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Pour sauver votre herbe aux écouvillons rouge du froid

Par Larry Hodgson

Même si votre jardin a déjà subi un gel ou deux, il n’est probablement pas trop tard pour sauver votre herbe aux écouvillons rouge* (Cenchrus × cupreus, anciennement Pennisetum setaceum ‘Rubrum’) du froid.

*On appelle cette graminée et ses proches parents «herbe aux écouvillons à cause de son inflorescence en forme de brosse à bouteille (écouvillon). 

Cette belle graminée, au feuillage pourpre rougeâtre et aux épis de fleurs arqués en queue de renard qui dansent à la moindre brise, passant du rose à l’argent à mesure que l’été avance, est une plante de jardin et de jardinière estivale très populaire. Cependant, les jardineries proposent l’herbe aux écouvillons rouge comme une graminée annuelle, de sorte que la plupart des jardiniers la laissent geler à l’automne, présumant qu’elle est vouée à mourir de toute façon. Mais il ne s’agit pas en fait d’une véritable annuelle, mais d’une graminée pérenne (vivace), mais peu rustique, adaptée aux zones de rusticité 9 à 11, donc, subtropicales à tropicales. Ainsi, vous pouvez facilement l’hiverner à l’intérieur.

Et, comme mentionné ci-dessus, il n’est probablement pas trop tard pour sauver votre plante, car elle tolère passablement de gel : jusqu’à environ -10°C si le gel ne dure pas assez longtemps pour endommager sa couronne. Donc, si vous agissez rapidement, avant que le vrai froid hivernal ne s’installe, vous devriez pouvoir rentrer cette graminée à l’intérieur pendant qu’elle est encore en bon état.

Un méli-mélo de nomenclatures

Herbe aux écouvillons, hypoestes Hippo Rose & Sedum Lemon Coral dans une jardinière.
L’herbe aux écouvillons rouge a changé de nom si souvent en peu de temps que la confusion domine. Son nom actuel est Cenchrus × cupreus. Photo : Proven Winners

L’herbe aux écouvillons rouge a subi plusieurs changements de nom au cours des dernières années. C’est d’ailleurs une plante mystérieuse, jamais trouvée à l’état sauvage, et d’origine inconnue. 

Bien qu’offerte à l’origine sous le nom de Pennisetum setaceum ‘Rubrum’, il était évident pour les botanistes qu’elle ne s’apparentait pas à l’espèce P. setaceum (pennisetum soyeux). Elle en différait très visiblement par ses fleurs retombantes stériles (plutôt que verticales et fertiles) et, bien évidemment, par ses feuilles pourpres, mais aussi par sa génétique, dévoilée par des études sur son ADN. Entre autres, P. setaceum est un diploïde tandis que l’herbe aux écouvillons rouge est un hexaploïde… mais il y a plusieurs autres différences génétiques aussi.

Des études plus poussées ont mené à la conclusion que l’herbe aux écouvillons rouge était sans doute un hybride entre deux pennisétums : P. elegans et P. setaceum. Alors, le nom Pennisetum × advena (advena voulant dire «nouvellement arrivé») a été proposé et assez largement employé, du moins par certains pépiniéristes.

D’ailleurs, faire la distinction entre P. setaceum et P. × advena était important, car l’Union européenne a ajouté P. setaceum à sa liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes, ce qui bannit alors sa culture sur son territoire. Cette graminée tropicale est bien connue pour ses tendances envahissantes dans les climats doux. Mais l’herbe aux écouvillons rouge (P. × advena), n’étant plus considérée comme une sélection de P. setaceum, n’est pas incluse dans l’interdiction. Et d’ailleurs, pourquoi la bannir? L’hybride est essentiellement stérile (peu de graines fertiles sont produites et celles qui le sont germent mal ou donnent des plantes faibles qui survivent rarement) et n’est nullement envahissant. Ainsi, mes lecteurs européens peuvent continuer de cultiver l’herbe aux écouvillons rouge sans crainte d’une descente policière!

Cependant, l’histoire ne finit pas là. Il y a encore un changement de nom, car le genre Pennisetum n’existe plus. Il a été absorbé par le genre Cenchrus, qui a la priorité botanique sur Pennisetum, puisque la première espèce de cette graminée jamais nommée a été répertoriée sous le nom Cenchrus. En conséquence, l’herbe aux écouvillons rouge s’appelle maintenant Cenchrus × cupreus. Quant à P. setaceum, il s’appelle désormais Cenchrus setaceus.

Si vous avez d’autres Pennisetum chez vous, corrigez leur étiquette : ce genre n’existe plus!

Facile à hiverner

Herbe aux écouvillons rouge ‘Red Riding Hood’.
‘Red Riding Hood’ est une sélection naine de l’herbe aux écouvillons rouge (Cenchrus × cupreus) et est aussi facile à conserver l’hiver que l’espèce. Photo : Proven Winners

Les herbes aux écouvillons rouges cultivées en jardinière sont faciles à rapporter à l’intérieur: il suffit de nettoyer le pot et de le rentrer. Si les vôtres sont plantées en pleine terre, vous aurez toutefois à les déterrer et les empoter.

