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Cultiver des fines herbes sous une lampe horticole

Par Patrick Dinnan

Il est impossible de battre un jardin extérieur intensément ensoleillé quand il s’agit de cultiver des fines herbes saines et savoureuses. Cependant, à moins que vous ne viviez sous les tropiques, vous ne pouvez pas cultiver ces herbes en plein air toute l’année.

Pouvoir cultiver avec succès des fines herbes à l’intérieur serait très utile pour tous ceux qui vivent avec une longue saison froide où leur culture au jardin n’est pas possible. De plus, il y a quelque chose d’unique dans l’arôme du thym ou du basilic fraîchement cueilli au cœur de l’hiver.

À l’intérieur, la lumière fait la différence

Vos verrez de nombreux sites Web vantant la culture de fines herbes sur un rebord de fenêtre ensoleillé ou exposé au sud. Je ne peux que présumer que les auteurs de ces articles vivent à Miami, à Dakar ou dans un autre endroit tout près de l’équateur. Je vis à Toronto* où, même en été, le soleil ne supportera pas un jardin d’herbes aromatiques sur le rebord d’une fenêtre, encore moins l’hiver. Chaque fois que j’ai essayé, je me suis toujours retrouvé avec des herbes étiolées et faiblardes.

*Toronto se trouve environ à la même latitude que la Côte d’Azur.

C’est là qu’interviennent les lampes de croissance. Les lampes horticoles de haute qualité peuvent donner une lumière semblable à celle du soleil. Et elles le feront sans vous ruiner avec un coût d’achat ou une facture d’électricité excessifs.

Lampes horticoles 101, version 2021

Il y a quelques années, il y avait un dédale de technologies d’éclairage potentielles à exploiter: fluorescentes standards, fluorescentes compactes (CFL), lampes à décharge à haute intensité (DHI), lampes aux halogénures, lampes à arc de plasma et d’autres encore. Toutes avaient leurs avantages et inconvénients propres et plusieurs nécessitaient une forte consommation d’énergie.

Heureusement, les choses sont beaucoup plus simples qu’auparavant. Pour les jardiniers amateurs, il n’y a vraiment plus que deux types de lumière en lice. 

Les tubes fluorescents sont toujours parfaits pour un coût initial et des coûts d’exploitation raisonnables tout en pouvant éclairer une grande surface. Préférez alors les tubes T5 à rendement élevé (High Output T5) — ils sont devenus la norme parmi les lampes horticoles fluorescentes modernes.

Les lampes horticoles DEL (LED) gagnent rapidement du terrain, toutefois. Elles coûtent toujours un peu plus cher à l’achat que les fluorescentes, même si leur prix baisse tout le temps. Les DEL sont imbattables pour fournir des longueurs d’onde de lumière spécifiques auxquelles les plantes réagissent bien. Et l’efficacité des DEL est à la fine pointe de la technologie, de sorte que le prix d’achat initial peut être compensé par une moindre consommation d’énergie.

Personnellement, j’utilise des lampes fluorescentes pour les semis et les micropousses, où il est important de couvrir une grande surface avec une lumière modérée. Pour toute autre culture, j’utilise des DEL sous diverses formes.

Quelle quantité de lumière faut-il ?

Ampoule horticole DEL SANSI 36W
Ampoule horticole DEL SANSI 36W. Photo : BrightGrow.co

En essayant de répondre à cette question, vous vous retrouverez devant un barrage de jargon. Lumens, lux, pied-bougies, etc. Pied-bougies? Sérieusement, nous utilisons encore un calcul basé sur des bougies pour une technologie du 21e siècle ? Ces mesures sont couramment utilisées pour l’éclairage des pièces, mais elles ne sont pas idéales pour l’horticulture. C’est que ces mesures concernent la façon dont les humains perçoivent la lumière et non la façon dont la lumière affecte les plantes.

Les mesures appropriées pour la lumière des plantes sont :

  • DLI (Daily Light Integral ou valeur intégrée journalière) : vous pouvez voir cette mesure comme montrant l’appétit quotidien d’une plante pour la lumière.
  • PPFD (Photosynthetic Photon Flux Density ou densité de flux photonique photosynthétique) : il s’agit de la quantité de lumière utile aux plantes qui tombe sur une zone donnée.

Les mesurer avec précision prend un capteur quantique. D’accord, le terme «quantique» ressemble à quelque chose venue d’un roman de science-fiction, mais c’est l’outil de prédilection pour les horticulteurs. Malheureusement, un capteur quantique fiable coûtera 500 $ (300 €) et plus — il est compréhensible que la plupart des jardiniers amateurs n’en aient pas.

La bonne nouvelle est que vous n’avez pas besoin de mesurer la lumière vous-même. Vous avez tout simplement besoin d’une source d’informations fiables sur ce que les lampes horticoles produisent et ce dont les différentes plantes ont besoin. Je vais prêcher pour ma paroisse et vous suggérer de consulter brightgrow.co*, où je suis en train de créer une telle source d’informations.

