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Quand nommer sa plante devient un casse-tête

Vous aimez les plantes, mais vous êtes un peu confus sur les différents termes utilisés pour les nommer? Pas de soucis! Voici l’article qui vous aidera à démêler les différences entre le nom commun au Québec, celui en Europe, le nom latin, l’espèce, la sous-espèce, la variété et le cultivar des plantes.

Photo : Karolina Grabowska

Vous êtes prêts? C’est parti!

Le nom commun: le fauteur de troubles

Commençons par le nom commun, aussi appelé nom vernaculaire, qui est simplement le nom que nous donnons communément à une plante. Cependant, il arrive que ce nom soit différent d’une région à l’autre, d’une génération à l’autre, ou même que la plante ait plusieurs noms communs dans une seule région: de quoi être très confus!

Par exemple, «pommier domestique», «pommier commun» ou tout simplement «pommier», réfèrent au même arbre donnant des pommes que nous avons dans nos jardins. Le nom commun est généralement traduit dans toutes les langues, ou existe dans la langue locale de l’endroit où pousse la plante.

Je déteste le nom commun, car il porte souvent à confusion. Voici quelques exemples dont le nom commun est moins évident que dans le cas du pommier:

  • Le blé d’Inde ne vient pas d’Inde
  • En Europe, l’ail des ours, l’ail des bois et l’ail sauvage sont des noms communs qui réfèrent tous à la même plante (Allium ursinum), mais au Québec, l’ail des bois, l’ail trilobé ou l’oignon sauvage font référence à une autre plante du même genre (Allium tricoccum), alors que l’ail des ours et l’ail doux sont complètement une autre espèce (Erythronium americanum). Bonne chance pour vous y retrouver!
  • Un caniche, un chien chinois ou un grand danois sont tous des Canis lupus.

À droite: Ail des ours. À gauche: Ail des ours. C’est une chance que les deux espèces soient comestibles dans ce cas-ci, mais imaginez si l’une d’elles était toxique et qu’un site Web vous certifiait que «l’ail des ours est comestible»!

En d’autres mots: le nom commun est un bon point de départ pour une discussion basique. On peut différencier une pomme d’une tomate, mais ensuite, ça se corse. Si on veut déterminer la comestibilité de l’ail des ours… on est mieux de pousser un peu plus nos recherches!

Le nom latin: le superhéros faillible

Espèce

Le nom latin, c’est le nom scientifique d’une plante qui est utilisé à l’échelle mondiale et qui est standardisé dans toutes les langues. Par exemple, le nom latin du pommier est Malus domestica.

Les noms latins sont écrits en italique et composés de deux parties: le genre, premier des deux mots avec une majuscule, et l’espèce. Les plantes ayant le même genre sont plus semblables que celles qui n’ont pas de mot en commun. Par exemple, Malus sylvestris est le nom d’un pommier sauvage d’Europe.

On voit ici que le chien domestique est plus proche du loup et du coyote que du fennec, par exemple. Les liens partagés sont souvent reflétés par le même nom de genre. Source: biologycorner.com

Parfois, les noms scientifiques sont vraiment compliqués. Et parfois, ils nous renseignent. Vous avez sans doute remarqué la ressemblance avec le mot «domestique» dans mon exemple des pommes, mais aussi americanum ou même Allium plus haut sonnent des cloches.

Anecdote: j’ai déjà fait un travail sur la spatule rosée, dont le nom latin de la famille est Threskiornithidae. Même après des années, je suis incapable de le prononcer correctement.

Spatule rose. Photo : Biodôme

Certains mots latins reviennent souvent et nous permettent, quand on a de la mémoire, de déduire l’espèce associée. Par exemple: chiroptera est l’union de chiro qui signifie «main» et ptera qui veut dire «ailes». Mains ailées. On parle ici des chauves-souris.

Là où ça coince: il y a des divergences chez les scientifiques, de nouvelles découvertes, etc., qui amènent parfois la modification des noms. Le pommier a eu lui-même plusieurs noms dans l’histoire : Malus communis, Malus dasyphylla… il a même eu le genre Pyrus à un moment.

Conclusion: le nom latin est le meilleur moyen de désigner une plante mondialement, mais attention, rien n’est parfait!

Sous-espèce

Les scientifiques ne s’entendent pas tous sur la définition d’une espèce. Je ne veux pas rentrer dans les détails puisqu’il n’y a pas vraiment de consensus (d’ailleurs, c’est encore plus compliqué chez les plantes que chez les animaux!).

Il arrive que pour définir une espèce précise, les deux mots (genre et espèce) ne suffisent pas. Cela se produit souvent quand un nombre d’individus s’est isolé d’une façon ou d’une autre du reste du groupe. Ce nouveau petit groupe peut alors développer une nouvelle coloration, un nouveau comportement, une nouvelle alimentation, sans être réellement différent du groupe d’origine. On peut alors parler de sous-espèce et rajouter un troisième mot à son nom latin.

Je vous donne un exemple d’un animal (parce que je trouve ça plus simple) dont la division est géographique: Panthera tigris jacksoni est le tigre de Malaisie et Panthera tigris altaica est le tigre de l’Amour, ou de Sibérie. Les deux sous-espèces sont séparées et vivent dans des climats différents, mais bien que de minimes éléments (poids, taille, coloration) varient, ils sont constitués de la même manière et pourraient se reproduire si ce n’était de la distance.

Tigre de Malaisie. Photo : Tu7uh
Tigre de Sibérie. Photo : Zoo Hluboka

Regardez les différences entre les deux: le tigre de l’Amour vit dans des climats plus froids que le tigre de Malaisie.

