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Enquête sur le jardinage de subsistance: une famille québécoise analyse une année de données

Dans le blogue d’hier, Laurie Fourniaudou nous a parlé de son expérience avec un potager autosuffisant en France. Aujourd’hui, regardons comment Laurent Dubois, qui jardine dans l’Outaouais au Québec, voit le sujet.

Je pense qu’il serait avantageux pour vous de lire les deux!

Larry Hodgson

Par Laurent Dubois
mclapeche@gmail.com

Combien de travail faut-il pour cultiver la plupart des légumes que notre famille consomme en un an? Combien cela coûte-t-il et de combien d’espace avons-nous besoin?

Potager familial clôturée contre les cerfs
Notre jardin

Telles sont les questions auxquelles nous avons entrepris de répondre en 2021. Nous sommes jardiniers de subsistance depuis plusieurs années maintenant; principalement sur la côte ouest de la Colombie-Britannique (zone de rusticité 8), mais depuis 3 ans dans les Collines-de-l’Outaouais, au Québec (zone de rusticité 4). À l’été 2020, nous avons même construit une petite serre permanente qui peut être chauffée en hiver afin de permettre la cultute l’année. Bien que notre verger fruitier soit encore jeune, notre récolte de jardin répond maintenant à au moins 90% de nos besoins en légumes pour l’année. Nous mangeons ce que nous cultivons, et nous cultivons ce que nous mangeons! C’est un plan d’une simplicité trompeuse, que nous modifions d’année en année à mesure que notre jeune famille grandit, que nos préférences alimentaires changent, que nos connaissances s’approfondissent et que nos compétences s’affinent. 

La seule façon de garder une trace de tout cela, bien sûr, est de garder de bons dossiers! Nous prenons note de toutes les informations importantes d’une année à l’autre: journal des ensemencements et des transplantations, dates de gel dur et vagues de chaleur extrême, infestations d’insectes, registres de récolte complets pour nos cultures, plans de jardin annuels, succès et échecs, notes pour la saison suivante, et d’autres encore. Nous prenons également des photos de nos jardins à différents moments, pour une référence visuelle; ce qui nous permet de comparer à quoi ressemblaient réellement certaines plantations à des moments similaires, d’une année à l’autre. 

Potager familial vue d'en haut.
Vue d’en haut

Cela peut sembler représenter beaucoup de travail, mais ce n’est vraiment que quelques notes manuscrites dans un simple cahier bon marché et quelques photos dans nos téléphones intelligents; rien de trop complexe. Et croyez-moi, tout effort dépensé ici nous en sauve beaucoup plus lorsque l’hiver arrive et que nous commençons à planifier avec empressement notre prochaine saison de croissance. «Quand avons-nous planté les carottes au printemps dernier? Combien de choux frisés avons-nous fini par planter? Où l’ail a-t-il été planté il y a 2 ans? Combien de melons d’eau avons-nous eus l’été dernier? À quand était le dernier gel au printemps?» Bonne chance pour vous souvenir de tout cela!

À peu près la seule chose que nous n’avons pas suivie, c’est notre main-d’œuvre. Après tout, pourquoi le ferions-nous ? De nos jours, lorsque vous décidez de cultiver de la nourriture, c’est généralement parce que vous le souhaitez (non pas par nécessité). Comme pour tout autre «passe-temps», la dernière chose que vous avez à l’esprit est le nombre de minutes que vous allez passer à le faire. Pour la plupart des jardiniers, habitués à mettre leurs mains dans la terre, la tâche de garder des feuilles de calcul sur les données du travail est probablement quelque chose de complètement étranger. Cela n’ajoute pas non plus de valeur à ce que nous faisons… ou cela le ferait-il? 

Deux planches de potager surélevées.
Nos «lits de rivière»

Nous cultivons toute notre nourriture dans 3 zones distinctes, que nous étiquetons comme suit: Le Jardin, La Serre et Les Lits de rivière (nommés pour leur proximité avec la rivière). Le jardin est de loin la zone la plus grande, avec une superficie de 30 pi x 60 pi (9,1 m x 18,3 m). Notre petite serre a une superficie de 12 pi x 15 pi (3,7 m x 4,6 m) (le maximum qui était autorisé par la municipalité), et les 2 lits de rivière ont une superficie combinée de 4 pi x 20 pi (1,2 m x 6,1 m). Nos espaces de culture sont inefficaces par rapport aux normes professionnelles; les sentiers pédestres sont trop larges et trop nombreux, mais c’était par conception, pour le confort et la facilité de circulation (bon pour que les enfants puissent y courir). Malgré cela, restons-en à ces chiffres et supposons que notre superficie totale de production alimentaire est d’environ 2060 pieds carrés (191 mètres carrés), soit environ 1/20e d’acre (0,0019 ha). Dans une bonne année, c’est juste assez d’espace pour nous fournir tous les produits dont nous avons besoin, plus quelques-uns pour partager. Dans une année comme 2021, souffrant de plusieurs fléaux bibliques modernes (attendez, le changement climatique compte-t-il?), on tombe un peu en deçà de 100%, mais c’est tout de même une forte majorité de notre consommation.

