Les semis conviennent-ils aux paresseux?
Mon masque de parfait jardinier paresseux tient très bien de la fonte des neiges jusqu’à leur retour à l’automne. Il y a assez de désordre et de mauvaises herbes dans mes plates-bandes pour que personne ne me prenne, même un instant, pour un jardinier méticuleux. Cependant, à la fin de l’hiver, on y voit quelques failles… à vrai dire, quelques milliers de failles. C’est que j’adore semer tout ce qui pousse. Or, semer et entretenir des semis exige passablement d’efforts. Pas trop paresseux, n’est-ce pas?
De plus, quand je fais quelque chose, je choisis toujours de le faire à l’excès. Il ne me suffit pas de remplir deux ou trois boîtes de semis divers. C’est près d’une centaine de boîtes que je cultive sous des lampes fluorescentes dans mon sous-sol, soit l’équivalent d’un assez gros potager… et cela, ce n’est que pour les plateaux de germination. Quand les plantes commencent à lever, il faut les repiquer dans des contenants de plus en plus gros, et bientôt toute la maison est prise d’assaut.
Le pire, dans tout cela, c’est que je n’ai même pas assez d’espace pour toutes les plantes que je produis. Mes plates-bandes sont déjà plus que comblées et mon potager, sous forme de bacs placés sur la terrasse, n’a guère d’espace que pour trois plants de tomates et quelques concombres. Il faut donc que j’agrandisse mes plates-bandes tous les ans juste pour accueillir ma production de plantules. Encore des efforts!
Par contre, je ne saurais me limiter. Il faut que j’essaie toutes les nouveautés de l’année, plus les graines que j’ai rapportées de voyage, plus les plantes totalement inconnues que j’ai commandées dans des catalogues russes et japonais (que je ne peux pas lire) et dont le nom botanique avait une consonance agréable. Car, voyez-vous, si d’autres personnes trouvent la joie du jardinage dans la création d’une plate-bande organisée et ordonnée, sans mauvaises herbes, moi, je la trouve à expérimenter avec toutes les plantes.
Je reprends cependant mon attitude paresseuse dès que les plantations du printemps sont terminées. À ce moment, ma cour arrière ressemble davantage à un jardin botanique à l’échelle d’un timbre-poste qu’a un aménagement paysager, mais j’aime ça comme ça. Heureusement, la nature s’occupe généreusement d’arroser, de fertiliser et d’entretenir les petites plantes sur lesquelles j’ai trimé si dur au cours du printemps. Une chance, sinon je ferais sûrement une syncope.
La robotique au secours du paresseux
Reste à trouver une solution au surplus de travail pendant la période des semis… et je crois l’avoir enfin trouvée: la robotique. Voyez-vous, mon beau-fils vient de commencer ses études collégiales en électronique industrielle, option robotique, et il ne le sait pas encore, mais il va se spécialiser en robotique horticole.
J’imagine déjà le système. J’entre quelques détails dans l’ordinateur: hauteur, espacement, conditions de culture, etc., puis je lance nonchalamment quelques graines dans une fente. Le robot s’occupe alors de planter les graines à la bonne profondeur et au bon espacement dans des contenants appropriés. Il contrôle pour chacun la longueur du jour, la température, la fertilisation et l’arrosage.
Quand un œil électronique lui indique qu’il est temps de repiquer, il fait tout le travail et ajuste les conditions selon les besoins de chaque semis. De plus, l’œil électronique remarque instantanément tout signe d’infestation d’insecte ou de maladie et commande au robot de traiter en conséquence avec un produit biologique approprié.
Quand vient le temps d’acclimater les plants à l’extérieur, le robot monte les plateaux du sous-sol et les place délicatement sous une ombrière qu’il installe spécialement pour l’occasion, ouvrant le toit un peu plus chaque jour, jusqu’à ce que les plants soient bien acclimatés aux conditions extérieures. Si la température baisse trop, il réchauffe chaque plant à sa température idéale au moyen d’ondes infrarouges.
Au moment de la plantation, pas de problèmes non plus, car le robot s’occupe de tout, laissant exactement l’espace qu’il faut entre chaque plante. S’il manque d’espace de culture, le robot enlève un peu plus de gazon. Évidemment, il s’occupe d’arroser, de fertiliser, de diviser, de tailler et de désherber les plantes automatiquement. Il ne me reste plus, comme travail, que de passer mes commandes de graines à partir de mes catalogues… et d’étendre mon hamac entre les deux arbres. C’est déjà bien assez, quant à moi.
Mon beau-fils a encore deux ans et demi d’études avant l’obtention de son diplôme, mais je présume qu’il pourra déjà commencer à travailler sur le projet dès sa deuxième année. Heureusement, l’installation du système ne coûtera pas grand-chose, car j’ai ramassé plein de bouts de bois, de vis et des fils divers au cours des années (ma femme me demandait toujours ce que j’allais faire avec tous ces «déchets»!).
Ah! Quel plaisir que d’avoir des enfants aux études!
Ah….je dirais quel plaisir d´avoir de GRANDS enfants aux études, qui bientôt quitteront le nids filial, offrant leur chambre pour le recyclage en chambre de semis….??
quel plaisir d’avoir le sens de l’humour
Gilles Bergeron
très amusante cette chronique utopique (en tout cas pour l’instant). Pourtant, moi j’aime bien réaliser toutes ces étapes. Prendre une pause de la vie quotidienne pour créer la vie, je tourve cela très stimulant.
La première partie me décrit bien mais pour la robotique, je passe. Après tout, on le fait par plaisir!
Toujours aussi plaisant de lire cette chronique!
Pour ma part, j’adore regarder pousser « la vie » …et je suis très contente et fière lorsque j’obtiens des résultats!
Beaucoup de travail mais une grande satisfaction…
J’essaie d’être plus sage …car en fait, qui ne fait pas trop de semis…
Pour semi-paresseux seulement 😉
Joke de mon chum mais c’est ce que je pense.
Excellent! cet article m’a mise en joie 🙂
Une fois, j’ai failli acheter une mini serre connectée…je ne l’ai pas fait! vous imaginez, si votre portable bippe au travail, ou pire pendant la sieste, pour dire que votre serre est en stress hydrique? 🙂 😉
merci cher “blagueur horticole”.
Le sourire et l’humour du Jardinier Paresseux! Que demander de plus pour adoucir les temps froids?