À chaque mois sa plante, avril 2022: la plante de velours
Plante de velours (G. aurantiaca ‘Purple Passion’). Photo: Prill, depositphotos
Par Larry Hodgson
La plante de velours: Gynura aurantiaca. Voici une plante assez surprenante et pourtant, pas difficile à cultiver. Je connais beaucoup de plantes à texture veloutée qui sont couvertes de duvet blanc ou brun. Et il y a même des plantes couvertes de poils jaunes. Mais je ne peux penser à aucune autre dont l’attrait principal est un duvet aussi richement violet, une couleur si saisissante!
Frottez-la et vous verrez: elle mérite bien son nom «plante de velours»! On l’appelle aussi gynura pourpre, mais aussi gynura orange. Si ce dernier nom vous paraît étrange, c’est que vous n’avez pas encore vu la fleur, car elle est de cette couleur. D’ailleurs, orange, c’est le sens de la deuxième partie de son nom botanique, aurantiaca.
Les poils violets qui donnent à la plante son aspect velouté se dressent tout droit des feuilles et des tiges et sont d’une teinte particulièrement brillante. Étant donné que la feuille produit son assortiment complet de poils à partir du moment où elle est formée, la couleur est toujours plus concentrée sur la nouvelle croissance. Au fur et à mesure que la feuille devient plus large et plus longue et que les tiges s’étirent, les poils s’espacent de plus en plus et la surface commence à apparaître de plus en plus verte et de moins en moins violette. Pour une couleur maximale, pincez régulièrement pour stimuler beaucoup de nouvelles pousses fraîches!
La plante de velours n’est pas une plante d’intérieur rare, mais elle n’abonde pas sur le marché non plus. On la trouve dans la plupart des jardineries et fleuristeries, mais «occasionnellement» plutôt que «régulièrement.» Demandez à votre marchand préféré de vous en réserver un spécimen pour leur prochaine livraison.
On connait la plante de velours depuis longtemps, aussi; au moins depuis le début du 20esiècle, car elle figure dans les livres de cette époque.
Origine
G. aurantiaca a ainsi été nommée par le botaniste suisse Augustin Pyramus de Candolle lors d’un voyage en Asie du Sud-Est en 1838. On ne sait pas s’il l’a découverte lui-même ou a étudié des spécimens dans un herbier de plantes indigènes. Toutefois, il a trouvé la plante à Java (Indonésie) et elle serait indigène de Sumatra aussi.
De Candolle a placé la nouvelle espèce dans un genre déjà existant, Gynura, du grec «ghyné» (femelle) et «ourà» (queue), en référence au stigmate allongé des fleurs. Il lui a donné l’épithète «aurantiaca» qui, tel que mentionné ci-dessus, signifie orange, à cause de la couleur des fleurs.
On peut se demander pourquoi de Candolle n’a pas choisi un nom plus aligné avec sa superbe couleur de feuillage, comme «?violacea» ou «purpurea», mais vous devez vous rappeler que, jusqu’à très récemment, l’identification botanique des plantes était surtout basée sur les détails de la fleur, pas du feuillage. Ou peut-être était-il daltonien?
Description
La plante de velours est une plante assez variable et peut avoir un port dressé, étalé ou même sarmenteux (légèrement grimpant), selon la variété et ses conditions de culture. Elle est souvent plus compacte et dressée sous une lumière plus vive, plus allongée et rampante sous un éclairage plus faible.
Il y a deux variantes différentes sur le marché.
G. aurantiaca ‘Purple Passion’: C’est de loin la forme la plus courante. C’est une sélection (ou peut-être un hybride, personne ne sait exactement) aux tiges rampantes ou retombantes. On l’appelle souvent G. aurantiaca ‘Sarmentosa’, mais ce nom n’a aucune valeur botanique. L’illustre Société royale de l’horticulture du Royaume-Uni considère cette forme comme un cultivar d’origine inconnue et l’appelle G. aurantiaca ‘Purple Passion’. Ses feuilles sont assez petites (10 à 12 cm de long) et plutôt étroites avec une marge profondément et irrégulièrement dentée. Comme la feuille reste relativement petite, son duvet est beaucoup plus concentré que celui de sa rivale à grandes feuilles (décrite plus loin) et alors ses feuilles paraissent plus violettes.
Les tiges du cultivar ‘Purple Passion’ se dressent vers le ciel au début, atteignent environ de 25 cm de haut, puis la gravité fait son œuvre et elles baissent au sol. Elles peuvent ramper sur jusqu’à 2 m de longueur ou retomber sur la même distance. Il est aussi possible de les palisser sur un treillis et d’ainsi en faire une plante grimpante.