Serre domestique pour la production de légumes.l
Notre serre

Notre propriété se trouve juste à l’écart de la route principale dans notre communauté rurale. «Tout le monde» passe par là à un moment donné. C’est un beau terrain et la route est plusieurs pieds plus haute que nous, donc le point de vue en conduisant vous offre un bon aperçu de notre propriété. Avec notre jardin qui est relativement grand (pour un jardin domestique), et l’infrastructure qui est plutôt inhabituelle pour la région, nous recevons un bon nombre de commentaires des passants. «Beau jardin! J’adore passer par là en me rendant au travail tous les matins.» Ce genre de choses. C’est toujours quelque chose de positif, ce qui est charmant, mais très souvent c’est accompagné d’une sorte de remarque sur le «travail» que nous y mettons, comme: «J’adore votre jardin! Mais ça doit être une tonne de travail, hein?» Ou bien, «Je vous vois toujours là-dedans quand je passe; vous deux mettez tellement de travail dans votre jardinage!». 

Ma réponse typique était: «En fait, ce n’est vraiment pas tant de travail que ça…». En toute vérité, mis à part le temps initial passé sur l’infrastructure (clôture, serre, etc.) et les calamités occasionnelles, le jardinage lui-même est peu exigeant la plupart du temps. Pour être honnête, j’ai failli m’opposer à ces commentaires. C’est comme s’ils disaient : «Tu es fou de faire tout ça.» Une partie de moi a toujours voulu «prouver» que ce que nous faisons n’est pas réellement difficile et est réalisable par quiconque se soucie d’essayer. En fait, j’ai toujours pensé que si on en faisait la moyenne pour toute l’année, cela ne représenterait probablement qu’environ 15 à 20 minutes de travail par jour. Certes, ce serait moins d’engagement que d’avoir un chien de taille moyenne en tout cas. Hélas, il n’y avait aucun moyen pour moi de le prouver… même à moi-même. Est-ce que je me trompais? Avions-nous été aveuglés par un voile d’idéaux bucoliques? Cela vaudrait la peine d’être examiné.

Pourquoi ne pas le faire alors? Pourquoi ne pas enregistrer toute notre main-d’œuvre de production alimentaire pendant un an? Si nous le faisions, nous saurions exactement quel est notre «apport quotidien moyen». Non seulement ça, mais ce nouvel ensemble de données, en conjonction avec les autres, nous permettrait d’attribuer une certaine valeur à notre travail, comme un taux horaire. Cette perspective était également très intéressante pour moi. J’étais curieux parce que, en général, l’hypothèse avec les agriculteurs et les producteurs est que si jamais ils calculaient le «salaire horaire» qu’ils gagnent, il serait épouvantablement bas (beaucoup de travail pour peu de rémunération). Après tout, personne ne se lance dans l’agriculture pour l’argent. Comme le dit la vieille blague: «Comment un agriculteur peut-il gagner un million de dollars? Réponse: S’il commence avec deux!» 

C’est ainsi qu’a commencé l’année des feuilles de calcul! Nous avons imprimé des feuilles pour chaque mois de l’année et gardé une trace de chaque minute que nous avons passée à faire une variété de tâches, que nous avons regroupées en 5 catégories distinctes: Préparation / plantation, arrosage, gestion du jardin, récolte et transformation. Voir le tableau ci-dessous pour les descriptions.

Une note sur la précision… Bien que nous nous soyons efforcés de mesurer notre temps aussi précisément que possible, de nombreuses tâches étant répétitives (pensez à l’arrosage), nous avons donc fait la moyenne et arrondi lorsque cela était acceptable. De plus, l’exactitude de ces chiffres n’est pas vraiment primordiale. La nature du jardinage lui-même garantit que ce sera toujours une cible mouvante. La taille du jardin, les plantes choisies, le type de culture, les conditions climatiques, etc., ont tous un impact sur la main-d’œuvre. Ce qui était important pour cet exercice, c’était de capturer une image aussi réaliste que possible du travail, pour cette année spécifique, avec toutes ses gloires et lacunes, et la récolte que nous avons pu produire. En bref, nous y avons tout de même mis un effort universitaire. Voici maintenant les résultats de notre expérience, dans le prochain tableau.

