Si le bonsaï vous intéresse…
Par Larry Hodgson
En général, les bonsaïs bon marché vendus dans les magasins non spécialisés ne sont pas des bonsaïs, du moins pas encore. Il s’agit tout simplement de petits conifères ou arbustes grossièrement taillés et insérés dans de petits pots. Aux non-initiés, ils ressemblent à des bonsaïs, mais ils ne confondent pas les experts. N’empêche qu’on peut les convertir en bonsaïs avec une taille un peu plus attentionnée et de bons soins.
Tristement, faute de soins adéquats, peu de ces faux bonsaïs survivent plus de quelques semaines une fois à la maison. Notamment, la vaste majorité de ces végétaux sont des plantes d’extérieur que les non-initiés essaient de cultiver à l’intérieur: c’est pratiquement une garantie d’échec!
Regardons alors ce qu’est un bonsaï… et comment en cultiver.
L’histoire des bonsaïs

Même si nous associons, avec raison, le bonsaï au Japon, en fait, l’art du bonsaï vient à l’origine de la Chine sous la dynastie Han vers l’an 200 AEC et ne fut importé au Japon que presque mille ans plus tard, vers le VIIe ou VIIIe siècle, sous l’influence du bouddhisme. D’ailleurs, le mot «bonsaï» est la prononciation japonaise du mot chinois «penzai». À l’origine, le mot voulait simplement dire «plantation dans un pot bas», mais l’art du bonsaï est devenu beaucoup plus que cela. En Chine moderne, on parle plutôt de «penjing» ou paysage en pot. En fait, chaque pays asiatique a sa propre forme de bonsaï.
Évidemment, l’évolution du bonsaï a fait qu’il n’est plus juste une vulgaire plante cultivée dans un pot, mais représente un arbre miniature ou un paysage miniature. Habituellement, on taille et ligature des arbres ou des arbustes, pliant et tordant un peu les branches, pour leur donner un effet de grand âge. Un bonsaï bien réussi devrait vous faire penser à un arbre plusieurs fois centenaire, peut-être s’accrochant sur un rocher et poussé par le vent. C’est en fait une sculpture vivante, l’horticulture faite art.

Il est cependant faux de croire qu’un bonsaï est forcément centenaire. D’accord, il en existe de très vieux, dont un au Japon qui aurait plus de 500 ans, mais la vaste majorité des bonsaïs sont beaucoup plus jeunes que cela. On peut voir de très beaux bonsaïs de seulement quatre ou cinq ans. Autrement que dans les collections, comme celle du Jardin botanique de Montréal, on voit rarement des bonsaïs de plus de 40 ans et plus au Québec, pour la bonne raison que l’art du bonsaï a réellement pris racine dans cette province à partir des Floralies de Montréal de 1980. C’est vers 1980 que les bonsaïs devinrent populaires en Europe francophone aussi.

Si vous pensez que les bonsaïs sont des plantes d’intérieur, détrompez-vous. Cette croyance vient du fait que nous voyons les bonsaïs habituellement lors d’expositions qui sont tenues à l’intérieur, mais sachez qu’après l’exposition, la vaste majorité retourneront à leur habitat naturel, soit le plein air. Plusieurs sont faits à partir d’arbres rustiques et doivent être hivernés à l’extérieur, bien qu’à l’abri des pires intempéries (souvent dans une cage en bois couverte de géotextile). Et presque tous passent au moins leur été à l’extérieur.
Seuls les bonsaïs faits à partir de plantes tropicales et subtropicales, comme des Ficus, des Serissa, des Podocarpus et des azalées subtropicales, passeront vraiment leurs hivers à l’intérieur.
Différents styles

