Les 1001 techniques pour planter un arbre – Partie 2

La semaine dernière, je vous ai présenté MA technique de plantation d’arbres en détails, tout en soulignant ce fait avéré qu’il y a autant de techniques de plantation que de planteurs! Et qu’en réalité, ces différentes techniques aboutissent toutes au même résultat: une plantation réussie. Cette semaine, jetons un coup d’œil sur ces autres pratiques.
La technique du poisson

Lorsque j’ai commencé mes études en horticulture, mon père m’a partagé une bien drôle d’histoire. Il disait que son propre père, originaire de la Baie-des-Chaleurs au Nouveau-Brunswick, déposait un poisson au fond du trou chaque fois qu’il plantait un arbre. J’ai plus tard découvert que c’est une pratique courante chez à peu près tous les habitants côtiers. Le raisonnement derrière cette idée est que le poisson en décomposition libérera de l’azote et divers éléments nutritifs qui nourriront le jeune arbre. On peut aussi deviner que cette pratique maintient une certaine humidité dans le sol. Quoi qu’il en soit, on ne peut que conclure que ça fonctionne!
Le trou carré

J’ai aussi vu quelques jardiniers ne prêcher que par la technique du trou carré. Ici l’argument est que si l’on creuse un trou rond, les racines suivent le contour du trou et spiralisent. Un trou carré forcerait les racines à entrer dans le sol au lieu de tourner en rond. Ici, il est important de souligner que même si cette pratique circule beaucoup, elle n’est appuyée par aucune étude scientifique.
Les quelques études allouées à ce sujet disent au contraire que la forme du trou n’a aucun effet sur la croissance des arbres. Même pas les trous en forme d’étoile (oui, les scientifiques ont essayé ça!). Mais le constat est là, que le trou soit rond, carré, pentagonal ou en forme de triangle isocèle, l’arbre pousse. En plus, un simple calcul mathématique nous rappelle qu’on doit pelleter 25% plus de terre en faisant un trou carré! La quadrature du cercle appliquée à l’horticulture. On aime ça!
Les côtés en angle
C’est une pratique que j’ai beaucoup observée chez des collègues horticulteurs. Au lieu de creuser un trou aux parois verticales, ils créent des pentes douces. Non seulement cette technique fonctionne bien, mais ici on a des études qui le confirment. En fait, cette technique est recommandée particulièrement dans les endroits où les sécheresses risquent d’être fréquentes.
Un fond non ameubli
Beaucoup d’horticulteurs professionnels, incluant notre jardinier paresseux qui a rédigé un article sur le sujet, évitent d’ameublir le sol au fond du trou. Ici aussi, l’approche est plus que valable. En effet, en gardant le sol compact au fond du trou, on s’assure de positionner la plante à la bonne hauteur dès le départ et celle-ci ne s’enfoncera pas dans le sol avec le tassement.
Arroser dans le trou
Bien des jardiniers vont remplir le trou de plantation avec de l’eau, la laisser se résorber et ensuite planter l’arbre. Ici, l’objectif de bien humidifier le sol est noble, car il permettra aux racines de rapidement puiser l’eau du sol pour se développer. C’est une bonne idée.
Une autre variante de cette pratique est de remplir le trou de terre à peu près à la moitié de la hauteur et ensuite d’arroser généreusement. Une fois l’eau résorbée, on complète la plantation.
Remplacer tout le sol
Celle-là, je la comprends moins et les travaux du docteur Shigo, un grand spécialiste des arbres, sont aussi de cet avis: il faut le plus possible replanter avec le sol existant. Pourquoi? Parce que ce sol est déjà rempli de microorganismes bien adaptés au milieu. Parce que c’est dans ce sol que l’arbre aura à se développer pour les cent prochaines années (je suis une optimiste, je sais). Parce que ça évite le gaspillage. Après tout, on doit le jeter quelque part, ce sol dont on se débarrasse. Replanter dans le même sol, c’est 100% paresseux, mais 100% efficace.
Tout de même, oui, les arbres dont on remplace complètement le sol à la plantation vont bien se développer et pousser. Même si je suis moins en accord avec cette pratique, il faut reconnaître que ça fonctionne.
Compacter avec les bottes
Comme je vous l’ai mentionné la semaine dernière, je plante avec mes mains. Souvent sans les gants! Donc, je compacte le sol autour de la motte avec mes mains. Cela dit, je crois que la majorité des jardiniers compactent avec les pieds. J’ai toujours trouvé qu’avec les mains on se glisse plus facilement dans les crevasses et que c’est plus facile de déceler les grosses poches d’air que l’on veut éviter lors de la plantation. Qu’à cela ne tienne. Les arbres plantés avec les bottes poussent tout aussi bien!
Sans la cuvette
Cette pratique est courante chez les paysagistes qui veulent que le résultat final soit impeccable. Ils décideront de ne pas ériger la cuvette autour des arbres, car bien sûr, si on la laisse, on doit revenir pour l’aplanir dans un ou deux ans. En revanche, ils appliqueront une très généreuse couche de paillis au pied de tous les végétaux. Cela permet au sol de mieux conserver son humidité. Mais le constat est là. Avec un bon arrosage à la plantation (et peut-être un arrosage régulier à l’aide d’un système d’irrigation), on peut se passer de la cuvette.
J’espère, avec ce texte, faire la démonstration qu’on peut planter PRESQUE n’importe comment et que oui, ça pousse! Si votre seul frein à la plantation d’un arbre était de ne pas connaître la bonne technique, vous voilà libéré du joug de la plantation parfaite. Même si je vous inviterai toujours à utiliser MA technique, sachez que MA technique n’est pas LA technique. C’est UNE technique.
Bonjour à tous
Effectivement selon les périodes de plantations j’ai appliqué plusieurs techniques et je crois pouvoir affirmer que toutes marchent et que l’essentiel dans notre région (Toulouse en France) c’est d’arroser les deux premières années en été, les arbres plantés par les communes ne résistent pas, car l’arrosage n’est pas prévu.
Merci pour vos chroniques qui me ravissent
Danielle c
@ Danielle Carayon :” les arbres plantés par les communes ne résistent pas, car l’arrosage n’est pas prévu”.
Ce n’est pas vrai partout, heureusement, j’ai découvert dans des reportages cet été que des municipalités responsables récupèrent l’eau de vidange de leurs piscines pour arroser les arbres et les massifs de fleurs. Dans d’autres communes, même des particuliers ont fourni aux services municipaux l’eau de leurs piscines pour arroser. Malheureusement dans ma commune, les arbres plantés cet hiver et au printemps n’ont pas été arrosés, même certains érables champêtres qui sont pourtant rustiques n’ont pas survécu. Quel dommage !
De mon côté, j’ai dû mettre deux bons sacs de terre “Véranda” pour mon pommetier, car après les rénovations du solage de la maison, les anciens proprios ont simplement fait du remplissage, sans se préoccuper du type de terre dans le sol. J’ai retrouvé, en plus du sable et de la glaise, beaucoup de cailloux et des morceaux d’asphalte !
Boudreau, je change la terre, je ne fais pas de cuvette et j’écrase avec mes pieds et les arbres que j’ai planté ont grandis en beauté mais je promet de faire votre technique dorénavant ?
Ma mère a toujours mis une vieille chaussure en cuir au fond du trou… Un réel intérêt ?
[…] semaine prochaine, j’aborderai toutes les autres techniques de plantation d’arbres que j’ai pu observer chez des collègues et des amis et qui fonctionnent aussi bien que ma […]