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40 ans de journalisme horticole

Mon premier article… à vie

Front page of Light Garden newsletter, May - June 1982.
Le premier article de Larry Hodgson publié en mai 1982. 40 ans de journalisme horticole!

Voici une véritable réminiscence du passé! Le tout premier article sur les plantes que j’ai jamais écrit. Il a été publié dans l’édition de mai-juin 1982 du Light Garden, le bulletin d’information de l’Indoor Light Garden Society of America (ILGSA), une société horticole consacrée à la culture de plantes d’intérieur sous éclairage artificiel. (J’entends par là de lampes fluorescentes, bien sûr. Les jardiniers d’il y a 40 ans ne connaissaient pas encore les lampes DEL.)  

J’étais membre de la Société et, en fait, membre de presque toutes les sociétés de plantes d’intérieur qui existaient. J’adhérais aux groupes dédiés aux broméliacées, orchidées, gesnériacées, succulentes, aracées, bégonias, hoyas, violettes africaines, etc. En plusieurs langues! Je cultivais de tout… mais seulement à l’intérieur, car je n’avais pas encore de jardin en pleine terre à ce moment.  

Ainsi, j’ai soumis cette pièce au responsable de la revue dans ma première tentative pour voir un de mes articles paraître dans une publication.

Secrètement, j’avais un rêve. Je voulais gagner ma vie en écrivant sur les plantes et le jardinage. J’ai donc été ravi lorsque la rédactrice en chef du bulletin, Phyllis Banucci, m’a répondu qu’elle avait accepté l’article pour publication.

J’ai dû paraître trop enthousiaste, car elle m’a averti de ne pas trop m’exciter; qu’il n’y avait pas d’argent à gagner en écrivant sur les plantes. En effet, la ILGSA était une organisation bénévole. Et j’ai offert la pièce gratuitement. 

Mais je n’ai pas écouté ses conseils. En moins de deux ans, j’ai fait exactement ce que je rêvais de faire. J’ai quitté mon emploi de l’époque pour me lancer à gagner ma vie en tant que journaliste horticole. Sauf que je n’avais même pas de terme pour ce choix de carrière. Et j’ai fait cela sans avoir vendu auparavant un seul article ni même avoir le moindre soupçon qu’un éditeur quelconque pourrait souhaiter me payer pour écrire pour sa publication. Après tout, qui étais-je? Je n’avais aucune formation en horticulture; j’étais un simple passionné de plantes. Mes amis étaient horrifiés de ma décision!

C’était il y a exactement 40 ans! 

Alors, qu’est-ce que j’avais à dire sur cette plante, le faux éranthème à nervures jaunes? Lisez la suite et vous verrez.  

Larry Hodgson

Le faux éranthème à nervures jaunes

Quand j’ai reçu une bouture de cette plante pour la première fois, j’étais content, mais pas super excité. Je n’avais jamais entendu de rapports élogieux à son sujet dans les magazines de plantes, ni auprès d’autres collectionneurs de plantes d’intérieur. Elle n’était donc pas sur ma liste de «must-haves». En fait, j’ai depuis trouvé quelques minces informations sur cette plante dans l’un de mes livres de référence. C’était juste une autre petite plante mignonne avec un joli feuillage.

C’était il y a deux ans! Maintenant, c’est tout en haut de ma liste de plantes que je recommande pour la culture sous des lampes fluorescentes, même pour les débutants. Je ne comprends toujours pas pourquoi une plante d’intérieur aussi magnifique et facile a été négligée pendant si longtemps, mais j’espère que cet article aiguisera au moins votre appétit. Mettez-la sur votre propre liste de «must-haves»!

Faux éranthème à nervures jaunes (Pseuderanthemum carruthersii ‘Reticulatum’ Photo: Mokkie, Wikimedia Commons

Le faux éranthème à nervures jaunes (Pseuderanthemum carruthersii ‘Reticulatum’, anc. Pseuderanthemum reticulatum), «golden nerve plant» en anglais, est un petit arbuste dans ses Nouvelles-Hébrides natales, et est largement planté comme plante décorative en Polynésie et d’autres zones tropicales humides. Pour autant que je sache, jusqu’à présent, il a surtout été considéré comme une plante de serre chaude plutôt que comme une plante de maison. Il a des feuilles brillantes lancéolées à ovales avec des nervures jaune vif, ressemblant à un croton (Codiaeum variegatum) à petites feuilles touffues lorsqu’il n’est pas en fleur. Membre de la famille des Acanthacées, il est donc un proche parent du crossandre (Crossandra infundibuliformis), de la plante zèbre (Aphelandra squarrosa) et du fittonia (Fittonia albivenis).

