Pourquoi et comment favoriser l’infiltration de l’eau au jardin??
Par Céline Schaldembrand
Gestionnaire des campagnes et projets de communication – ROBVQ
Selon Le Devoir, 2020 fut l’année la plus chaude jamais enregistrée. L’été 2021 à peine entamé, plusieurs villes ont déjà annoncé des restrictions d’usage de l’eau. Dans ce contexte, fort avisé est le jardinier qui sait faire un bon usage de l’eau dans sa cour?!
Infiltrer?!
L’infiltration de l’eau présente de nombreux avantages pour tous et chacun. D’abord, toute eau qui s’infiltre dans le sol ne ruissellera pas. L’eau qui ruisselle entraine avec elle tous les contaminants et polluants présents à la surface des sols perméables (béton, asphalte, sols compactés, etc.) tels que des hydrocarbures ou métaux lourds sur les routes, pesticides et herbicides épandus en trop grande quantité, particules de bitume issues des toitures en bardeaux d’asphalte ainsi que tous les déchets négligemment abandonnés par leurs propriétaires. De fait, elle constitue une des plus importantes sources de pollution des cours d’eau et des lacs. Cette pollution, amenée par le ruissellement, engendre à son tour la dégradation de la qualité de l’eau menant à la perte de biodiversité et parfois à l’interdiction de certains usages tels que la pêche ou la baignade.
Certains auront pu faire la désagréable expérience d’un refoulement d’égouts dans leur sous-sol causé par une surcharge en eau dans le réseau d’égouts lors de fortes précipitations, par exemple. D’autres encore se seront vus imposer des avis d’ébullition de l’eau du robinet ou encore une interdiction de sa consommation. L’eau (du robinet) vient… de l’eau (lac, rivière, fleuve ou nappe souterraine) et y retourne toujours?!
À l’inverse, l’eau qui s’infiltre est dépolluée d’une bonne part de ses contaminants grâce au caractère purificateur des plantes et des micro-organismes présents dans le sol. Elle recharge les nappes d’eau souterraines et désengorge le réseau d’égouts municipal?! Et c’est là que le jardinier entre en scène?!
Plusieurs options s’offrent à nous pour augmenter la quantité d’eau qui s’infiltre dans le sol :
1. Récupérer l’eau de pluie
Il est très facile et très peu couteux d’installer un baril récupérateur d’eau de pluie sous une de ses descentes de gouttière. Une fois installés, ils vous procureront, tout l’été, de l’eau gratuite et à température ambiante pour étancher la soif de vos plantes, vous permettant de vous soustraire aux restrictions municipales d’arrosage?!
Il est également possible de raccorder un baril récupérateur d’eau de pluie à un système de goutte-à-goutte ou encore à un boyau d’arrosage.
2. Privilégier les espèces indigènes
Au Québec, les précipitations totalisent environ 1?000 mm annuellement, ce qui est amplement suffisant pour couvrir les besoins des plantes, à condition qu’elles soient… d’ici?!
Les plantes indigènes (naturellement présentes au Québec) présentent le grand avantage d’être adaptées aux conditions climatiques et au sol québécois. De fait, elles nécessitent moins d’eau et moins de produits chimiques (engrais et pesticides). Par ailleurs, elles soutiennent mieux les insectes et donc, les oiseaux de nos jardins.
La Fondation de la faune du Canada a développé une encyclopédie des plantes indigènes en ligne à partir de laquelle il est possible de faire des recherches par province et par catégorie de végétal.
3. Planter des arbres et arbustes
Les arbres et les arbustes, parce qu’ils sont plus grands, ont un réseau racinaire plus important. De fait, ils favorisent l’infiltration d’une plus grande quantité d’eau, en plus d’être eux-mêmes plus résistants aux sécheresses. Par ailleurs, ils diminuent l’érosion, absorbent le gaz carbonique présent dans l’air et apportent de la fraîcheur lors des périodes chaudes.
4. Aménager un jardin pluvial
Les jardins de pluie ou jardins pluviaux sont des aménagements végétalisés créés dans une dépression pour recueillir l’eau qui ruisselle. Ils peuvent être de taille et de forme variables, peuvent être uniquement comestibles, mais sont le plus souvent constitués d’arbres et d’arbustes.
L’Organisation de bassin versant Matapédia-Restigouche a développé une expertise dans la conception et la réalisation de jardin de pluie et rend disponible beaucoup de guides et informations nécessaires à la réalisation d’un tel aménagement.