En jardinerie, je ne vois que cette forme. Si vous avez une plante de velours chez vous, c’est sûrement ‘Purple Passion’.
G. aurantiaca: C’est une sélection qui correspond à l’espèce même. C’est une plante dressée, avec une tige épaisse comme un crayon et de grandes feuilles elliptiques de 15 cm et plus de long qui ne sont que légèrement dentées à la marge. Elle peut atteindre jusqu’à 2,5 m de haut dans la nature, mais rarement plus de 1 à 1,5 m à l’intérieur. La coloration violette est seulement très évidente sur les nouvelles pousses et les plus jeunes feuilles; les feuilles et les tiges matures semblent n’avoir qu’une fine couche de poils violets bien espacés, bien que la culture sous une lumière plus vive puisse améliorer un peu la coloration. La plante de velours G aurantiaca peut avoir besoin d’un tuteur pour rester dressée.
Cette forme n’est pas très répandue, du moins dans les régions tempérées. On la voit surtout dans les jardins botaniques et chez les pépinières qui se spécialisent dans les plantes tropicales pour une utilisation estivale en plein air.
La plante de velours fleurit assez facilement. Les boutons floraux ressemblent un peu à ceux des pissenlits (ce qui n’est pas surprenant, puisque les deux sont de proches parents), mais en diffèrent par leur recouvrement de poils violets. Ils forment des grappes ouvertes à l’extrémité des tiges, surtout à la fin du printemps et en été.
Bien que la plante de velours appartienne à la famille de la marguerite, les Astéracées, l’inflorescence ne ressemble pas beaucoup à celle d’une marguerite. Il n’y a pas d’auréole de larges rayons autour de la grappe de fleurons qui compose le disque et les fleurons orange étroits du disque ne sont pas très denses, non plus.
Les fleurons ne restent ouverts que quelques jours, se transformant rapidement en aigrettes blanches porteuses de graines qui rappellent celles du pissenlit. Comme pour ces dernières, les graines partent au vent — ou sur vos rideaux et meubles! — si on leur souffle dessus. Ainsi se multiplie la plante de velours dans la nature.
Cependant, la plupart des gens suppriment les fleurs avant même qu’elles ne s’épanouissent. Souvent, on dit que c’est parce qu’elles dégagent une odeur désagréable, mais j’en doute, car l’odeur n’est pas très intense et, à moins de plonger le nez dans la fleur, il y a peu de risque que vous la remarquiez. Mais l’autre raison se justifie davantage. C’est que, après une floraison, la tige en question tend à dépérir et mourir. Or, si on la pince avant la floraison, dès que les boutons sont visibles, plutôt que de mourir, la tige se ramifie. Donc, supprimer les fleurs rend la plante plus dense et jolie.
Ne vous attendez pas à ce que votre plante de velours vive très longtemps. Elle «vieillit mal», comme on dit. Sa base devient de plus en plus ligneuse avec le temps et finit par cesser de produire de nouvelles pousses vigoureuses. C’est signe qu’il est temps de la renouveler par bouturage. (Voir Multiplication ci-dessous.)
Avertissement. La plante de velours est devenue une mauvaise herbe envahissante dans certaines régions tropicales humides d’Afrique, d’Australie, d’Amérique du Sud, de Mésoamérique et de Floride. Si vous vivez dans une telle région et que vous souhaitez cultiver cette plante en plein air, assurez-vous de ne jamais la laisser monter en graine!
Cultivars
Outre les deux variantes déjà citées (G. auriantaca et G. auriantaca ‘Purple Passion’), il existe également une variété panachée de G. aurantiaca ‘Purple Passion’ appelée G. aurantiaca ‘Pink Ice’ (ou ‘Aureo-variegata’), avec des marbrures rose vif au bord des feuilles, marques qui deviennent crème à maturité.
La panachure est toutefois très irrégulière. Certaines tiges portent des feuilles avec seulement un peu de rose, alors que d’autres sont plus colorées. D’autres encore sont entièrement roses… et doivent être retirés, car elles manquent entièrement de chlorophylle. Cela signifie qu’elles ne font pas de photosynthèse. Ainsi, elles drainent les ressources de la plante et peuvent l’affaiblir.
En général, ‘Pink Ice’ est moins robuste que G. aurantiaca ‘Purple Passion’ et a besoin d’un peu plus d’attention ainsi que d’une taille très soignée pour bien paraître.
La culture d’une plante de velours
La plante de velours n’est pas difficile à cultiver, mais c’est une plante à croissance rapide qui nécessite constamment un peu d’entretien, surtout en ce qui concerne la taille et le nettoyage. De plus, il ne faut jamais la laisser sécher complètement.