Cette plante semble vraiment avoir été créée pour la culture sous des lampes fluorescentes. Dans une fenêtre, où il nécessite au moins trois heures de soleil par jour, il a tendance à se développer lentement avec une allure étiolée. Sous une bande de lumières fluorescentes, par contre, il croît plus rapidement avec des feuilles plus rapprochées, ce qui assure une meilleure apparence! La clé de ce succès semble être sa préférence pour une intensité régulière et des journées longues. Donnez au faux éranthème à nervures jaunes de 12 à 15 heures de lumière par jour et il poussera parfaitement. Toute position sous les lumières semble convenir tout aussi bien, alors pourquoi ne pas le cultiver près des extrémités de vos tubes (où la lumière est moins intense) afin de laisser l’espace central pour les plantes qui ont vraiment besoin d’une intensité supplémentaire?

Pseuderanthemum carruthersii ‘Reticulatum’. Photo: Forest & Kim Starr, Wikimedia Commons

Il faut le pincer et le tailler régulièrement pour maintenir cette apparence dense. Les tiges coupées peuvent servir de boutures pour les amis et voisins. Celles-ci s’enracinent rapidement dans un petit pot de terreau léger maintenu humide, même sans hormone d’enracinement. 

Je cultive mes plantes dans un terreau artificiel bien drainé que je garde légèrement humide en tout temps. Si j’oublie un arrosage, cependant, le faux éranthème montre sa détresse en se flétrissant rapidement. La première fois que cela s’est produit, je pensais que j’avais perdu la plante, mais je l’ai arrosée à fond et elle a repoussé en parfait état. Toutefois, mieux vaut ne pas trop pousser le bouchon. Acceptez plutôt que c’est une plante qui préfère un sol humide. Dès que le terreau commence à s’assécher, voilà le moment pour l’arroser.  

C’est l’une de ces plantes qui réussissent particulièrement bien avec l’arrosage par capillarité (posée sur un tapis capillaire, par exemple).

Comme je cultive mes faux éranthèmes à nervures jaunes dans un mélange artificiel qui ne contient pas d’engrais naturels, j’ajoute des doses régulières d’engrais dilué. J’essaie de varier les types d’engrais que j’utilise afin que tous les éléments essentiels soient donnés à mes plantes. Je soupçonne que cette plante n’est pas si avide de la fertilisation intense. Ainsi, lorsque vous la cultivez dans un terreau régulier, elle ne nécessite qu’une fertilisation peu fréquente. Par contre, une forte humidité ambiante (60% ou plus) est obligatoire, mais c’est rarement un problème sous une bande de tubes fluorescents où la densité de la population végétale crée un micro-climat particulièrement humide. Gardez cette plante très tropicale au chaud (18 °C ou plus) en tout temps.

Pseuderanthemum carruthersii ‘Reticulatum’. Photo: Forest & Kim Starr, Wikimedia Commons

Pseuderanthemum carruthersii ‘Reticulatum’ est plus qu’une simple plante verte facile à entretenir. C’est aussi une excellente plante d’intérieur à fleurs. Les fleurs à cinq pétales apparaissent en grandes grappes à l’extrémité des branches. Elles sont blanches mouchetées de rouge, en particulier près du centre de la fleur, et ne ressemblent à rien autant qu’au phlox de jardin à la fois dans la forme, l’arrangement et la couleur, sauf que les pétales sont plus étroits. Le contraste entre le feuillage à nervures jaunes et la teinte rosâtre des fleurs est à la fois frappant et inattendu.

La floraison a lieu au printemps devant les fenêtres, mais peut avoir lieu à tout moment sous les lampes. Elle peut même avoir lieu plusieurs fois par an. Je garde une demi-douzaine de ces plantes et j’ai généralement au moins quelques fleurs en tout temps.

Je n’ai eu aucun problème avec les maladies ou les insectes sur cette plante, bien que quelques pucerons se soient promenés sur une branche d’une plante voisine à une occasion. Ceux-ci étaient faciles à éliminer avec un seul traitement de savon insecticide.  

