L’arbre urbain de l’année 2022: le charme de Caroline
Par Michelle Sutton, rédactrice du magazine City Trees
Photos par Michelle Sutton, sauf indication contraire
Chaque année, les membres de la Society of Municipal Arborists (SMA), une société internationale d’arboristes basée aux États-Unis, nomment un arbre urbain de l’année.
Pour 2022, le choix est le charme de Caroline (Carpinus carolinana), un arbre indigène de l’est de l’Amérique du Nord, dont le Québec.
Cette espèce est appréciée pour son écorce lisse rappelant celle d’un hêtre, mais marquée de crêtes longitudinales qui ressemblent à des muscles en saillie, pour la faune qu’elle attire (aussi la faune qu’elle n’attire pas trop, c’est-à-dire les lapins et les cerfs), ses belles feuilles, ses fruits rappelant des cônes de houblon, son port compact et naturellement arrondi et sa performance solide, même dans des situations urbaines modérément stressantes. Il peut être cultivé avec un tronc unique ou à troncs multiples. En milieu urbain, il atteint environ 4,5 à 9 m de hauteur et de largeur.
Le charme de Caroline est originaire de l’est des États-Unis et du sud du Canada. Sa répartition naturelle au Québec, où il se trouve dans l’extrême sud-ouest, à la limite nord de son territoire, est fort restreinte. Par contre, cet arbre migre peu à peu vers le nord, après avoir été poussé vers le sud pendant les dernières glaciations, et l’on estime qu’il gagnera tout le sud de la province au cours des siècles à venir.
Sa résistance exceptionnelle au froid (il est adapté aux zones de rusticité 3 à 9) fait qu’on peut le planter bien au-delà de son aire d’origine. Il est notamment beaucoup mieux adapté aux climats septentrionaux que son cousin de taille beaucoup plus grande, le charme d’Europe (C. betulus), limité aux zones de rusticité 6 à 8 et qui souffre alors en région froide.
Le charme de Caroline est souvent appelé bois de fer à cause de son bois très lourd, dur et fort utilisé dans la fabrication de manches d’outils. Toutefois, il partage ce nom avec l’ostryer de Virginie (Ostrya virginiana), également appelé bois de fer, qui porte des fruits et des feuilles similaires, mais qui a, plutôt que l’écorce lisse du charme de Caroline, une écorce rugueuse qui se détache en fins lambeaux. Les deux genres — Carpinus et Ostrya — appartiennent à la famille des Bétulacées (famille du bouleau), mais ils ne sont que des cousins très éloignés.
Comme la plupart des arbres, le charme de Caroline préfère un sol loameux un peu humide, un pH moyen, un volume de sol adéquat, l’absence de compactage du sol et le plein soleil. «Il peut tolérer un sol plus humide que la normale et va bien aussi à la mi-ombre, bien que les spécimens matures réussissent mieux avec au moins un peu de soleil», déclare la directrice du Cornell Urban Horticulture Institute, la Dre Nina Bassuk.
Elle ajoute: «Une fois établi, le charme de Caroline peut tolérer des sécheresses occasionnelles, mais je ne le considérerais pas comme particulièrement tolérant à la sécheresse.» Cependant, Bassuk note que dans sa vaste aire de répartition naturelle, il existe sûrement des écotypes de charme de Caroline mieux adaptés aux différentes conditions — comme celles qui sont constamment sèches — et aussi montrant des traits spécialement ornementaux. «Certains nouveaux cultivars ont été sélectionnés pour une meilleure couleur d’automne, un rouge orangé plus vif», note-t-elle.
Bassuk place le charme de Caroline dans la catégorie «modérément difficile à transplanter». «Pour cette raison, je recommanderais de le transplanter quand c’est encore un arbre de petit calibre, dit-elle. Aussi, nous avons expérimenté en plantant des spécimens à racines nues d’un calibre de 14 cm à Ithaca, New York, mais nous avons eu suffisamment de pertes pour que je ne recommande pas la plantation à racines nues pour Carpinus caroliniana.»