En regardant le tableau ci-dessus, vous pouvez constater que notre travail total pour 2021 est de 215,18 heures. La moyenne de cela, répartie sur l’année, donne environ 35 minutes / jour. Donc, bien que je sois à l’écart de ma prédiction originale de 15 à 20 minutes, j’ai tout de même raison sur ma comparaison avec le temps requis pour s’occuper d’un chien moyen. En d’autres mots, cette quantité de travail est bien dans le domaine du possible pour la plupart des gens. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait une analyse juste, car 80% de ce temps est passé dans les 6 mois entre mai et octobre. Néanmoins, même au cours de notre mois le plus achalandé (août), le temps de travail est encore bien en deçà de celui d’un emploi à temps partiel, avec une moyenne d’environ 45 minutes non consécutives par jour, par personne (2 adultes). Voir les graphiques ci-dessous pour une représentation plus visuelle.

En ce qui concerne la valeur de nos récoltes, nous en avons toujours pris note. Nous le faisons d’abord en mesurant ce que nous récoltons, soit en poids ou en volume, selon le produit, puis en lui donnant une valeur équivalente en dollars, que nous basons sur les prix courants du marché. Par exemple: les tomates sont pesées en livres, tandis que le chou frisé (kale) et la bette à carde (blette) sont comptés en «bouquets». En 2021, les tomates locales étaient vendues de 3$ / lb pour le vrac jusqu’à plus de 6$ / lb pour les tomates cerises et de variété patrimoniale, tandis que les bouquets de chou frisé et de bette à carde étaient à environ 3,50$ chacun. Les seules exceptions à la règle sont les aliments-grignotines qui sont généralement vendus dans des casseaux (comme les pois mange-tout et les cerises de terre), les articles que nous récoltons presque toujours en mélange (comme les laitues et autres légumes de salade mixte), et les articles que nous ne cueillons qu’en petites quantités à la fois, comme le persil. Bien que nous gardions aussi une certaine trace de ceux-ci, il est trop peu pratique de leur attribuer une valeur précise pour la saison («combien de pois avons-nous mangé encore dans le jardin?»). Voir le tableau ici pour notre récolte. 

En utilisant ce système, nous arrivons à une valeur de récolte totale d’environ 6200$ pour 2021. Ce n’est pas un mauvais coup, bien sûr, mais c’est sous-dimensionné par rapport aux 7200-7500 $ que nous avions prévus. L’année 2021 s’est avérée être notre plus difficile à ce jour et bien que nous ayons pu nous adapter et améliorer le sort de la plupart des cultures, d’autres ont subi des revers irréparables. Les plus remarquables ont été nos déficits avec les tomates (100 lb d’écart), les courges d’hiver (120 lb d’écart) et les légumes verts en feuilles (?60 bouquets d’écart). Néanmoins, le cycle continue et alors que nous apprenons nos leçons, nous favorisons la résilience, renforçons les capacités et espérons une meilleure «prochaine» saison, année après année. 

Et maintenant, les mathématiques!

Nous sommes maintenant arrivés au nœud de l’histoire… le «morceau juteux», la «grande révélation», en effet, la tournure surprenante! Vous voyez, grâce à notre petite expérience et à quelques calculs minutieux, nous avons découvert que nous économisons en fait beaucoup plus d’argent que nous ne le pensions! Bien que cela puisse paraître surprenant pour plusieurs d’entre vous, cultiver sa propre nourriture est plus efficace que de l’acheter (c’est-à-dire que cela prend moins de ressources que de «simplement» l’obtenir au magasin). Et n’importe quel vieillard élevé en campagne ou tout agriculteur de subsistance peut attester de ce fait. Les économies réalisées par la culture de votre propre nourriture ont toujours été importantes, mais c’est peut-être maintenant encore plus le cas que jamais … et de plus en plus à chaque année en raison de l’inflation. Ce qui nous a surpris, c’est à quel point notre «salaire» équivalent est élevé. En effet, selon nos données, en 2022, nous «gagnerons» jusqu’à 50 $ / heure pour nos efforts! Vous ne me croyez pas? Regardons cela de plus près.

Pour illustrer mon propos, nous devons comparer deux scénarios alternatifs: notre scénario actuel, dans lequel nous cultivons tous nos produits, et un autre, au contraire, où nous achèterions exactement la même quantité de produits à la place. Les deux scénarios sont basés sur nos propres données et utilisent des chiffres et des estimations du monde réel pour compléter, au besoin. Voir le tableau ci-dessous pour la comparaison, avec les calculs et les explications qui suivent. 

