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Mon premier bonsaï

Voici environ l’image que j’avais en tête quand j’ai commandé un nécessaire de bonsaï. Photo: Sarah Stierch, Wikimedia Commons

Par Larry Hodgson

J’ai toujours été naïf. Cela a commencé dans mon enfance et persiste aujourd’hui. Je n’arrive pas à croire que tous les gens ne sont pas bons et que toutes les publicités ne disent pas la vérité. C’est ainsi que j’ai été hameçonné plus d’une fois par une annonce qui promettait plus qu’elle livrait. D’ailleurs, c’est ainsi qu’a débuté ma première expérience avec le bonsaï.

Je raconte:

Grosse déception

Nécessaire de bonsaï.
Les vrais bonsaïs ne viennent pas dans une boîte… mais je ne le savais pas. Photo: genericseeds.com

J’avais peut-être 13 ou 14 ans et un petit emploi d’été, donc un peu d’argent dans mes poches. Dans une des revues de jardinage de mon père, il y avait une annonce offrant un nécessaire de bonsaï à un prix très alléchant: seulement quelques dollars, si je me souviens bien.

Je n’avais pas encore saisi que, habituellement, la valeur d’un produit correspond plus ou moins à son prix. J’imaginais donc que j’allais recevoir un beau bonsaï tout fait à un prix imbattable. Comment résister à cela?

Donc j’ai passé la commande et bientôt la boîte est arrivée. J’avais tellement hâte de voir mon bonsaï! Vous aurez deviné que ce qui se trouvait à l’intérieur n’était pas le bonsaï vivant que j’attendais, mais un pot pour bonsaï (en plastique de surcroît!), un petit sac de terreau et des semences de conifère. J’avais envie de pleurer! Un pot, du terreau et des semences: on est encore loin d’un bonsaï!

Évidemment, la curiosité a vite modéré ma déception. D’accord, ce n’était que des semences, mais n’empêche qu’elles avaient le potentiel de donner un beau bonsaï… un jour! J’ai donc semé les graines, utilisant le pot et le terreau fournis, et me suis mis à attendre. Un mois, deux mois, trois mois: rien n’a jamais germé. Aujourd’hui, je soupçonne qu’un traitement au froid aurait été nécessaire, mais les maigres instructions accompagnant le nécessaire ne le mentionnaient pas.

Grosse déception, donc, pour mon premier bonsaï.

Expériences ultérieures

Exposition de bonsaïs.
Exposition où les bonsaïstes montrent leurs plus beaux spécimens. Photo: ibonsaiclub.forumotion.com

Il ne faut pas trop pleurer pour moi, toutefois. Quelques années plus tard, j’ai commencé à étudier le bonsaï plus sérieusement, faisant mes recherches dans des livres sur le sujet et assistant à quelques conférences et démonstrations. C’est ainsi que j’ai acheté mes premiers prébonsaïs (jeunes plantes enracinées) et que j’ai commencé à les former en bonsaïs véritables. J’ai eu un certain succès et j’ai même gagné des prix dans une exposition. 

Je me suis rendu compte, toutefois, que le bonsaï n’était pas pour moi, car cette technique nécessite des soins presque quotidiens alors que mon emploi de l’époque m’obligeait à m’absenter souvent.

J’ai fini par vendre mes bonsaïs à un collectionneur et j’ai redirigé mes intérêts horticoles vers d’autres végétaux et d’autres techniques. D’ailleurs, je fais presque tout dans le domaine horticole sauf du bonsaï.

Et c’est parfait ainsi: l’art du bonsaï n’est pas pour moi, tout simplement. Je le trouve trop prenant. Mais j’adore voir des bonsaïs et ne manque jamais une occasion de visiter une exposition de ces plantes.

Le même genre d’attrape existe toujours

Nécessaire de bonsaï
Les nécessaires à bonsaï sont toujours sur le marché, 50 ans plus tard! Photo: etsy.com

Saviez-vous que la même attrape existe toujours, soit des «nécessaires de bonsaï» qui ne contiennent pas une plante, mais des semences, des semences de plantes qui sont d’ailleurs à 10 sinon 20 ans de faire un bonsaï, si même elles germent? Cherchez sur Internet, notamment sur Amazon et Etsy, et vous en verrez.

Ce n’est pas comme ça qu’il faut débuter dans le bonsaï. Si le sujet vous intéresse, commencez par lire un livre sur cet art oriental, par suivre un cours ou par devenir membre d’une association de bonsaï local. C’est comme ça qu’on devient bonsaïste.