Il existe différents styles de bonsaï : tronc droit formel, tronc droit informel, tronc incliné, cascade et beaucoup plus encore. On les retrouve aussi dans différentes tailles. Les plus petits, les mame, ont rarement plus de 13 cm de hauteur et il faut des plantes aux feuilles naturellement très petites pour créer un effet satisfaisant. Les plus gros, soit les ômono, peuvent atteindre plus d’un mètre et il faut être deux pour les déplacer. C’est parmi ces derniers qu’on trouve généralement les bonsaïs les plus anciens.
Certains bonsaïs sont cultivés de génération en génération dans la même famille, notamment au Japon. D’autres sont récoltés dans la nature à partir de plantes naturellement tordues par le vent et les conditions difficiles. D’ailleurs, le nord du Québec, avec son climat rigoureux, a la réputation d’être un excellent endroit pour la récolte d’un bonsaï dans la nature, mais attention: n’allez pas déterrer des végétaux sans permission (il faut toujours en obtenir une, sinon c’est du vol) et sans préparation. Il peut falloir préparer la plante in situ pendant deux étés avant d’oser la prélever et la mettre en pot et ainsi être sûr qu’elle va survivre à cette opération!
Pouvez-vous cultiver un bonsaï?
La réponse est oui. Il s’agit d’être prêt à consacrer du temps à leur entretien, car les bonsaïs, étant restreints à de petits pots, exigent une surveillance étroite de leur arrosage. Non pas qu’il faille les noyer avec un arrosage quotidien, mais il faut les vérifier au moins deux ou trois fois par semaine. Pour faire une comparaison, ils nécessitent plus de soins qu’une plante verte, mais moins qu’un chien ou un oiseau de compagnie. Et si vous partez en vacances, sachez qu’il existe des spécialistes qui font du gardiennage de bonsaï!

Vous avez acheté un bonsaï et voulez savoir comment l’entretenir? Je vous suggère de devenir membre d’une association de bonsaïstes et de suivre leurs cours et conférences. J’en connais quatre au Québec: la Société de bonsaï et de penjing de Montréal (région de Montréal), le Groupe Bonsaï Québec (région de Québec), la Société de Bonsaï et de Penjing du Québec (région de Lanaudière) et Bonsaï des Bois-Francs (région des Bois-Francs). Il existe de nombreuses sociétés en Europe aussi. Plusieurs boutiques de bonsaï offrent également des cours, et ce, sur les deux continents.
Il vous est impossible d’assister à un cours? On peut aussi apprendre l’art du bonsaï dans un livre et il en existe de très bons à ce sujet. Recherchez un livre qui couvre la culture du bonsaï plutôt qu’un livre uniquement rempli de belles photos, mais qui ne vous explique pas quoi faire.
Vous aurez compris qu’on ne s’improvise pas bonsaïste: c’est un lent apprentissage. Bon succès avec vos expériences !
Billet adapté d’un article paru dans ce blogue le 7 novembre 2015.
Merci pour cet article très intéressant… Je comprends mieux pourquoi je n’ai jamais réussi à conserver aucun bonzai acheté dans le commerce… Mais à moins d’avoir une pièce fraîche dans le condo cela m’apparaît une mission impossible d’avoir ce genre de plante à Montréal… Ça prend un jardin… Ça devrait être mentionné à l’achat que ça se cultive à l’extérieur.
Je trouve très beaux ces bonzaïs , mais je préfère encore les « naturels, perchés sur un rocher comme on peut en voir en montagne par exemple.
Mais je regrette que cette technique consiste un peu en une sorte de « torture » botanique.
C’est vraiment un art très passionnant. J,ai une collection personnelle qui impressionne tous mes visiteurs. Des arbres indigènes que j’ai cultivé pour la pluapart à partir de graines ou de très jeunes semis naturels. Merci pour la chronique!
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À partir de votre commentaire que les bonsaÏs achetés localement ne sont pas de vrai bonsaïs, je m’attendais à voir une suggestion d’endroit pour acheter de vrai bonsaïs. Merci
C’est dans l’article.
Je cultive des bonsaïs au Québec depuis 40ans. Quelques commentaires: l’abris d’hivers montré ne convient pas ici, en France probablement que c’est suffisant. En condo avec un balcon? L’été au soleil et pour l’hivers essayez un éclairage artificiel. Choisissez un arbre tropical ou semis tropical que vous pouvez entrez avant ou après les premiers petits gels selon le besoin de l’arbre vous pouvez lui faire subir une courte saison froide. En fait il y en a plusieurs possibilités d’arbres, il faut ouvrir l’oeil, un jour j’ai trouvé un Olivier miniature, devinez ce que j’en ai fait. J’appuie totalement la recommandation de suivre un cours si vous pouvez, vous partirez avec un bonsai et les instructions qui vont avec.
J’ai plusieurs arbres en pot, tous de zone 4 que je protège du froid et des intempéries en les plaçant ensemble entourés d’une clôture à neige maintenue par 4 pieux bien enfoncés dans le sol. Entre les lattes de la clôture, j’attache des vieilles lattes de clôture qui protègent les cimes de mes arbres. La neige au sol les entoure et un toit se forme en cocon protecteur. Pas de bris, pas de perte. Un peu de travail…
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