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Pollinisation croisée des légumes au potager? Pas un problème!

Par Larry Hodgson

Je reçois régulièrement des messages de jardiniers inquiets de la pollinisation croisée de leurs légumes-fruits. Ils craignent que, en faisant pousser deux variétés de poivron, de courge, de concombre ou d’autre légume fruitier dans le même potager, le pollen de l’un atterrira sur la fleur de l’autre et que cela affectera négativement leurs récoltes.

Et oui, de tels croisements sont possibles… mais ne causent presque jamais de problème.

La pollinisation croisée n’affecte pas le goût

Il faut comprendre que quand une fleur reçoit du pollen d’une variété différente, cela ne changera pas la forme, la couleur ou le goût du fruit à venir. Si, par exemple, le pollen de votre courgette verte (zucchini) était transporté par une abeille à une courgette jaune poussant à proximité, cette dernière produirait toujours ses fruits jaunes habituels avec toutes ses caractéristiques normales. 

Et c’est la même chose pour deux poivrons, deux concombres ou deux tomates. La pollinisation croisée est sans importance pour la récolte à venir.

Là où une pollinisation croisée aurait un effet nuisible, c’est dans la génération suivante. Si vous conserviez des semences de votre courgette jaune alors que sa fleur avait été croisée avec le pollen d’une courgette verte, lorsque vous sèmeriez ces graines, les fruits produits présenteraient des traits mixtes.

Par contre, la plupart des jardiniers ne conservent pas leurs graines pour le réensemencement : ils achètent des graines fraîches chaque année. Ainsi, ils n’ont pas à s’inquiéter des effets de la pollinisation croisée sur leurs légumes. Du tout!

Deux exceptions

Si cultiver deux variétés du même légume fruitier à proximité n’altère nullement le goût, la couleur et la forme de la récolte la première année dans la vaste majorité des cas, il y a quand même deux exceptions:

Le maïs (blé d’Inde) subit une double fécondation: le pollen apporté par le vent féconde à la fois le germe qui donnera un nouveau plant, mais aussi l’endosperme, le grain qu’on mange. Donc oui, le goût et même la couleur et la texture du grain peuvent être modifiés négativement par la présence d’une autre lignée de maïs à proximité. Lisez Cultivez votre maïs en isolé pour comprendre cette situation unique. 

L’autre exception courante est le concombre anglais (concombre de serre). Il est parthénocarpique, c’est-à-dire qu’il produit des fruits sans être fécondé (c’est pourquoi les pépins ne se développent jamais). Mais s’il est pollinisé par un concombre normal à proximité, il produira des fruits bosselés et irréguliers, avec pépins. C’est pourquoi on le cultive habituellement en serre pour éviter tout croisement. Lisez Les concombres anglais n’aiment pas la compagnie pour plus de renseignements.

Dans la plupart des cas, pas besoin de s’inquiéter !

Alors, détendez-vous ! Hormis les deux exceptions mentionnées, vous pouvez cultiver en toute sécurité différentes variétés du même légume côte à côte et profiter de délicieuses récoltes fidèles au type. Ce n’est que si vous conservez des semences que vous devez envisager de maintenir une distance d’isolement souvent considérable.

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commentaire sur "Pollinisation croisée des légumes au potager? Pas un problème!"

  1. Caroline Fortin dit :

    Je ne m’étais jamais souciée de la pollinisation croisée. Je cultive toujours plusieurs variétés de tomates très différentes dans un petit espace et je récupère les graines pour l’année suivante. Pourtant les tomates me semblent conserver leurs caractéristiques d’une année à l’autre, sauf une fois où j’ai eu des Green Zebra jaunes et moins savoureuses. J’ai peut-être été chanceuse.

