Categories

Recherche

Magasiner un sécateur… pour la vie, advienne que pourra

Dès qu’on prend le jardinage un peu plus au sérieux, on commence lentement à s’équiper avec des outils de meilleure qualité. Le sécateur est souvent en tête de liste, car il s’agit d’un des outils de base du jardinage. C’est une petite fierté, que de posséder un «vrai» sécateur, comme les «vrais» jardiniers. Or, ce ne sont pas tous les sécateurs qui sont de bonne qualité et il existe quelques petits trucs de base pour reconnaître un bon sécateur.

Mes deux sécateurs survivants! Ils en ont coupé des petites branches (et des fleurs fanées, et de la corde, et des sacs de terre (oupse!)). Photo: Julie Boudreau

Le meilleur sécateur n’est pas nécessairement le plus cher

D’abord, oui, c’est vrai, une grande majorité d’horticulteurs ne jurent que par leur Felco (je n’ai pas l’habitude de promouvoir des marques, mais que voulez-vous, ce sont pratiquement les seuls dans leur catégorie). Toutefois, le sécateur de qualité ne tient pas à une seule marque, mais bien à des caractéristiques.

Un jour, dans le fin fond du Lac-Saint-Jean, j’ai dû faire l’acquisition rapide d’un nouvel outil (vous saurez pourquoi dans quelques lignes). Je me suis donc dirigée vers la quincaillerie du village et j’ai fait l’acquisition d’un sécateur à poignées vertes au très bas prix de 9,99$! Et ce fut un glorieux sécateur! Je l’ai utilisé de nombreuses années et jamais il n’a cédé. Il était la preuve qu’un bon sécateur, c’est un assemblage de caractéristiques et des matériaux solides, pas une question de marque!

Il a quoi de spécial, le sécateur de qualité?

D’abord, il est doté de deux parties qui se croisent, comme des ciseaux. D’un côté, la lame, bien affûtée. De l’autre, une sorte de plateau recourbé que l’on appelle la contre-lame. Quand on taille une branche, on appuie celle-ci sur la contre-lame et c’est la lame qui fait tout le travail! Il faut donc éviter les lames qui s’appuient l’une sur l’autre. Ce type de modèle écrase et endommage les tissus de la plante.

L’autre caractéristique importante à mes yeux est l’organisation du système de ressort. Ce ressort est essentiel, car c’est lui qui fait ouvrir les lames. Il doit donc travailler avec aisance et rouvrir le sécateur après chaque coupe. Parfois, ce ressort est accompagné d’un petit système qui stoppe la fermeture des lames. Ces petites excroissances situées près du ressort m’ont causé bien des maux. Sur certains modèles mal conçus, la peau entre le pouce et l’index se coince dans ce système. Si on exerce un peu de force pour couper une branche, on se pince la petite peau! C’est très douloureux et on perd confiance en notre compagnon de tous les jours.

C’est ici que l’on se pince la petite peau entre le pouce et l’index… sur les modèles moins bien conçus. Photo: Wikimedia Commons.

Autre bidule utile: un écrou! Les deux parties du sécateur sont souvent fixées avec un boulon et un écrou. Mais parfois, c’est un simple rivet aplati. L’écrou permet de démonter le sécateur et de le réassembler. Avec le temps, le système mécanique se dévisse et la lame peut devenir chevrotante. On veut que le sécateur soit facile à compresser et décompresser, mais l’ensemble doit aussi être solide. L’écrou permet donc de serrer le système et de l’ajuster pour atteindre l’équilibre parfait!

Pratique, mais pas essentiel

Puis, on arrive aux poignées. Je dirais que le confort de la prise du sécateur est très important si on prévoit tailler pendant des heures entières. Pour un jardinier d’occasions, cette qualité est moins essentielle. Dans un monde idéal, la prise doit être parfaite. Notre main, quand elle est presque pleinement ouverte, doit permettre à la lame du sécateur de pleinement s’ouvrir. Ce n’est pas anodin, surtout quand on a de petites mains, comme moi! J’ai appris à travailler avec des sécateurs de taille régulière, mais pour avoir le plein contrôle sur ma lame, je dois rapprocher ma main plus haut sur les poignées (et c’est pourquoi je me pince la peau, avec les méchants sécateurs!). Normalement, la main devrait se situer en plein centre de la poignée. L’avantage de tenir l’outil plus vers les extrémités est que l’on force moins! Simple principe de physique! On se pince moins, aussi. Sachez qu’il existe quand même quelques modèles de sécateurs pour petites mains. Je les ai essayés, mais trop tard pour moi, j’aime mieux mes «gros» sécateurs (ceux qui ne pincent pas).

