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Les galles: curieuses, surprenantes, mais rarement nuisibles

Par Larry Hodgson

Tous les ans, au début de l’été, je commence à recevoir des courriels accompagnés de photos de feuilles avec des excroissances ou des boursouflures bizarres. Parfois 5 ou 6 par jour. Et les jardiniers qui les envoient sont très inquiets. Le plus souvent, l’excroissance anormale se trouve sur ou sous une feuille, généralement sur le limbe, mais parfois sur le pétiole, ou encore sur une tige.

On appelle ces croissances «galles» et elles peuvent être de diverses origines. 

Elles sont provoquées par des arthropodes dits gallicoles ou galligènes (pucerons, guêpes, mouches, acariens, etc.), plus rarement par des champignons, des nématodes ou des bactéries.

Guêpe gallicole
Guêpe gallicole femelle: minuscule et de passage très rapide, elle passe inaperçue. Photo: Insects Unlocked

Typiquement, une galle se forme quand le gallicole perce une feuille ou une tige en début de saison et y pond un ou des œufs ainsi qu’une substance qui provoque une croissance anormale des tissus environnants: la galle. Cette excroissance sert d’abri et de nourriture à sa progéniture: les nymphes consomment un peu des tissus de la plante à l’intérieur de la galle. À maturité, les jeunes gallicoles quittent la galle, souvent pour hiverner ailleurs, et voilà qu’au printemps le cycle recommence.

Rarement nécessaire de traiter

Petites galles sur une feuille d'érable.
Galles sur des feuilles d’érable. Photo: Ronald S. Kelley, Vermont Department of Forests, Parks and Recreation, Bugwood.org

Il est important de souligner que ces galles sont presque toujours assez anodines. Même quand elles semblent très nombreuses (et le nombre varie beaucoup d’une année à l’autre: souvent vous en voyez des milliers une année et plus rien pendant une décennie!), elles ne soutirent pas assez d’énergie à la plante pour vraiment lui nuire. Ainsi, on n’a normalement pas à les traiter, surtout quand il s’agit des galles foliaires (de feuille). Car le traitement le plus efficace, soit retirer chaque feuille atteinte une par une, nuira plus à la plante que de les laisser en place.

C’est donc un cas où l’on peut et devrait appliquer la règle des 15 pas: si vous reculez de 15 pas et ne voyez pas le problème, il n’est pas nécessaire d’agir.

Les amateurs d’insecticides seront sûrement déçus d’apprendre que les pesticides sont rarement efficaces contre les galles. En effet, une fois que la galle est formée, le gallicole qui la provoque est bien protégé des insecticides, car il est entouré par les tissus de son hôte et les vaporisations ne peuvent pas l’atteindre.

Pomme de chêne à l'envers d'une feuille de chêne.
La galle appelée «pomme de chêne» est impressionnante par sa taille, mais pas vraiment nuisible. On peut la sécher et l’utiliser comme décoration. Photo : Grand-Duc, Wikimedia Commons

Des applications d’insecticide précisément au bon moment, soit en début de saison quand la femelle pondeuse arrive, pourraient être efficaces, mais comment prévoir cette arrivée quand vous ne savez même pas si la plante sera atteinte une année donnée, les galles étant très sporadiques? Et souvent, la créature pondeuse est réellement petite, pas quelque chose qu’un humain pourrait facilement remarquer.

Vous voulez néanmoins réduire leur incidence? S’il s’agit d’espèces qui hivernent sur les branches et qui reviennent effectivement d’année en année (la cécidomyie de l’épinette, par exemple), des traitements d’huile au stade dormant, faits au printemps avant que la croissance du végétal ne commence, pourraient réduire leur nombre, car l’huile étouffera les insectes qu’elle touche. Mais c’est plutôt une exception que la règle. Habituellement, il n’y a presque rien à faire.

