Arbre urbain de l’année 2021 : le séquoia géant
Par Larry Hodgson
Chaque année, les membres de la Society of Municipal Arborists (SMA), une société internationale d’arboristes basée aux États-Unis, nomment un arbre urbain de l’année. Cette tradition remonte à 1996 quand le ginkgo ‘Princeton Sentry’ (Ginkgo biloba ‘Princeton Sentry’) est devenu le tout premier arbre urbain de l’année.
Pour 2021, l’arbre urbain de l’année est un peu une surprise, tellement il est différent des choix du passé : le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum).
Je suis un amateur du séquoia géant depuis que j’en ai vu un spécimen pour la première fois dans un parc à Victoria, en Colombie-Britannique quand j’avais 18 ans. Quelle majesté! Quelle taille extraordinaire! Je suis resté bouche bée devant sa beauté!
Et une quinzaine d’années plus tard, j’ai pu voir quelques-uns des plus gros spécimens au monde de cette espèce dans le Parc national de Sequoia en Californie, où les humains ont l’air de fourmis à leurs pieds. Impressionnant!
Évidemment, ce n’est pas un arbre qu’on voit dans ma région: il fait trop froid à Québec (zone de rusticité 4 b) pour cet arbre davantage adapté à un climat tempéré modéré (zones 7 à 9). D’ailleurs, le seul endroit où l’on peut légitimement cultiver cet arbre dans tout le Canada avec le moindre espoir de le voir grandir en santé et devenir un vrai géant est sur la côte ouest du pays dans le sud de la Colombie-Britannique. Nos cousins français et belges ont plus de chance : il croît très bien chez eux et on en voit dans beaucoup de grands parcs et même sur les terrains privés.
Mais on n’a nul besoin de cultiver une plante pour l’admirer!
Voici quelques extraits du communiqué de presse offert par la SMA sur l’arbre urbain 2021 et que j’ai traduit en français à l’attention de mes lecteurs :
Bien que le séquoia géant soit originaire d’une région relativement restreinte sur la pente occidentale des montagnes de la Sierra Nevada en Californie, il est très adaptable, ce qui le rend approprié pour une utilisation bien au-delà de son terrain d’origine. En effet, il est cultivé dans de nombreux espaces et parcs, urbains ou non.
Comme la plupart des arbres, il préfère un sol loameux, une humidité assez égale, un pH moyen, un bon volume de sol, un sol non compacté et le plein soleil. Cependant, il peut pousser dans des conditions nettement inférieures à ces conditions idéales. D’ailleurs, plus l’arbre est établi depuis longtemps, mieux il semble capable de surmonter les périodes de sécheresse, un point faible pour les jeunes spécimens. Par contre, le plein soleil semble être la condition la moins négociable pour le séquoia géant : l’ombre, c’est non!
Mais comment un séquoia géant, dans toute sa splendeur massive, peut-il être considéré comme un arbre urbain? On ne peut guère, après tout, planter ce géant au tronc massif à la queue leu leu le long d’une mince artère urbaine!
Gordon Matassa, analyste administratif à la Division des services d’arbres du Département des travaux publics d’Oakland, en Californie, explique. «Si elle est plantée correctement dans les zones urbaines, cette espèce peut faire le lien entre le monde naturel et les villes que beaucoup d’entre nous considèrent comme notre foyer, dit-il. Le séquoia géant est bien adapté aux secteurs urbains des zones de rusticité 7 à 9, du moins celles profitant d’un climat relativement humide. Il suffit qu’il dispose de suffisamment d’espace pour pousser, par exemple lorsqu’il est planté dans les parcs urbains. Nous avons plusieurs séquoias géants dans nos parcs à Oakland, en Californie, où ils ressortent du paysage urbain typique comme un phare par leur taille et leur densité surprenantes.»
Les séquoias géants sont nombreux aussi à Portland, Oregon; beaucoup d’entre eux ont été plantés vers 1900. Il y a sept séquoias géants inscrits au programme Portland Heritage Trees (les arbres patrimoniaux de Portland) — certains poussant dans des parcs, d’autres dans l’emprise de la ville ou sur les terrains résidentiels. Le plus grand d’entre eux se trouve dans le parc Mt Tabor de Portland; il mesure 60 mètres de haut, avec une étendue des rameaux de 15 m et une circonférence du tronc de 7,7 m. (Dans des conditions idéales, le séquoia géant peut potentiellement dépasser 75 m de hauteur.)
Selon le site Web de Portland Parks and Recreation, «près de 500 séquoias géants et séquoias toujours verts (Sequoia sempervirens) ont été inventoriés dans la ville, et 93 % ont été jugés en bon ou en assez bon état. Ces arbres prospèrent dans notre forêt urbaine et, en tant que conifères de taille exceptionnelle, ils nous procurent d’énormes avantages pour la santé publique et l’environnement. Un séquoia géant mature à Portland peut stocker plus de 6 tonnes de carbone et éliminer énormément de polluants de l’air chaque année.»