  2. J.J. dit :

    C’est vrai que les cucurbitacées ont une fâcheuse tendance à mélanger leurs gênes avec la complicité des insectes butineurs.
    Les jardiniers qui parfois récoltent leurs graines pour les ressemer (pour sauvegarder une variété rare, par exemple) ont intérêt à mettre le plus d’espace possible être deux variétés.
    Des hybridations entre cucurbitacées comestibles et les coloquintes ornementales mais toxiques peuvent donner des hybrides eux mêmes vénéneux.

  3. Michèle dit :

    Je ne sais pas si cela a un lien, mais j’ai posé cette question il y a quelques jours dans le fil de commentaires sur un autre de vos articles et que voilà, si vite, une réponse ultra-précise à ma question !! Dans tous les cas, cet article tombe à point en ce qui me concerne. Un gros merci pour cet article et en général pour tout ce trésor de vulgarisation et information que vous nous offrez jour après jour !

  4. Dominique Bellon dit :

    Moi aussi.Ça tombe bien!

  5. Andrée dit :

    Aucun potager, non, mais ravie d’apprendre chaque jour quelques éléments nouveaux, comme au sujet du concombre anglais qui est «parthénocarpique». On n’a qu’à s’abonner à vos articles pour garder notre esprit en état d’apprentissage constant. Merci, et bonne journée.

  6. Donna Birch dit :

    J’ai déjà eu un courge spagetti qui s’est croisé avec un zucchini vert. La courge était jaune rayé avec du vert. Mais le plus intéressant? Il n’avait pas la pelure dure d’une courge mais celle d’une zucchini, facile à couper. Le goût et texture étaient toujours comme ceux de la courge spagetti. Je n’ai jamais réussi à reproduire ça, et j’ai essayé quelques fois.

  7. J’ai fait pousser du basilic vert et du basilic rouge l’an dernier. Les abeilles ont pollinisé leurs fleurs et j’ai planté les graines qui en ont résulté ce printemps. J’ai maintenant un seul plant de basilic rouge et une poignée de plants de basilic vert dits “purs”. Le reste, ce sont des hybrides et je dois dire qu’ils poussent beaucoup plus vite et sont plus résilients.

  8. Djak dit :

    Bonjour, article très intéressant et du coup je me demande si dans le cas d’un fruitier qui reste en place plusieurs années style framboisier on peut mélanger les variétés sans craindre une hybridation l’année suivante ?
    Merci pour le blog

    • Aucun problème, puisque c’est la plante qui repousse à partir de drageons, donc elle demeure identique d’année en année. Si vous gardiez des semences de framboisier pour les semer, ce serait une autre histoire complètement.

  9. Mikie dit :

    J’ai un mandarinier en pot qui cette année était couvert de fleurs, un vrai bonheur ! Il a été visité en continu par une foule d’abeilles, de bourdons, entre autres. Il n’a plus de fleurs maintenant mais pas non plus de départ de fruit. Est-ce normal ?

    • Normal, oui. Décevant, oui. Il n’y a un seul fruitier qui ne déçoit parfois. Il y avait peut-être un facteur négatif que vous n’aviez pas remarqué et qui n’y sera pas la prochaine fois.

  10. Mikie dit :

    Merci de votre réponse. J’aimerai bien savoir ce que vous appelez “un facteur négatif”, quand on sait il est plus facile de comprendre le pourquoi.

  11. Il peut avoir des facteurs qui ne sont pas bien connu des humains. Que le pollen ne colle pas aux stigmates s’il fait trop chaud, trop froid, trop humid, trop sec; que les fleurs avortent si on n’arrose pas à tel ou tel stade critique, etc. Et d’autres. Il y a une infini de possiblités de petites choses qui peuvent influencer la nouaison, mais que les humains n’ont pas encore découvertes.

    • Mikie dit :

      Grand merci j’ai bien compris. Je serai plus attentive l’année prochaine si Monsieur veux bien refleurir. Cette année c’était la première fois, il a 7/8 ans. Il a fait les choses en grand, j’aurai préféré moins de fleurs mais des fruits, oh 2 ou 3 ! A demain pour un prochain article.

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