Dans les deux cas, la valeur nette des produits est la même, fixée à 6200$ (notre récolte 2021). D’un côté, j’ai détaillé nos coûts approximatifs réels et notre main-d’œuvre. De l’autre côté, au coût des aliments eux-mêmes, j’ai ajouté une simple estimation de la «main-d’œuvre» et de l’argent dépensé pour obtenir la nourriture, basée sur le temps passé et le coût de l’essence pour les voyages d’épicerie supplémentaires qu’il nous faudrait. Nous faisons actuellement nos autres courses au rythme d’environ une fois tous les 10 jours. Si nous devions également acheter tous nos légumes frais, nous comptons que cela ajouterait au moins 50 autres voyages par an au magasin, au taux estimé de 1 heure et 6$ en essence par voyage.      

Les chiffres ci-dessus sont simples et simplistes, mais ils sont réels et concrets. Et bien que la comparaison ne soit pas parfaite (comme pour toute question hypothétique complexe), sa valeur ne réside pas dans sa précision, mais dans son illustration. Le point principal à considérer, c’est que dans les deux scénarios il y a un coût pour l’obtention des aliments. Dans le premier cas, le coût en dollars est inférieur, mais le coût de la main-d’œuvre est plus élevé, et vice versa dans le second cas. On peut choisir soit de «payer» plus, ou de «travailler» plus pour notre nourriture. En d’autres termes, si nous décidions d’arrêter de jardiner et que nous passions à l’achat de tous nos produits, nous gagnerions un certain temps, mais ce temps gagné nous coûterait de l’argent; nous paierions pour ces heures. Le coût de chacune de ces heures est la valeur réelle ou le «salaire» gagné lorsque vous choisissez la culture. C’est une économie réelle. Le nombre exact variera d’une situation à l’autre bien sûr, et beaucoup d’autres facteurs entreront en jeu, mais le fait restera toujours. Voir les équations ci-dessous pour l’explication de la détermination de la valeur de chacune de ces heures, basée sur le tableau ci-dessus, et exprimée à la fois comme un équivalent de revenu net et brut.

L’autre chose importante à noter, c’est que l’inflation fonctionne à l’opposé dans chaque scénario. D’une part, l’inflation augmente la valeur de nos récoltes, tandis que d’autre part, elle augmente le coût de nos achats. Toutes choses étant égales par ailleurs, l’inflation annuelle agit comme une augmentation de salaire pour les producteurs à domicile, et comme vous le verrez dans notre exemple, ce n’est pas négligeable.

Note sur le gaspillage: La quantité de nourriture gaspillée au Canada et ailleurs frise l’incroyable. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que 45% de tous les produits frais cultivés (fruits, légumes, racines et tubercules) sont gaspillés quelque part en cours de route. Il existe plusieurs voies pour ce gaspillage, par exemple, au niveau du transit, du stockage, de l’industrie des services, de la vente en gros, de la vente au détail et des consommateurs. Celui qui nous préoccupe le plus ici est le niveau du consommateur, c’est-à-dire la quantité de produits gaspillés après que le consommateur les ait achetés. Encore une fois, il y a plusieurs raisons potentielles pour ce gaspillage: peut-être que la qualité était mauvaise au départ, que trop de nourriture a été achetée en même temps, qu’elle n’a pas été mangée assez rapidement avant la détérioration, que les restants ont été jetés, etc. Pensez au nombre de fois où vous avez dû trier les feuilles dans des bacs de mélange à salade, au nombre de bouquets partiels de persil que vous avez jetés, aux couches de feuilles de chou et de laitue enlevées et jetées, aux moitiés d’oignon laissées à pourrir et aux légumes “oubliés” dans le bac du réfrigérateur. Tout s’additionne.

Il existe des différences inhérentes entre les légumes cultivés chez soi et les légumes achetés qui garantissent presque que les premirs souffriront beaucoup moins de gaspillage. Plus particulièrement: lorsque la nourriture provient de votre jardin, elle est aussi fraîche que possible et vous pouvez ne cueillir que ce dont vous avez besoin, quand vous en avez besoin, ne laissant rien à gaspiller. Aussi, vous êtes plus investis dans les aliments que vous cultivez vous-même, donc moins susceptible de les gaspiller en général. Il existe de nombreuses estimations dignes de confiance pour divers aspects du gaspillage alimentaire au Canada, mais malheureusement, aucune n’existe pour notre petit exercice spécifique. J’ai donc choisi 5% comme montant réaliste et conservateur pour le gaspillage domestique, basé sur une proportion plus élevée d’aliments frais et locaux achetés. Pour les besoins de notre équation, considérons cette analogie: Si vous vouliez avoir 100 pommes, mais saviez que vous en perdriez 5, vous devriez en acheter 105 pour combler la différence. Par conséquent, la perte de 5% doit être prise en compte comme une augmentation du coût net.

