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 Les secrets d’une piscine réussie 

Après avoir été son rédacteur en chef de 1989 à 1994, Larry Hodgson a continué à contribuer à la revue québécoise horticole Fleurs, plantes, jardins jusqu’à sa fermeture en 2016. Cet article est republié avec la permission de Horti Média et de Bertrand Dumont. Merci Bertrand! 

Grande piscine creusée turquoise.
Photo: Kgbo, Wikimedia Commons.

Avec l’arrivée du mois de juillet, je sais que le sujet va encore revenir sur le tapis: «Quand va-t-on avoir une piscine?»! Depuis que nous avons acheté la maison, c’est la bataille entre les amateurs de vie et de nature (moi) et les tenants du rêve artificiel à la californienne (les autres). Au diable la nature, ils veulent l’asepsie: une piscine tellement bourrée de produits chimiques que nulle créature ne peut y survivre et que même les baigneurs finissent l’été avec les cheveux «bleachés» à la Jacques Villeneuve! 

Disons tout de suite que je ne suis pas une personne intraitable… normalement. Ainsi, j’ai cédé sur plusieurs questions par le passé. J’ai laissé «les autres» peindre le salon prune plutôt que blanc, avec comme résultat que le salon est maintenant trop sombre pour supporter la vie végétale. J’ai accepté que les enfants installent dans la cour arrière un panier de basket dont le ballon écrase toutes mes plantes. J’ai donc fait ma part de sacrifices. Il n’est pas question d’une piscine en plus! 

Ours polaire dans l'eau
Je suis l’ours polaire de la famille. Photo: Cmadler, Wikimedia Commons.

Ce n’est pas que je n’aime pas me baigner. Bien au contraire (n’est-ce pas toujours comme cela dans la vie?). Alors qu’on a peine à convaincre les «je-veux-une-piscine» d’aller dans l’eau si la température n’est pas absolument parfaite, je suis l’ours polaire de la famille. Toujours prêt à sauter à l’eau, peu importe les conditions. Mais pour moi, une piscine, au Québec, avec nos trois jours annuels de beau temps, c’est un non-sens! 

Cependant, ce n’est pas tellement à cause de leur courte durée d’utilisation que j’en ai contre les piscines. Après tout, on installe bien un arbre de Noël dans la maison pour à peine une semaine et je trouve ça charmant. Non, j’ai trois critiques principales vis-à-vis du syndrome «une-piscine-dans-chaque-cour». C’est très laid. Ça demande de l’entretien. Ça prend de l’espace. Et une piscine est tellement évidemment néfaste pour l’environnement qu’il ne sert à rien de soulever ce point!

Une piscine dans chaque cour
Une piscine dans chaque cour. Photo: pxhere.com

Je ne sais pas pour quelle raison les fabricants de piscines insistent pour colorer leurs produits en turquoise. Tant qu’à faire artificiel, pourquoi pas orange fluo? Je sais que l’eau turquoise existe autour des îles tropicales, mais pas au Québec! Tout ce qui ne cadre pas avec son environnement est nécessairement criard. Une piscine turquoise, au Québec, c’est l’équivalent d’un jardin remplis de flamants roses en plastique. C’est drôle comme les flamants roses (les vrais, du moins) sont attrayants dans les pays chauds, mais ils clochent terriblement au Québec… et les piscines turquoises tout autant. C’est pourquoi on trouve nombre d’articles dans les journaux et revues sur la façon d’aménager autour de sa piscine et dont les photos semblent avoir été composées par Salvador Dali. Je pense que l’on devrait être plus honnête avec les gens et publier plutôt des articles sur «comment cacher sa piscine». 

Flamands roses en plastique
Une piscine turquoise, au Québec, c’est l’équivalent d’un jardin remplis de flamants roses en plastique. Photo: Joey Parsons, www.flickr.com.

Il y a aussi la question de l’entretien. Une seule chose demande plus d’entretien sur un terrain que la pelouse et les boîtes à fleurs: la piscine. Il faut faire des tests et traitements tous les matins, sinon elle devient vite d’un vert mousse (tiens! une solution possible à son insupportable coloration habituelle!), il faut constamment ramasser feuilles, insectes et oiseaux morts, il faut changer régulièrement le filtre et nettoyer le fond, etc. Ne me faites pas croire que quelqu’un d’autre va s’occuper de cette tâche. Comme lorsqu’on achète un chien, c’est toujours la personne qui s’y est objectée le plus qui finit par faire tout le travail. Je sais donc très bien que, avec une piscine chez nous, c’est à moi que reviendrait d’emblée tout le travail d’entretien. 