Je me suis inquiété au début quand certaines des feuilles les plus hautes ont commencé à perdre leurs belles nervures jaunes et à devenir entièrement jaune-vert. Alors, j’ai soigneusement enlevé toutes les tiges aux feuilles décolorées! Depuis lors, j’ai compris que, quand le feuillage devient vert chartreuse et que la coloration des nervures est moins évidente, c’est tout simplement un préalable à la floraison. Un signe certain que les boutons floraux arrivent! Maintenant, je les laisse sur la plante, bien sûr!  

J’ai découvert qu’on peut facilement prendre des boutures de tiges en boutons floraux et qu’elles s’enracinent facilement sans perdre leurs fleurs. Donc, si vous voulez créer un petit bouquet fleuri à offrir en cadeau, voici la solution!

Malheureusement, je ne peux pas citer de sources pour cette plante. J’ai eu ma première plante sous la forme d’une bouture emballée d’une feuille de plastique et envoyée par la poste dans une enveloppe ordinaire, tout simplement. (Je fais beaucoup d’échanges avec des amateurs de plantes originales d’un peu partout). Par contre, j’imagine que vous pourriez l’obtenir auprès d’une pépinière spécialisée.  

Sinon, peut-être que certains des autres faux éranthèmes pourraient être disponibles dans votre région.  

Black false eranthemum
Faux éranthème pourpre (P. carruthersii ‘Rubrum’). Photo: David J. Stang, Wikimedia Commons

Le plus commun est le faux éranthème pourpre (P. carruthersii ‘Rubrum’, aussi appelé ‘Black Varnish’, ‘Atropurpureum’ et ‘Nigrum’). Ses feuilles très luisantes sont pourpre si foncé qu’elles paraissent presque noires. C’est une plante plus grosse à feuilles plus grandes et très impressionnantes. Il faut le pincer souvent pour stimuler une croissance dense, sinon il se dirige tout droit vers le plafond!

Tricolor false eranthemum
Le faux exanthème tricolor (Pseuderanthemum carruthersii ‘Tricolor’). Photo: Forest & Kim Starr, Wikimemdia Commons.

Le faux exanthème tricolor (P. carruthersii ‘Tricolor’), pour sa part, porte des feuilles violettes marbrées de rose, blanc, et parfois même vert.

Chocolate plant
Plante chocolat (P. alatum). Photo: avid J. Stang, Wikimedia Commons

Il y a aussi le faux éranthème chocolat (P. alatum). Il est plus rare, mais ajoute une couleur plutôt unique à votre palette, car ses feuilles presque rondes sont brun chocolat, irrégulièrement marquées d’argent.  

Pseuderanthemum sinuatum
Pseuderanthemum sinuatum: le faux éranthème sinueux. Photo: Yercaud-elango, Wikimedia Commons

Enfin, le faux éranthème sinueux (P. sinuatum) est nouveau pour moi. Je viens d’en recevoir une bouture et il promet d’être assez spectaculaire. Il fait une plante très touffue, avec de fines feuilles à marge dentée. Elles sont vert olive, avec des nervures pâles et un dessous rougeâtre. Dans l’ensemble, il ressemble à la fausse aralie (Dizygotheca elegantissima, maintenant Plerandra elegantissima). Je suppose que son nom commun devrait logiquement être «fausse fausse aralie»!

Commencez une mode! Donnez au faux éranthème à nervures jaunes la chance qu’il mérite si richement. Vous ne le regretterez pas!

Traduction de l’anglais du billet d’origine par Mathieu Hodgson.

Commentaires d’aujourd’hui

Voilà donc l’article enthousiaste d’un jeune apprenti journaliste horticole de 28 ans, pressé de publier son tout premier billet. Mais quarante ans ont passé… et j’ai honte d’admettre que je ne cultive plus le faux éranthème à nervures jaunes! Non pas que ce n’est pas une bonne plante, mais je suis passé à autre chose au cours des années, tout simplement.

Et mon article n’a rien changé quant à sa popularité. Il demeure difficile à trouver encore de nos jours. C’est plutôt une plante que l’on voit dans une serre de production d’annuelles à l’occasion ou dans une collection privée (ou dans les serres des jardins botaniques du monde) qu’une plante de tous les jours. Évidemment, avec Internet, on finit toujours par trouver même les plantes les plus obscures, mais il faut parfois être persévérant!  

J’ai quand même inclus le faux éranthème à nervures jaunes parmi les quelques 1000 plantes décrites dans mon livre Les plantes d’intérieur dont je vous présente la page ici. Évidemment, je vous encourage à en acheter un exemplaire. Il est facilement disponible au Québec, mais très, très peu en Europe, malheureusement.