La dernière qualité que je souhaite souligner est présente seulement sur les sécateurs Felco (à ma connaissance). Ce type de sécateur est entièrement démontable et on dispose de toutes les pièces de rechange! Wow! La lame se casse par accident? On remplace la lame! Le ressort est tellement rouillé qu’il ne «spring» plus? On remplace le ressort! De la belle durabilité à son meilleur! Et voilà pourquoi on dit souvent que ce type de sécateur est un achat pour la vie.

Pour la vie, oui, mais…

En fait le vrai défi avec la longévité de mes sécateurs, ce n’est pas qu’ils se brisent ou qu’ils deviennent trop usés. L’ennui, c’est que je perds mes sécateurs! Je taille des fleurs fanées dans une grosse plate-bande. Je dépose le sécateur au sol, pour ramasser les débris. La journée est finie et j’oublie mon sécateur. Quand je travaillais intensément «sur le terrain», j’ai dû perdre en moyenne un sécateur par année! (dont un, dans le fin fond du Lac-Saint-Jean!) Une seule fois, j’ai retrouvé mon sécateur dans une plate-bande au printemps, après la fonte des neiges, là où je m’y serais le moins attendu. Et celui-là, je l’ai encore!

Pour une horticultrice professionnelle, c’est assez gênant de se présenter dans un centre de jardin où tout le monde me connaît pour aller acheter un sécateur. Cela donne l’impression que je n’en avais pas avant: que c’est mon premier sécateur de qualité! Au second, les employés pensent que j’offre des sécateurs en cadeau à mes amis. Mais au troisième, ils me démasquent! Ils ont compris : je suis vraiment lunatique!

J’aimerais me vanter que j’ai le même sécateur depuis mon arrivée en horticulture à l’ITAQ de Saint-Hyacinthe en 1990, mais non! Toutefois, je sais que ce sécateur aurait pu être toujours de ce monde… si seulement son propriétaire n’avait pas été une certaine Julie!

Oui, c’est possible d’utiliser le même sécateur pour toute une vie, mais ce ne sera pas mon chemin! Mais, peut-être fera-t-il partie de mon héritage… si je ne le perds pas… encore! Image: Montage de Mathilde Bourgeois sur Canva.

Étiquettes + Sécateur


commentaire sur "Magasiner un sécateur… pour la vie, advienne que pourra"

  1. Bienvenue au club !
    L’année dernière, j’ai perdu bêtement mon Felco, sûrement posé sur le sac de déchets, et parti avec direction la décharge… (je suppose…)
    Je l’avais acheté les yeux de la tête lors d’une visite à palexpo à Genève… J’ai mis longtemps à réaliser en fouillant tous les endroits improbables de mon jardin, puis de mon garage, puis de mon atelier, puis puis puis… j’ai bien dû me rendre à l’évidence… vexée à un point ! j’en ai racheté un autre ! et paf ! hier, rebelote !!! mais bonheur, après une heure d’affolement général, je l’ai retrouvé dormant, décontracté, au pied d’un de mes pommiers préférés… Ouf !
    Tout ça pour vous dire que j’aime beaucoup votre style et vos articles, même si je suis à des milliers de km ! Bravo !

  2. Ça m’est arrivée à moi aussi (Gardena que j’aimais beaucoup)! J’essaie maintenant de les glisser dans ma poche arrière pour ne pas les laisser au jardin. J’ai également un tablier avec des poches que je devrais porter plus souvant! J’adore vous lire.

  3. J’essaye aussi…. Mais il suffit d’une trop grande concentration ou d’une minute d’inattention, et voilà…. Il faut dire que j’ai toujours eu le même souci avec mes crayons ou stylos ! Mais ils sont moins difficiles à remplacer !