Lumière: Donnez à cette plante un éclairage vif à moyen. Elle tolère le plein soleil, bien que vous devriez sans doute l’acclimater avant de l’y exposer. Cependant, nul besoin d’un éclairage aussi intense. Un emplacement qui est bien éclairé la plupart du temps, avec peut-être une à quelques heures de soleil direct par jour, devrait suffire. Et la plupart gens disposent d’un tel emplacement dans leur appartement ou maison. Par contre, la plante ne fera pas long feu si vous la placez à l’ombre.
Une fenêtre à l’est, ou au nord en été, serait parfaite. Vous voudrez peut-être la reculer d’une fenêtre au sud ou à l’ouest pendant la chaleur du jour des mois d’été ou tirer un voilage entre la plante et le soleil ardent à ce moment-là.
De nouvelles feuilles plus vertes que violettes ou des tiges faibles et étiolées peuvent indiquer que la plante ne reçoit pas assez de lumière.
Alors que votre plante appréciera un été à l’extérieur dans la plupart des climats, il est préférable d’éviter le plein soleil au jardin: l’ombre ou la mi-ombre serait préférable.
Arrosage: L’arrosage typique qu’on donnerait à n’importe quelle plante d’intérieur conviendrait très bien. Suivez simplement la règle d’or de l’arrosage, c’est-à-dire arrosez abondamment, mais seulement lorsque le sol est sec au toucher. Elle tolérera une certaine sécheresse, surtout si ce n’est qu’occasionnellement, mais elle pourrait perdre de nombreuses feuilles dans le processus. Certes, lorsque les feuilles commencent à se flétrir, n’attendez pas, mais arrosez-la abondament si vous le pouvez. Et, petite astuce, vous pouvez laisser le terreau devenir un peu plus sec en hiver qu’en été.
Des feuilles enroulées ou aux marges brunes peuvent indiquer que la plante ne reçoit pas assez d’eau, bien qu’elles puissent également être des signes d’une atmosphère trop sèche.
Humidité atmosphérique: La plante de velours aime l’air assez humide, soit une humidité relative d’au moins 50%, elle peut donc avoir besoin d’un coup de pouce pendant les mois les plus secs de l’année. Un humidificateur de pièce serait la solution la plus simple. Cependant, un excès d’humidité, surtout lorsqu’il est combiné à des températures chaudes, comme ces horribles jours de canicule estivale, peut également entraîner l’affaissement. Ainsi, ce n’est pas une plante pour la vie en terrarium où l’humidité dépasse souvent 95%!
Comme mentionné dans la section sur l’arrosage, les feuilles qui s’enroulent ou dont les marges brunissent peuvent indiquer que l’humidité atmosphérique est insuffisante.
Engrais: Vous pouvez utiliser l’engrais de votre choix, car il ne s’agit pas d’une plante aux besoinx en minéraux très compliqués. Cependant, réduisez le taux à environ ¼ de celui indiqué sur l’étiquette, car trop d’engrais entraîne une croissance étirée et malsaine. Ne fertilisez qu’au printemps et en été.
Température: Cette plante aime les températures ambiantes de nos demeures, soit environ 18–26°C. On peut lui faire subir une petite baisse pendant l’hiver, mais rien de trop sérieux. À 13 °C la nuit, par exemple. Elle n’aime pas la combinaison chaleur intense et forte humidité. Cela peut entraîner une pourriture potentiellement mortelle. Elle n’apprécie pas non plus le froid. . . ce qui peut, encore une fois, entraîner la pourriture.
Pensez-y de cette façon: si vous vous sentez à l’aise avec la température de la pièce, votre plante de velours le sera aussi!
Rempotage: Transplantez les plantes matures tous les 2 ans environ en utilisant un terreau d’empotage ordinaire. Les jeunes plantes peuvent remplir leurs pots de racines en quelques mois seulement et peuvent donc avoir besoin d’être rempotées plus d’une fois par an. Évitez le rempotage pendant les jours les plus courts de l’année, si possible.
Entretien: Retirez régulièrement les feuilles jaunies ou brunes et les tiges mortes ou mourantes. Mais il ne s’agit pas nécessairement d’un signe de problème. Après tout, les feuilles ne vivent pas éternellement!
C’est une plante qui nécessite une taille assez assidue. D’ailleurs, c’est son grand défaut. Elle pousse assez rapidement et devient vite hors de contrôle. De plus, les branches qui fleurissent ont tendance à mourir, donc il est préférable de supprimer les boutons floraux. D’ailleurs, pincer n’importe quelle tige aidera à ralentir la croissance parfois démesurée de la plante et à stimuler une ramification plus abondante, ce qui donnera une plante plus dense et plus attrayante.