Le monde de jardinage est sympathique

Et si jamais vous avez été hameçonné par une annonce horticole par trop alléchante qui n’a pas livré la marchandise promise, sachez que le jardinage n’est pas toujours comme ça. Que la plupart du temps, on a de bons résultats! 

Ce sont surtout les non-spécialistes qui nous déçoivent: ces petites entreprises inconnues qui apparaissent sur Amazon et Etsy en offrant un produit à prix très alléchant, mais qui ne sont pas des pépinières. Les pépinières légitimes qui vendent par correspondance (semences, plantes, produits, etc.) ont une réputation à maintenir et doivent s’assurer d’offrir un produit de qualité qui correspond à la description.

J’ai maintenant plus de 50 ans d’expérience en horticulture, j’ai placé des centaines de commandes et je me suis rarement fait avoir. Peut-être 2 ou 3 fois et toujours dans une situation où j’aurais dû m’en douter, où le prix ne correspondait pas à l’offre et où le marchand ne semblait pas très légitime.

Le monde horticole est surtout rempli de gens honnêtes. Parole de jardinier naïf!

Billet adapté d’un article paru dans ce blogue le 20 décembre 2016.


commentaire sur "Mon premier bonsaï"

  1. Ys'abeille dit :

    Je ne comprends pas cet engouement pour les bonsaÏs : pour moi c’est de la torture d’arbres.
    Et comment alors critiquer les arbres-testard qui ont avant tout un but utilitaire?Peut-être que cela n’a rien à voir mais alors il faut qu’on m’explique.

    • Anonyme dit :

      Pour moi c’est une passion mystique ?Quand je vois un beau bonsaï centenaire cela me fascine m’impressionne.

    • Diane Robitaille dit :

      J’imagine eu vous êtes aussi contre la culture de la plante ruban décrite dans l’article d’hier où on indique clairement que la plante doit être taillée régulièrement, pour qu’elle ne devienne pas envahissante, et rempotée au 2ans. Sachez aussi que les bonsaïs peuvent vivre plus longtemps que leur homologue en nature grâce aux bon soins qu’on leur donne.

  2. Christine dit :

    Bonjour Monsieur Hodgson, cordial merci pour ce partage d’expérience Bonsaï. Quel plaisir de vous lire chaque jour et d’en savoir toujours plus et mieux. Belle journée

  3. Anonyme dit :

    Je veux plus recevoir de messages

  4. Anonyme dit :

    Merci Monsieur Hodgson, vous n’êtes pas le seul j’ai aussi vécu pareille déception. La culture du Bonsaï est un art et plus difficile qu’il n’y paraît. J’aime beaucoup vos commentaires bienveillants et éclairants. Je vous souhaite une bonne journée!

  5. Juliette au balcon dit :

    Je suis du même avis que Ys’abeille: c’est de la torture d’arbres! On les élague sans cesse, on les sort de leur contenant minuscule tous les 2 ans pour rabattre leurs racines, on les rationne en eau, on torture leurs branches avec du fil de fer pour les faire pousser tout croche… J’aime en voir à l’occasion mais je ne souscris pas à ce genre de traitements! Pauvres arbres empêchés!

    • Ng dit :

      C’est un peu irrationnel de penser ainsi. Combien de plantes de nos jardins ou potager sont taillées, transplantées, trop arrosées ou asséchées naturellement, même empoisonnées…? Pensez juste à la pelouse. Pensez aussi aux légumes racines: si bien enfouis dans leur sol douillet. Et v’lan! vos les assassinez en les sortant de terre pour les faire bouiller puis les dévorer. Quelle abomination! Sérieusement?

      • Daniel Fantino dit :

        Vrai. Mais alors que manger si on tue animaux et légumes ?
        Pourquoi pas du commensualisme ? En arrivant de
        l´épicerie je met les échalotes dans l´eau puis en terre, et j´en ai pour des années en ne prenant que le vert des feuilles. Je leur redonne la vie et en échange elles me nourrisse. J´ai même un bouton floral. En avoir deux j´aurai des graines. Idem pour le céleri. Je met le coeur dans l´eau, il fait des racines et le met en terre. Les tiges sont plus minces. Avec le temps il fait des bébés et sera bien heureux de vous donner ses branches. Sur le balcon il vous montrera l´été venu sa joie de vivre. Les plantes ornementales c´est beau pour l´oeil. Certains légumes vont vous faire vivre. Que c´est beau.