*De langue anglaise.

La température compte

En jardinant à l’extérieur, nous tenons pour acquis que la lumière du soleil et la chaleur vont de pair. En travaillant avec des lampes horticoles, oubliez cela! Les lampes de croissance modernes dégagent très peu de chaleur. Il est donc possible de fournir une lumière intense tout en conservant un espace de jardinage intérieur frais.

Certaines fines herbes aiment la chaleur. Le basilic, par exemple, aime les températures entre 23-29 °C. D’autres herbes sont beaucoup plus heureuses quand c’est frais. La ciboulette, par exemple, prospère à 10–23°C.

Bien sûr, vous pouvez changer la température de votre maison pour faire plaisir à vos herbes… mais en règle générale, il est plus simple de choisir vos herbes en fonction de la température que vous pouvez leur offrir facilement!

J’ai appris cette leçon quand j’ai essayé de faire pousser de l’aneth et du basilic dans mon sous-sol frais. L’aneth aimait les températures fraîches — il a monté en flèche et a même commencé à étouffer les plantes voisines. Le basilic, par contre, n’a presque pas bougé. Il voulait beaucoup plus de chaleur que ce que mon sous-sol pouvait lui donner.

Si vous avez un emplacement chaud, essayez :

  • Basilic
  • Origan
  • Thym

Si vous jardinez dans une pièce plutôt fraîche, considérez :

  • Aneth
  • Ciboulette
  • Coriandre (cilantro)
  • Menthe
  • Persil

Sélection de fines herbes d’après leur lampe de croissance idéale

Bien sûr, différentes herbes ont des besoins en lumière différents. L’éclairage qui permettra à la menthe de pousser comme une mauvaise herbe soutiendra à peine le thym.

Pour les lampes de croissance, la distance et l’intensité sont étroitement liées. Au fur et à mesure que la lumière s’éloigne de sa source, la lampe, elle se diffuse et devient moins intense. Il est donc important de choisir la bonne lumière et la bonne distance.

De manière générale, les lampes horticoles doivent être beaucoup plus proches que vous ne le pensez. Les lampes fluorescentes et les DEL de faible puissance devraient se trouver à quelques centimètres des feuilles d’une plante qui exige un éclairage intense si vous voulez qu’elles fournissent suffisamment de photons pour sa bonne croissance.

Calculer la bonne configuration peut prendre beaucoup d’essais et d’erreurs. Ou des amis avec des connaissances pratiques…

Je suis en train de créer un répertoire des plantes comestibles (edible plant directory*) que vous pouvez consulter : il regorge de «recettes d’éclairage» pour toutes sortes de fines herbes et de légumes cultivés à l’intérieur.

*En anglais seulement.

Si vous aimeriez avoir un livre sur le sujet à portée de main, je vous recommande vivement Gardening Under Lights de Leslie F. Halleck. C’est basé sur la science, mais écrit pour tout le monde. 

Une configuration simple

Cinq ampoules de croissance à visser différentes.
Une sélection d’ampoules de croissance à visser. Photo : BrightGrow.co

Vous pouvez obtenir des ampoules DEL qui se vissent dans un luminaire standard. Choisissez un culot E26 si vous êtes au Canada ou aux États-Unis ou un E27 si vous résidez en Europe.

Je suis un grand admirateur de ces ampoules. Elles sont abordables, efficaces et polyvalentes, toutes de bonnes qualités quand vous débutez avec les lampes de croissance.

Pour les lecteurs canadiens et américains, je recommande fortement l’ampoule de croissance GE PAR38. Je l’ai testée intensivement et elle bat toutes les concurrentes que j’ai essayées.

Une deuxième place honorable revient à l’ampoule horticole Sansi 36W. Elle ne fournit pas autant de lumière utile aux plantes, mais elle a l’avantage d’être disponible en dehors de l’Amérique du Nord.

Comme je l’ai mentionné, la distance entre la lumière et la feuille est importante. Une configuration ajustable est donc indispensable. Ajoutez simplement une pince ou un cordon de suspension et vous obtenez une configuration hautement réglable et abordable.

C’est aussi une bonne idée d’ajouter une minuterie à votre lampe horticole, afin que vous puissiez régler la durée de l’éclairage et ensuite l’oublier.

En règle générale, 12 heures d’éclairage par jour conviennent bien comme point de départ, même si certaines plantes préfèrent les jours plus courts et d’autres plus longs. Le basilic sera heureux sous une lampe allumée jusqu’à 18 heures par jour tandis que la coriandre commence à fléchir lorsque la durée du jour dépasse 10 à 11 heures. L’expérience et la recherche peuvent aider à trouver ce qui convient le mieux pour vos fines herbes.

Lancez-vous!

