Ma collection de truelles
Une des choses les plus désagréables du jardinage, c’est de casser sa truelle en plein dans le feu de l’action. Oui, il y a pire dans la vie. Et le jardinage est quand même une activité dont on soutire bien plus de bénéfices que d’inconvénients. Tout de même, voir la lame se tordre, se plier en deux ou même carrément céder est une expérience dont on pourrait se passer.
Pourtant, la truelle, comme le sécateur, est un outil très important pour le jardiner. Largement exploitée au printemps et à l’automne (pour les bulbes), elle permet de mettre en terre les légumes, les annuelles et toute autre petite plante merveilleuse qui fait son entrée dans le jardin. Le printemps est son heure de gloire. Elle est aussi utile durant l’été pour déloger les mauvaises herbes bien enracinées. Elle est si populaire et essentielle que c’est l’outil de jardinage que l’on retrouve dans à peu près tous les commerces qui daignent étaler une section de jardinage.

Cachez cette belle truelle que je ne saurais voir
Il est là, le grand malheur de l’épopée de la truelle maléfique. Parfois, elle est davantage vendue comme objet décoratif. Sa réelle fonction a été complètement escamotée de l’équation de sa conception. Un beau manche avec une ficelle pour l’accrocher au mur. Mignon. Une belle lame recouverte d’un motif fleuri digne des plus belles tapisseries victoriennes. Splendide. Des courbes qui rappellent les innovations technologiques rendant les objets plus aérodynamiques. Elles nous accrochent par le cœur. Belle truelle ou chaton mignon sur les médias sociaux? Même combat.
Malheureusement, même si elles l’emportent avec leurs charmes irrésistibles, ces «fashionistas» de l’outil de jardinage flanchent à la moindre intention de planter cette dernière dans le sol. Elles plient en deux juste à regarder la terre. Elles ont oublié leur fonction et leur raison d’être: jouer dans la terre et jouer dur!
Soupeser la question
C’est ainsi qu’après quelques expériences fort décevantes, on commence à reconnaître la charmeuse de serpents et à la déjouer. Notre cerveau revient en mode pragmatique et les vrais critères de qualité d’une vraie bonne truelle deviennent la priorité. Car, une bonne truelle peut vous accompagner aussi longtemps qu’un bon sécateur.
Le premier truc pour reconnaître une bonne truelle, c’est son poids. Elle est lourde. Pas étonnant. La lame est épaisse et souvent en acier. Le manche est plein. Juste en soupesant l’objet, on sait assez rapidement s’il est «drôle» ou «sérieux». Quand le poids est satisfaisant, on passe à une inspection plus minutieuse. Parce qu’une truelle qui ne peut pas creuser un trou sans se briser… c’est pas sérieux.
Drôle ou sérieux?
La lame est-elle vraiment épaisse et solide? Un des défauts des drôles de truelles, c’est que le métal de la lame plie en deux au moindre effort. La truelle sérieuse ne plie pas. On passe ensuite au point d’attache entre la lame et le manche. Quand on reste pris avec seulement le manche dans la main, alors que la lame est plantée dans le sol, on a affaire à une drôle de truelle. Un petit embout planté dans le manche a bien des chances de s’extirper. Parfois, simplement en jouant avec la lame, on sent le petit lousse qui n’augure rien de bon.
Ensuite, l’autre ennemi de votre truelle sera la rouille. Ici, c’est un peu plus difficile à déceler, car la plupart des lames sont chromées pour faire joli. Ce défaut ne sera révélé au grand jour qu’après deux ou trois oublis de la drôle de truelle à l’extérieur.
Est-ce que je collectionne vraiment les truelles?
Presque. Un peu comme à peu près tous mes outils de jardinage, j’ai perdu et égaré de nombreuses truelles dans les jardins. Et croyant les avoir perdues pour toujours, je galère de truelle en truelle (des drôles, celles-là), jusqu’à ce que je finisse par en trouver une sérieuse. Une bonne truelle durable. Tant et si bien qu’à l’heure actuelle, je dois avoir sous la main quatre bonnes truelles que voici :
La truelle coréenne est un outil assez superbe. Elle porte le nom de Ho-Mi, ce qui signifie une petite lance de jardin. J’appelle donc cette truelle «ma Ho-Mi»! J’utilise cette truelle surtout pendant la période des semis, car on peut creuser un sillon avec la pointe et enterrer nos graines simplement en la retournant. C’est un peu difficile à expliquer, mais l’angle particulier de la lame fait qu’elle offre plusieurs possibilités, avec un simple coup du poignet. Tous ceux que je connais qui possèdent cet outil sont en amour avec!

