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Comment différencier les haworthias et les gastérias?

Par Julie Boudreau

La passion pour les plantes succulentes commence souvent par l’achat de quelques petites plantes «trop mignonnes» simplement identifiées «plantes succulentes assorties». Puis, avec le temps, on découvre des mots nouveaux: Aloe, Agave, Echeveria, Haworthia, Gasteria et bien d’autres! C’est alors que l’on passe des heures sur Internet à essayer d’identifier correctement (en latin, svp!) nos plantes trop mignonnes. Après cela, bien sûr, plus moyen de revenir en arrière. Nous voilà engouffrés dans une spirale où, au nom de la nouvelle passion, nous sauterons yeux fermés et pieds joints dans le puits sans fond de la connaissance: celle des plantes succulentes (pour cette semaine!).

Parmi toutes ces espèces nouvelles, il y en a deux qui se ressemblent, parfois à s’y méprendre: les haworthias (Haworthia spp.) et les gastérias (Gasteria spp.). Voici quelques pistes pour les différencier.

Haworthia? Gasteria? Ni l’un, ni l’autre? Photo: Susan Jang sur Unsplash.

Les points communs entre Haworthia et Gasteria

Une étude approfondie de ces deux genres nous révèle à quel point les botanistes sont loin d’être sortis de l’auberge en ce qui concerne la classification et la juste identification des genres Haworthia et Gasteria! Et c’est la première chose qu’ils ont en commun: le manque de clarté! (Voir la section «zone grise» pour plus de confusion!)

Blague à part, il y a bel et bien des similarités que l’on peut mettre en lumière. D’abord, ces deux plantes sont originaires d’Afrique, du sud de l’Afrique, plus précisément. On les trouve l’une et l’autre en Afrique du Sud, au Mozambique, en Namibie et en Eswatini. Elles poussent de façon naturelle dans les endroits montagneux, les savanes ou le fynbos. Elles ont une préférence pour les milieux semi-arides. Il n’est pas rare de les trouver côte à côte, à quelques jets de pierre l’une de l’autre.

Ce sont aussi deux plantes de la famille botanique des Asphodelacées (anciennement les Liliacées) où elles se trouvent en compagnie des aloès (Aloe spp.) et des hémérocalles (Hemerocallis spp.). Cela signifie que les fleurs comptent 6 tépales identiques. Selon Plants of the World Online, il y a 59 espèces différentes de Haworthia et 26 espèces de Gasteria.

Enfin les haworthias et les gastérias sont, toutes deux, de petites plantes acaules (sans tige apparente) à feuillage charnu et souvent affublé de marques, de stries ou de rides.

Les grandes différences entre Haworthia et Gasteria

C’est ici que commence le grand débroussaillement, qui amènera son lot d’exceptions, d’où la section zone grise, qui suit. Il faut ici parler de généralités, car il y a des exceptions dans tout!

Les haworthias typiques, ou devrais-je dire, ce qu’on appelle les haworthias typiques, ont des feuilles vert foncé disposées en rosette. Celles-ci sont charnues et se terminent par un bout pointu (mais pas aussi piquant que celui des agaves). En général, les feuilles sont striées ou tachetées de blanc et parfois, ces stries ressemblent à des dépôts de calcaire, ce qui donne une texture particulière aux feuilles. Au toucher, les feuilles sont coriaces.

Portrait typique de ce que l’on appelle une Haworthia. Photo: Elliot Cullen sur Unsplash.

Quant aux gastérias typiques, ses feuilles charnues sont généralement aplaties et disposées sur deux rangs opposés, comme si les feuilles étaient essentiellement orientées au nord et au sud. Certains disent que les feuilles des gastérias sont en forme de langue. L’extrémité des feuilles est souvent arrondie et on y retrouve les mêmes stries, taches ou excroissances qu’on pourrait trouver sur les hawortias.

Gasteria carinata var. verrucosa, avec ses feuilles disposées sur deux plans. Photo: Abu Shawka sur Wikimedia Commons.

Ce qui permet de différencier le plus facilement les plantes des genres Haworthia et Gasteria, c’est la floraison. Malheureusement, celle-ci n’est pas fréquente chez les plantes cultivées. Chez les haworthias, les fleurs ressemblent à de petites étoiles blanches à 6 pétales et on y trouve parfois des stries verdâtres, brunes ou rose pâle. Elles sont regroupées en grappe, sur une longue tige florale. Aussi disposées en grappes allongées, les fleurs des gastérias sont généralement rose orangé à la base et verdâtres à leur extrémité et elles comportent un renflement bien caractéristique. C’est d’ailleurs parce que la fleur ressemble à un estomac que les gastérias portent ce nom!

Photos Haworthia cymbiformis et Gasteria carinata: Wikimedia Commons. Montage: Julie Boudreau sur Canva.

L’incroyable zone grise

Puis, tout s’écroule! D’abord, le fameux Haworthia typique n’est pas un vrai Haworthia! C’est un Haworthiopsis. L’ensemble des haworthias dotés de rides ont été renommés. Ainsi Haworthia attenuata, H. coarctata, H. fasciata, H. limifolia et H. nigra, qui sont des espèces couramment cultivées de façon ornementale, sont maintenant rassemblées dans le genre Haworthiopsis.