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commentaire sur "40 ans de journalisme horticole"

  1. Fabienne Hubert dit :

    Déjà un bel enthousiasme très communiquant!… Merci à Mathieu pour la traduction.

  2. carole dit :

    Cher passionné, Je doute que vous sachiez que grâce à vous la passion de jardiner s’est répandue bien au-delà de votre imagination. Moi je cite souvent vos conseils, vous n’êtes pas un jardinier paresseux mais un jardinier très ingénieux…ça doit être ça être à la bonne place dans la vie…..

  3. Viviane Haeberlé dit :

    Quelle belle histoire! Merci de nous faire connaître la genèse de votre carrière de communicateur prolifique. Je suis bien contente que vous ayez eu la douce folie de poursuivre votre rêve.

  4. Anonyme dit :

    Nous avons plusieurs points en commun cher Larry: il y a 40 ans , j’avais 28 ans et je réalisais le projet d’acheter un camping avec mon mari que je me suis empressée de fleurir grâce à vos judicieux conseils. Maintenant nous sillonnons le Québec en spyder et j’admire les magnifiques ou simples aménagements paysagers que les gens réalisent et j’y voie un peu de Larry un peu partout…

  5. Caroline Jarry dit :

    Vous aviez déjà votre style dès votre premier article, M. Hodgson. Déjà cet enthousiasme communicatif, cette approche essai/erreur très attentive, presque intuitive, et cette belle langue claire et directe. Pas de doute, vous avez bien choisi votre route! Une question que je me suis toujours posée: pourquoi (et surtout comment!) avez-vous choisi de travailler en français? Étant Ontarien et anglophone, pourquoi Québec? Et comment avez-vous réussi à maîtriser si bien le français? Je mets ma question à tout hasard, en espérant que vous pourrez y répondre brièvement!

  6. ergolou8 dit :

    Désolé début, le style et l’enthousiasme communicatif étaient au rendez-vous. Comme vous avez bien fait de suivre votre rêve. Ça vous a donné une carrière passionnante et vous avez passionné vos lecteurs, les gens qui ont assisté à vos conférences et ceux qui vous ont suivi lors des merveilleux voyages.

  7. Danielle dit :

    Heureusement pour nous tous, vous avez poursuivi votre rêve et nous l’avez transmis avec bonheur. Bravo et surtout MERCI ?

  8. Linda Pilon dit :

    Merci pour ce partage. Vous avez bien fait d’écouter votre cœur et de réaliser votre rêve.

  9. lucille thompson dit :

    Il n’y a pas très longtemps que je vous ai découvert, mais après avoir lu plein de brochures sur les fleurs les jardins, vous êtes mon préféré car vous parlez un langage facile et intelligent tout en respectant notre terre si fragile vous étiez un écologiste sans le savoir!! merci beaucoup!

  10. Hélène dit :

    Vous êtes ma RÉFÉRENCE, je cherche toujours votre savoir sur la plante, l’arbre ou tout ce qui se rapproche de l’horticulture. Vous êtes une source d’inspiration étant donner que je je souffre aussi d’une maladie chronique pulmonaire

  11. Hélène dit :

    Vous pouvez être fier d’avoir fait de votre vie ce que vous en rêviez.

  12. chanty dit :

    Cet article est une leçon de vie pour tous ,il y 40 ans un homme à choisi sa passion et à pu en vivre , il a été heureux et nous à tous permis de partager son savoir-faire et sa passion …du fond du coeur merci d être simplement Larry

  13. Anonyme dit :

    Un jeune journaliste à surveiller, il a du potentiel

  14. Louise dit :

    comme plusieurs l’ont déjà mentionné, merci d’avoir poursuivi votre rêve. Il est contagieux et embelli plusieurs vies

  15. J.B. dit :

    Merci pour votre générosité de partage. Vous m’avez inspire un jardin.

  16. Colette Lajoie dit :

    On en fait des choses durant 40 ans. Moi j’ai commencé à vous écouter à la radio le matin en m’en allant travailler ensuite j’ai lu toutes vos chroniques dans les revues fleurs plantes et jardins qui étaient savoureuses à lire et maintenant on est rendu avec de la technologie dans lequel on peut vous lire régulièrement. Vivre le progrès. Je vous remercie sincèrement pour toutes vos chroniques plus intéressantes les unes que les autres qui nous ont permis d’aimer les plantes malgré nous. Je dis à mon jardinier paresseux que j’aime, vous avez tout mon respect pour toute ces belles années. Bonne santé !

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