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L’acclimatation

Je ne pensais jamais écrire un article sur l’acclimatation. Depuis que je suis dans le monde horticole, je connais bien ce concept. Je l’explique en long et en large lors de conférences. Il y a même une capsule qui aborde ce concept dans la formation en ligne des Urbainculteurs. Le principe est assez simple: habituer nos petits semis aux réalités du monde extérieur avant de les transplanter définitivement au potager. Eh bien, je dois vous faire une confidence, je n’ai jamais été bien bonne pour réellement appliquer ce principe dans ma routine horticole. Je me disais que ce devait être superflu, que les plantes étaient capables de s’adapter rapidement, que ce n’était pas réellement nécessaire. Quelle naïveté!

Comme mentionné dans de précédents billets, je m’occupe de la planification et de la production à la ferme urbaine des Urbainculteurs, les Jardins du bassin Louise. Malgré notre espace restreint au bureau, je peux produire la majorité des transplants qui seront cultivés à la ferme. Nous avons construit quatre étagères qui peuvent accueillir douze plateaux chacune. Je me concentre sur les plants qui n’ont pas besoin de repiquage afin de maximiser l’espace qui m’est alloué. Pour ce qui est des plantes de la famille des solanacées, j’achète des transplants biologiques qui sont produits par les serres Naturo dans Bellechasse.

Des petits transplants en conditions « idéales »
Crédit: Les Urbainculteurs

Pour ne pas être un cordonnier mal chaussé

À ma première année de production, je me suis dit qu’il serait vraiment important que j’intègre le processus d’acclimatation dans mon calendrier. Je souhaite faire une production de qualité, autant mettre toutes les chances de mon côté! Comme je planifie ma saison d’avance, je sais d’ores et déjà quelles cultures seront produites et à quel moment. Il est facile pour moi de mettre à l’agenda le moment d’acclimatation une semaine avant la mise en terre à la ferme.

Passer de la théorie à la pratique

Mais bon, la mise en œuvre de cette magnifique planification n’est pas toujours aussi facile à réaliser lorsque nous sommes en plein «rush» de début de saison. Parfois, je suis au bureau, parfois je suis seulement à la ferme. Parfois, je passe en coup de vent et je pars rapidement pour donner un coup de main sur d’autres projets, parfois je suis tout simplement absente. Ça, c’est pour moi seulement, mais chaque personne aux Urbainculteurs a la même «broue dans le toupet» en mai et juin. Mes collègues sont d’une aide précieuse, mais dans tout ce brouhaha, la rigueur peut parfois manquer. Vous me voyez venir n’est-ce pas? L’acclimatation en prend parfois un coup.

Je dois admettre que j’ai été très chanceuse dans la globalité, mais un petit incident l’année dernière m’a rappelé l’importance de cettedite acclimatation. En résumé, je n’ai pas assez acclimaté mes céleris et ils ne s’en sont jamais remis. Brûlures solaires sur les tiges, reprise lente, stagnation de la croissance, allure moche. Je n’ai pas de photos à l’appui, j’ai déjà bien assez honte comme cela!

En préparation pour une journée à l’extérieur
Crédit: Les Urbainculteurs

Ne faites pas la même erreur que moi

Afin de me rappeler que je ne veux plus que cela se reproduise et pour vous convaincre d’intégrer cela à votre routine horticole, je vous expose les grandes étapes pour une acclimatation tout en douceur.

Lorsqu’on fait nos semis à la maison, nous créons un petit cocon pour nos transplants. Ils sont dans la ouate pour le début de leur existence. Lumière, chaleur, eau, espace: on prend le temps d’ajuster chaque paramètre pour assurer une croissance exemplaire. Mais dehors, la réalité est bien autre. Changements rapides de température, pluie, vent, ravageurs, stress hydrique, on passe à un tout autre environnement de vie (ou de survie!). Imaginez le choc pour ces petites plantes. Vous ne le voyez pas directement, mais ce type de stress peut compromettre considérablement la réussite de votre production potagère. Voici donc ce que je vous suggère comme procédure.    