Galles de tiges

 galle en rosette du saule
La galle en artichaut du saule, une galle qui se forme à l’extrémité de la tige, ressemble à un gros bouton floral! Photo: Ryan Hodnett, Wikimedia Commons

Les galles qui se forment sur les tiges ou à l’extrémité des tiges, comme la galle des rosiers ou la galle en rosette du saule, sont plus dérangeantes, car elles empêchent la tige de se développer normalement. Heureusement qu’elles sont rarement nombreuses. Il suffit alors de les supprimer avec un sécateur quand vous en voyez… si leur présence vous dérange, bien sûr.

À chaque plante sa galle

Phytoptes veloutants du noyer sur une foliole de noyer. Photo:L Mathieu Turgeon

Les galles sont généralement très spécifiques: chaque gallicole s’attaque uniquement à un genre de plantes, voire à une seule espèce. Ainsi, vous n’avez pas à craindre qu’elles s’étendent à toutes vos plantations. Les chênes en particulier semblent avoir une foule de galles différentes… mais aucune qui ne nuise vraiment.  

Galle du rosier
Galle du rosier (cynips du rosier). Photo: Bob Harvey, geograph.org.uk

Et que de variétés de formes! Il y a des galles des chênes qui ressemblent à des bonbons, la très mousseuse galle des rosiers, les petites bosses vertes devenant rouges des phytoptes de l’érable, et la liste continue.


Les galles sont généralement plus une curiosité qu’un problème. Nul besoin donc de paniquer quand vous en découvrez!

Billet adapté d’un article paru dans ce blogue le 25 juin 2016.

Étiquettes + Galles végétales, Galles des feuilles, Galles des tiges, Traitement des galles, Gallicole


commentaire sur "Les galles: curieuses, surprenantes, mais rarement nuisibles"

  1. Elaine dit :

    Il y a certaines qui sont même très jolies

  2. hebertgenevieve dit :

    Un de mes chênes planté il y a 7 ans avait depuis 3 ans, la galle du chêne. Cette année, j’ai aspergé légèrement les bourgeons d’huile d’olive et la galle ne s’est pas installée! Mais maintenant, c’est au tour de mes tilleuls d’avoir la galle qui consiste en d’étranges pics rouges sur les feuilles! Hâte de voir si cette galle empêchera les scarabés japonais de dévoré les feuilles!

    • yulbrener dit :

      Bonjour. Je n’avais pas pensé aux huiles car mes arbres en sont infectés depuis 10 ans, pas très agréable à regarder de proche par les petits enfants… J’essaierai l’huile l’année prochaine tôt au printemps…

  3. Jean Denis Brisson dit :

    J’ai eu la chance il y a quelques années de rencontrer, à Québec, M. Raymond Gagné du USDA mais localisé au Smithsonian National Museum of Natural History (NMNH) à Washington, et qui a écrit de nombreux articles et deux livres sur les galles de cécidomyies en Amérique du Nord et du Sud https://www.amazon.ca/Plant-Feeding-Gall-Midges-North-America/dp/0801419182 . Les spécimens qui constituaient des additions à la faune du Canada, dont la galle sur les pédoncules floraux de la clématite (Neolasoptera clematidis) (trouvée au château de Montebello) et une galle sur les feuilles du rosier ‘Thérèse Bugnet’ (trouvée dans le jardin de la maison Stuart) sont déposés au SNMNH. Devant l’absence de spécialistes au Canada, j’ai choisi de les déposer dans une institution où les mentions seront conservées, avec d’autres galles reliées à des Hyménoptères pour M. Eric Grissel, aussi du SNMNH.

  4. J.J. dit :

    Très belle cette galle de rosier , j’en ai surtout observé sur des églantiers.

    Parasite qui a eu son utilité : la galle ronde du chêne, riche en tanin, à longtemps servi à fabriquer l’encre noire(avec ajout en particulier de sulfate de fer ou de cuivre).

  5. Sandra dit :

    Est-ce que la galle peut être nocive pour les animaux? J’ai vu mon chiot en manger quelques-uns sur une feuille…

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