Comme lorsqu’on achète un chien, c’est toujours la personne qui s’y est objectée le plus qui finit par faire tout le travail. Photo: galdzer, depositphotos.com.

Toutefois, le vrai problème d’une piscine c’est quelle bouffe de l’espace. Il y a sûrement des gens qui ont tellement d’espace chez eux qu’il y a assez de place pour une piscine, mais dans une cour typique de banlieue ou de ville, une fois la piscine installée, c’en est fait de l’espace de jardinage. Il ne reste plus que des miettes de terrain pour les plates-bandes et le potager. Je n’ai pas économisé pendant plus de 20 ans afin d’acheter un jardin à moi pour le voir disparaître sous une piscine… turquoise de surcroît! 

Heureusement, jardinier paresseux que je suis, j’ai trouvé une solution qui rachètera la paix avec ma famille tout en me permettant de jardiner. Si on installait la piscine chez nos voisins? On pourrait sonder leurs intentions au sujet d’une «piscine partagée», à installer chez eux, bien sûr, mais que nous, ou plutôt «les autres» (après tout, c’est eux qui la veulent) payeraient. Comme on leur ferait cadeau d’une belle grosse piscine, c’est eux bien sûr qui auraient à s’occuper de I’installation. 

Fête dans une piscine
Il y a peu de danger d’un conflit d’horaire entre les deux familles. Photo :CPXi, flickr.com.

De plus, il y a peu de danger d’un conflit d’horaire entre les deux familles. Après tout, au Québec, les «je-veux-une-piscine» ne se baignent jamais plus de trois ou quatre fois par été. Le risque que nos dates coïncident est donc minime. 

Idée géniale, n’est-ce pas? Il reste seulement un problème. Il faudrait installer un bon écran végétal entre notre cour et celle des voisins pour ne pas voir la “#&!? de piscine!  

Billet originalement publié en juillet/août 1998, volume 9 numéro 4 de la revue Fleurs, Plantes et Jardins. 

Étiquettes + Humour, Piscine, Flamand rose


commentaire sur " Les secrets d’une piscine réussie "

  1. Merci de ce billet truculent et tellement, tellement vrai… !

  2. Bravo !!!
    Ils n’ont qu’à aller à la piscine municipale !

  3. Je suis complètement d’accord avec vous.

  4. Est-ce que les voisins ont accepté?? Comment ça a fini???

  5. M. Hogson, Trop génial cet article!!! Vous faites ma journée! ??

  6. J’ai failli ne pas lire ce billet car, comme vous, les piscines ne m’intéressent pas. Mais comme j’ai bien fait de continuer à lire! J’ai bien ri! Les flamants roses, la comparaison de l’entretien avec le chien: un petit bijou d’humour et de sagesse acide! On en redemande! C’est un plaisir de vous lire. Et toujours le mot juste et cette belle langue claire. Suis partisane du recyclage de vos articles…

  7. Trop drôle votre billet! Et encore tellement d’actualité!
    Installer une belle grande piscine chez le voisin et s’y baigner chaque fois qu’on en a envie puis rentrer chez soi prendre un bain de soleil en paix, ni vu ni connu! Génial, il fallait y penser!
    Mais qui en fera l’entretien régulier?
    Des décennies de chicanes de clôture en perspective! Ah ha! ?

  8. Quel sujet!
    Nous avons fait notre 1er séjour dans le sud (Orlando) durant l’hiver. La piscine : une piscine pour le quartier. Chacun paie une portion des frais. Pas de lifegard. Enfants avec adulte seulement. J’ai aimé. La cour la nature y reignait. Vert par les arbres, arbustes et par le boisé derrière. Mais pourquoi les nouveaux projet résidentiels n’ont pas cet option ? Clé magnétique clôture très haute. Voilà

  9. Mr Hogson, comme vous je suis contre les piscines. Me baigner dans une eau bourrée de produits chimiques ne m’a jamais fait envie. Nous, dès que nous le pouvons, nous nous baignons dans la mer, l’océan et les rivières. Et puis je préfère jardiner et acheter des végétaux plutôt que faire l’entretien d’une piscine et acheter des produits toxiques pour……Oui, c’est toujours un plaisir de vous lire !

