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Découvrir les saules miniatures

C’est le splendide saule pleureur qui vient à l’esprit en premier dès qu’on prononce le mot «saule». Viennent ensuite les grands saules qui poussent au bord des rivières. Puis, les arbustes populaires au jardin, comme le saule arctique (le faux) (Salix purpurea ‘Gracilis’) ou le saule maculé (Salix integra ‘Hakuro Nishiki’). Mais, il y a aussi, dans cette très vaste famille de plus de 450 espèces, de toutes petites plantes aux incroyables qualités: les saules miniatures.

Le saule laineux (Salix lanata) est l’un des nombreux saules miniatures à bien croître dans les jardins. Photo: Julie Boudreau

Ces petits arbustes dépassent à peine 1 mètre de hauteur et la plupart sont des arbustes rampants. Ils sont donc bien différents en apparence des arbres et des arbustes plus connus. La croissance de ces plantes miniatures est lente. Certains développent de nouvelles pousses annuelles ne mesurant pas plus de 1 cm de long. L’intérêt principal de ces saules miniatures est leur grande rusticité. Certains trouvant le plein bonheur de leur existence en zone 1! Aussi, selon mes observations, ce sont des arbustes ignorés des insectes, comme le calligraphe du saule ou l’orcheste du saule qui sont si communs chez les grands spécimens.

C’est aussi chez les saules miniatures que l’on observe les plus jolies feuilles. Elles sont souvent coriaces et épaisses, parfois de forme arrondie, parfois à texture gaufrée et occasionnellement poilues! Elles ont un certain attrait. Bien sûr, ce n’est pas avec d’aussi petites plantes que l’on peut réaliser des aménagements paysagers, quoique certaines variétés rampantes forment de très beaux couvre-sol. Les saules miniatures sont davantage des plantes pour collectionneurs ou pour nostalgiques des belles altitudes montagneuses.

Rois rampants des montagnes

Une grande partie des saules miniatures est retrouvée en haute altitude, sur les sommets montagneux, au-dessus de la limite des arbres. Une autre proportion de ces petits saules préfère la toundra. On les trouve aussi bien en Amérique, en Europe et en Asie. Ils sont partout!

Du côté américain, le randonneur est à même de croiser plusieurs espèces, dont le saule réticulé (Salix reticulata) ou le saule des montagnes Rocheuses (Salix petrophila). Ces deux espèces rampent au sol et épousent tous les dénivelés que leur propose leur habitat. Dans les montagnes Blanches du New Hampshire, on découvrira le saule raisin-d’ours (Salix uva-ursi) avec ses jolis chatons roses. Au Québec, on trouvera le saule à fruits courts (Salix brachycarpa), notamment au sommet du Mont-Albert, dans le Parc national de la Gaspésie. De nombreuses espèces de saules miniatures sont protégées ou parfois menacées d’extinction. C’est par leur découverte dans le milieu naturel que leur appréciation se fera.

Deux magnifiques saules capturés en photo lors de mes expéditions dans les montagnes. Photos: Julie Boudreau

Petits trésors des jardins

Par bonheur pour les jardiniers, certaines espèces sont cultivées dans un but ornemental. Toutefois, il faut savoir que les saules miniatures ne sont pas abondamment présents dans les pépinières et les jardineries. Une des principales raisons de cette lacune est bien sûr leur croissance lente. Celle-ci enlève, à tout producteur en quête de rentabilité, l’envie de les multiplier. C’est donc dans les rassemblements d’amateurs de plantes alpines et dans les fêtes horticoles qu’on trouvera quelques pépiniéristes spécialisés ou des jardiniers aguerris qui s’offriront le plaisir de multiplier quelques-unes de ces raretés. Et on bondit sur ces belles «prises» dès qu’on découvre qu’on a un de ces petits trésors à portée de main (et de portefeuille)!