  4. Je e suis fait un “étui-support” en cuir que je porte à la ceinture, avec un petit étui pour avoir une pince à épiler au cas ou je me retrouve avec une épine ou une écharde dans les doigts

  5. Merci pour les conseils! Super pertinents! La touche d’humour est savoureuse. ?

  6. J’ai retrouvé dans le composteur, où il avait séjourné quelques mois, mon “Pradel”(le modèle, “aérodynamique” à l’époque, n’existe plus) complètement rouillé. Je l’avais pratiquement depuis que j’ai commencé à travailler dans les jardins, ça fait un bon nombre de dizaines d’années et je me morfondais de sa perte.
    Je l’ai fait tremper dans l’huile à dégripper, démonté, passé au papier de verre, aiguisé (ça c’est fréquent) passé à la peinture antirouille et repeint en rouge. Mais il ne quitte plus son étui à ma ceinture et y retourne aussitôt son ouvrage terminé.
    Bien sûr j’ai d’autres sécateurs (dont un à enclume) mais aucun ne peut remplacer mon vieux Pradel.

  7. Le sécateur…
    Ouaip le mien (celui qui a longs manches pour tailler les branches d’arbustes et arbres) a passé des mois au sol. Misérable, on l’a retrouvé rouillé au max. Mon chum (best partenaire de la jardinière “paresseuse”) l’a amené aux soins intensifs : démonter, sablage, huile, ajustement.
    Bref, il m’a ramené l’outil étincelant !
    Sauvé inextremis pcq ce Falco est un partenaire de longue date et fait une job extra là où le sécateur court ne peut.
    J’ai un seau orange éclatant pour mettre mes outils. Une vieille brouette Little Tikes (pas de pub mais bon, rendre à César ce qui est à César! Celle qui a un fond plat est géniale. J’y met tout! Et elle est légère, sur 4 roues) pour mettre tout mes trucs.
    Rien perdre. Oui mais on bouge tant. Entre les plates-bandes, près des abeilles, guêpes et taons. Déranger le moins la vie qui s’y déroule…
    Fingers crossed pour la saison qui vient!

  8. J’ai un Felco depuis… le début des années 1980. D’autres aussi, que j’ai perdus et retrouvés parfois dans un piteux état, mais récupérables. Mais aucun ne bat le Felco. Oui, je l’ai oublié à quelques reprises ici ou là, mais je n’entre jamais dans la maison après le jardinage sans m’assurer d’avoir ce sécateur, quitte à le chercher jusqu’à la nuit tombée. Merci pour vos articles revigorants!

  9. Un autre trait de qualité d’un bons sécateur est une lame traitée à l’épreuve de la rouille.

  10. Beau billet!

  11. Un immense merci Julie pour ces précieux conseils. J’ai justement besoin d’un nouveau sécateur. Bravo pour vos chroniques.

  12. Ma mère a le même problème, du coup elle a accroché un long bolduc brillant 😉

    Le mien est un Fiskars avec crémaillère, très coupant, très confortable, mais pour droitier, du coup, parfois il est inconfortable… et il y a un réglage pour la dimension de main ! 😉
    Je l’ai depuis 20 ans 😀
    (mais j’ai déjà retrouvé un éplucheur à légumes dans le compost… sûrement un coup de ma copine ^^ )

  13. Merci. Moi j aimerais savoir comment bien l entretenir pour le garder longtemps et comment bien l aiguiser. Car la est mon probleme

  14. Bonjour, j’ai accroché un vieux collier à chat brisé (ils sont de couleur fluo) à la poignée de mes sécateurs. Je les colle avec du bon vieux “tape” gris. Ce n’est pas gênant lorsqu’on travaille et ça aide à les retrouver dans les plates-bandes… Bon jardinage! Note: le collier est ouvert (parce que l’attache est brisée autrement il serait au cou du chat) et ainsi garde toute sa longueur.

  15. J’ai beaucoup aimé ce billet, très humoristique … et surtout qui décrit bien la situation A ha, ha, ha!!! Je croyais que j’étais la seule à laisser mon sécateur un peu partout!
    Je l’ai perdu souvent, toujours retrouvé, rangé, en me disant que je ne le perdrais plus. Une chose est certaine : je ne sors jamais de mon jardin avant de l’avoir retrouvé, même s’il est tard et que la nuit tombe. C’est un Felco et voilà bien des années qu’il me rend service.

