L’effet de la durée de la nuit sur les végétaux
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au fil de sa carrière, autant en français qu’en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père disponibles au public. Ce texte a été originalement publié dans Le Soleil le 13 novembre 1993.
Personne ne peut nier que les nuits deviennent passablement longues en novembre, et les journées par conséquent, beaucoup plus courtes. Ce qui est surprenant, cependant, c’est de se faire dire que les plantes aussi le savent… et que de plus, cette différence dans la longueur des nuits d’une saison à l’autre régit une bonne partie de leur vie.
Photopériodisme
En horticulture, on appelle la distribution de la longueur de la journée et de la nuit la « photopériode », et la réaction des plantes à ce phénomène, le « photopériodisme ».
Contrairement à ce que l’on peut imaginer, ce n’est pas la longueur des jours qui affecte principalement les plantes, mais plutôt la durée des nuits. Par exemple, au Québec l’érable rouge (Acer rubrum) change de couleurs et perd ses feuilles tôt à l’automne, en septembre, car les nuits s’allongent rapidement à cette période : l’arbre « reconnaît » dans le prolongement des nuits qu’il est temps de se préparer à la dormance. Cette même espèce croît aussi en Floride, mais ne perd ses feuilles qu’en décembre, car la différence entre le jour et la nuit est moins marquée si près du Tropique du Cancer.
Les arbres européens gardent leurs feuilles plus longtemps
En Europe, les horticulteurs se plaignent que les arbres de l’Amérique du Nord perdent leurs feuilles très tôt alors que leurs propres arbres gardent leurs feuilles jusqu’en novembre. C’est que le climat de l’Amérique du Nord, pour une même latitude, est plus froid. Nos arbres ont donc appris, au cours des millions d’années d’évolution, à perdre leurs feuilles dès que les nuits commencent à s’allonger. Par contre, les arbres européens savent qu’ils peuvent se permettre de garder encore leurs feuilles jusqu’à ce que l’augmentation de la durée de la nuit soit plus marquée.
Photopériodisme et floraison
Il n’y a pas que la préparation à l’hiver qui soit régie par la photopériode, la floraison l’est aussi. En effet, certaines plantes sont dites de «jours longs » (en réalité, c’est aux nuits courtes qu’elles réagissent, mais puisque la terminologie est déjà fixée…). Elles ne fleurissent que l’été, quand la durée du jour est plus longue que celle de la nuit. Beaucoup de nos annuelles et vivaces à floraison estivale entrent dans cette catégorie.
D’autres plantes sont dites de «jours courts»: elles ne fleurissent que lorsque les nuits sont plus longues que les jours. Nos plantes à floraison automnale entrent toutes dans cette catégorie : verges d’or, asters, chrysanthèmes, etc. Si on les cultivait dans une situation artificielle alors que la nuit durerait toujours 12 heures ou plus, elles fleuriraient.
Finalement, d’autres plantes sont dites de «jours neutres». Leur floraison n’est pas affectée par la longueur du jour ou de la nuit. La violette africaine, par exemple, ou le bégonia semperflorens, fleurissent été comme hiver. (Si les plantes à jours neutres fleurissent souvent un peu plus l’été que l’hiver, c’est qu’il y a plus d’énergie solaire disponible l’été… Et plus d’énergie signifie plus de fleurs : la durée du jour n’influence pas directement cette augmentation.)
Déjouer Dame Nature
L’être humain a appris à profiter du photopériodisme pour provoquer une floraison au moment voulu. Par exemple, lorsqu’on cultive le cactus de Noël (Schlumbergera) sous notre climat, il a tendance à fleurir en octobre/novembre, puis une deuxième fois en février/mars. Il réagit davantage aux nuits modérément longues que très longues. Mais en serre, on contrôle rigoureusement la durée de la nuit pour qu’il fleurisse exactement à Noël.
Le photopériodisme explique aussi, pourquoi le poinsettia (Euphorbia pulcherimma), une plante à jours courts, est si difficile à faire refleurir dans la maison. Il est si sensible à la durée de la nuit que même le fait de couper sa nuit en allumant une lampe une seule fois durant la période de formation des fleurs peut faire avorter le processus. En serre de production, on s’assure donc que personne n’ouvre les lumières entre la fin de l’après-midi et l’aube. Une fois la floraison bien amorcée, par contre, le poinsettia devient indifférent à la longueur du jour. On peut donc l’acheter et le placer dans une pièce éclairée le soir sans avoir peur de perdre ses charmantes bractées.