Un peu plus d’information sur le séquoia géant
Voilà pour les renseignements inclus dans le communiqué de presse de la SMA et je les remercie pour cette information… mais je voulais partager avec vous d’autres renseignements fascinants au sujet de cet arbre des plus remarquables.
Le séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) est l’arbre individuel qui atteint le plus grand volume au monde. Dans son milieu naturel, il atteint une hauteur moyenne de 50 à 85 m avec un diamètre de tronc allant de 6 à 8 m. Il n’est pas aussi haut que son cousin, le séquoia toujours vert (Sequoia sempervirens), l’arbre le plus haut au monde, qui atteint jusqu’à 115,5 m de hauteur, mais il est nettement plus massif.
Les deux séquoias, ainsi que le métaséquoia du Sichuan (Metasequoia glyptostroboides), sont les derniers membres vivants des Séquoioidées, une sous-famille de conifères de la famille des Cupressacées, autrefois trouvée dans le monde entier. En fait, le séquoia géant lui-même fut largement distribué un peu partout en Amérique du Nord et en Eurasie avant d’être repoussé à sa présente zone de répartition considérablement réduite lors de la dernière période glaciaire. Des fossiles de l’ère du Crétacé de ce qui étaient peut-être des séquoias géants ont même été trouvés en Australie et en Nouvelle-Zélande!
Le séquoia géant est également considéré comme le deuxième arbre individuel le plus vieux du monde, avec plusieurs spécimens de plus de 3000 ans. Seul le pin bristlecone du Grand Bassin (Pinus longaeva), qui compte plusieurs spécimens de plus de 4000 ans, le bat.
L’espèce est très adaptée aux incendies, avec une écorce rougeâtre extrêmement épaisse et très résistante au feu et des cônes qui ne s’ouvrent facilement qu’après un incendie. Il ne semble pouvoir se régénérer naturellement qu’après qu’un feu a brûlé les déchets qui se sont accumulés sur le sol de la forêt, permettant aux semis qui germent de profiter du plein soleil nécessaire à leur développement.
Le séquoia géant est un arbre vedette populaire dans les parcs et zones urbaines dans les climats tempérés appropriés à travers le monde, de la Côte Ouest de l’Amérique au Chili, à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie. J’en ai vus dans toute l’Europe, de la France et la Belgique (il y a un superbe spécimen près des serres de Laeken en banlieue de Bruxelles!) à l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, la République tchèque et j’en passe.
Dans la plupart de ces climats, le séquoia géant pousse assez rapidement et les spécimens peuvent atteindre près de 60 mètres de haut en environ 150 ans. Dans l’est de l’Amérique du Nord, apparemment entravée par des étés chauds et secs, sa croissance est plus lente, mais il existe des spécimens de moindre taille (ils semblent y pousser deux fois moins vite et restent nettement plus petits) dans plusieurs parcs et arboretums jusqu’à Boston qui semble être environ la limite nord pour une croissance raisonnable de cette plante.
Théoriquement, le séquoia géant ne se cultive pas au Québec, mais je dois me confesser. J’ai déjà essayé d’en cultiver à partir de semences — oui, en zone 4b! — il y a une trentaine d’années et un spécimen a survécu, bien couvert de neige chaque hiver, bien sûr, pendant trois ans avant de finalement succomber lors d’un hiver particulièrement brutal.
Et puis, il existe maintenant un cultivar dit «extra rustique» : ‘Hazel Smith’. Peut-être que…?
Le séquoia géant: un arbre vraiment majestueux qui mérite bien la désignation d’arbre urbain de l’année 2021!
J ai un sequoia chez moi sur le terrain depuis plus de 7 ans et il se porte très bien . Je demeure a Notre Dame du Rosaire tout près de Montmagny . Avec de la patience et des soins on peut y arriver .
Bravo!
Bonjour, nous avons reçu de notre famille de Vancouver qui ont plusieurs sequoias géants sur leur terrain (>15) un petit sequoia en pot de 15 po et d’une hauteur d’ 1m. Nous habitons Montréal. Bien sûr pour l’hiver nous le garderons à l’intérieur mais je prendrais bien les conseils du monsieur de Montmagny et de vous M. Hodgson à savoir si au printemps c’est réaliste de le mettre en terre et si oui quels seraient vos conseils pour qu’il puisse vivre chez moi.
Il faudrait bien sûr le protéger massivement et il faut penser que restera essentiellement un arbuste, plus large que haut. C’est ce qui arrive aux conifères quand on les cultive sous un climat trop froid, mais avec une protection.
Bonjour , je m amuse a faire germé des séquoias , les rares qui survivent je les plante a l extérieur et j en donne a des amis pres de St-Georges de Beauce , a la longue je suis convaicu que certains avec une génétique adaptée survivrons et dans 300 ans on se demandra qui est le fou qui a planté ca ici 🙂 ,certains on 3-4 hiver et semblent tolérer la dureté du climat .
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Deux séquoias geants sont menacés d’abattage dans une commune de la Sarthe en France. Nous cherchons un moyen d’éviter cet abattage.Savez vous quelles especes protégées vivent dans ces arbres?