  10. Ah une piscine….quelle horreur !
    Par contre un étang de baignade est dans mes projets. À la fois partiellement en contrebas et au dessus du sol. Avec un enrochement pour le périmètre surélevé avec un couvert végétal. Un bassin peu profond au bout avec plantes aquatiques filtrantes. Un îlot central pour le barbecue, chaises longues, balançoires… et une petite cascade provenant du système de filtration utilisé la nuit lorsque l’électricité est moins chère. Une partie de l´eau provenant de la récupération des drains français et de l´eau de pluie. Le surplus de ce bassin pouvant servir pour le potager. Sous cette structure, des bacs filtrants par gravité recueilleront les plus gros déchets avant le filtre.
    Ah la maudite clôture ! Un truc pour éviter que les enfants qui n´existent pas n´aient accès, couvert d´une végétation grimpante. Un mini bassin pour la baignade des oiseaux, et des flotteurs permettant à une bestiole imprudente d´en ressortir sans se noyer. Enfin en théorie…. Le barbecue ne sera pas un de ces monstres en stainless, mais en pierres avec une partie pour les grillades, et un four à pain, pizza. Tiens pourquoi pas un fumoir….
    Ah les joies d´un environnement rural où les terrains ne se mesurent pas en pieds ou en mètres, mais en acres!
    Avouez que ce mini parc aquatique avec son îlot “gastronomique ” est plus sexy et nature qu´une piscine traditionnelle turquoise…et pourquoi pas un p´tit coin fines herbes avec ça pour les viandes et poissons….

  11. Bonjour, j’ai toujours aimé le jardinier paresseux, beaucoup pour son sens d’humour toujours très approprié et le sujet toujours vrai encore 24 ans plus tard. Mes sympathies à sa famille et à nous tous qui allons le manquer mais continuer à le lire.

  12. Bonjour, Ça fait deux fois que le lien au blogue ne fonctionne pas, celui sur les taupins et un autre il y a quelques jours que j’ai éliminé puisque ça ne marchait pas. Celui-ci sur les piscine que je me prépare à lire avec plaisir, fonctionne sans problème.
    Merci !

  13. Moi aussi j’ai failli ne pas lire cet article… quel plaisir finalement, je suis fan de votre humour! ?

  14. Tellement drôle… et vrai! Merci pour ce billet!

  15. Très drôle! C’est en plein ce que je pense des piscines. Je me souviens du jour où j’ai visité ma maison. L’agent d’immeubles était tout fier de me montrer la belle piscine hors terre plantée au beau milieu du terrain. Et moi, dans ma tête, je me disais : « Je suis prête à payer les vendeurs pour qu’il me débarrassent de cette horreur! ». Je me suis débarrassée de la piscine, ça m’a pris tout un été pour réhabiliter ce bout de terrain, mais aujourd’hui, j’ai une belle grande plate-bande à la place. C’est tellement plus joli…

  16. J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles en vous lisant. Lors de l’achat de notre maison en hiver, le vendeur était fier de nous montrer des photos de son immense piscine creusée à la toile bleue turquoise entourée d’une clôture turquoise en parfaite harmonie et qui occupait le tiers de l’espace de la cour. Mon mari était fou de joie: tant mieux s’il veut se charger de l’entretien. J’étais sceptique même si je suis une ex-lifeguard et un vrai poisson dans l’eau. Arrive le changement de toile et là je mets mon pied à terre. La toile sera noire, point à la ligne, et aucun argument contre mon choix ne trouve grâce à mes oreilles ni de mon conjoint ni du technicien de piscines. Mon mari a l’intelligence de céder. Depuis l’installation de notre magnifique toile noire, il louange les bénéfices à qui veut l’entendre: la piscine disparaît de la vue, notre aménagement se reflète dans l’eau autant de jour que de soir, les animaux viennent s’abreuver puisque nous ne mettons presque pas de produits et qu’ils la confondent maintenant avec notre étang. Bonheur et harmonie retrouvés.

  17. Marie-Françoise Panisset

    quel texte amusant. Merci monsieur Hogson. Nous n’avons jamais eu de piscine, mais de bons voisins qui nous ont accueillis avec gentillesse depuis des années. Que dire de la piscine municipale chauffée de juin à septembre et qui nous permet de nager en toute liberté!

  18. Une réflexion tout en humour 🙂

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