Ampoule LED de croissance GE 32W
Ampoule LED de croissance GE 32W. Photo : BrightGrow.co

Vous pouvez commencer avec une petite installation d’éclairage horticole pour moins de 50 $ (30 €) et voir si vous aimez le résultat. Il peut falloir un certain effort pour maîtriser le jardinage d’intérieur, car il faut s’habituer aux différences subtiles d’avec le jardinage en plein air. Une fois que vous l’avez fait, cependant, la culture de fines herbes dans la maison peut être un complément très satisfaisant à votre passion pour le jardinage. Et c’est bien de ne pas avoir à s’inquiéter des parasites ou de la météo pour une fois!

Bon succès!

Patrick Dinnen est un jardinier amateur canadien qui aime explorer ce que les lampes de croissance peuvent faire pour les plantes comestibles.

Article traduit et adapté de l’anglais par Larry Hodgson.

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commentaire sur "Cultiver des fines herbes sous une lampe horticole"

  1. Denise B. , Québec, QC

    Cet article arrive à point, je voulais justement en faire pousser à l’intérieur pour mon conjoint cuisinier. Est-ce mieux de les démarrer en semis ou prendre des plants de l’extérieur bien nettoyés? Peut-on utiliser une jardinière ou est-ce mieux dans des pots séparés ? Merci

  2. Je recherchais tellement des infos synthétiques et complètes comme cela, merci !

  3. Merci pour vos bon conseils

  4. SUPER intéressant ces informations. Est-ce qu’on peut trouver une version en français des liens fournis?… Je suis 0 en anglais… à moins de nous suggérer un livre sinon peut-être un “autre” projet par vous…? merci!

  5. La pollution n’est elle pas en train de rendre toutes les régions du monde “tropicales” ?
    Cette semaine, dans le sud ouest de la France, la température, comme tous les ans en été, vacillera entre les 45 et 50° Celsius, les chiffres officiels sont bien plus bas évidement.
    Le soleil n’apporte t-il pas de nutriment qu’aucune lampe ne pourra égaler ?
    Ne devons nous retrouver la sagesse des gens qui savent vivre avec es saisons et être en harmonie avec la nature qui nous soutient et à laquelle nous appartenons?

  6. L’hiver dernier a été ma 1e expérience de jardin intérieur sous lampe. Semis réussis, roquette et coriandre en hiver, qq essais de micropousses mais oh surprise.. je n’avais pas prévu cohabiter avec les sciarides ni cueillir 2 x par jours les pucerons sur mes têtes de plants de piment. Ça fait aussi partie du contrat.

  7. Bonjour,

    Merci pour toutes ces informations très intéressantes… mais ce ne sera malheureusement pas pour ma pomme.

    Pour cause d’invasions cauchemardesques et récurrentes de sciarides.
    Je gratte un peu la terre de mes pots et l’horreur se montre : des dizaines de larves transparentes qui grouillent partout.
    Résultat : aucune réussite dans les semis et plantes en mauvais état.

    Autant dire que vouloir hiverner des plantes chez moi dans de bonnes conditions relève de l’utopie (d’après ma malheureuse expérience 2020).

    Je viens de voir que j’avais écrit “larmes” au lieu de “larves” 🙁
    Ce qui reflète en fait parfaitement mon état d’esprit en pensant à ce qui va se produire dans peu de temps quand il faudra que je rentre ma collection de piments ainsi que les autres plantes !

    J’ai testé les méthodes préconisées contre ces saletés mais sans succès.

    Faut-il que je tente le Mosquito Bits ou Dunks dont l’action semble prometteuse d’après la lecture de l’article consacré sur ce blog ?
    Si quelqu’un a testé en France et peut me conseiller un vendeur : je brûle un cierge à son intention 🙂

    A bientôt.

  8. Très intéressant, et particulièrement les expériences. Mais un peu fatiguée, et je crois que cet hiver je vais encore me contenter de ma petite lampe de lecture. Jusqu’à présent quelques pieds de thym, romarin et laurier se sont contentés d’une pièce fraîche et du peu de soleil de la matinée (Lanaudière).

  9. Bonjour,

    Un avis sur le voile anti-insectes contre les sciarides ?

    Je ne lâche pas l’affaire 🙂

    https://www.magellan-bio.fr/voiles-anti-insectes/3089-filet-anti-insectes-filbio-au-metre.html

    Merci.

  10. Merci d’avoir pris le temps de me répondre 🙂
    Bonne journée.

  11. Bonjour, ma question est dirigée vers pour la situation dans laquelle on démare des semis en-dedans pour les sortir à l’extérieur ensuite. J’ai expérimenté plusieurs fois des coups de soleil ou la perte des feuilles initiales quand je les sortais. Y a-t-il une lumière del qui pourrait aider? J’utilise des fluorescents en ce moment. Une exposition progressive est compliquée et demandante. Merci d’avance!

  12. Je ne peux accéder aux liens malheureusement