Le printemps s’annonce hâtif
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le magazine Fleurs, plantes et jardins en février 1998.
J’ai de bonnes nouvelles pour tout le monde! En effet, je peux d’ores et déjà annoncer que le printemps sera hâtif… du moins chez les Hodgson. Pourtant j’écris ce texte à la mi-octobre, presque cinq mois jour pour jour avant le début officiel du printemps. Comment ai-je fait pour savoir que le printemps sera si hâtif?
Non, je ne me suis pas fié à la hauteur des maisons de castors ni aux dires d’une voyante. Je sais que le printemps sera hâtif chez moi parce que… je fais toujours en sorte qu’il le soit. En effet, c’est moi qui contrôle l’arrivée du printemps dans ma propre cour!
Une définition du printemps
Personnellement, je considère que c’est le printemps à partir de la première fleur de l’année. Dès que je la vois, peu m’importe si mon terrain est encore enseveli sous la neige, qu’il arrive encore une tempête ou deux: c’est le printemps, un point c’est tout! Or, chez moi, j’ai, une année sur deux environ, des fleurs avant la fin de mars. Ce n’est pas parce que j’habite en Floride. Ma cour, située à Sainte-Foy, en zone 4, est même plus froide que la moyenne pour une résidence au Québec. Alors, comment faire pour avoir des fleurs au mois de mars?
La bonne plante au bon endroit
Mon secret, c’est que je m’y prends à l’avance pour assurer un printemps particulièrement hâtif… et vous aussi pouvez le faire.
D’abord, recherchez le «coin du printemps hâtif» de votre terrain. Chacun en a un: c’est cet endroit où la neige s’accumule passablement, ce qui assure que le sol ne gèlera pas en profondeur, mais où elle fond très tôt. Soyez vigilant dès maintenant: si vous attendez ne serait- ce que la mi-avril, ce sera trop tard pour l’identifier. Votre coin se trouve peut-être près de la fondation de la maison, à côté de la thermopompe ou près d’une bouche de chaleur quelconque, mais il y a toujours un endroit où le sol dégèle plus rapidement que n’importe où ailleurs sur le terrain.
L’endroit n’a pas besoin d’être grand. Mon «coin du printemps hâtif» est situé tout près du mur «sud» de la maison, là où une énorme congère s’établit chaque hiver, formant ainsi une barrière très efficace contre le froid. Il ne mesure que quelques centimètres carrés. Tout près de ce mur qui dégage toujours un peu de chaleur, car il est protégé des vents froids par la congère, la neige fond vite. Il s’y trouve même un petit espace où le sol, à vrai dire, ne gèle jamais.
Votre «coin du printemps hâtif»
Quand vous aurez trouvé votre «coin du printemps hâtif», identifiez-le par un drapeau orange. Inscrivez ensuite «coin du printemps hâtif» dans votre calendrier, vers le milieu du mois de septembre, car c’est à ce moment que vous planterez ce qui deviendra votre première fleur du printemps.
Longtemps, ma première fleur du printemps fut le perce-neige (Galanthus nivalis). C’est un petit bulbe à plantation automnale et, son nom le dit bien, l’un des premiers à fleurir à la fonte des neiges. Toutefois, le perce-neige est blanc… et la neige aussi. Pas très tape-à-l’œil, n’est-ce pas? Pour voir la première fleur du printemps, je devais me coucher sur un banc de neige, la tête penchée vers le bas, afin d’apercevoir une petite tache blanche à son pied… au moins c’est une fleur. Comme j’ai les bras assez longs, je peux même cueillir les premiers perce-neiges et en faire de petits bouquets. Je peux vous dire que ça fait de l’effet quand on arrive au bureau au mois de mars avec des fleurs «que je viens de cueillir dans ma plate-bande». Tout le monde vous accorde le titre de «pouce vert du bureau», sans poser d’autres questions.
Plus hâtif que le perce-neige?
Maintenant, j’ai trouvé mieux. Il s’agit d’une fleur qui apparaît souvent une ou même deux journées avant le perce-neige: l’éranthe d’hiver (Eranthis hyemalis). Non, on ne peut pas en faire des gerbes, car elle pousse au ras du sol. Par contre, ses fleurs jaunes en forme de bouton d’or sont plus visibles sur un fond de neige que celles du perce-neige. Sans compter qu’une plante qui raccourcit d’une ou deux journées un hiver déjà trop long est toujours la bienvenue.
Cependant, le véritable avantage de l’éranthe d’hiver ne réside pas dans sa coloration, mais plutôt dans le fait qu’il fait fondre la neige! En effet, cette plante, tout comme notre chou puant indigène, dégage une chaleur suffisante pour faire fondre la neige autour d’elle. Fantastique, n’est-ce pas?
En tant que jardinier paresseux, je me pose cependant une question. Combien d’éranthe d’hiver devrait-on planter sur un terrain pour en faire fondre toute la neige afin de ne plus jamais avoir à pelleter?
notre ‘amie’ Jenny qui vient de laisser un commentaire fait une annonce de prêt d’argent rapide… et laisse même son courriel!! Je ne crois pas que je me laisserais berner par quelqu’un qui a le culot de venir faire sa propagande sur un site d’information sur le jardinage. Attention!!
Merci pour cette bonne idée, surtout cette année-ci où le manteau blanc est très présent !
Toujours d’actualité.
Très bonne idée! Je crois que je vais l’adopter. J’ai toujours hâte de lire ce que le jardinier paresseux a écrit. C’est tellement enrichissant. Que de bons conseils et bons trucs. Merci!
Est-ce que votre site offre un mécanisme en afin de bloquer ces imbéciles arnaqueurs qui offrent des attrapes (qui de plus n’ont rien à voir avec vos chroniques)? Si oui il faudrait bloquer ´Jenny’ !…
J’adore cette idée de « coin du printemps hâtif » et de fleurs qui font fondre la neige!! Quel beau style d’écriture parsemé d’humour, ce cher Larry!! 🙂
Nous vivons entourés de fraudeurs, arnaqueurs et vilains de toutes sortes.
Au lieu de demander aux autres de les enlever de notre chemin, il est plus simple de cultiver notre sens critique et de le développer chez nos enfants.
Il faudrait commencer par bannir l’anonymat
On retrouve avec bonheur dans ce billet l’esprit à la fois poétique et pratique de notre jardinier paresseux. Quel rêve beau et fou de penser qu’on pourrait faire fondre toute la neige au début de mars en ayant planté, dès la mi-septembre, des milliers d’éranthes d’hiver dans tous les coins de printemps hâtif du Québec Quel beau printemps hâtif et coloré ce serait!
C’est le soupir de tout jardinier de voir revenir le printemps au plus vite! Et je ne peux m’empêcher de me dire qu’à l’heure d’écrire ces lignes, celui qui a décidé de s’endormir en même temps que nos plantes bien-aimées savait probablement qu’il ne serait pas là avec nous pour accueillir cet autre renouveau. Larry, tu auras toujours ta place dans nos coeurs.
Mais C ´est un ARNAQUE, ÇA FAit des années que ça marche cet arnaque Maya Giroux
Merci encore et encore pour ces charmantes idées que je vais réaliser et propager.
Jocelyne, Verdun