Il est temps de bouturer vos boutures d’annuelles
Si vous êtes comme moi, au début de l’automne dernier, vous avez rentré des boutures de plusieurs annuelles de jardin — pélargoniums, bégonias, impatiens, coléus, cuphéas, etc. — pour les conserver pendant l’hiver. Ou peut-être avez-vous rentré des boutures de fines herbes ou même de légumes (parfois, je conserve ainsi un poivron ou une tomate unique, surtout si je ne suis pas sûr de pouvoir la remplacer l’année suivante).
Je fais toujours deux boutures de la même plante, au cas où que j’en perdrais une. Elles s’enracinent rapidement sur le rebord de ma fenêtre ou sous des lampes de culture et servent de plantes d’intérieur supplémentaires pendant l’hiver. (Et qui n’a pas besoin de plus de verdure durant les longs mois gris de l’hiver!) Certaines des plantes produites réussissent même à fleurir à l’intérieur, bien que plus modestement qu’en plein air, ce qui ajoute de la beauté à un projet initialement surtout pratique.
L’idée est de garder en vie dans la maison ces plantes sensibles au gel pendant les mois d’automne et d’hiver afin qu’elles puissent servir de nouveau dans le jardin au printemps… ou en jardinières sur le balcon. En n’en cultivant que deux boutures par variété, je m’assure qu’elles n’occuperont pas trop de place dans la maison de septembre à mars. D’ailleurs, je les pince de temps en temps pour stimuler une croissance plus dense, ce qui les empêche de déborder trop de l’espace que je leur accorde.
Mais avec l’arrivée de mars, tout cela changera, car maintenant, il est temps de bouturer mes boutures enracinées.
De conservation à multiplication
Dans l’hémisphère Nord, mars est habituellement le mois où l’on prend des boutures de nos boutures. Oui, même si elles étaient bébés il y a à peine quelques mois, les plantes bouturées à l’automne sont maintenant bien enracinées et, si vous les avez pincées au moins une fois, ont probablement de multiples branches. Et chaque branche peut être récoltée et enracinée. Évidemment, cela laissera la plante mère dans un état assez pitoyable: qu’une souche et quelques tiges raccourcies, habituellement sans aucune feuille. Mais elle vous surprendra sous peu, car de sa charpente dénudée repousseront bientôt de nouvelles feuilles et tiges et, en quelques semaines, elle sera aussi bien fournie que jamais.
Alors, avec les deux plantes mères (l’originale et la remplaçante) qui repoussent et 3 à 6 boutures enracinées faites à partir de chaque plante, j’aurai bientôt beaucoup de matériel végétal pour remplir mon jardin et mes jardinières.
Conseil pratique: Démarrer les boutures à partir d’autres boutures est non seulement pratique, mais très économique. Compte tenu du coût des annuelles ces jours-ci (5 ou 6$ par plante en pot individuel au Québec, souvent plus!), si j’achetais environ la même quantité de plantes (à partir de boutures, je produis ainsi environ 130 plantes chaque printemps) dans une jardinerie… eh bien, je n’aurais tout simplement pas les moyens de le faire. Utilisez alors l’argent que vous économisez pour vous offrir un voyage en camping ou un cadeau spécial: vous le méritez!
Le bouturage étape par étape
Prendre des boutures à partir de boutures d’annuelles est assez basique. Déjà, comme très peu sont des plantes ligneuses (les fuchsias et les lantanas étant des exceptions), aucune hormone d’enracinement n’est généralement nécessaire. Et tout ce dont vous avez besoin, excepté les plantes, c’est du terreau (qu’il faut acheter), des pots (que vous pouvez recycler), une ou des mini-serres (également recyclables) et un espace profitant de beaucoup de lumière.
Voici un résumé rapide de la technique:
- Humidifiez préalablement le terreau en le versant dans un seau ou un bol, puis en ajoutant de l’eau tiède et en remuant bien. Vous voudrez qu’il soit à peine humide, comme une éponge essorée.
- Remplissez le nombre de pots ou d’alvéoles dont vous avez besoin avec le terreau humide. Chacun doit, bien sûr, être muni d’un trou de drainage.
- À l’aide d’un crayon ou d’un stylo, percez un trou dans le terreau au centre du pot.
- Avec un couteau bien aiguisé ou un sécateur, coupez une tige saine composée d’au moins trois nœuds et de préférence quatre ou cinq (un nœud est l’endroit sur la tige où les feuilles sont attachées ou ont déjà été attachées).
- Retirez les fleurs et les boutons floraux, car ils saperaient inutilement l’énergie de la nouvelle plante. Retirez également les feuilles au bas de la bouture pour dénuder la partie inférieure de la tige.