Doug Still, forestier municipal à Providence, Rhode Island, dit que pendant son mandat, ils ont planté 29 charmes de Caroline comme arbres de rue dans les bandes de pelouse et les terre-pleins. «Nous commençons tout juste à en planter, dit-il. Il peut être difficile de s’en procurer, alors quand je le vois apparaître dans les pépinières, j’en achète autant que je peux. Je l’aime parce que c’est un autre arbre indigène que nous pouvons ajouter à notre palette. Ce qui le rend unique pour moi, ce sont les fruits intéressants — des grappes de graines papyracées qui attirent l’attention pendant des mois de l’été à l’automne.»
Still souligne toutefois qu’il y a des considérations d’entretien dont il faut tenir compte. «Le charme de Caroline nécessite une taille structurelle précoce en raison de sa ramification dense», dit-il. Il note que l’arbre nécessite un certain entretien — désherbage, paillis et surtout arrosage — pendant la période d’établissement. «J’ai observé que s’il reçoit suffisamment d’eau au cours de ces trois premières années critiques, il décolle. Les nôtres ont fière allure et le charme de Caroline me semble être une bonne alternative végétale indigène à de nombreux autres arbres.»
«J’aimerais utiliser le charme de Caroline à Alexandria une fois que je pourrai trouver une bonne source locale. Cela me rappelle les bois où je jouais quand j’étais enfant… ils étaient pleins de charmes. Dans notre ville, nous avons de petites emprises avec de nombreux obstacles aériens et cet arbre semble être de la taille idéale pour ce scénario.»
—Darren Green, architecte paysagiste, ville d’Alexandria, Louisiane
Quelques faits sur le charme de Caroline
- Le charme de Caroline est monoïque (les fleurs mâles et femelles, des chatons, sont portés séparément sur le même arbre). Les fleurs sont pollinisées par le vent. Le fruit est une petite noix appelée nucule.
- Les feuilles elliptiques et dentées aux nervures rectilignes et parallèles sont disposées en alternance. La couleur d’automne est jaune, orange ou rouge et n’est pas très voyante sur les spécimens sauvages, mais certains cultivars offrent une couleur améliorée.
- Le charme de Caroline fournit de la nourriture aux larves de plusieurs papillons, dont les très attrayants papillons glauques et amiraux.
- Beaucoup d’oiseaux et d’animaux se nourrissent des noix du charme: parulines à croupion jaune, oiseaux moqueurs, chardonnerets jaunes, gélinottes huppées, dindes sauvages, écureuils, renards et plus encore. Les mésanges à tête noire et de Caroline nichent dans les cavités des arbres matures et les grives des bois construisent des nids dans la canopée. Les cerfs et les lapins mangent parfois des feuilles et jeunes tiges, mais ce n’est pas leur collation préférée.
- Le charme de Caroline pousse lentement, mais a une durée de vie relativement courte, car il atteint rarement plus de 100 ans. Malgré son bois dense, lorsqu’il commence à pourrir, il a tendance à décliner rapidement.
Le charme de Caroline, un arbre indigène peu connu, est l’arbre urbain de l’année. Peut-être que cette notoriété aidera à stimuler un plus grand intérêt à son égard.
Article traduit et adapté de l’américain par Larry Hodgson.
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Bonjour Monsieur Hodgson.
J’étais bien triste d’apprendre que vous êtes malade. J’espère que vous passez toujours des bons moments. Merci pur vos articles. Connaissez-vous un endroit où prendre des cours d’identification des arbres à Montral?
Bonne journée, Louise Labrosse
Non.
Merci monsieur Hodgson pour cet arbre que je ne connais pas. Il serait intéressant qu´à titre d´essai quelques spécimens soient plantés à la pépinière de Montréal située à l´Assomption et au jardin botanique.
L´arbre idéal répondant aux exigences et stress urbains n´est pas une sinécure à trouver. De plus il faut varier les essences au maximum afin de contrer les ravageurs.
arbre très intéressant, on en voit quelques uns dans la ville de québec