  16. J’ai mon Felco depuis une quarantaine d’années et je le ferai aiguiser pour le première fois ce printemps. Il en a de l’expérience dans le corps car j’ai été jardinier pendant plusieurs années. Ça vaut la peine d’y mettre le prix pour de la qualité!

  17. Les vrais jardiniers ont des Felco, les autres des marques-maison ou même pire, pas de marque du tout. Plus sérieusement, avec un Felco pas de risques de se pincer. Mais, très mauvaise idée d’acheter celui avec poignée rotative. Je l’ai en plus de mes 3 autres Felco et … je le déteste, c’est un gadget inutile et finalement pas ergonomique du tout.
    Et pourquoi j’en ai 4 ? C’est juste que je n’ai jamais le temps de me rendre compte que j’en ai égaré un 😉 j’en prends un autre et finis toujours par retrouver l’épivardé.

  18. Je suis bien contente du sujet de cet article car moi aussi je dois me racheter un sécateur ayant perdu celui que j’avais… Je ne comprends pas pourquoi ils font des poignées vertes et non orange fluorescent!
    Est- ce que Larry avait un truc pour ne pas les perdre? Mystère…

  19. Ce n’est pas de la publicité que de dire posséder un Felco! Combien ont un frigidaire alors que c’est un Bélanger? Moi aussi c’est un sécateur à 40 bougies, bichonné comme le recommande le fabricant.. L’investissement de l’achat, réparti sur le nombre d’années m’épate toujours. Dire que j’ignorais la marque à l’achat, mais c’était le seul qui me semblait fiable, et il l’est toujours!!!!

  20. C’est comme en menuiserie et en cuisine: les bons outils font toute la différence! Et maintenant, je comprends pourquoi je n’aime jamais tailler mes plantes ni même couper les fleurs pour faire un bouquet ou pour enlever les fleurs fanées – je n’ai vraiment pas de bons sécateurs! Ce sera mon prochain achat du printemps. Merci Julie! Aurais-tu des recommandations quand aux autres outils incontournables?

    • Bonjour Jeanne, merci pour les bons mots. Je prévois prochainement faire une chronique sur ma collection de truelles! Ça promet, car c’est un autre très beau sujet de conversation!

  21. Le sécateur fut mon premier outil de jardinage. Mon père m’avait dit de le payer avec les sous de mon cochon. C’était MON sécateur et il m’a monté à en prendre soin. Je passais mes journées d’été à ébrancher des arbres dans sa forêt. Ce fut mes plus beaux souvenirs et depuis ce temps j’ai développé un très grand intérêt pour l’horticulture en général surtout les arbres.
    Je pense aussi offrir un sécateur à mon petit – fils et lui transmettre cette passion.
    Votre billet ce matin m’a interpelé et je l’ai trouvé très intéressant !

  22. Tout comme Clarisse qui se pose la question : pourquoi des poignées vertes, brunes, noires, etc. et non pas orange fluo ? Je soupçonne les compagnies de vouloir nous en vendre de nouveaux quand on les perd…! J’ai réglé mon problème, sur tous mes outils de jardinage (sécateur, pelle, binette, etc). J’y noue un ruban orange fluo qu’on utilise à la chasse pour retrouver son chemin. Je ne perds plus mon temps à me promener dans mes plates-bandes à chercher mes petits outils !

  23. Moi aussi j’en ai avec un Felco avec la poignée qui tourne. Cela n’offre aucun avantage et en plus on a une prise plus instable.

  24. Pour ne plus perdre mon sécateur, je l’accroche avec un cordon au passant de mon tablier, spécial jardinage, fait en jean. Lorsque je ne m’en sers pas, il est placé dans la poche de droite. Et ainsi plus de perte ! Dans l’autre poche je glisse mes gants et des attaches,
    Je ne sais pas si vous imaginez la scène mais c’est assez comique !
    Merci pour vos reportages.

  25. Moi aussi, j’ai retrouvé mes Felco sous le banc dans le jardin. Fiou! Mon mari m’a offert une ceinture de jardinier à Noel pour transporter mes outils avec moi et ne plus les perdre. Bien hâte de l’essayer cet été.