Chez les plantes, c’est pareil: une différence dans la fleur, dans la forme des feuilles, dans la répartition géographique peut mener à différentes sous-espèces. Cependant, les capacités d’hybridation (naturelles ou non), les plantes invasives, et plusieurs autres éléments sèment la pagaille dans la nomenclature des plantes. C’est pourquoi je ne souhaite pas trop m’y attarder. De toute façon, pour ce qui est des plantes d’intérieur, je ne connais pas d’exemple où c’est vraiment pertinent (sauf peut-être pour les collectionneurs?)

Sp. et ssp.

Cette abréviation est très utile… quand on ne veut pas trop se forcer! Quand on voit sp., ça signifie tout simplement «espèce» et ssp. «sous-espèce». Si c’est écrit «tropicale sp.» sur un pot, ça signifie donc… que cette plante est une espèce tropicale!

C’est plus adéquat (d’un point de vue d’une scientifique) de mettre un genre plutôt qu’un mot général comme «tropicale». Par exemple : «Trandescantia sp.»

Le cultivar ou la variété: ce qui est vraiment intéressant pour le jardinier

Enfin, nous avons le cultivar, qui est un nom donné à une variété spécifique d’une plante qui a été développée par sélection ou reproduction. Ça veut simplement dire que c’est une variété cultivée par l’homme. C’est aussi ce qu’on appelle la sélection artificielle.

Les cultivars ont souvent des noms qui reflètent leur apparence ou leur origine, comme ‘Gala’ pour une variété spécifique de pommier. Les cultivars ne sont pas des espèces distinctes, mais plutôt des variations de la même espèce et s’écrivent à la suite du nom latin, parfois entre guillemets anglais simples et en caractères romains.

Photo: ecoumene.com

C’est ce qui est intéressant pour la plupart des jardiniers qui ont un potager. On veut une tomate cœur de bœuf ou une tomate cerise? C’est le nom du cultivar qui nous dira les semences de quel type de tomate sont dans le sachet. Même chose pour les fleurs: le cultivar correspond souvent à la couleur, la grosseur ou la forme des fleurs.

Le nom du cultivar n’est pas traduit. Je sais, je sais, c’est ennuyeux… Mais n’essayez pas de rebaptiser vos tomates «red robbin» en tomates «merle rouge», vous risquez juste de vous faire regarder bizarrement au centre de jardinage!

Bonne chance!

Étiquettes + nom latin, nom vernaculaire


commentaire sur "Quand nommer sa plante devient un casse-tête"

  1. Très instructif et ponctué de touches d’humour comme d’habitude! Merci pour cet article.

  2. de quoi y perdre son latin 😉

  3. Super intéressant, merci

  4. Bonjour, c’est un bon sujet à traiter et fort utile pour se comprendre et se retrouver dans le monde de la botanique. N’est-il pas un peu plus exact de dire que le nom d’une espèce est la combinaison des deux mots; soit le genre suivi de son épithète spécifique? Car on ne pas vraiment dire que pepo est une espèce…l’espèce est plutôt Cucurbita pepo. Bref, je vous souhaite une excellente journée!

  5. Dans la vie, je fais de l’anatomie, de l’ornithologie et de l’herboristerie… tous des domaines à noms latins. Grrr. Malheureusement, dans ces trois domaines, les noms latins changent souvent, bien qu’ils soient supposément les noms officiels des plantes/animaux, ce qui est vraiment tannant pour les amateurs comme moi. Certains noms latins ont un sens (pratense, sinensis, officinale, semipalmata…), ce qui aide à identifier et reconnaitre la plante. J’apprécie. D’autres ont des noms peu utiles comme Cooperii… bravo pour Monsieur Cooper pour qui on a nommé l’oiseau, mais ça n’aide pas à l’identifier. Pire encore, j’ai lu un article où un botaniste avait découvert une nouvelle espèce à laquelle il a donné un nom composé des deux premières lettres des noms de ces collègues, du style loalseau…. (Louise, Alain, Serge, Audrey). Très utile… et si facile à prononcer. Vivent les noms latins significatifs, comme Trifolium pratense! merci pour cet article.

  6. Étant nouvelle adepte de ce site ,j’ apprend chaque jour ,merci

  7. Comme on dit “chez nous” une mère gorette, ou une treu (suivi de l’indispensable quand on parle de porc :” en vous respectant”) n’y retrouverait pas ses petits.
    Le Canis latrans, qui désigne le coyotte, dans ma première grammaire latine était l’ exemple de gérondif : chien hurlant…
    Le blé d’Inde ne vient pas d’Inde, mais dans la région le maïs vient d’Espagne (Bespagne) ou parfois de Turquie. Quant à la dinde, et le cochon du même nom(cobaye), ils ne viennent d’Inde ni l’un ni l’autre, le cobaye d’Amérique du sud et la dinde de nord. Les anglosaxons, eux, la font venir de Turquie.
    Quant au Solanum lycopersicum, il peut indifféremment désigner une tomate cerise ou une Beefsteak, baptisée on ne sait trop pourquoi Cœur de Bœuf.
    Il y aurait de livres à écrire sur le sujet !

  8. A en perdre son latin(origine)de la langue francaise,
    Audrey a raison le latin .
    Si on parle de nom commun ou régionnal imposible …
    Vous connaissez la mémé de beauce? tomate ou l’épinette rouge (mélèze) 🙂

  9. Merci!

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