Et voici ma fidèle compagne, ma «vieille truelle», qui malheureusement est en fin de vie. J’ai cette truelle depuis plus de 20 ans. Je ne sais même plus de quelle marque il s’agissait à l’époque, car j’aurais racheté la même. Maintenant que le manche, autrefois en caoutchouc, commence à se désagréger, je constate que l’acier de la lame se poursuivait à l’intérieur du manche, ce qui explique son incroyable solidité. Si solide que, pour une raison qui m’échappe, j’ai réussi à crochir la pointe de la lame, mais pas à briser le manche… La petite pointe recourbée serait facile à redresser, mais pour l’instant, elle complique la plantation. Au lieu de pénétrer dans le sol, la pointe freine le geste.

Parce que je trouvais le concept génial, j’ai aussi une fameuse truelle «sept en un». D’un côté, il y a une lame, comme une scie, de l’autre, une tranche. Elle est dotée d’une règle à mesurer à l’intérieur de la lame et si quelqu’un peut me dire à quoi sert la coche au bout de la lame, je lui en serais reconnaissante. Ce n’est pas la meilleure pour planter des annuelles et creuser des trous profonds en «un coup de truelle» (comme les pros!), mais je lui ai trouvé deux belles qualités. D’abord, c’est une battante et elle est très solide et durable. Puis, sa lame! C’est le seul des sept qui m’est utile, car c’est une bonne truelle pour creuser des trous sous les arbres, quand le feutre racinaire est dense. Je scie donc mon chemin jusqu’à la gloire d’une plantation réussie!
Et enfin, mon nouveau bébé, une truelle sérieuse pour remplacer ma vieille truelle disparue. Bien sûr, j’ai retrouvé ma vieille truelle le lendemain de mon achat. Quoi qu’il en soit, je me suis trouvée pas mal bonne, à soupeser des truelles et à retenir mon élan. À attendre le moment. Je l’ai cherchée, évitant tous les pièges tendus par les truelles «drôles» et les truelles «style chaton mignon». Son poids est bon. Elle inspire confiance. Et son manche en apparence en liège (mais c’est peut-être du plastique) semble durable. Accordons-lui quelques années de service avant de lui donner ses titres de noblesse.

Assurément, une seule bonne truelle suffit amplement pour combler les besoins de plantation du jardin. Mais dans mon cas, c’est «jamais trois sans quatre». Comme des mousquetaires? Je m’égare… comme mes truelles!

