La pluie n’est pas éternelle…
Cela fait 37 ans que Larry Hodgson collabore avec le journal Le Soleil de Québec en tant que chroniqueur horticole pigiste, fournissant un article par semaine. Nous avons pensé que vous aimeriez découvrir quelques-uns de ces billets d’autrefois.
Quand j’ai trouvé cet article sur l’irrigation, j’ai été surpris de constater à quel point il est actuel! Plusieurs municipalités du Québec ont adopté de nouveaux règlements sur l’arrosage des végétaux au cours des dernières années afin de réduire la quantité d’eau potable utilisée pour l’irrigation. Je trouve que cet article explique comment, pourquoi et quand arroser son jardin et faire un usage plus intelligent de cette ressource essentielle.
Mathieu Hodgson
Tôt ou tard, il vous faudra arroser. Découvrons alors une manière efficace pour le faire.
Juillet et août sont souvent les mois les plus secs de l’année. Cela vaut généralement dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord. Et même lorsqu’il y a de la pluie, les températures plus chaudes font qu’il y a plus d’évaporation. Il en résulte un sol plus sec. Faut-il donc immédiatement sortir le tuyau d’arrosage pour doucher nos végétaux?
Pas nécessairement. La plupart d’entre nous ne vivent tout de même pas dans un désert à l’air si sec que les feuilles se fanent presque immédiatement. Au contraire, la majorité des végétaux s’accommoderont très bien de ce que dame Nature a à offrir. En fait, l’arrosage le plus efficace est souvent… aucun arrosage du tout!
La plupart des plantes permanentes, bien établies et cultivées en pleine terre, n’ont aucun besoin d’être arrosées, sauf s’il y a une véritable sécheresse (plus de deux semaines sans la moindre goutte de pluie). Par contre, certaines catégories de végétaux ont besoin de plus d’eau que d’autres: ce sont surtout ces dernières qui peuvent avoir besoin d’arrosage. Évidemment, même pour ces plantes, vous n’arrosez que s’il ne pleut pas ou très peu.
- Végétaux fraîchement plantés: même les plantes les mieux adaptées aux sols secs ont besoin d’arrosages lorsqu’elles sont fraîchement plantées. Un arrosage hebdomadaire pendant trois ou quatre semaines suffit pour les plantes à croissance rapide, comme les annuelles et les vivaces. Pour les arbres et les arbustes, étendez la période d’arrosage sur tout le premier été. Voire deux ans pour les plus lents, comme les rhododendrons, les azalées et les magnolias. Un gazon fraîchement semé ou posé peut demander des arrosages aux deux ou trois jours pendant les 50 premiers jours!
- Plantes abritées de la pluie: les végétaux plantés sous un arbre ou sous la projection de votre toit peuvent manquer d’eau, même lorsque le reste du terrain est amplement humide. Pensez toujours à donner un supplément d’eau à ces plantes vivant sous des conditions difficiles.
- Plantes de sol humide: on cultive parfois certaines plantes de milieu humide, comme les astilbes, les ligulaires, l’ris versicolore, les rodgersias, les lobélies, etc., dans des sols normalement drainés et, habituellement, tout va bien. Sauf que, par temps de sécheresse, ces plantes, qui n’ont aucune résistance innée contre la sécheresse, vont rapidement souffrir d’un manque d’eau et demanderont des arrosages.
- Plantes en pot: elles sont plus sensibles à un manque d’eau que toute autre plante. Il faut parfois les arroser tous les jours ou même deux fois par jour si elles sont plusieurs à partager un petit pot.
- Plantes cultivées sur le sable: le sable ne retient presque aucune humidité. Les plantes cultivées dans un sol sablonneux peuvent donc demander des arrosages jusqu’à deux fois par semaine, même si elles sont bien établies.
- Les légumes: pour une belle récolte, les légumes ne tolèrent ni excès ni manque d’eau. Cultivez-les dans un sol bien drainé pour permettre au surplus d’eau de s’écouler et arrosez au besoin pour que le sol demeure toujours un peu humide. Pour maintenir un niveau d’humidité plus constant, un bon paillis est très important.