- À moins que vous ne vouliez une plante qui pousse tout droit vers le haut, pincez l’extrémité de la bouture. Cela stimulera une meilleure ramification et ainsi une meilleure floraison plus tard.
- Insérez l’extrémité inférieure de la bouture dans le trou que vous venez de préparer, et ce, jusqu’au deuxième ou troisième nœud*. Tassez doucement le terreau autour de la bouture pour qu’elle se tienne à la verticale.
* Si vous devez ajouter de l’hormone d’enracinement à une bouture ligneuse ou difficile à enraciner, appliquez-la avec un coton-tige à l’extrémité inférieure de la tige juste avant de l’insérer dans le terreau.
- Recouvrez le pot avec un dôme ou un sac en plastique transparent, créant une mini-serre. Cela permettra une culture à l’étouffée où régnera la forte humidité propice à l’enracinement.
- Placez le pot dans un endroit bien éclairé, mais à l’abri de la lumière directe du soleil (sinon, la température deviendra trop intense à l’intérieur de la mini-serre), et à des températures assez chaudes: 21–24 °C.
- Maintenant, attendez patiemment. Certaines boutures s’enracinent en seulement 4 à 7 jours, mais la plupart prendront deux ou trois semaines, voire plus d’un mois (le cas de certaines boutures de plantes ligneuses). Aucun arrosage ni aucun autre soin ne seront nécessaires tant que les boutures seront à l’intérieur de leur mini-serre.
- Lorsque vous voyez de nouvelles feuilles commencer à apparaître, généralement signe que la plante s’est enracinée, retirez la mini-serre. Faites-le progressivement sur 3 à 4 jours pour donner à la plante une chance de s’adapter à l’air plus sec de votre demeure.
- Déplacez les boutures à un emplacement fortement éclairé ou même au plein soleil.
- À partir de ce moment et jusqu’au repiquage en pleine terre, vos boutures (maintenant des plantes indépendantes) devront être arrosées régulièrement dès que le terreau s’assèchera et aussi fertilisées de temps en temps. Certaines pourraient avoir besoin d’être pincées une deuxième fois.
- Lorsque la température extérieure s’est réchauffée, avec des nuits au-dessus de 12 °C, commencez à acclimater vos plantes aux conditions de plein air en leur offrant 2 ou 3 jours à l’ombre, 2 ou 3 jours à la mi-ombre et 2 ou 3 jours au soleil.
- Plantez les boutures enracinées en jardinière ou directement dans le jardin.
Et voilà! Vous avez réussi à produire des dizaines, voire une centaine de plantes de jardin à partir de quelques boutures rentrées à l’intérieur l’automne précédent. Donnez-vous une tape dans le dos!
Trouver plus d’espace
Si vous commencez à pratiquer la technique de récupérer des annuelles, puis de les rebouturer au printemps, le nombre de plantes que vous produirez annuellement risque de beaucoup augmenter. Ainsi, trouver assez d’espace pour les loger deviendra une préoccupation majeure. D’autant plus que vous démarrez probablement aussi toutes sortes de plantes à partir de semences à la même saison! Et, puisque toutes ces plantes auront besoin d’un bon éclairage, l’espace convenable sera encore davantage sollicité!
Personnellement, je réquisitionne essentiellement tous les rebords de fenêtres ensoleillés de la maison et place aussi des étagères et des tables devant les fenêtres. De plus, j’utilise des lampes fluorescentes vieilles de plusieurs décennies (les jardiniers modernes pourraient utiliser des lampes de culture DEL, équivalentes) dans mon sous-sol et qui ne servent que quelques semaines par an. De plus, j’installe deux serres temporaires chauffées uniquement par le soleil dans le jardin et profite aussi d’une couche froide pour les plantes adaptées aux conditions plus fraîches.
Vous pouvez envisager des moyens similaires de trouver de l’espace pour vos boutures et vos semis.
Prendre des boutures de vos boutures: chaque jardinier devrait le faire!
Vraiment fascinant ce que la nature nous permet de faire!
?
Quelles sont les plantes d’intérieur qu’on peut planter dans les platebandes dehors (pendant l’été?
Théoriquement, toutes!
Meme les plantes tropicales? :O
Oui.
Bonjour et merci pour vos conseils. Je rentre toujours 2 plants de plantes que veux garder pour l’été prochain (comme vous). Ainsi je n’ai pas à payer beaucoup d’argent pour fleurir la maison extérieure. Je me suis toujours demandée si je devais pincer mes géraniums? Est-ce que je dois le faire? Merci beaucoup.
Ce n’est pas obligatoire, mais habituellement, oui, on les pince pour stimuler un développement plus compact et une floraison plus abondante.