Mais où trouve t-on ces bonnes truelles? Je perd moi aussi mes outils de jardin régulièrement, parfois je retrouve mon sécateur dans le bois ou une truelle dans le compost…. ces coquines!
Ludique et éducatif ! Julie res chroniques sont très intéressantes !
Je vais regarder chez Lee Valley pour une truelle sérieuse ! Selon vos conseils, j’y ai trouvé un Felco parfait pour ma petite main!
Merci pour ces informations! Après avoir acheté une truelle pas chère qui ne valait pas cher non plus, j’ai acheté une vraie truelle de chef de chantier! Je suis soulagée de savoir que je ne suis pas la seule à perdre mes outils de jardinage. Moi, ce sont les sécateurs! Je souhaite que les marchands vendent des outils couleur fluo avec un détecteur de position ?.
Ce serait fort utile pour nous!
Oui, la couleur du manche est importante pour ne pas les perdre. J’ai fait l’erreur d’acheter des outils de jardin à manches verts. Ils sont bien beaux mais difficiles à repérer dans l’herbe. Quand je vais m’en racheter, je les prendrai roses, ou rouges, ou jaune.
La poésie des truelles. Super article. J’en ai deux solides, je les égare souvent et les retrouve, parfois au printemps. Une pointue, une plus large, j’aime choisir laquelle je prendrai pour les différents travaux. Une sorte de petit bonheur à chaque fois.
WoW, je suis vraiment dû pour une nouvelle truelle , merci encore bella Julie ?
Je me joins à votre groupe. Ça fait plaisir de savoir que je ne suis pas la seule dans cette situation.
Pas certaine, mais la petite coche pourrait servir à couper la corde.
Je pense plutôt que l’en-coche sert à tirer des racines longues comme celles des pissenlits.
Merci merci pour tout ces bons conseils qui me donnent envie d’aller nettoyer les deux « survivantes » ! effectivement, les plus solides sont celles qui sont forgées et non pas soudées ou emmanchées ! Je les ai dotées d’une ficelle fluo (récup. de suspentes de parapentes) et je les perds beaucoup moins car la ficelle est un peu longue, et me fait toujours un clin d’oeil parmi les herbes folles, lorsque je cherche désespérément ma chère truelle ! Je vais tout de même céder à la tentation, et chercher cette truelle à lame de scie d’un côté ! Merci encore pour vos succulents et efficaces posts !
Bonjour Julie,
La coche au bout de la lame de ton « sept-en-un » semble vouloir être un arrache-pissenlits (utile seulement quand ceux-ci se retrouvent à la mauvaise place, il va sans dire)!
Arlette @ Je pense que ‘est ça, une sorte de pied de biche. J’ai un petit outil fourchu , « spécial » (doté en plus d’un point d’appui faisant levier, comme celui d’Archimède), dédié à l’arrachage des racines longues et profondes, pas seulement des pissenlits, que je n’arrache d’ailleurs qu’en cas de nécessité absolue. Pitié pour les pissenlits !
Ah ces sécateurs et ces truelles qui jouent à cache-cache ! Je m’aide à les retrouver en mettant un collant fluo et un phosphorescent autour du manche, Ça marche assez bien, même quand il fait noir (je sors ma lampe de poche et hop!). Et en plus, quand on fait des corvées de plantation en gang dans les plates-bandes du village, je n’ai aucune difficulté à savoir quels sont mes outils! hihi !
Ma truelle est… en plastique (oui, oui !) et si sa lame un peu épaisse a du mal à rentrer, je peux mettre le pied dessus, incassable ! (marque Fiskars)
Bonjour, j’ai l’équivalent de votre 7-en-1 mais de la marque Fiskars, indispensable! Au fait savez-vous que les outils Fiskars sont garantis? J’avais un ressort brisé sur mon sécateur, je leur ai envoyé une photo de l’outil, ils m’ont répondu que ce modèle n’était plus disponible, et j’ai reçu par la poste, sans frais…un sécateur neuf d’un modèle un peu différent !
@Danielle, je ne savais pas pour la garantie, Merci 🙂
J’ai vu pour la première fois une truelle (que nous appelons plantoir) type « Ho Mi » utilisée par les jardiniers de l’Alhambra de Grenade, avec une tige un peu plus longue. Cet outil m’aurait fait bien plaisir (et l’occasion de frimer auprès de mes voisins) mais je n’en ai jamais trouvé, pas plus que le plantoir (ou truelle) « 7 en un », inconnu dans le « Vieux Monde ». Quand on tape « truelle », on obtient des outils de maçon, et « truelle » ou « plantoir 7 en un » une foule d’outils de jardinage, sauf l’objet demandé.
J’ai acheté de très bons outils de jardinage il y a 25 ans lors d’un voyage en Angleterre parsemé de visites de jardins sublimes… À chaque fois que j’utilise mes outils, je revis mon voyage malgré le fait qu’un océan nous sépare!
Merci beaucoup pour cet excellent article, je vais assurément essayer la truelle Ho-Mi que je ne connaissais pas! J’adore votre manière d’écrire vos articles, intéressant et drôles à la fois! Merci encore!
Pour ne pas perdre mes outils j.ai peint tes manches en jaune ,à la bombe aérosol seule manière pour moi de les retrouver dansla terre ou la verdure.