Garder cette plante belle dans un panier suspendu peut être un défi. Non pas que la plante de velours ne produise pas facilement de longues tiges retombantes, mais parce qu’elles ont tendance à perdre leurs feuilles plus anciennes à mesure qu’elles s’allongent, laissant une plante avec de longues tiges presque nues et seulement bien feuillues à l’extrémité. Vous pouvez «remédier» à cette croissance inégale grâce à une taille attentive, mais . . . maintenir une plante de velours jolie en suspension demeure un défi.
Les plantes plus âgées — plus de 5 ou 6 ans — ont tendance à décliner. Elles manquent de vigueur et réagissent lentement à la taille. Lorsque votre plante arrive à ce stade, il est temps d’envisager de la redémarrer à partir de boutures.
Multiplication: Les boutures de tiges sont la méthode la plus simple et sont simples à réaliser.
Récoltez une tige d’environ 4 à 6 pouces (10 à 15 cm) de long. Supprimez tous les fleurs ou boutons floraux (il est même préférable de choisir une tige qui ne porte ni l’une ni l’autre). En outre, pincez (coupez) la pointe de croissance à l’extrémité de la tige pour stimuler une ramification, ce qui donnera une plus belle plante. Retirez ensuite les feuilles les plus basses de la bouture pour libérer une section de 3 à 5 cm de tige nue où l’enracinement pourra se produire.
Insérez la bouture dans un pot de terreau humide. (Vous pouvez également démarrer l’enracinement de la plante dans un verre d’eau tant que vous ne l’y laissez pas plus de quelques semaines.) Certaines personnes aiment appliquer une hormone d’enracinement sur la blessure dans le but de stimuler un meilleur enracinement. Cependant, ce n’est vraiment pas nécessaire pour cette plante.
Couvrez le pot avec un dôme en plastique transparent ou un sac en plastique transparent pour réduire la perte d’eau des feuilles due à l’évapotranspiration. Par la suite, offrez un emplacement chaud et un éclairage modéré.
L’enracinement se produit rapidement, surtout lorsque la bouture est prélevée au printemps ou en été. Retirez le couvercle lorsque de nouvelles pousses commencent à apparaître, signe que la plante est enracinée. À partir de ce moment, cultivez votre nouvelle plante de velours comme la plante entièrement indépendante qu’elle est désormais!
Vous pouvez également multiplier cette plante à partir de semences, en pressant simplement les graines dans un mélange de culture humide et en gardant le sol humide, bien que cela soit rarement fait.
Toxicité: La plante de velours est considérée comme non toxique, mais quand même non comestible. Elle est sans danger pour les humains et les animaux domestiques.
Problèmes: Quelques-uns ont été mentionnés sous les rubriques Lumière, Arrosage, Humidité atmosphérique et Température.
La plante de velours n’est ni plus résistante aux insectes que les autres plantes d’intérieur, ni plus sensible. Il est toujours préférable d’inspecter les plantes à la recherche d’insectes avant de les acheter, puis de mettre même celles qui semblent en bonne santé en isolement pendant les premières semaines à la maison.
Parmi les parasites possibles, il y a les cochenilles farineuses et à carapace, les araignées rouges (tétranyques), les aleurodes et les moucherons du terreau. La plupart peuvent être contrôlés avec des pulvérisations de savon insecticide ou d’huile de neem.
La plante de velours est rarement touchée par des maladies autres que la pourriture, du moins pas lorsqu’elle pousse à l’intérieur. Si cependant des symptômes de maladie apparaissent, supprimez simplement les sections malades et la plante se rétablira généralement d’elle-même. En cas de pourriture, prendre des boutures de tiges saines peut aider à la sauver.
Si vous aimez la luxuriance du velours et que le violet est «dans votre palette», pourquoi ne pas essayer la plante de velours? La prochaine fois que vous irez en jardinerie acheter des plantes, vous saurez quoi chercher!
Bonjour, M. Hodgson, dans la même veine, serait-ce possible d’avoir votre liste de plantes d’intérieur, niveau “facile” pour les nuls, svp? Merci.
En fait, dans mon livre, les plantes d’intérieur, chaque plante à ce classement, mais je n’ai jamais fait de liste comme telle.
[…] soyeuses, mais ce n’est que trompeuse apparence. La plante de velours ‘Purple Passion’ (Gynura aurantiaca ‘Purple Passion’), par exemple, porte des feuilles couvertes d’un fin duvet pourpre, mais ses rebords dentés […]