On sort!
Crédit: Les Urbainculteurs

Une procédure simple

Je commence mon acclimatation environ une semaine avant la date prévue de mise en terre. Avant de sortir les plants, je m’assure que tout soit bien arrosé. Il m’est déjà arrivé de retrouver des petits plants tout affaissés et secs dans leurs cellules. Le vent et le soleil ont un pouvoir asséchant impressionnant.

Idéalement, la température extérieure doit être au-dessus des 10 degrés Celsius. Si elle est plus basse, attendez une journée plus clémente. Placez vos plants dans un endroit qui n’est pas directement au soleil et entrez-les à la mi-journée. Si vous êtes à l’extérieur de la maison et ne pouvez entrer les plants à la mi-journée, assurez-vous que l’endroit choisi reste ombragé tout le jour durant. Faites cela pour 3 jours. Ensuite, choisissez un endroit plus exposé au soleil direct et répétez cela pour quelques jours encore.

Je ne laisse jamais mes plants passer la nuit dehors, je les rentre toujours à la fin de la journée (ma journée de travail). Je considère toutefois qu’après une semaine, les plants sont en théorie bien adaptés, donc peuvent passer la nuit à l’extérieur. S’il y a risque de gel, ne prenez pas de risque et entrez-les dans la maison ou couvrez-les d’une agryl (couverture flottante de protection). Malgré mon «incident céleri», cette méthode fait ses preuves depuis plusieurs années. Vos plants sont maintenant prêts à entreprendre leur nouvelle vie extérieure!

Les semis sont prêts à passer la journée dehors
Crédit: Les Urbainculteurs

Attention au gel

Selon l’endroit où vous vivez, vous devez également porter attention aux risques de gel. Malgré une bonne acclimatation, certaines plantes pourraient être lourdement affectées ou même mourir si elles sont soumises à un gel prolongé. On parle principalement des plantes de la famille des solanacées et des cucurbitacées, sans oublier le basilic. Soyez vigilants.

Pour terminer en beauté

Les dernières précautions se prennent lors de la mise en terre. Arrosez bien vos plants avant le transplant. Ne tirez jamais sur la tige pour sortir le plant de son pot. Placez plutôt la tige du plant entre votre index et votre majeur puis tournez le pot à l’envers. Faites une légère pression sur le pot et faites tomber la motte. Au transplant, faites une pression suffisante afin de créer le contact entre la motte et le «vrai» sol. Si vous tirez légèrement sur le plant après sa plantation, il ne devrait pas bouger ou sortir de terre. Allez-y, la saison est lancée!

Quelques laitues
Crédit: Les Urbainculteurs

Étiquettes + Acclimatation des semis


  1. Bonjour. Très intéressant pour ce qui est de nouveaux plants pour le potager. Qu’en est-il pour les plantes d’ornementation qu’on a entrées dans la maison pour l’hiver?

  2. Avec le printemps qu’on a cette année où il neige le 17 mai …J’avais commencé à acclimater mes plantules de semis dehors mais là depuis quelques jours où la météo peine à atteindre 10 degrés, ça se complique et j’ai bien hâte de semar tout ça!

  3. Barbara, (France)

    Bonjour,
    Merci pour ce rappel, il est vrai que nous sommes souvent impatients ! Dans l’article, il n’est pas fait mention des « dangers » autres que climatiques liés à cette phase d’acclimatation…
    Témoignage :
    Voilà 3 ans que je sème en intérieur. La 1ere année presque tout a filé, mais grâce au précieux blog du jardinier paresseux, j’ai pu améliorer ma méthode…
    La 2ème année, j’ai donc ensuite fait de l’acclimatation /endurcissement avant la mise en terre mais mes plantules ont été décimées par les limaces !
    Cette année, troisième essai : je mets les plants en hauteur, sur une table et sur un muret. La table est très efficace contre les limaces mais elle n’est pas assez grande ! Et puis les oiseaux ont probablement compris que ces godets étaient de délicieux mets. Résultat, beaucoup de plants étêtés, sur table et sur muret !
    Aussi si vous avez eu les mêmes difficultés, je suis grandement intéressée par vos astuces !
    Bonne journée à tous !