Merci beaucoup, je vais pincer mes géraniums.
Merci pour cet article. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu plus de la culture en serre temporaire et des plantes que l’on peut y mettre? Merci
Sans doute dans les semaines à venir.
Cette année étant nouvellement retraitée, j’aurai plus de temps pour m’occuper de mes plates-bandes. Pouvez-vous me dire pourquoi ex: mes lys sibériens étaient beaux les premières années et par la suite. Ils sont vides dans le centre comme si j’avais planté un cercle de fleurs. Merci
Les bulbes sont devenus trop denses avec le temps et seulement ceux de l’extérieur de la motte ont pu profiter. Il faudrait le diviser aux 4 ou 5 ans pour rétablir l’équilibre.
Je fais beaucoup de boutures mais pas de boutures de boutures ,mais je vais le faire notamment sur des boutures d’ipoméa batatas qui commence à prendre leur aise !
Merci !
Est-ce que partir des boutures dans l’eau est aussi efficace que directement dans la terre et en serre?
Non, le taux de succès est généralement plus faible. Info: https://jardinierparesseux.com/2016/03/14/pas-de-boutures-dans-leau/
Bonjour M. Hodgson,
A l’automne dernier, j’ai fait, comme les années précédentes, des boutures diverses, dont les classiques pélargonium, mais aussi des argythemum (rose, vanille et jaune vif), des coléus, etc.
J’ai eu des problèmes de pucerons, impossible de m’en défaire depuis mes premiers, arrivés il y a trois ans environ !, mais en les suivant pas à pas – par une inspection militaire chaque matin ! -, j’ai réussi à les contrôler avec du Safer (sur ce point des insecticides, j’aurais une question sur l’huile de neem, mais je me reprendrai dans une question distincte, sur votre page sur l’huile de neem, afin de ne pas alourdir ma question ici).
J’ai aussi des mouches blanches, mais ici encore, j’arrive à les contrôler comme les pucerons.
Leur apparition est beaucoup moins régulière que pour les pucerons.
Ma question porte sur un curieux phénomène qui correspond peut-être aux pellicules que vous mentionnez dans votre article “Attention – les mouches blanches sont de retour !” mais peut-être pas (cf. https://jardinierparesseux.com/2020/03/02/attention-les-mouches-blanches-sont-de-retour/).
C’est sur le pélargonium que j’ai surtout observé ce phénomène qui consiste en des pellicules, mais pas rondes ou petites, mais formant plutôt des morceaux assez larges – à l’œil, ces débris sont d’environ 1/2 cm de large par ½ cm de haut, maximum. C’est comme si j’avais effrité du mica ou, meilleure analogie encore : du papier à moitié brûlé sur les feuilles. C’est très plat. Les pellicules ne sont donc pas petites comme de vraies pellicules, ou de forme ronde plus ou moins égale comme sur votre photo dans l’article op. cit, mais ce sont vraiment des morceaux plats, aux bordures un peu déchiquetées.
La couleur est blanchâtre, un peu grisâtre, de mémoire. Ce ne sont pas des nymphes, comme montrées dans votre article op. cit, mais vraiment des matières qui me semblent bien inertes. Il n’y a rien qui se cache sous ces débris, en tout cas, je n’ai rien vu de tel (bibitte se cachant sous la grosse pellicule). Les mouches mêmes, je les vois parfois (vraies pellicules soupoudrées sur les feuilles) et, à ce jour, j’ai réussi à les contrôler avec du safer (j’ai aussi utilisé du neem dans du safer (1/10), vaporisé sur les feuilles et le terreau, et cela a peut-être contribué au relatif bon contrôle que j’ai eu jusqu’ici ?)
Malheureusement, je n’ai pas été assez systématique pour noter si l’arrivée de ces pellicules ‘carrées’ avait été suivie de vraies mouches blanches. J’ai inspecté le dessous des feuilles, mais vu ni ces dépôts ni nymphes mobiles. Rien de vivant pour ce que j’ai pu voir correspondant à l’apparition de mes larges pellicules.
Pour la quantité, c’est inégal d’une feuille à l’autre, disons qu’approximativement 10% de chaque grande feuille de pélargonium en est recouverte, mais ça varie d’une feuille à l’autre. De mémoire, c’est sur les feuilles supérieures que ça se produit.
Ça arrive autant sur des boutures fraîches que sur de ‘vieilles’ boutures de 5 mois ou plus.
La dernière fois que j’ai vu ces ‘effritements’ sur mes feuilles de géraniums de jardin, c’était il y a quelques jours et j’ai immédiatement arrosé (pulvérisateur à main) de savon safer dessus et dessous les feuilles et aussi sur le terreau (surface du sol). Je ne vois rien de suspect depuis.