LES PLANTES POUVANT SE PASSER D’ARROSAGE
Si vous choisissez bien les végétaux pour votre terrain, vous pouvez presque oublier les arrosages, car plusieurs espèces tolèrent sans broncher les pires sécheresses.
· La pelouse: le gazon a la capacité de pouvoir jaunir complètement, au point d’avoir l’air mort, puis de reverdir rapidement avec le retour des pluies. Il est donc rarement nécessaire d’arroser un gazon établi.
· Les arbres et arbustes: ils peuvent nécessiter quelques arrosages la première année, le temps que leur système racinaire se développe. Par la suite, cependant, grâce à leurs longues racines, ils peuvent aller chercher l’eau en profondeur. Sous notre climat, ils ne demandent presque jamais d’arrosage.
· Plantes de climat aride: les plantes grasses, comme les sédums, les joubarbes et les yuccas, ainsi que les plantes croissant sur les dunes et dans les régions arides (arbousier, shepherdies, armoises, etc.) résistent très bien aux pires sécheresses et, en fait, réussissent mieux si l’on ne les arrose pas. En général, les plantes à feuillage argenté, coriace ou charnu sont résistantes à la sécheresse.
COMMENT ARROSER
Idéalement, il faut arroser sans mouiller le feuillage. Les arroseurs et autres gicleurs gaspillent beaucoup d’eau en favorisant l’évaporation et, de plus, humidifient le feuillage des plantes. Cela peut le rendre plus sujet aux maladies, qui se développent surtout sur les feuilles mouillées. Si vous n’avez pas d’autre choix que d’arroser au moyen d’un arroseur ou d’un gicleur, faites-le de préférence tôt le matin, avant 6 h, car à cette heure il y a peu de pertes d’eau dues à l’évaporation, donc votre arrosage sera plus efficace, et de plus les feuilles s’assécheront rapidement sous le soleil naissant. Évitez les arrosages en pleine journée (trop d’évaporation) et en soirée (le feuillage reste humide trop longtemps). Curieusement, certaines municipalités exigent que les arrosages soient faits à la tombée de la nuit: on dirait qu’elles veulent absolument provoquer des maladies foliaires sur les plantes de leurs citoyens!
LES BONS OUTILS
Évidemment, pour arroser efficacement, il faut avoir les bons instruments. Voici un répertoire des outils les plus populaires et les plus utiles. À vous de décider lesquels vous sont nécessaires.
· Le paillis: un paillis, c’est une couche de matière organique posée en surface du sol. En ombrageant le sol, il réduit presque entièrement l’évaporation et la terre reste alors humide beaucoup plus longtemps, même sans pluie ni arrosage. Il en faut une bonne couche: au moins 5 à 8 cm. Il peut s’agir de paillis commerciaux, comme le paillis de cèdre, le paillis forestier, les écales de cacao, etc., ou encore, d’un paillis maison.
· Tuyau d’arrosage: un outil de base permettant d’amener l’eau de divers appareils de diffusion de l’eau. Les tuyaux bon marché résistent peu à la pression et ne durent qu’une saison ou deux. Recherchez des tuyaux à cinq ou six épaisseurs offrant une longue garantie: ils sont plus chers à l’achat, mais représenteront de véritables aubaines à long terme, car ils dureront de nombreuses années.
· Tuyau suintant: ce tuyau, généralement composé de vieux pneus recyclés, est percé de milliers de trous et constitue non seulement le système d’arrosage le plus efficace qui soit, mais aussi le moins coûteux! Vous n’avez qu’à le poser dans les endroits de la plate-bande qui sont toujours secs et à le recouvrir de terre ou de paillis pour le cacher de la vue. Raccordez-le alors à un tuyau d’arrosage et ouvrez l’eau. L’eau s’infiltre immédiatement dans le sol, sans giclement ou ruissellement, ce qui réduit l’évaporation à presque rien. De plus, vous pouvez l’utiliser quand bon vous semble: personne ne saura que vous arrosez. Je ne me sens même pas coupable d’encourager ainsi les gens à enfreindre la loi, tellement les tuyaux suintants économisent l’eau, ce qui, dans le fond, est le but des règlements municipaux concernant l’arrosage!
