Géranium d’Arménie
Une vivace oubliée, mais tellement performante!
- Nom commun: Géranium d’Arménie
- Nom botanique: Geranium psilostemon, syn. G. armenum
- Nom anglais: Armenian Cranesbill
- Famille: Géraniacées
- Hauteur: 90 à 150 cm
- Largeur: 100 cm
- Exposition: soleil, mi-ombre
- Sol: bien drainé
- Floraison: fin du printemps à fin de l’automne
- Zones de rusticité: 4b à 9
Dans mes livres de recherche, on disait que le géranium d’Arménie (Geranium psilostemon) était peu rustique (zone 6 ou 7) et d’allure un peu «sauvage». De toute façon, ce n’est pas comme s’il manquait de géraniums vivaces à essayer; il y en a plus de 400 espèces et probablement autant de cultivars, de quoi meubler une dizaine de terrains! Jamais je n’aurais pensé acheter cette plante.
Un jour, cependant, j’ai remarqué un géranium inconnu dans une de mes platebandes, une grosse plante aux fleurs magenta nombreuses. Mais qu’est-ce que c’était?
Il ne répondait à aucune des descriptions des géraniums, actuels ou passés, que j’avais plantés. Pendant un temps, je l’ai appelé tout simplement «le géranium géant».
C’est lors d’un voyage en Écosse que j’ai vu une plante identique… avec une étiquette d’identification. Mon géant était le Geranium psilostemon*, aujourd’hui une de mes vivaces préférées.
*L’épithète psilostemon veut dire à étamines lisses.
D’où était-il venu? Sans doute d’une graine accidentellement transportée d’un autre jardin. Il n’est pas rare que des plantes «jouent les passagers clandestins» dans les pots des autres.
Description
Le géranium d’Arménie est effectivement un géant parmi les géraniums vivaces: il est probablement le plus haut de tous. Dans le nord, il atteint jusqu’à 1,5 m; dans les régions aux étés chauds, il est plus modeste: moins de 1 m.
Il produit une rosette basale aux feuilles cordiformes assez grosses (15 à 20 cm de diamètre) et fortement lobées. Mais vous ne verrez pas le feuillage à sa base très longtemps. Rapidement au printemps, il produit une foule de tiges minces légèrement entremêlées. Elles portent à intervalles réguliers de petites feuilles découpées un peu en forme de feuille d’érable. Et aussi, d’innombrables fleurs magenta vif avec un cœur noir contrastant.
En climat froid, les fleurs se succèdent tout au long de la saison, de la fin du printemps jusqu’aux gels. Chez moi, c’est l’une des vivaces à la floraison la plus longue: plus de cinq mois. La floraison, curieusement, peut ne durer que deux à quatre semaines dans les régions aux étés chauds.
La plante forme un énorme monticule assez amorphe: sans tout à fait s’écraser au sol, elle n’a pas nécessairement beaucoup de tonus. S’il n’y a pas de pluie torrentielle, elle se tient assez bien, mais après une bonne séance de grêle, votre plante de 1 m pourrait ne plus mesurer que 60 cm. Mais elle repousse. Puis elle baisse. Pour remonter encore. Attendez-vous donc à une masse qui gonfle et dégonfle, puis regonfle à l’occasion. Comme de la pâte à pain.
À l’automne, la floraison continue même quand la plante commence à changer de couleur (car ses feuilles rougissent avec l’arrivée des nuits fraîches).
Culture
Le géranium d’Arménie s’adapte bien aux conditions générales de nos aménagements. Il pousse mieux à la mi-ombre dans les régions aux étés chauds, au plein soleil dans les régions aux étés frais. Quant au sol, toute terre bien drainée est parfaite. Dans les sols très riches, ses tiges sont un peu trop lâches; il préfère une terre de jardin ordinaire. Une bonne humidité en tout temps aide à maintenir une floraison abondante.
Multiplication
On peut multiplier ce géranium par division ou par bouturage des tiges. L’espèce se multiplie fidèlement par semences et se ressème un peu. Peut-être trop dans certains emplacements. Un paillis épais ralentira son ardeur.
Les hybrides (voir plus loin) sont stériles et ne donnent pas de semis spontanés.
Utilisations
Ce grand géranium convient bien aux platebandes mixtes, notamment de style cottage anglais, et aux jardins de sous-bois ouvert.
Associations
C’est dans la nature de cette plante de se mélanger aux autres. Si vous la plantez avec des plantes trop petites, par contre, elle peut les recouvrir et leur nuire. (Notez qu’il élimine la majorité des mauvaises herbes ainsi!) Mais avec des plantes robustes et de bonne taille, un tantinet dominantes, comme le lysimaque ponctué (Lysimachia punctata), l’euphorbe de Griffith (Euphorbia griffithii) ou la lavatère de Thuringie (Malva thuringiaca), c’est la perfection! De beaux mariages se créent tout seuls!
Le géranium d’Arménie est notamment très joli aussi avec des plantes rigidement dressées, comme le calamagrostide ‘Karl Foerster’ (Calamagrostis x acutiflorus ‘Karl Foerster’), la bourdaine fastigiée à feuilles de capillaire (Frangula alnus [syn. Rhamnus frangula] ‘Ron Williams’ Fine Line™), et les iris de Sibérie (Iris sibirica), qui contrastent si joliment avec sa silhouette arrondie. Et avec les arbustes de taille moyenne aussi, presque sans exception.
Problèmes
Peu de problèmes d’insectes ou de maladies.