C’est d’ailleurs en contrôlant soigneusement la longueur du jour que les pépiniéristes réussissent à nous fournir des potées de chrysanthèmes à l’année. Si l’on donne à cette plante, normalement à floraison automnale, des nuits de plus de 12 heures, elle fleurira à n’importe quelle saison, même en été.
Le photopériodisme est un aspect complexe, mais combien fascinant de la culture des plantes?!
[…] Personne ne peut nier que les nuits deviennent passablement longues en novembre, et les journées par conséquent, beaucoup plus courtes.Continue Reading […]
Merci pour cet article très intéressant 🙂
“Nos arbres ont donc appris, au cours des millions d’années d’évolution”. Nos érables rouges existent au Canada depuis moins de 10,000 ans seulement – colonisant les terres au fur et à mesure du retrait des derniers glaciers. Ils se sont vraisemblablement adapatés plus rapidements on suppose.
Toujours un plaisir de relire ses articles, ils seront toujours d’actualités ?
J’ai appris beaucoup sur cette variable, durée jour/nuit, grâce à votre article. Merci!
Mon cactus de Noël est déjà en fleurs comme à chaque année. Si je comprends bien pour qu’il fleurisse à Noël il lui aurait fallu des nuits plus longues à partir du mois de septembre?
Je sais maintenant quoi faire avec mon poinsettia pour qu’il fleurisse. On apprends toujours avec M.Hodgson.
C’est toujours un plaisir de lire les articles sur ce blogue et assurément, on apprend quelque chose
Merci
Merci bcp
très intéressant
Je suis Québécoise Canadienne
Je vie présentement au Panama
Je vais porter plus attention cactus de Noël et poinsettia
Le poinsettia ici pousse comme un arbre
incroyablement beau
Merci beaucoup
Bonne journée
Julie labbé
en fait, ce n’est pas pour la floraison que l’on cultive le poinsettia mais pour la coloration des bractées, c’est grâce au nuit longue que l’on fait colorer les bractées(feuilles) car la fleur est très ordinaire
Cet article est très intéressant et ?ducatif pour moi, Merci
Excellent article. Merci de l’avoir partagé.
Intéressant à lire, instructif pour moi.Effectivement mes cactus de. Noël sont en fleurs aujourd’hui 7 novembre2022
En visitant les serres municipales il y a quelques années, les jardiniers m’avaient expliqué et montré le procédé qu’ils emploient pour que les poinsettias en fleurs (en réalité en bractées…)puissent orner les bureaux de la mairie au moment de Noel : un rideau noir mu par une minuterie les recouvre avant le coucher du soleil et ne se retire le matin que bien après son lever, augmentant ainsi la durée d’une nuit artificielle..
juste à titre d’information, le photopériodisme est aussi ce qui stimule le moment de la migration des oiseaux… Donc pour un secteur donné, beau temps mauvais temps, les différentes espèces d”oiseaux arrivent et quittent à la même date à tous les ans, à quelques jours près. Par exemple, disponibilité de nourriture ou non, les colibris mâles arrivent chez nous vers le 15 mai. les femelles vers le 25, et ils repartent respectivement vers le 30 août et le 10 septembre pour les femelles. Impressionnant comment la nature fonctionne!
Je viens de comprendre beaucoup de choses concernant mon cactus de Noël, dont la floraison vient de se terminer, et les poinsettias. Très intéressant!
Je pense comprendre alors d’où ceci?vient ! Il faut laisser le palmier à fruits dans le noir plus de dix jours, avant de le planter en terre.
Un jour, une personne : Il y à 40 de cela, introduisit le palmier à fruits, en Corse, offert de personne en personne, on avait fini par oublier cette précaution-là, les palmiers mourraient, se desséchant, jusqu’à ce que la nouvelle se répandit, en ramenant avec elle, le rappel à cette précaution, mais personne ne su pourquoi, il fallait faire ainsi. : ) l’on sera pourquoi : )
J’ai découvert depuis environ un ans le blogue de votre père. J’etais très déçue d’apprendre la retraite de votre père. Je suis très heureuse que vous poursuiviez la publication des anciens textes que j’ai manqué. Merci beaucoup de toutes ces informations inestimables d’horticulture. J’y apprends tellement. Merci à votre père pour sa passion et sa générosité de transmettre son savoir. Bonne retraite bien méritée.
Malheureusement il est décédé, pas à la retraite.