      • J.J. dit :

        NG@ “Pensez aussi aux légumes racines: si bien enfouis dans leur sol douillet. Et v’lan ! vos les assassinez en les sortant de terre pour les faire bouiller puis les dévorer.”
        C’est justement pour ça qu’on les cultive, alors que les bonsaïs, comme les arbres taillés “en nuage”, c’est simplement par esthétisme ou fantaisie, un peu comme certains propriétaires d’animaux de compagnie qui font tailler la queue ou les oreilles de leur chien pour faire plus joli (trouvent-ils).
        Les plantes sont de organismes vivants, comme les animaux dont nous faisons partie.

    • Je pensais comme vous mais j’ai assisté à une conférence où j’ai appris que les bonsaïs ne manquaient ni d’eau ni de nourriture. En plus d’avoir tout l’amour de leur « bonsaïste »?.

    • Mikael dit :

      L’art du bonsaï ce n’es pas de la torture , c comprendre et travaille avec sont arbre. Ce n’es pas le bonsakai qui fait l’arbre, mais l’arbre qui ce magnifie a condition que l’on sache l’écouter. Une personne qui travaille avec un cheval ne le torture pas et pourtant il ne le laisse pas dans sont milieu naturel….

  6. Côté madeleine dit :

    Bonjour Larry C’est tout un art le bonsaï,j’ai essayé mais je suis comme toi ,j’aime mieux les admirer dans les expositions
    Au jardin botanique ,quel exposition splendide à la maison de l’arbre que j’avais vu des membres
    Et les spécimens de la collection du jardin botanique
    Bonne journée et j’ai des pensées pour toi

  7. Larry, vous êtes adorable en plus d’être naïf et très compétent. C’est un plaisir très instructif de lire vos chroniques.

  8. Daniel Dumais dit :

    Même si ça ne semble pas faire l’unanimité, je possède moi-même une petite collection d’arbres miniatures que j’ai initié moi-même, et je peux vous dire qu’il faut effectivement les partir très jeunes, souvent à partir de graines, pour les acclimater à notre environnement et apprécier toute la connaissance sur l’écophysiologie et l’architecture des arbres qu’on peut en tirer au fil de leur développement. C’est un art qui permet de s’exprimer à travers la beauté de la nature. Effectivement beaucoup de soin et d’attention à prodiguer, mais ce sont comme des bébés que je redécouvrent à chaque printemps…

  9. Serge Plante dit :

    Pas tant naif, qu’amoureux fou de la flore. Ça sème de ll’engouement et de la joie dans ma vie. Merci beaucoup Larry pour ton partage d’une vie si sereinement enracinée!

  10. Corinne dit :

    A Daniel Fantino et J.J., il me semble que Ng va plutôt dans votre sens en trouvant que l’art du bonsaï n’est pas plus cruel que ce qu’on fait dans notre jardin, alors pourquoi pas des bonsaïs. Et que dire de nos plantes tropicales !

    Monsieur Hodgson, j’aime beaucoup votre amour du défi, votre honnêteté par rapport à vos limites et échecs et bien sûr votre ironie, et ce que vous appelez “naïveté”, le fait de ne pas arriver à croire que des gens puissent être pas très honnêtes, qui devrait être la façon normale de voir autrui a priori (et malheureusement ne l’est pas).

    Merci pour cette jolie et intéressante expérience. J’aime beaucoup les bonsaïs aussi, et je continue de croire que j’aurai le temps d’en faire un jour.

  11. Jean Denis Brisson dit :

    Il faut replacer la taille chez les bonsaïs en relation avec celle des haies de thuyas, des haies de buis, des arbres fruitiers forcés de croître en palette, sans compter les autres arbres et arbustes taillés en boule, pyramide, cône, etc. … et je ne compte pas toutes les fines herbes taillées.

  12. Diane Hébert dit :

    Les bonzaï qui m’ont le plus impressionnés je les avais vus à l’exposition à l’exposition des floralies d’intérieur dans le vélodrome à Montréal en 1980, ils étais magnifiques.

  13. andre dit :

    J’ai souvenance de ce pin mugo très âgé devant la résidence de mes parents. Un jardinier a offert un gros montant a mon père qui au début a refusé, mais le jardinier insistait, mon père a cédé. Le jardinier a déterré ce pin, l’a ensuite transplanté pour en faire un bonsaï. Vous devinez, la suite…Un gros pépin pour le jardinier, un pin en moins.

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