Quelques espèces pour le jardin

Parmi ces espèces qui s’offrent aux jardiniers, il y a le saule arctique (Salix arctica), le vrai! Car, comme mentionné en ouverture, il y a aussi une autre variété de saule qui porte le même nom français. Le saule arctique qui nous intéresse ici est une plante étalée d’au plus 15 cm de hauteur, avec un beau feuillage luisant et texturé. D’apparence similaire, mais de taille un peu plus imposante, le saule de Nakamura (Salix nakamurana var. yezoalpina) est souvent utilisé en bordure des murets.

Au port un peu plus dressé, le saule pubescent (Salix vestita) porte des feuilles épaisses et texturées et des bourgeons jaune moutarde. Il est aussi originaire de la zone arctique. Et directement du Nunavut, le saule calcicole (Salix calcicola) figure dans la catégorie des «tout petit, trop mignon»! Les jeunes feuilles sont couvertes de longs poils gris et deviennent arrondies et texturées à maturité. Si le saule calcicole atteint 50 cm de hauteur, c’est un record! D’apparence complètement différente, avec ses feuilles minuscules, on peut aussi cultiver dans le jardin cet autre saule couvre-sol, le saule à feuilles de myrtilles (Salix myrtilloides). Ce dernier est très différent de la plupart des saules miniatures que l’on cultive au jardin, car ses tiges ne sont pas coriaces et épaisses. Il est délicat en apparence. Il existe même un cultivar aux chatons roses, ‘Pink Tassels’!

Ces variétés conviennent parfaitement à la culture au jardin. Photos: Julie Boudreau

Puis, j’ai gardé le meilleur pour la fin, le saule de Boyd!

Le saule nain de Boyd : mon petit coup de cœur du moment

J’ai fait la découverte de cette plante intrigante en écoutant la baladodiffusion Les fabuleux jardins d’Elsie Reford. J’ai gardé l’œil ouvert et j’ai fini par dénicher un spécimen de ce petit saule. Mon saule nain de Boyd (Salix x sibyllina, anciennement Salix x boydii) mesure à peine 20 cm de hauteur et il a traversé son premier hiver sans cligner des yeux. À maturité, il culminera à 60 cm de hauteur.

L’histoire de ce petit saule est assez fascinante, car il n’a été vu qu’une seule fois en milieu naturel, vers 1870. Découvert dans la région de l’Angus en Écosse, par Bill Boyd, on dit que tous les plants mis en culture sont issus de ce seul et unique plant découvert par Boyd! Ce saule serait un hybride entre le saule de Laponie (Salix lapponum) et le saule réticulé.

Le saule de Boyd est mon petit coup de cœur du moment. Photo: Fotych sur Shutterstock.

Ceci n’est qu’une partie de tous les saules miniatures qu’il est possible d’apprécier au jardin. Et ils ont tous en commun leur étonnante facilité de culture, même si ce sont en général, des plantes de collectionneurs.



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Étiquettes + saules, plantes miniatures, pour collectionneur, arbustes nains


  1. Très intéressant votre article sur les saules miniatures. Je suis à la recherche de plantes/arbustes/arbres miniatures qui puissent pousser en pot sur ma terrasse, qui puissent rester dehors l’hiver (l’hiver montréalais!), qui soient de préférence à feuilles persistantes, et qui produisent des baies pour les oiseaux! Et qu’on puisse trouver en jardinerie… Cette perle rare existe t-elle? Merci pour toute aide!

    • Pierre Morrissette

      Très intéressant et inspirant que cet article ce matin. Le jardinier alpin que je suis est heureux de vous lire.

  2. J’aime bien vos chroniques très informatives mais ça serait bien si vous pouviez préciser si les plantes, telles que les saules miniatures, résistent ou ne sont pas mangées tout rond par les cerfs. Merci!

  3. Wow tellement intéressant
    Comme toujours merci beaucoup à Julie ??

  4. Merci Julie, très interressant.

    Bonne fin de semaine

  5. Bonjour, où est-il possible de se procurer le saule boyd? Merci

  6. This ìnormation so useful! I will join Krunker

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