Bonne résistance aux cerfs, aux lapins et aux rongeurs.
Les mordus du tuteurage seront toutefois au désespoir avec cette plante. Comment soutenir un tel fouillis? Et quand on insère des tuteurs ça et là, la plante ressemble à une tente qu’on démonte.
C’est pourquoi je préfère laisser le géranium d’Arménie pousser au naturel dans un aménagement informel. Si vous tenez à le voir à sa hauteur maximale, plantez-le parmi des arbustes qui pourront le soutenir à mi-hauteur.
Autres géraniums d’Arménie
Les cultivars et hybrides du géranium d’Arménie ont habituellement hérité de la floraison sans arrêt et de la coloration magenta à œil noir qui caractérisent l’espèce. Ils sont tous fort intéressants, même si mon coup de cœur va à G. psilostemon lui-même. Les 6 cultivars suivants sont stériles et ne produisent pas de graines viables.
G. ‘Ann Folkard’ (G. procurrens × G. psilostemon) est le plus célèbre des hybrides de G. psilostemon. Sans être tout à fait rampantes, ses longues tiges s’étalent un peu dans tous les sens, se mêlant aux végétaux environnants: un effet charmant dans un jardin de cottage à l’anglaise, moins désirable dans une platebande plus classique. Les feuilles ont beaucoup d’éclat, jaunes au printemps et vert lime l’été. Les fleurs ont la même couleur que celles de son parent, soit magenta à cœur noir. Et la floraison est aussi durable. Ce cultivar exige une bonne protection de neige pour survivre en zone de rusticité 4, mais il est rustique dans les zones 5 à 9. 45 cm × 45 à 70 cm.
G. ‘Anne Thompson’ (G. procurrens × G. psilostemon) est le frère de ‘Ann Folkard’ et se présente dans les mêmes couleurs (feuillage vert-jaune, fleurs magenta), mais son port est plus dressé. 60 cm × 60 cm. Zones de rusticité 5 à 9 (zone 4 sous couvert de neige).
G. ‘Bressingham Flair’ (G. endressii × G. psilostemon) passe pour une variété plus compacte du géranium d’Arménie et aussi florifère (certains diront encore plus florifère, mais est-ce possible?), avec des fleurs un peu plus pâles et un peu plus petites. 60 cm x 40 cm. Zones de rusticité 4b à 9.
G. ‘Dragon Heart’ (G. procurrens × G. psilostemon): autre frérot de ‘Ann Folkard’. Ses fleurs, de la même couleur magenta vif que les autres, sont presque deux fois plus grosses, assurant une excellente couverture. L’effet d’un tapis doré fortement maculé de magenta est très réussi. 60 cm × 50 cm. Zones de rusticité 5 à 9 (zone 4 sous couvert de neige).
G. ‘Ivan’ (G. psilostemon × G. oxonianum): c’est une variété compacte et étalée avec des fleurs extralarges de la même coloration magenta au centre noir que les autres. C’est comme un géranium d’Arménie plus court et plus compact. 30 à 50 x 30 à 50 cm. Zones de rusticité 5 à 9.
G. ‘Patricia’ (G. endressii × G. psilostemon) produit des fleurs de la même couleur magenta à œil noir que les autres hybrides de G. psilostemon, mais elles sont beaucoup plus grosses. Les grosses feuilles vert foncé mesurent 25 cm de diamètre et la plante croît avec beaucoup de vigueur. 60 à 75 cm × 80 cm. Zones de rusticité 4b à 9.
Encore plus
Jardinage 101: Comment distinguer un pélargonium d’un géranium
Pélargonium
Le pélargonium (Pelargonium spp., parfois appelé géranium des jardins) ne survit pas à l’extérieur l’hiver dans les régions où il y a du gel. On le cultive comme annuelle ou plante d’intérieur. Il a habituellement d’épaisses tiges plutôt ligneuses. Le plus connu est le pélargonium ou géranium des jardins (Pelargonium × hortorum).
Géranium
Le géranium (Geranium spp.) est habituellement une plante herbacée rustique qu’on plante en permanence en pleine terre et qui meurt au sol l’hiver. Il pousse à partir d’une rosette collée au sol, les tiges sont minces.
Article adapté du livre Coups de cœur du jardinier paresseux, tome 1, par Larry Hodgson.
Merci Mr Hodgson pour cet article. D’origine arménienne, j’introduis depuis quelques années de des plantes originaires d’Arménie et du Caucase dans mes massifs . J’essaierai de trouver ce joli géranium vivace aux couleurs éclatantes en espérant qu’il se plaise dans mon jardin en France en Zone 8B.
Et n oublions pas le geranium Rozanne tout aussi florissant
Bonjour! Très intéressante cette vivace! Étant donné que c’est un géranium, peut-on espérer qu’elle résiste et même éloigne les scarabées japonais??
Une belle découverte que cette vivace aux fleurs éclatantes qui peut fleurir jusqu’à cinq mois! Votre article de ce matin donne envie de se procurer votre livre “Les coups de coeur du Jardinier paresseux”. Merci, Monsieur Hodgson.
J’avais planté le “Patricia” dans mon ancien jardin et j’en étais très content 😀 je recommande 😀
Article très intéressant!
Je vais introduire cette variété dans mon jardin…
Merci encore pour vos précieux conseils!
J’aimerais bien essayer ça moi aussi… mais où peut-on les trouver, sans aller jusque vers Québec? Si quelqu’un a une idée, je serais preneuse… Merci, cher jardinier paresseux!