Coupez les vieilles feuilles et les tiges florales lorsque vous rapportez les plantes à l’intérieur, car elles vont dépérir de toute façon à la suite de la transition. Rabattez-les à environ 3 à 5 cm du sol.

Comme entretien, placez la plante près d’une fenêtre ensoleillée et arrosez-la comme n’importe quelle plante d’intérieur, c’est-à-dire lorsque le terreau est sec au toucher, tout simplement. Les températures ambiantes normales de nos demeures sont tout à fait acceptables, mais si vous avez une pièce plus fraîche (pas moins de 5°C, par contre), elle peut convenir aussi.

Ne fertilisez pas votre herbe aux écouvillons rouge en automne et en hiver, cependant : vous ne voulez pas encourager une croissance rapide alors que le soleil est si faible. Cela ne donnera que des feuilles frêles et étiolées. Alors, rangez l’engrais au moins jusqu’au retour des jours plus longs du printemps.

Herbe aux écouvillons taillée qui repousse; toutes les feuilles sont vertes.
Une herbe aux écouvillons rouge qui repousse après une taille sévère. Notez que les feuilles produites à l’intérieur sont vertes, pas rouges. Photo : relaxgardener.blog

Notez que bien que le feuillage repousse assez rapidement après une taille sévère et que les nouvelles feuilles seront probablement entièrement vertes ou seulement légèrement rougeâtres. C’est parce que la coloration rouge-violet de la plante ne ressort vraiment que lorsque la plante est exposée à un ensoleillement intense, ce qui n’est pas le cas à l’intérieur et encore moins l’hiver. À l’intérieur, votre plante ressemblera plus à un pot d’herbe à gazon ordinaire — et un peu pâlotte en plus! — qu’à la splendide herbe aux écouvillons rouge qu’elle deviendra en été!

En mars, divisez la touffe si vous le voulez et rempotez les divisions. Ou prenez des boutures. Cela vous donnera plus de plantes à mettre dehors pour l’été !

Lorsqu’il n’y a plus de risque de gel, acclimatez progressivement les divisions aux conditions extérieures et vous aurez bientôt des graminées rouges saisissantes avec des fleurs en queue de renard qui se balanceront doucement au vent pour égayer votre jardin tout l’été !

Les autres anciens pennisétums

Cenchrus × cupreus ‘Fireworks’ aux feuilles panachées.
Cenchrus × cupreus ‘Fireworks’ est l’une des variétés panachées de l’espèce. Photo : Proven Winners

L’herbe aux écouvillons rouge a donné naissance à un certain nombre de cultivars, y compris des variétés naines pour les petits espaces comme C. × cupreus ‘Red Riding Hood’ et plusieurs à feuillage panaché comme C. × cupreus ‘Fireworks’ (rouge, rose et blanc), C. × cupreus ‘Cherry Sparkler’ (rose, blanc et vert) et C. × cupreus ‘Skyrocket’ (vert et blanc). Tous nécessitent le même traitement hivernal que l’herbe aux écouvillons rouge.

Herbe napier pourpre

herbe napier pourpre aux feuilles pourpres foncé.
L’herbe napier pourpre (Cenchrus purpureus Vertigo®) a des feuilles pourpres beaucoup plus larges et plus foncées que l’herbe aux écouvillons rouge et ne fleurit pas à l’extérieur des tropiques. Photo : Proven Winners

Il y a aussi un groupe d’anciens pennisétums au feuillage pourpre appartenant à une autre espèce : l’herbe napier pourpre (Cenchrus purpureus, anciennement Pennisetum purpureum), aussi appelée herbe à éléphant pourpre, car non seulement les éléphants s’en régalent, mais elle est si grande (6 m sous les tropiques) qu’ils peuvent s’y cacher! Ces graminées sont cultivées comme graminées vivaces dans les zones 9 à 12 (les régions subtropicales et tropicales) et comme graminées annuelles ornementales dans les régions tempérées. Seulement les variétés naines sont offertes aux jardiniers de climat tempéré, mais il faut savoir que certaines variétés «naines» peuvent quand même atteindre presque 2 m là où les étés sont longs et chauds. 

Il n’y a aucune confusion possible entre l’herbe Napier pourpre (C. purpureus et ses hybrides), avec ses feuilles larges et pourpre très foncé et l’absence de floraison (elle ne fleurit pas dans le nord), et les herbes aux écouvillons rouges (C. × cupreus) aux feuilles étroites et rouges et aux fleurs nombreuses en forme de queue de renard.