Réflexions…

Bien qu’il y ait de nombreux avantages à cultiver votre propre nourriture, les motivations financières sont généralement au bas de la liste. C’est plutôt la fraîcheur, la saveur, la qualité, la variété, le mode de vie et le plaisir qui ont tendance à prédominer. Personnellement, nous avons aussi toujours apprécié l’expérience d’apprentissage constante qu’offre la culture, la communion avec la nature, l’occupation de la terre et les opportunités de passer du temps de qualité en famille. Sans parler des sentiments quotidiens de fierté et de satisfaction lorsque vous ramenez à la maison une belle récolte et lorsque votre repas est composé presque entièrement des fruits de votre travail. Peu importe la qualité des aliments au magasin ou au marché local, je vous promets qu’ils ne vous procureront jamais ce même sentiment. Le fait de partager cette même nourriture avec d’autres ne fait qu’amplifier cette fierté.

Le soin de votre jardin, au fil du temps, se tisse également dans la continuité de votre vie; il devient une ancre, un point de référence. Les jardiniers ont tendance à continuer de jardiner toute leur vie; cela devient une seconde nature. Comme d’autres passe-temps, le jardinage aide aussi à la transition vers la vie à la retraite et vous permet de rester actif. Il approfondit votre connexion à un lieu; vous êtes moins susceptible de déménager si vous avez un jardin établi. Dans l’esprit de «la bienveillance de l’un engendre la bienveillance de l’autre», je crois aussi que prendre soin de votre propre espace naturel favorise l’empathie pour la nature en général… mais, je m’égare du sujet. Ce rapport n’est pas un manifeste. 

En 2021, nous avons entrepris d’établir une compréhension de base de notre investissement total dans ce passe-temps enrichissant. Nous avons recueilli autant de données que possible. Les résultats ont été fascinants (du moins pour nous) et éducatifs. Nous nous sommes efforcés de montrer qu’il était non seulement possible d’avoir un jardin de subsistance dans un climat froid, mais que c’était faisable pour plusieurs. L’espace requis n’est pas si grand et l’investissement en temps est facilement gérable, même avec des enfants et des emplois à temps plein. Avantages bonus: c’est à l’épreuve de la récession, et très rentable! Nous n’avons jamais cultivé de nourriture pour des raisons financières, mais c’est agréable de voir que nos efforts sont bien récompensés malgré tout! Nous l’ajouterons à la longue liste des raisons pour lesquelles nous continuons à le faire. Si vous n’avez pas encore de jardin potager, pourquoi ne pas l’essayer… il saura sans doute vous séduire aussi!

Au sujet des auteurs

Homme, femme et jeune garçon dans une serre de légumes en hiver.

Laurent est menuisier de métier, mais cultive ses propres aliments depuis 15 ans, et jardinier de subsistance pour la majeure partie de ce temps. Il a eu la joie et le privilège de travailler aux côtés de nombreux agriculteurs et jardiniers différents au fil des ans, ce qui l’a exposé à une richesse de connaissances et d’expériences. Des plantes indigènes aux exotiques, si elles sont comestibles, il y a de fortes chances qu’il ait essayé de les cultiver à un moment ou à un autre! Son approche envers la culture est plutôt naturelle, voire biologique, avec un penchant pour la permaculture. Originaire de Montréal, il a passé 10 ans sur l’île Salt Spring sur la côte de la Colombie-Britannique, mais il est maintenant de retour dans la belle province et vit dans les collines de l’Outaouais avec sa femme Shelley et ses deux garçons. Au-delà de leurs jardins, Laurent et Shelley ont également un verger fruitier avec plus de deux douzaines d’arbres et encore beaucoup plus d’arbustes et de vignes. Leur objectif est de créer un magnifique paysage comestible et abondant.

Shelley a une formation en urbanisme et travaille actuellement sur son doctorat en études environnementales. Lorsqu’elle n’est pas en train de désherber le jardin ou de s’occuper des fleurs ou des poules, elle se trouve une autre excuse quelconque pour passer son précieux temps libre dehors, en compagnie de la nature. 

Étiquettes + Autosuffisance en légumes, Potager autosuffisant, Jardinage de subsistance


  1. Sans le savoir sa fait 35 ans qu’on le fait, et oui je prends quelque notes , n’achète aucun légumes à l’épicerie. J’adore jardinier

  2. Je ne compte pas le temps passé car c’est du plaisir et cela vide la tête de presque tous les soucis. Bravo pour la serre! Je tiens un cahier mais quand on recherche c’est un peu compliqué alors quand j’ai le temps je transcris sur un blog personnel qui permet d’y ajouter des photos, toute recherche est facilitée. J’ai toujours une idée pour améliorer mais le temps manque !