J’ai pensé à un moment donné que ce pouvait être les fleurs, qui en fanant laissaient ces dépôts, mais la dernière venue de ces débris, il y a quelques jours, n’avait rien à voir avec les fleurs puisqu’il n’y en avait pas.
Si ces débris ne sont pas une étape du cycle des mouches ou autres parasites (car à part les pucerons, je n’ai identifié aucune autre bibittes sur mes boutures), je suis bien curieuse de savoir d’où ça vient et ce que c’est – on dirait que ça tombe d’en haut sur les feuilles, comme une pluie, mais rien de ce que j’ai au-dessus de mes boutures (j’ai des néons T5) ne va dans le sens d’une pluie de mini morceaux de papier calciné !
Merci de votre attention – et merci pour cet article qui est, comme les autres, toujours inspirant!
Michèle
Je n’arrive pas à voir ce que ça peut être: cochenilles à carapace? (https://jardinierparesseux.com/2016/09/29/les-cochenilles-a-carapace-sournoises-et-difficiles-a-controler/) Oedème? (J’en parle un peu ici: https://jardinierparesseux.com/2020/12/13/quand-un-echeveria-saffaisse/). Maladie? Il y a une foule de maladies foliaires qui laissent des marques brunes.
Merci, mais ce n’est pas ça non – ni cochenilles à carapaces ni œdème. Ça fait vraiment comme des confettis grisâtres qui cassent sous les doigts. Ça ne tient pas sur les feuilles, ça tombe dès qu’on touche. Très légers, vraiment : comme des confettis. En tout cas, ce ne sont pas des débuts de mouches blanches, si je comprends bien votre réponse (je n’ai que ça ici – des pucerons et, plus espacés dans le temps, des mouches blanches).
Merci d’avoir pris le temps de me répondre et bonne fin de journée !
Suite de ma Q et votre R plus haut. : j’ai enfin trouvé ce que sont ces fameuses petites ‘paillettes’ semblables à du mica grisâtres ou à des confettis à bord irréguliers !
Ça vient simplement de mes arrosoirs. Je les (les paillettes) ai pris en flagrant délit hier après avoir commencé mes arrosages sur des plantes dont les feuilles étaient libres de toutes ces gros débris avant l’arrosage.
Cela dit, je ne saisis pas la cause – je vois seulement deux variables, ensemble ou séparément, qui peuvent expliquer cela, soit : 1) le fait que mon eau ici est très dure, très calcaire combiné 2) au fait qu’à chaque remplissage des arrosoirs (sauf pour les semis et les très jeunes boutures), j’ajoute 1/4 de dose, voire moins, d’engrais 20 20 20 à mon eau. J’ai déjà mis des algues, mais les arrosoirs devenaient vraiment sales et j’ai cessé. Je soupçonnais que les algues qui se formaient autour (en dehors) des pots de terre cuite (dépôts verts gluants) pouvaient venir des algues, à tort ou à raison. .
Bref : le mystère est résolu – je devais être plus attentive à ce point que d’habitude, vous ayant posé la question, et c’est sans doute pour ça que j’ai vu et compris.
Cela ne semble pas du tout affecter les plantes, mais j’imagine que ce serait mieux si je nettoyais plus régulièrement mes arrosoirs ? Quel produit serait le plus adéquat pour les faires tremper pour décoller ces pellicules ?
Merci !
Merci pour l’explication! Oui, un bon nettoyage des arrosoirs seraient sûrement utile.
Est-ce que le romarin est considéré comme une plante linieuse et nécessite de l’hormone de croissance ?
Merci 🙂
Oui. Ligneuse veut dire “à bois”. Touchez à du romain et vous verrez que ce n’est pas une vivace ou annuelle (des plantes herbacées, c.–à-dire sans bois), mais a des branches dures et persistantes et devient avec le temps, du moins sous un climat doux, un grand arbuste.
Comment faire pour garder le romarin?? Étape par étape?? Parce que lorsque j’ai tenté de sauvegarder un romarin en le rentrant il a tout simplement séché.
Les fines herbes en générale font de piètres plantes d’intérieur. En générale, soit qu’elles meurent, soit qu’elles s’affaiblissent sous les conditions de nos demeures. Le romarin est une bonne exemple. Mais il y a moyen de le conserver. Lisez ceci: https://jardinierparesseux.com/2018/12/02/rendez-votre-romarin-heureux/
Pourriez-vous parler plus des installations d’étagère et de lumière pour l’intérieur svp??
Il y a quelques informations ici: https://jardinierparesseux.com/2015/01/31/les-fluorescentes-leclairage-supplementaire-ideal-pour-les-plantes/