manqué hier à Austin…snif, snif.
Bonne journée.
Merci pour cette information, je continuerai à enlever cette plante avec conviction cette fois, vous confirmez mon intuition. L’alliaire envahie une partie de la plate -bande depuis qq années, c’est très rapide à occuper l’espace.
Bonjour Mathieu, quel curieux hasard. J´en ai trouvé une petite talle. Je n´avais jamais remarqué cette plante avec ses nombreuses très petites fleurs. J´ai goûté une feuille. Poussant à l´ombre, très tendre avec un goût léger et plutôt neutre et un arrière goût d´ail. Pourrait sûrement être incorporée dans une salade. Pour les gens n´aimant pas le goût prononcé de l´ail traditionnel pourrait servir de remplacement. J´ignore ce qu´elle peut offrir après cuisson. Peut être sur une pizza ? Mais vu la petitesse des nombreuses fleurs,
j´imagine ses graines minuscules pouvant être portées par le vent, là rendant effectivement envahissante.
Très envahissante en effet. Des centaines de plants arrachés chez un voisin l’an passé, heureusement, avant la fin de la floraison! Nouvelles graines évitées… Et cette année, encore quelques centaines… Je joins un lien où j’ai mis des photos des plantules avec leurs deux premières feuilles un peu différentes. Facile à confondre alors avec le lierre terrestre, mais le vert de l’allliaire est plus tendre. Après quelques-unes, on les reconnaît très bien! https://docs.google.com/document/d/1UIXvuX9oiwIblNcYwi-3sAXlLx72Q86M79ft_zXT4k4/edit?usp=sharing
Merci pour les photos.effectivement très ressemblant au lierre de terre. Une autre
“copie” du lierre de terre y ressemble beaucoup mais avec des feuilles beaucoup plus grosses qui pousse également en grappe. Pour la différencier du lierre de terre qui dégage une forte odeur lorsqu´on froisse les feuilles (comestible), cette plante ne dégage aucune odeur. J´ignore son nom et si elle est comestible ou non.
Ce printemps, j’en trouve des pousses partout sur la terre que j’ai brassée cet automne. Elle est arrivée de nulle part ! Au moins, elle a très bon goût, je me suis fait un pesto avec. Mélanie de HerbaSimple