  3. Ce mode de vie ça fait presque 50 ans que je le pratique. Au départ notre jardin mesurait 60 x 90 pi, soit 5400 pieds carrés. Nous produisions tous nos légumes pour l’année que nous mettions en conserve ou congelions. J’ai élevé trois adolescents et je puis dire que ça mange beaucoup. Nous avions aussi un verger avec des pommes et des poires. Nous faisions notre propre jus de pommes maison. Nous avions aussi des petits fruits: gadelles, groseilles, framboises. Nous avons eu aussi un champs d’asperges. Si nous n’avions pas eu cela, nous aurions souffert de la faim, mais notre jardin nous a permis de vivre dans l’abondance alimentaire. Maintenant que les enfants sont partis de la maison, nous avons diminué nos superficies mais rien ne nous enlèverait notre jardin et ses légumes frais !

  4. Excellent travail, que j’ai lu avec plaisir, en imaginant de plus entendre le bel accent et les mots pittoresques du Québec, qui ressemblent beaucoup à nos parlers Centre Ouest (Poitou Charentes).

  5. Denise B., Québec, Qc

    Woaw, génial. Nous avons acheté notre maison en 1984 et nous aussi avons débuté par un petit jardin.
    Maintenant à la retraite, j’en développe presque tout autour de la résidence, là où l’ensoleillement le permet.
    On privilégie les légumes au lieu du gazon… Je conserve mes notes de production dans un calepin de jardinage que je relis à chaque début de saison, tellement pratique, et conçu un tableau de semis que j’améliore à chaque année selon mes semences. En 2019, mon conjoint a construit une petite serre d’appoint.
    Avec la lecture de cet article, je prends conscience de tout ce qu’on a aménagé depuis toutes ces années et
    c’est fabuleux, simple mais fabuleux. ???

  6. Bonjour, Comme vous j’ai acheté une maison où il n’y avait que du gazon, j’ai de suite envisagé un potager et l’ai créé en permaculture plus une partie avec des agrumes et tous les ans j’augmente la surface. 2 bénéfices moins d’herbe à tondre et plus de légumes sains. Maintenant je suis en train de réfléchir à un verger mais avec des arbres nains.

  7. Bonjour,

    Votre étude et votre point de vue est remarquable. Merci pour votre partage.

    En France, la ferme biologique et écologique en permaculture du Bec Hellouin en Normandie, a effectuée une pareille étude scientifique avec l’administration INRA, et a démontré en 2014, que sur une parcelle de 1000m2, et 2000 heures d’activités, le produit financier était de 50800 euros. Ce qui correspond à une activité professionnelle annuelle proche du salaire minimum de 1500 euros par mois :

    https://www.fermedubec.com/la-recherche/les-rapports-scientifiques/

    Bien sûr, il faudrait aussi comptabiliser, la qualité de vie, le service à l’environnement, les bénéfices sanitaires d’une alimentation fraîches et biologiques, l’indépendance sociale et hiérarchique, l’harmonie de vivre en correspondance avec ses propres valeurs, la joie de participer à un monde meilleur…

    De mon point de vue, les nations, les sociétés civiles et la civilisation industrielle, souffrent d’un enchaînement structurel, imposé par la force d’une idéologie dominante, et composé de maillons dont il est difficile d’échapper :

    1. Se conformer à une idéologie sociale dominante, en accepter les règles et les conditions.
    2. Se spécialiser dans une activité unique, en fonction de sa rentabilité marginale, et se placer en concurrence avec ses propres concitoyens.
    3. S’engager à travailler pour quelqu’un que souvent l’on ne connait pas, à faire des choses que souvent l’on ne souhaite pas, et participer à une production dont la finalité souvent nous échappe.
    4. Échanger la soumission de son labeur contractuel pour gagner un salaire monétaire dérisoire, afin de payer tous ses besoins et ses factures, au prix que d’autres décident.
    6. Donner son argent à des commerçants dont l’unique but est le profit, au détriment de la qualité et des coûts externalisés.
    7. Rentrer chez soi pour manger, dormir, façonner la génération suivante, et se préparer à recommencer ce cercle vicié le lendemain toute sa vie…)

    Bien-sûr, ces maillons (société, éducation, travail, salaire, argent, commerces, produits) ne sont pas inéluctables, et sont surtout psychologiques, culturaux, organisationnels, idéologiques et systémiques, mais il est nécessaire pour s’en extraire, de bien comprendre qu’ils sont un choix parmi d’autres, et que c’est un choix délibéré et imposé, lequel a été mis en place progressivement de générations en générations, pour l’intérêt et la dominance d’une minorité invisible et intouchable.