Haworthia cooperi, un vrai Haworthia! Remarquez son feuillage d’apparence translucide. Photo: Abu Shakwa sur Wikimedia Commons.

Le vrai genre Haworthia regroupe maintenant majoritaire les espèces à feuilles translucides. C’est comme si on voyait l’eau à l’intérieur de la feuille. Il compte aussi quelques espèces uniques, comme Haworthia truncaca, qui pourrait être confondu avec une Gasteria, car les feuilles sont disposées sur deux plans.

Gasteria? Eh non! C’est Haworthia truncata. Photo: H. Zell sur Wikimedia Commons.

De l’autre côté, certains gastérias ont des feuilles disposées en rosette, comme le seraient celles des haworthias. C’est le cas de G. polita, G. pulchra ou de G. ellaphiae.

Ensuite, s’il y a une plante qui a été nommée, renommée, changée de nom et renommée autrement, c’est bien un Haworthia ou un Gasteria. Historiquement, on a compté jusqu’à 150 espèces de Haworthia, nombre qui a fondu au soleil à cause des espèces non reconnues et de déplacement des certaines dans les genres Tulista et Hawarthiopsis, comme mentionné précédemment. C’est pire chez les Gasteria, car plusieurs espèces poussent à proximité les unes des autres, ce qui a grandement facilité les croisements. Ces nombreuses variantes et ces hybrides interspécifiques donnent bien des maux de tête aux classificateurs.

Elle est bien loin d’être terminée la valse des changements de noms! Par exemple, Tulista pumila var. pumila, que l’on connaissait mieux sous le nom de Haworthia margaritifera, a 29 synonymes enregistrés, dont cinq noms de genre différents!

Et enfin, les haworthias, les gastérias et les aloès, étant génétiquement très rapprochés, peuvent se croiser entre eux. Cela donne des x Gasteraloe (Gasteria et Aloe) et des x Gasterhaworthia (Gasteria et Haworthia).

Voilà pourquoi il n’est pas toujours facile de distinguer ces deux espèces. Quand on a un spécimen typique, c’est relativement aisé de distinguer la disposition des feuilles en rosette ou sur deux plans, mais il y a toujours un petit coquin pour nous faire douter de nos connaissances. Demeurez alertes et méfiez-vous! Votre Haworthia n’est peut-être pas qui il semble être!

Et hop! On replonge dans la spirale du puits sans fond!

Étiquettes + Gasteria, Haworthia


commentaire sur "Comment différencier les haworthias et les gastérias?"

  1. Mon Haworthia cooperi est “trop mignon” 😉

  2. … que j’ai découvert grâce à Larry dans son article “plantes à fenêtres”

  3. Merci pour cet article qui me rejoint puisque j’ai développé depuis quelque peu un intérêt concernant les plantes succulentes. J’ai essayé le ’bouturage’ par feuille, qui, selon mes lectures est décrit comme vraiment simple. Dans mon cas, aucun succès. Je me demandais si ce sujet ne pourrait pas être plus profondément discuté dans un article futur, ou bien suggérer une référence reconnue.

  4. Qui a eu cette idée folle, non pas d’inventer l’école, mais de bouleverser les classifications existantes(déclaration un peu simpliste, j’en conviens) ?

    Je reconnais bien les Gastérias “classiques”, ayant même, il y a fort longtemps, eu à veiller sur les divers semis de ma “patronne “qui m’avait embauché dans ce but. pendant les vacances. Et oui comme toutes sortes de plantes dites “grasses”, ou succulentes, ça .se reproduit très bien par semis (en particulier les lithops, qui avaient ma préférence).
    Quant au genre Haworthia, je me contenterai de dire qu’on y trouve de bien jolies plantes.
    Quant je trouve une plante inconnue, je ne suis pas satisfait tant que je ne l’ai pas déterminée, mais là je pense que je renoncerai de crainte d’attraper la migraine !

  5. Suis étourdie

  6. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  7. J’ai adoré cet article, qui laisse deviner l’existence d’un monde méconnu : non pas les succulentes, mais bien celui des… botanistes, en particulier la sous-espèce qui établit les classifications! ;-). Sérieusement, si un jour vous aviez le goût de nous parler un peu des gens et des institutions qui font et défont le nom de nos plantes, je serais ravie de vous lire. En attendant, mon ex-haworthia vient d’être surnommé Alias !

  8. Article très intéressant, on adore les succulents…
    Merci Julie

  9. J’ai beaucoup aimé votre article. J’adore les plantes succulentes qui ont des formes fascinantes. Je viens d’apprendre que mes haworthias viennent de changer de nom!
    J’ai bien hâte à la conférence que vous allez nous donner à la Société d’horticulture de Pierrefonds le mois prochain!
    Fernande

  10. j’ai aimé l’article . ILS sont magnifique ses espèces et facile c’est sa qui est cool. et ils non pas attaqué par les bébittes.

  11. Très bien fait ce petit article, j’en apprends tous les jours !

  12. Excellent article. J’ai même appris que j’étais l’heureuse propriétaire d’une Gastéria carinata, alors qu’on m’avait dit que c’était une variété d’Aloe vera.

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