  4. Bonjour à vous,

    Vous avez vraiment raison ayant expérimentée la même chose l’an passé. Mes beaux canas touts fiers à l’intérieur ont eu de la difficulté à reprendre vie à l’extérieur. Je ne referai pas 2 fois cette erreur car nous passons tellement de temps avec ces petites plantes qui nous procure tellement de joie. Merçi pour vos précieux conseils

  5. Article très intéressant et bonne question de Monique. L’automne dernier j’ai tenté une nouvelle expérience et j’ai hiverné mes géraniums à la noirceur au sous-sol. Je ne suis pas certaine de la méthode à prendre pour les transplanter de nouveau à l’extérieur. Merci beaucoup.

    • J’ai fait cela pendant plusieurs années. À leur sortie du sous-sol, je les nettoyais, coupais certaines parties amochées, les arrosais et les laissais revenir à la vie à l’intérieur et au soleil. Quand le feuillage revient, je l’es rempotais et lorsque la température le permettais, les sortais à l’extérieur à l’abri du vent et dans un endroit ombragé comme dans l’article ci-haut, pour les acclimater. Attendre qu’il fasse au moins 10C la nuit, pour les planter à l’extérieur.

  6. Merci beaucoup pour ces excellents conseils. Ça l’adonne bien, je me questionnais justement à propos de ce sujet en vue de ressortir mon figuier qui a passé l’hiver dans la maison.

  7. Pierre Morrissette

    Tellement important que cette dernière étape d’un semis… plusieurs négligent celle-ci.
    C’est très intéressant de sortir ce texte à cette période de l’année, alors que tous sont à sortir les semis à l’extérieur. Merci à toi, tu es très intéressante à lire, tu vas droit au but en mentionnant les points importants. Je te félicite.

  8. Bonjour Marie-Andrée. Ca fait 4 ans que je fais un jardin potager et j’avoue que l’étape la plus difficile pour moi est l’acclimatation car c’est l’étape sur laquelle nous avons le moins de contrôle. Comme il a fait 24 degrés la semaine dernière, j’ai sorti les semis et serré les néons. Mais depuis deux nuits, ça gèle à Montréal. Alors on joue a rentrer-sortir les semis. Pour l’instant, ils sont empilés dans mon bureau… j’ai bien hâte de les ressortir.

  9. Avis et expérience:
    En théorie, tout ceci est sans doute vrai. Mais en pratique, j’ai quelques remarques à faire si vous me le permettez. En bref, ni économique, ni paresseux.
    Depuis 3 ans, j’ai installé une serre de type plastique sur arceaux en métal, 6m2. Je ne cultive que des fleurs à couper pour mon usage personnel, pour les voisins et les amis. L’air de rien, cela fait tout de même une belle quantité de semis . La première année j’ai fait comme ci-dessus, je sortais les plateaux le matin, les rentrais en fin d’après-midi. J’habite en Normandie, climat plutôt clément. Faute de mieux je posais les plateaux sol: très vite les limaces ont tout mangé, sauf les cosmos qu’elles n’ont pas l’air d’apprécier. Et donc, ce fut bien simple: je n’ai dû faire l’exercice que pendant 2 jours. L’année d’après, j’ai tout posé sur un grand banc acheté depuis. Beaucoup moins d’attaques de limaces, mais au bout d’une semaine, je dormais jusqu’à pas d’heures le matin tellement j’étais épuisée. C’est que je n’ai pas les moyens d’acheter une beau chariot en acier inoxydable comme celui utilisé ici: cela coûte un pont! Et même si je le pouvais, et même si j’achetais un chariot moins cher, comme ma serre est posée au milieu de la prairie je ne pourrais pas le déplacer. Terre battue dans la serre et herbes hautes jusqu’au potager. A moins d’engager de la main d’œuvre pour le porter plutôt que de le rouler,. Ou bétonner la prairie.
    Qu’ai-je donc fait la troisième année? Je ne sors plus rien, mais je ne ferme plus la porte de la serre la nuit. Il fait nettement moins chaud le matin, les semis qui sont levés s’en portent très bien; la 2eme vague de semis (échelonnement des floraisons) a un peu froid et lève moins vite, mais voilà, c’est ce qu’on appelle un compromis à la belge. Et une solution nettement plus paresseuse!

  10. nice post.
    doodle jump