· Arrosoir: plus pratique qu’on ne l’imagine, un simple arrosoir est utile pour arroser les pots et paniers, bien sûr, mais aussi pour arroser des plantes nouvellement installées dans un aménagement où les autres végétaux sont bien établis et n’ont pas besoin d’arrosage. On brise alors beaucoup moins qu’avec un tuyau qui, lui, semble toujours arracher ou aplatir quelques plantes au passage.
· Lances et pistolets d’arrosage: les lances et pistolets, qui se fixent à l’extrémité d’un tuyau d’arrosage, ne sont vraiment utiles que pour l’arrosage des contenants et pour l’arrosage d’appoint (c.-à-d. arroser deux ou trois végétaux nouvellement plantés dans une plate-bande bien établie), car il faut rester debout longtemps (deux à trois heures!) pour arroser efficacement une pelouse ou une vaste plate-bande avec un tel instrument.
· Arroseurs: qu’ils soient oscillants ou rotatifs, les arroseurs sont de grands gaspilleurs d’eau et ne devraient servir que lorsqu’aucune autre méthode d’arrosage n’est possible. En effet, en lançant l’eau dans l’air, une bonne partie s’évapore, surtout si l’on arrose en plein jour. Par contre, ils sont utiles dans les cas où un tuyau suintant ne peut pas être utilisé, comme sur le gazon.
· Système d’irrigation goutte à goutte: surtout utile pour arroser les pots et paniers. Il vous enlève beaucoup de travail d’arrosage, particulièrement si vos contenants exigent normalement un ou deux arrosages par jour. Une minuterie n’est pas seulement utile, mais presque obligatoire.
· Minuterie: très utile pour tout système le moindrement automatisé (tuyaux suintants, systèmes d’irrigation, etc.), car elle ferme l’eau après une période préréglée, même si vous n’êtes plus là. Les plus simples ne font que fermer l’eau: vous devez les ouvrir manuellement; les plus sophistiqués sont programmables et ouvriront et fermeront l’eau tout au long de l’été, selon un horaire préétabli, même lorsque vous partirez en vacances.
Et voilà! Comme vous le voyez, arroser efficacement n’est pas compliqué. Avec les bons produits et des techniques appropriées, vous pouvez réussir l’arrosage de votre parterre tout en respectant l’environnement.
De bonnes connaissances combinées à une pensée logique et équilibrée auront toujours leur place! Merci Mathieu de nous rappeler ces méthodes de ton père
Merci Mathieu, sujet toujours d´actualité.
Est ce que Notre cher Larry est de retour à la maison ?
On l´espère tous. L´été est surement sa plus belle saison .
Merci pour ta relève. Hier j´ai vu une chenille toute blanche grignotant une feuille de tremble. J´ignorais que cela existait. Peux tu nous en dire plus ?
Merci.
Merci de prendre la relève monsieur Mathieu et on pense à vous très fort.
Très bien expliqué et intéressant !
Merci! C’est tellement pertinent par les temps qui courent.
P.S. pour les résident(e)s de la Ville de Québec https://jemimpliquelocalement.org/ jemimpliquelocalement_org organisait une distribution de barils récupérateurs d’eau de pluie ce week-end dernier
Merci à vous pour tous ces renseignements et c’est bonne idée ? surtout pour les tuyaux, très bonne idée. ??
Un grand écologiste et environnementaliste qui aura fait bien des petits!
Je me souviens très bien de cet article, je venais de commencer à aménager mon terrain, j’ai suivi les conseils de Larry à la lettre, je considère qu’il m’a tout appris.
J’ai beaucoup de vivaces matures, je ne les arrose jamais, elles sont magnifiques.
Je suis contente de lire que le pricédé que j’utilise avec les tuyaux suintants et plusieuts minuteries est l’idéal. J’utilise ce système depuis près de 15 ans.
Pour mes nouvelles plantations, je mets un paillis de gros cailloux pour éviter que mes chats ne grattent la terre fraichement retournée… mais je ne sais pas ce que ça vaut niveau évaporation…