À chaque mois sa plante, février 2022 : la plante-ruban.
À peu près la plante la plus étrange que vous aurez jamais cultivée!
Par Larry Hodgson
Cette plante (Muehlenbeckia platyclada, anciennement Homalocladium platycladum) est certainement une excentrique. Elle produit de hautes tiges arquées qui sont vertes, brillantes… et aplaties. Complètement aplaties! Pas plus épaisses que du papier! Comme si quelqu’un les avait écrasées avec un rouleau à gazon.
Elles sont longues et étroites, rubanées quoi… ce qui vaut à la plante le nom commun de plante-ruban. Et si vous regardez attentivement, vous verrez que la tige plate est divisée en segments.
Mais ce que la plante-ruban n’a pas, ce sont des feuilles. Ou du moins, elle n’en produit pas beaucoup. Et quand elles apparaissent, elles tombent assez rapidement. Certaines nouvelles tiges en portent, d’autres pas. Elles sont minces et pointues, sans pétiole, souvent avec des lobes à la base leur donnant la forme d’une flèche. La plante n’a pas vraiment besoin de feuilles, de toute façon, car elle effectue la photosynthèse à travers ses tiges vertes qui agissent comme des substituts aux feuilles.
Soit dit en passant, ces tiges ne sont pas officiellement des tiges: on les appelle des phylloclades. Un phylloclade est une structure en forme de tige qui effectue la photosynthèse. Au fur et à mesure que les spécimens grandissent, ils produisent de véritables tiges plus épaisses et bien cylindriques, de couleur un peu rougeâtre, à partir de la base de la plante, mais même celles-ci se terminent par des phylloclades plates.
Sous une très bonne lumière, de minuscules fleurs blanc verdâtre apparaissent en grappes sur les phylloclades, là où deux segments se rejoignent. La floraison est surtout printanière. Les fleurs donnent de minuscules baies rouges devenant pourpre foncé qui sont comestibles.
La plante-ruban est vendue comme plante d’intérieur, mais aussi comme annuelle pour les jardinières de terrasse. Dans les climats assez doux, on l’offre comme arbuste ou plante grimpante à planter en pleine terre. (Elle ne grimpera que si elle peut trouver quelque chose sur quoi s’appuyer, car ses tiges ne sont pas volubiles et ne s’agrippent pas aux surfaces.) Considérez-la comme une masse verte poussant jusqu’à une hauteur de 1 m environ, puis se cambrant à partir de là, et vous comprendrez un peu son comportement.
En plein air, elle peut facilement atteindre 2 m de hauteur et plus. À l’intérieur, il suffit de réduire les tiges trop longues par la taille et vous pourrez les garder à peu près à n’importe quelle dimension.
Changement de nom
La plante-ruban a récemment changé de nom botanique et s’appelle maintenant Muehlenbeckia platyclada. («Platyclada» signifie «tige large».) Je la connaissais sous le nom d’Homalocladium platycladum. Elle était, sous ce nom, considérée comme monotypique: la seule plante du genre Homalocladium. Cependant, maintenant on sait que sa génétique la place solidement à la base du genre Muehlenbeckia, un genre de quelque 25 espèces, la plupart avec des tiges filiformes et des petites feuilles. M. complexa et M. axillaris en sont deux exemples et ils sont parfois cultivés comme plantes d’intérieur ou de terrasse ou même comme couvre-sols.
Le nom du genre honore Henri Gustave Muehlenbeck (1798–1845), médecin à Mulhouse, France.
Le genre Muehlenbeckia appartient à la famille des renouées (Polygonacées).
De la Nouvelle-Guinée à votre salon
La plante-ruban vient de la Nouvelle-Guinée, des îles Salomon et d’autres îles du Pacifique. Cependant, elle est cultivée comme plante ornementale dans le monde entier et s’est échappée de la culture dans certaines régions tropicales, se naturalisant dans des pays aussi divers que l’Inde, la Bolivie, le Madagascar, le Pakistan et le Nicaragua. Elle peut même tolérer un peu de gel, jusqu’à -4 °C, bien qu’alors les parties exposées de la plante meurent.
Dans les climats autres que les plus tropicaux (zones de rusticité 9 à 12), la plante-ruban est soit cultivée comme plante d’intérieur, soit comme plante de terrasse et rentrée à l’intérieur lorsque les températures chutent à l’automne. L’autre possibilité est de la traiter comme une annuelle et de la laisser geler.
Conseil pratique: Bien que la plante-ruban soit vendue à la fois comme plante annuelle et comme plante d’intérieur, elle coûtera moins cher si elle est placée dans le rayon des annuelles de votre jardinerie plutôt que dans le rayon des plantes d’intérieur. Alors, regardez d’abord à cet endroit!
La culture d’une plante-ruban
C’est certainement une plante assez facile à cultiver, tant que cela ne vous dérange pas de tailler de temps en temps. Il vaut mieux garder la plante sous contrôle dès le début plutôt que d’essayer de «remettre le génie dans sa bouteille» en essayant de sérieusement réduire les dimensions d’une plante mature! Une fois que cette plante décolle vraiment, elle peut devenir énorme et envahira rapidement votre espace vital.