5. Aménager une tranchée filtrante
Les tranchées filtrantes jouent le même rôle que les jardins de pluie mais sont plus adaptées aux petits jardins. Comme leur nom le laisse deviner, elles sont de forme allongée et mesurent généralement 40 cm de large et 80 cm de profondeur. Elles sont généralement constituées d’un matériau filtrant tel que la pierre sous lequel est placé un drain agricole.
6. Ajouter une touche de perméabilité à vos surfaces dures
Quand vient le temps de rénover son entrée d’auto ou son patio, c’est le moment idéal pour envisager des alternatives aux matériaux conventionnels que sont le béton et l’asphalte par exemple.
Il existe actuellement sur le marché plusieurs alternatives qui offrent les mêmes avantages que les surfaces perméables conventionnelles tout en favorisant l’infiltration de l’eau et en étant esthétiques.
C’est le cas notamment des pavés alvéolés dans lesquels il est possible d’intégrer des graminées ou encore des thyms serpolets ou laineux. D’autres couvre-sols sont également possibles dépendant de la fréquence de passage de l’auto. Ces pavés sont très attrayants visuellement en plus d’être ultra-durables, résistants aux intempéries, stables au déneigement et faciles à poser (imbrication).
Il existe également des blocs, de type interblocs, briques ou blocs de béton dont les joints, en sable ou en gravier, sont espacés et permettent à l’herbe de pousser et à l’eau de s’infiltrer.
On trouve également sur le marché des dalles perméables ou poreuses à l’apparence tout à fait similaire aux dalles conventionnelles mais qui présentent l’avantage de laisser l’eau s’infiltrer.
Les chemins vers une porte d’entrée ou le cabanon peuvent finalement être faits en pas japonais. En plus d’être très esthétiques, ces aménagements sont faciles à réaliser soi-même.
Plusieurs ressources peuvent vous aider à rendre vos aménagements paysagers plus respectueux de l’eau. Par exemple, certaines municipalités ainsi que les OBV du Québec organisent régulièrement, en été, des distributions d’arbres et arbustes ou encore des ventes à bas prix de barils récupérateurs d’eau de pluie. Ils pourront également vous expliquer comment les installer.
Plusieurs d’entre eux sauront aussi vous conseiller si vous souhaitez aménager un jardin de pluie ou une tranchée filtrante.
À propos du Mois de l’eau
En 2017, dans le cadre de l’adoption de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et favorisant une meilleure gouvernance de l’eau et des milieux associés, le gouvernement du Québec proclamait le mois de juin «Mois de l’eau», dans le but de sensibiliser et d’éduquer la population du Québec sur l’eau et ses enjeux. Il en a confié la coordination au Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ). Cette initiative est prévue dans le Plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau, qui déploie des mesures concrètes pour protéger, utiliser et gérer l’eau et les milieux aquatiques de façon responsable, intégrée et durable.
À propos du ROBVQ
Les organismes de bassins versants (OBV) et les tables de concertation régionales (TCR) sont mandatés par le gouvernement en vertu de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et favorisant une meilleure gouvernance de l’eau et des milieux associés. En concertation avec les acteurs de l’eau de leur territoire, ils élaborent et assurent le suivi d’un plan directeur de l’eau ou d’un plan de gestion intégrée régionale sur le Saint-Laurent. Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) représente 40 organismes de bassins versants établis sur l’ensemble du Québec méridional regroupant quelque 900 acteurs de l’eau.
Merci beaucoup de partager tous ces articles et conseils à chaque jour! Je commence ma journée par la lecture de vos blogues horticoles. Hélène
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Bravo pour cet excellent article et l’inspiration pour un Québec moins exigeant en eau!
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Un petit truc: i je récupère l’eau de mon déshumidificateur qui est dans mon sous-sol et je me sers de cette eau pour arroser mes jardinières. Lorsque le temps est très humide je peu récupérer jusqu’à 7 litre par jour.
Brigitte
Excelle te idée
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Un procédé qui freine également le ruissellement sur les surfaces cultivées, et permet également d’espacer par temps chaud et sec les arrosages, c’est le paillage.
Au Canada, dans bien ?des lieux, vous avez la neige qui protège vos sols en hiver.
Mais le paillage protège également les sols du lessivage et du damage provoqués par les orages d’été, et chez nous les pluies persistantes d’hiver, en plus d’entretenir une microfaune favorable à la bonne santé et à la fertilité des terres..
Il y a plusieurs façons de récupérer l’eau pour nos jardins. J’essai de ne pas gaspiller aucune eau. Je sais qu’ici nous en avons beaucoup, mais juste le fait de récupérer l’eau de pluie pour mon jardin, m’aide à mieux me sentir.
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Merci beaucoup! Cela donne le goût de passer à l’action.
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