Un brin d’entretien à l’automne
Très difficile de changer les habitudes bien «enracinées». Celles qui concernent l’entretien de la pelouse, par exemple. C’est au printemps qu’on met l’épaule à la roue. Ne nous viendrait pas à l’idée qu’on puisse le faire l’automne. On le peut, pourtant.
Traditionnellement donc, c’est après la fonte des neiges qu’on exécute les gros travaux tels pose de la pelouse, ensemencement, réparations, aération. Et encore. Cependant, si on désire une pelouse et un gazon pétants de santé, ce n’est pas au printemps qu’il faut agir.
Le printemps c’est bien, mais l’automne c’est mieux
L’automne convient beaucoup mieux pour tous ces travaux. C’est logique. Les graminées qui composent la majorité de nos pelouses sont des plantes de saison fraîche: elles poussent plus vigoureusement et plus rapidement à des températures variant de 1 à 18°C. La germination, elle, est optimale lorsque la température est entre 15 et 20°C. Un semis en fin d’été est idéal pour profiter de ce qui reste de la chaleur et du temps frais qui s’en vient.
Au printemps, du moins dans nos réglons, la température se réchauffe très rapidement et une pelouse fraîchement ensemencée ou posée peut manquer de temps pour bien s’enraciner avant que la chaleur ne s’installe.
Aussi les canicules donnent souvent lieu à une sécheresse qui n’est pas du tout bénéfique aux pelouses et encore moins aux jeunes encore mal enracinées. Il en résulte un gazon de qualité très moyenne qui ne commence à vraiment prendre du poil de la bête qu’à l’automne.
Nos automnes, par contre, sont habituellement longs, frais et abondamment arrosés du fait des précipitations généralement plus nombreuses et une évaporation réduite: climat idéal pour la pelouse. De plus, les journées plus courtes stimulent les graminées à produire des racines longues et profondes, exactement ce qu’il faut pour un bon établissement.
À partir de la mi-août, et tout le mois de septembre (même jusqu’à la mi-octobre dans les régions au climat plus doux), c’est vraiment la saison idéale pour travailler sur la pelouse.
Danger de gel d’automne?
Mais n’y a-t-il pas danger de gel à l’automne? Oui, dans les régions les plus nordiques. Aux gens de Chibougamau et autres, donc, je conseille de travailler sur leur pelouse sans trop tarder.
Mais ailleurs, les premiers gels sont superficiels et ne dérangent en rien les graminées qui sont, en fait, très rustiques. Tant que les racines ne gèlent pas (ce qui arrive rarement avant novembre), il n’y a aucune raison de craindre les effets du gel sur les jeunes graminées. Par contre, les semences fraîchement germées peuvent souffrir du gel. Il est donc conseillé d’ensemencer au moins deux semaines avant un gel sévère.
Poser ou semer
Pour des réparations rapides sur une pelouse établie ou pour une nouvelle pelouse, vous avez deux choix: poser des plaques de pelouse ou ensemencer.
La pose des plaques est la méthode la moins coûteuse et… la plus coûteuse. En effet, il ne coûte rien de découper des sections de pelouse saine pour agrandir une platebande, par exemple, et de s’en servir pour combler un manque dans une pelouse établie.
Il s’agit d’enlever la section de pelouse morte, d’ajouter de la bonne terre et de découper une part de pelouse de même taille ailleurs sur votre terrain que vous déposerez dans le trou. Ensuite, vous arrosez, voilà tout.
Poser des plaques sur une plus vaste surface est onéreux. Car il faut acheter des rouleaux de gazon. Mais l’effet est, en principe, plus rapide que l’ensemencement.
Suffit de niveler la surface, d’y déposer une épaisse couche de bonne terre (n’épargnez jamais sur la qualité de la terre: une mauvaise terre donnera toujours une mauvaise pelouse à la longue, peu importe vos soins!), soit au moins 15 cm et de préférence 20 cm. Égalisez la terre au râteau, puis déroulez la pelouse contre la surface.
Décalez la pose des plaques, à la manière d’un mur de briques, pour un plus bel effet. Et puis, arrosez abondamment.
À peu de frais
Quant à l’ensemencement, il est surtout avantageux lorsqu’on veut couvrir une vaste surface à peu de frais ou si l’on veut remplir des parties mortes dans une pelouse établie, et qu’on n’a pas de gazon en trop sur le terrain. Le problème, c’est qu’il faut attendre un mois ou plus avant que le terrain verdisse convenablement.
Pour commencer, il faut acheter de la semence de gazon (encore une fois, ne lésinez pas sur la qualité!) selon vos conditions culturales: si votre gazon est à la mi-ombre, achetez un mélange pour endroits ombragés (aucun gazon ne pousse véritablement à l’ombre, ce qui équivaut à moins de 3 heures par jour).
Voici un exemple de semence à gazon de qualité intéressant pour les jardiniers paresseux et produit au Québec; Herbionik entretien minimum. Ce mélange de graminées produit une pelouse qui a naturellement besoin de moins d’entretien qu’une pelouse typique. De plus, elle est moins exigeante en eau et tolère mieux la sécheresse, en plus de s’adapter à une variété de conditions différente. Je l’ai utilisé pour ma propre pelouse et elle va très bien.
Il existe aussi des gazons pour les emplacements ensoleillés et pour les terrains de jeux (utiles si vous avez de jeunes enfants). Préparez le terrain comme pour la pose des plaques, c’est-à-dire avec une bonne couche de terre égalisée.
Ensuite, épandez les semences avec un semoir (habituellement le vendeur de semences vous le prête gratuitement sur demande) ou à la main, puis râtelez légèrement pour faire pénétrer légèrement les graines. Ensuite, arrosez bien et maintenez le sol humide, le temps que les graines germent. On suggère de la faire pendant trois semaines idéalement, mais vérifiez auprès de votre municipalité les règlements en vigueur. Il se peut qu’on vous permette d’arroser pendant seulement 2 semaines.
Un entretien facile
Par la suite, l’entretien d’une nouvelle pelouse est facile.
C’est surtout une question de tonte régulière. Laissez les rognures sur le gazon pour le fertiliser, le rafraîchir et l’abreuver. En cas de sécheresse (ce qui arrive rarement en automne), c’est important d’arroser une pelouse nouvellement implantée. Mais l’année suivante, vous pouvez oublier l’arrosage, une pelouse bien implantée peut survivre jusqu’à 5 semaines sans eau! Ensuite, on peut ajouter un peu d’engrais biologique à l’occasion, ou pas!
Originalement publié dans le journal Le Soleil de Québec le 28 août 1999
avec quelques mises à jour.
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Merci pour ces bons conseils. Je pense avoir un problème de pucerons (plaques jaunes à quelques endroits). C’est dû à quoi? Et surtout quoi faire?
Great advice as usual… This year I decided to switch to clovers (white) as the main ground cover… Hopefully your advice in this article will be as effective for clovers… the hunt begins for red clovers. Thank you for the decades of guidance ?.