Les jardiniers doivent souhaiter beaucoup de neige…et bientôt!
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans le journal Le soleil, le 21 novembre 1992.
À la mi-janvier, par un froid tel que même respirer fait mal, on a peine à croire que la vie végétale puisse survivre à un climat aussi sévère que le nôtre. Pourtant, la preuve est là, de nombreuses plantes y arrivent très bien. Voici de quelle façon.
Des réactions différentes
Chaque plante a une façon bien à elle de résister au froid. Certaines, par exemple, réagissent… en mourant ! C’est le cas des plantes dites annuelles : le plant adulte meurt, mais non pas sans avoir produit des semences qui, elles, résistent souvent très bien au froid. Lorsque le soleil chaud revient au printemps, les graines, jusqu’alors dans un sommeil très profond, germent et produisent rapidement une plante adulte qui, à son tour, produira des graines, et le cycle se poursuivra.
Une autre façon pour les plantes de résister au froid consiste à laisser leurs parties aériennes mourir, mais pas leur couronne (point de croissance) ni leurs racines. Sous la terre, surtout s’il y a une épaisse couche de neige, la température baisse à peine sous le niveau du gel (et c’est plus facile de survivre à -2 ou -3°C qu’à -30°C). Les vivaces réagissent ainsi, et aussi les plantes bulbeuses.
Les plantes ligneuses
Les plantes ligneuses (arbres, arbustes et plantes grimpantes) n’ont pas la vie aussi simple. Leurs parties aériennes demeurent exposées au vent froid durant tout l’hiver. Pour survivre, elles devront passer par une période d’acclimatation graduelle. Ainsi, au fur et à mesure que les nuits rafraîchissent, différentes réactions physiques et chimiques se produisent pour préparer la plante au froid à venir. Chacune des espèces a développé au cours de son évolution, des techniques différentes de protection contre le froid.
Les végétaux à feuilles caduques, par exemple, perdent leurs feuilles. Car l’exposition de la grande surface de leurs feuilles aux vents froids provoquerait une trop grande perte d’eau. Quant aux conifères, ils gardent leurs feuilles puisqu’elles ont la forme d’aiguilles minces (très petite surface) couvertes d’une cuticule épaisse qui prévient les fuites d’eau.
Des plantes réduisent aussi, sous l’effet de l’augmentation du froid, la quantité d’eau dans leurs tissus. Les cellules d’un bourgeon bien gorgé d’eau éclateraient sous l’effet du froid, mais si elles sont presque sèches au moment du gel, les dommages sont restreints.
Il existe aussi diverses réactions chimiques, souvent encore mal comprises, qui protègent les végétaux du froid. Un peu comme si la plante produisait son propre antigel.
Une résistance variable
La résistance au froid de la plupart des végétaux n’est valable que si la plante a le temps de s’y préparer. Normalement, les journées douces et fraîches de l’automne amènent une augmentation graduelle de la résistance au froid. Ainsi, même une plante très résistante au froid comme l’épinette serait sévèrement endommagée par le gel, même léger, s’il était subi en plein été, alors qu’elle aurait survécu facilement à un gel de -35°C en plein hiver. C’est ainsi qu’une fin d’automne anormalement chaude occasionnera souvent des dégâts plus importants aux végétaux qu’un automne frisquet : les plantes, dans le premier cas, n’auront pas eu le temps de s’endurcir au froid et lorsque les températures sibériennes arriveront du jour au lendemain, elles ne seront pas encore prêtes à y faire face.
Une résistance inégale
Une même plante peut avoir différents niveaux de résistance au froid. Les bourgeons qui produisent les feuilles, par exemple, sont souvent plus résistants que les boutons floraux. Cela explique pourquoi certaines plantes, comme les forsythias et les rhododendrons, survivent bien à un hiver particulièrement froid mais ne fleurissent pas le printemps suivant. De plus, les racines des végétaux sont habituellement moins résistantes au froid que les parties aériennes. C’est pourquoi une vivace pourtant très résistante au froid pourrait ne pas survivre à l’hiver si on la cultivait dans une boîte à fleurs. Le contenant étant plus exposé au froid que le soi du jardin, les racines subiraient un gel plus profond et pourraient en mourir.
La meilleure protection
La meilleure protection naturelle pour les plantes est une bonne couverture de neige. De façon générale, plus la neige tombe tôt et en abondance, et plus elle reste tard au printemps, plus beaux seront nos jardins. C’est pour cette raison que les jardins de l’est du Québec sont généralement plus attrayants au printemps que ceux de la région de Montréal.
Alors, jardiniers, souhaitons-nous beaucoup de neige, et au plus tôt!
J’ai mis une protection hivernale cette année sur quelques arbustes, ayant perdu 2 petits conifères l’hiver dernier. J’aimerais savoir quels arbustes feuillus nécessite un abri. Merci.
Cet article est vraiment intéressant et les photos sont magnifiques. Merci!
Beaucoup d’arbustes et de vivaces peuvent passer l’hiver en pot si on couche le pot au niveau du sol au début de l’hiver, afin d’éviter que les pluies d’automnes ne saturent le pot et forme de la glace qui pourrait affecter les racines. à ma pépinière, les vivaces qu’il me reste en fin de saison, je les taille au niveau de la terre dans leur pot, puis, quand celui ci à gelé un peu, je les met à l’envers, deux avantages, ils ne se saturent pas d,eau, et , si les mulots et autres rongeurs, cherchent des racines à manger dans l’hiver, en rencontrant une barrière de plastique (pot), ils passent tout droit. depuis que je fais ça, je n’ai presque plus de pertes. Ici, à Rawdon, la neige tombe tôt, dès que ça arrive, les pots sont protégés des gros froids.
Merci pour votre article et es commentaires !
Vraiment génial de nous partager un article de votre père publié il y a exactement 30 ans jour pour jour et toujours aussi actuel . Comme quoi les hivers au Québec n ont pas changer d un flocon. Merci
J’ai de beaux grands rosiers grimpants, comment protéger les grandes tiges de 2 mètres?
Guy Blouin
Quelle bonne idée de recycler les articles de Larry Hodgson. Comme toujours, on apprend plein de choses. Et il explique si bien les particularités de chaque plante et les raisons de ces particularités. Passionnant!
1) “Recycler” les vieux articles de Larry, c´est comme composter. Le vieux savoir oublié se transforme en une matière riche de connaissances pour les nouveaux venus, et allège la tâche de “Super Mathieu” , son successeur !
2) en trichant un peu, il est possible de poursuivre certaines cultures en bacs bien au chaud à l´intérieur.
Bon jardinage hivernal à tous…..
Intéressant d’apprendre que sous le sol ça gèle pas beaucoup. Ça m’explique pourquoi on peut encore planter en automne. Je me disais toujours mais comment ça peut survivre l’hiver.
hmmm… alors on peut s’attendre à des pertes au printemps étant donné qu’il a fait 20° et 13°C les deux semaines précédant le gel à Montréal. heureusement qu’il a déjà neigé.
merci pour cet article “anniversaire”.
«La meilleure protection naturelle pour les plantes est une bonne couverture de neige»… et une bonne couverture de feuilles mortes, aussi? J’en laisse très épais dans les platesbandes et un peu partout en fait, sur mon terrain…