Lumière: En plein air, la plante-ruban s’adapte à tout, du plein soleil à une ombre assez dense. À l’intérieur, où la lumière est beaucoup plus tamisée, pensez plutôt «éclairage intense à moyen» et alors placez-la près d’une fenêtre où elle peut recevoir au moins quelques heures de soleil chaque jour, même si elle survivra pendant un bon moment à la mi-ombre. Elle réussit très bien aussi sous un éclairage artificiel fluorescent ou DEL.
Arrosage: Normalement, donnez-lui simplement un arrosage typique pour les plantes d’intérieur. Autrement dit, attendez que le sol soit sec au toucher, puis arrosez abondamment afin d’imbiber toute la motte. En fait, elle tolère mieux les sols humides que la plupart des plantes d’intérieur. Sous un bon éclairage, vous pouvez même la laisser tremper constamment dans l’eau!
Alors que la plante-ruban est censée être quelque peu résistante à la sécheresse, cela réfère principalement à son comportement lorsqu’elle est plantée en pleine terre. Dans ce cas, son système racinaire étendu peut trouver de l’humidité même dans des circonstances assez sèches. Si elle pousse dans un pot, la laisser trop sécher peut la tuer.
Humidité atmosphérique: Elle va beaucoup mieux dans une atmosphère humide que dans l’air sec. Essayez de maintenir une humidité relative d’au moins 40%… et 50% ou plus, c’est beaucoup mieux encore. Si l’air es très sec chez vous, une salle de bain ou une buanderie lui conviendraient mieux. Dans certains cas, vous devrez peut-être faire fonctionner un humidificateur de pièce pendant les mois d’hiver pour maintenir l’humidité nécessaire.
Engrais: Plus vous la «nourrissez», plus la plante-ruban pousse rapidement… et la plupart des gens pensent qu’elle pousse déjà très bien sans fertilisant. Vous pouvez quand même faire des applications occasionnelles d’un engrais très dilué au printemps et en été.
Température: Les températures intérieures normales conviennent très bien, même les canicules estivales. Les températures inférieures à 10 °C, par contre, peuvent être nocives.
Entretien: Taillez régulièrement, au besoin. Ma règle d’or consiste à couper les tiges à 60 à 90 cm lorsqu’elles atteignent 90 à 120 cm. Cela donne une belle plante bien remplie qui n’envahira pas trop votre maison.
Rempotage: C’est une plante à croissance rapide qui peut nécessiter un rempotage annuel dans des pots de plus en plus grands pendant les premières années. Il est préférable de la rempoter au printemps ou en été, mais n’hésitez pas à le faire en automne ou en hiver si c’est nécessaire.
N’importe quel terreau d’empotage commercial fera l’affaire.
Multiplication: Les semences sont rarement disponibles, mais cette plante est facile à cultiver à partir de boutures de tige. Il suffit d’insérer des boutures de phylloclade de 10 à 15 cm dans un terreau humide et de les cultiver à l’étouffée (sous plastique, comme dans une mini-serre) et à des températures chaudes. L’enracinement est plus rapide au printemps et en été.
Vous pouvez également diviser une grande plante, bien que cela puisse être une tâche assez fastidieuse.
Toxicité: La plante est considérée comme sans danger pour les enfants et les animaux domestiques.
Problèmes: La plante-ruban n’est généralement pas très sujette aux maladies, du moins à l’intérieur, sauf peut-être à la pourriture lorsqu’elle est cultivée dans un sol mal drainé trop à l’ombre ou par temps froid. Les insectes sont peu fréquents, mais ayez l’œil sur les cochenilles farineuses et les cochenilles à carapace.
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Waow ! Vraiment cool !
Par contre, je ne me rappelle pas avoir vu cette plante dans les jardineries près de chez moi. Je l’y découvrirai peut-être l’été prochain. 🙂
Je ne connaissais pas du tout cette plante, même pas “de vue”.
“Un phylloclade est une structure en forme de tige qui effectue la photosynthèse.” Donc, si j’ai bien compris, le “cactus de Noël (Schlumbergera ), et beaucoup de cactus sont des phylloclades.
Merci de nous apporter si souvent des connaissances nouvelles.
Lorsque j’ai lu plante-ruban, j’ai cru pouvoir mettre enfin un nom sur une plante d’intérieur que j’ai depuis plus de 10 ans.
Personne dans mon entourage ne la connaît. Un cadeau reçu sans en savoir l’origine. La mienne est suspendue. Je ne peux malheureusement pas inclure de photos. Y a t-il un moyen de savoir son nom en passant par vous?
Vous pouvez poster une question avec photo sur le Forum (https://jardinierparesseux.com/forum/).
Bonjour Mr Hodgson, cordial merci pour ce post à propos d’une plante que je ne connaissais pas du tout. Vivement un petit tour en jardinerie afin de savoir si on la trouve chez nous. Belle journée et prenez bien soin de vous.
Merci pour ces infos j’en ai une depuis l’an dernier que j’ai trouvé dans une jardinerie. Elle a passé l’hiver dehors sans trop de mal. Je suis dans la région de Bordeaux en France. C’est la première fois de ma vie que j’en voyais une. J’ai craqué sur son originalité.