    De mon point de vue, chaque être, dans le cadre de sa propre famille et du respect du monde, devrait être en mesure, de générations en générations, de transmettre, d’organiser et de construire sa propre vie, en fonction de ses propres choix et de ses propres valeurs, de façon libre, indépendante, autonome, suffisante et souveraine, et bien-sûr dans le respect de l’environnement, des autres êtres vivants, de manière éthique, pacifique et morale, sans violence ni dommage, sans exploitation ni asservissement, sans pollution ni destruction, pour soi et autour de soi.

    Pour faire un tel choix, il est indispensable d’être libre dans sa tête et de son temps, pour apprendre à connaitre le monde et soi même, et pouvoir décider de sa propre vie, de sa propre vision et de ses propres choix. Mais il est aussi indispensable d’avoir un terrain pour cultiver sa subsistance et organiser son propre lieu de vie, et d’avoir accès aux semences et à la nature autant qu’à la connaissance et aux pratiques ancestrales. Il faut enfin avoir une maison pour dormir et se sentir chez soi en sécurité, et chérir des relations pacifiques et positives au sein de sa propre communauté. Ces besoins sont primordiaux (dormir, manger, boire, se chauffer, se défendre, se parler, se reproduire, échanger, se cultiver, s’élever…) et correspondent à une nécessité fondamentale d’organiser son propre environnement en fonction de ses propres besoins (espace, temps, matière, énergie, relations, interdépendances).

    Cette façon de vivre a été expérimentée pendant des siècles, et si la toute puissance financière et l’industrialisation scientifique et libérale ne détruit pas la planète et les conditions de vie sur terre, cette façon de vivre est toujours possible, sans pour autant refuser la modernité ni revenir en arrière.

    La vie est un choix, l’amour est un choix, la paix est un choix.

    Bien amicalement vôtre
    Patrick Hautrive

  8. Merci pour cet article, très intéressant et inspirant.

  9. Louise-Andree Dubord

    Bravo pour le réaliste de votre article. Je pense que ça peut inspirer les hésitants à se lancer. Pour ma part j’ai toujours eu un potager urbain mais je ne peux avoir la suffisance alimentaire. Je complète alors les vantés au marche à l’automne et je fais les conservés. Lorsque je retournerai a5la campagne j’aurai une serre.

  10. Bonjour Patrick,

    Je suis tellement d’accord avec vous. Nouvellement retraitée, je suis débutante en la matière et me dirige doucement vers la permaculture. Éventuellement, j’aimerais créer une communauté autosuffisante alimentaire.

  11. J’ai toujours jardine. Merci de nommer les valeurs du jardinage autre que l’économie. Ceci m’aidera à concrétiser mes choix en cette nouvelle partie de vie, la retraite.

  12. Est-ce qu’on peut imprimer l’article sans voir ce foutu syndic de faillite à chaque page?

  13. Le document est disponible en format pdf, en français et anglais, sur mon site web à l’adresse suivante: https://fr.mclapeche.com/food
    Merci!

  14. Vraiment intéressant et inspirant! Je suis quand même surprise du peu de temps accordé à la transformation et la conservation, surtout si on veut consommer des légumes à l’année!

  15. Pour que le calcul du coût de production soit complet, il faudrait inclure d’autres éléments.
    L’amortissement de l’outillage, de la serre et du matériel nécessaire à la transformation et la conservation est inclus? Vos frais d’assurances sont les mêmes avec la serre? Les coûts des semences et des transplants sont inclus? Vous produisez vos semences ? Si oui, avez-vous vous inclus le temps passé à les récolter, les sécher, etc? Et l’entretien printannier des transplants. Les coûts des engrais et compost? Ou le temps pour faire votre compost? Etc. Ça demeure sûrement payant avec ça, mais le portrait serait plus juste. Merci de votre partage, texte super agréable à lire !

  16. Je suis très impressionnée par le travail d’analyse de M. Dubois… Bravo!

  17. Bonjour
    Je sais que ce n’est pas le sujet de votre article très intéressant, mais je rêve devant vos champignons au jardin.
    Est-il possible d’avoir des informations sur les variétés et sur votre façon de les cultiver?
    Partez-vous des spores ou achetez-vous du substrat déjà ensemencé (avec les caissettes de substrat que j’ai vues, cela revient plus cher de les cultiver que de les acheter au magasin)..