Herbe napier pourpre First Knight™
Herbe napier pourpre First Knight™. Photo : Les Exceptionelles

Parmi les cultivars et hybrides d’herbe napier pourpre, il y a ‘Prince’, ‘Princess Caroline’, Vertigo® et First Knight™. Ces plantes non plus ne sont pas de vraies annuelles, mais plutôt des vivaces tropicales qui peuvent donc être rentrées pour l’hiver. Traitez-les simplement de la même manière que l’herbe aux écouvillons rouge.

Cependant, ne vous attendez pas à beaucoup de croissance de la part de votre herbe napier jusqu’à ce que les températures se réchauffent à la fin du printemps : elle aime la chaleur !

Millet ornemental

millet ornemental ‘Purple Majesty’
Le millet ornemental ‘Purple Majesty’ (Cenchrus americanus ‘Purple Majesty’) est un gagnant de Sélections All-America facile à cultiver à partir de semences. Photo : Toutes les sélections américaines

Un autre ancien pennisétum, le millet ou millet perlé (Cenchrus americanus, anciennement Pennisetum glaucum), une céréale de grande importance dans de nombreux pays tropicaux et dont les graines sont très appréciées dans les mélanges de graines pour oiseaux, a également donné naissance à plusieurs cultivars aux feuilles colorées comme ‘Purple Majesty’, ‘Purple Baron’, ‘Jade Princess’ et ‘Purple Jester’. Cette plante produit des feuilles très larges, autant que celles du maïs, et un épi floral très épais et dressé qui se remplit de graines comestibles.

Le millet est une véritable annuelle et meurt à l’automne, même sous les tropiques. 

Si vous voulez cultiver le millet perlé ornemental, vous pouvez soit acheter des semences (vous les trouverez dans beaucoup de catalogues de semences) et faire un semis à l’intérieur à la fin de l’hiver, soit acheter des plants produits en pépinière au printemps. 

Pour maintenir un millet perlé ornemental que vous avez déjà, récoltez des graines à l’automne — si les oiseaux vous en ont laissé! — et semez-les à l’intérieur à la fin de l’hiver.

Herbes aux écouvillons rustiques

Herbe aux écouvillons chinoise
Herbe aux écouvillons chinoise (Cenchrus alopercuroides). Photo: outsidepride.com

Il y a aussi des herbes aux écouvillons résistantes aux hivers froids. L’herbe aux écouvillons chinoise (Cenchrus alopecuroides, anciennement Pennisetum alopecuroides) est l’espèce la plus cultivée. Elle a fourni de nombreux cultivars dignes de la culture dans nos jardins (‘Hameln’, ‘Moudry’, ‘Foxtrot’, ‘Little Bunny’, etc.), chacun ayant d’attrayants épis de fleurs en queue de renard similaires à ceux que donnent l’herbe aux écouvillons rouge et offrant autant de grâce. 

L’herbe aux écouvillons chinoise est rustique dans les zones de rusticité 6 à 9, même en zone 5 avec un peu de protection hivernale.

L’herbe aux écouvillons orientale (Cenchrus orientalis, anciennement Pennisetum orientale) est tout aussi attrayante et presque aussi résistante au froid. Elle porte des «queues de renard» rosâtres. ‘Karley Rose’ est le cultivar le plus connu.

Et bien sûr, nul besoin de rentrer les herbes aux écouvillons rustiques à l’intérieur pendant l’hiver.


Alors qu’attendez-vous? Sortez et sauvez vos herbes aux écouvillons rouges pendant qu’il en est encore temps !

Référence : www.zobodat.at/pdf/NEIL_10_0185-0189

Étiquettes + Pennisetum setaceum 'Rubrum', Pennisetum x advena 'Rubrum', Cenchrus × cupreus, Pennisetum devient Cenchrus, Herbe aux écouillons rouge


commentaire sur "Pour sauver votre herbe aux écouvillons rouge du froid"

  1. ALAIN TANGUAY dit :

    quoi faire avec les nombreuses cocottes dans un conifere commr le hoopsi ? peut-on en repartir de nouveaux plants ? si ,oui comment ? merci

  2. Gabrielle LaRue dit :

    Quelles plantes magnifiques – merci de nous renseigner de la sorte.

  3. Sylvie sarian dit :

    J ai personnellement sauvé cette plante depuis 5 hivers déjà sans savoir comment l hiverniser …elle trône fièrement sur le bord de ma nouvelle cascade( plein soleil). merci pour ces précieux conseils ( taille) car j hésite toujours par peur de perdre le plant . Je la place face à une fenêtre côté nord est, ce qui lui apporte de l’éclairage sans trop de chaleur.je vais tenter de diviser la motte au prochain été.

    Sylvie sarian

  4. Jacqueline Roosens (Vanginderachter) dit :

    Merci Larry pour tous vos articles tous plus intéressants les uns que les autres.

  5. J.J. dit :

    Au diable les néo botanistes qui s’ingénient à changer le nom et le classement des plantes !

    Avec les classements phylogénétique je me “mélange les pinceaux”, Je suis maintenant trop vieux et pas assez expert pour changer, alors j’ai décidé, je m’en tiens à notre bon vieux classement de Linné.

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