  18. Bruce,
    Tout cela est déjà inclus à 100% dans les calculs!
    Chaque minute a été calculée. L’amortissement de la serre, du jardin y est, ainsi que le coût des semences, des engrais, des outils, etc.
    L’électricité pour la serre aussi (l’assurance n’est pas plus élevé)

  19. Olivier,
    La variété de champignon que tu vois dans mon jardin est Stropharia Rugoso annulata (wine cap, garden giant). Très facile à cultiver, je le recommande fortement. Tu achètes un ‘paquet’/sac de substrat, et tu le répands dans un endroit préparé avec de la paille humide et des copeaux de bois. Le tour est joué! En autant que l’humidité reste bonne, et que tu continues de nourrir le champignon avec d’autres copeaux de bois à tous les an ou deux, il te produira plusieurs livres de champignons par année, tout en te produisant un excellent humus/compost de champignon. Si tu habites au canada, le substrat est disponible enligne.
    Bonne chance

  20. Un grand merci pour ces informations.
    Hélas je suis en France (Bretagne), je n’ai jamais vu ce champignon proposé à la vente (légume en magasin ou substrat en jardinerie).
    Mais c’est une piste intéressante que je vais creuser, et j’espère, mettre en pratique bientôt.
    Merci encore

  21. Bonjour je viens d’acheter en haute Laurentides. Je vais commencer mon 1e jardins d’ici quelques semaines. J’ai eue l’idée d’acheter une serre, mais avec votre article je vais plutôt en faire une, très bonne idée. Est-ce que vous savez où je peux trouver des plans pour la fabrication de la serre. Merci et bonne journée.

  22. Bonjour Stéphanie,
    Malheureusement non, je ne connais pas de plans pour les serres.
    Ce que je peux vous dire parcontre, c’est qu’il y a certains facteurs important à considérer: la chaleur, la ‘froideur’, et la ventilation. Les serres sont trop chaudes en été, et trop froides en hiver. La ventilation est absolument essentielle pour le contrôle d’humidité et d’échange d’air.
    L’été, une bonne ventilation à grandeur de la serre, ainsi qu’un échappement au toit pour la chaleur devraient suffir au maintient de la température.
    L’hiver parcontre, c’est l’opposé. Il faut êtee capable de tout fermer le plus hermétiquement possible, d’isolé si possible (deuxième couche de plastique agissant comme ‘thermos’), et de raptisser l’espace le plus possible afin de mieux chauffer le bas de la serre. La chaleur monte, alors si le plafond est élevé, toute la chaleur y serra et le sol sera gelé. Une chaufrette de plafonds fonctionne bien pour cela. L’humidité n’est pas un problême l’hiver.
    La structure est plus ou moins importante, dans le sens que si vous la construisez vous-même, elle sera en charpente de bois et sera comme une remise normale, mais avec un revêtement transparent.
    La miène est particulière, et plus élaborée que j’aurais voulu. C’est la municipalitée qui a forcée mon bras. Elle est belle, oui, mais plis difficile à gérer et plus dispendieuse que ce que j’aurait voulu.
    Autres facteurs à considérer:
    – la polinisation
    – les insectes (moi je couvre chaque ouverture par un moustiquaire, car si des insectes néfastes trouvent votre serre, ce pourrait être diffice de vous en défaire)
    – l’irrigation
    – la mobilité (est-ce que la serre va demeurer à un endroit, ou sera t’elle déplacée)
    – la hauteur des lits. Il y des différences entre des boîtes surélevées, et des lits au sol. Notament, l’exposition au vent et au soleil.

    J’ai déjà bâtit d’autres serres, de différentes façons. Une de mes favorite était mobile (construite sur ‘skis’), pas chère, et facile à construire. Pour une photo, visite mon site web à la page de projets ‘Extérieurs’ et va jusqu’au bas. Tu verras une serre sur gazon. http://www.mclapeche.com

    Le plastique (poly) de serre peut être commandé directement chez Harnois, coupé à la taille que vous voulez. Sinon, les panneaux en polycarbonate comme sur ma serre présente, sont disponibles sur commande dans les quicalleries.

    Bonne chance!

  23. Je trouve le coût en intrant très bas… ils vont appauvrir leur sol rapidement. Pour leur superficie ça me coûte 200$ en compost uniquement. Très belle initiative et analyse de leur part 🙂

  24. Bravo pour l’initiative et l’information.
    J’habite dans une maison de ville à Montréal avec une petite cour arrière et un devant de maison gazonné. L’an dernier, j’ai élargi de 3 pieds ma plate-bande fleurie du devant de ma maison et j’y ai planté des tomates et du basilic. Les gens qui marchaient dans le quartier ont bien remarqué mes cultures. En arrière, j’ai un petit jardin (5′ x 7′) et je me suis créé un autre espace le long de la clôture. J’essaie aussi de cultiver en sac et dans un ancien escalier converti en support à plantes.
    Je rêve d’une fermette, mais en attendant, j’essaie de maximiser l’espace dont je dispose.