L’arbre à encens est menacé d’extinction
L’encens: l’un des dons des mages. Photo: artisanaromatics.com
La plupart des Occidentaux connaissent bien l’histoire des trois rois mages et de leurs cadeaux : l’or, l’encens et la myrrhe, apportés aux parents de l’Enfant Jésus. C’est une histoire de Noël populaire, racontée à des générations d’enfants.
Mais peu de gens s’arrêtent pour se demander d’où viennent l’encens et la myrrhe. Il se trouve que les deux sont des résines aromatiques précieuses dérivées de plantes. L’encens provient de l’arbre à encens ou oliban (Boswellia sacra et d’autres espèces de Boswellia) tandis que la myrrhe provient d’un arbre apparenté (les deux sont dans la famille des Burséracées), l’arbre à myrrhe : Commiphora myrrha. Et encore moins sont conscients du fait que l’un des deux, l’arbre à encens, est menacé d’extinction à l’état sauvage, peut-être dans aussi peu que 30 ans.
D’hier et aujourd’hui

L’encens a été, pendant longtemps, principalement utilisé comme matière à brûler en sacrifice, d’abord chez les Romains, puis avec l’Église catholique. Comme la fréquentation des églises diminue sans cesse dans de nombreuses régions et que de nombreuses églises ferment, on pourrait penser que la demande pour l’encens diminue.
Cependant, il y a actuellement un regain d’intérêt majeur pour les plantes aromatiques, résultant de la popularité mondiale de l’aromathérapie. L’encens est maintenant inhalé ou appliqué sur la peau pour ses prétendus bienfaits pour la santé et donc utilisé par beaucoup plus de personnes que jamais dans le passé. La production mondiale a plus que doublé depuis 20 ans et continue d’augmenter.
Le résultat est qu’il y a maintenant une plus grande demande pour l’encens véritable que les arbres du monde ne peuvent fournir. Cela a mené à des contrefaçons (encens coupé en catimini avec d’autres huiles essentielles ou même entièrement artificiel), mais aussi, a fait monter fortement le prix de l’encens. Malgré cette augmentation de prix, la demande ne diminue pas. Et les récolteurs d’encens — des gens pauvres de la péninsule arabique et de la corne de l’Afrique — ne sont pas payés plus qu’auparavant. L’argent va aux intermédiaires et aux vendeurs. Pourtant, les récolteurs sont poussés à en produire de plus en plus et c’est cela qui met la plante en danger.
Dans la nature

Presque tout l’encens vendu à travers le monde est récolté à partir d’arbres sauvages.
L’arbre à encens n’est pas d’une grande beauté. C’est un arbre court, noueux et tordu, malmené par les conditions d’extrême aridité sous lesquelles il pousse. Des incisions sont faites dans les troncs et les branches des arbres réagissent en produisant de la résine pour recouvrir la plaie et prévenir l’infection. Les récolteurs viennent alors récolter la résine, puis font d’autres incisions.
? Saviez-vous que… le mot arabe pour l’encens est lubban?? Cela signifie «lait d’arbre» pour la sève qui coule des arbres blessés. On peut sentir les traces du mot arabe dans le terme oliban, autre nom pour l’arbre à encens.
D’après les traditions locales dans de nombreuses régions, la récolte de l’encens doit être modérée: seulement quelques entailles par arbre et pas plus que 12 sessions par année. Et de plus, les arbres devraient parfois profiter d’un an de congé de récolte, le temps qu’ils récupèrent. Mais dans les terres déchirées par la guerre où ces arbres poussent, ces traditions sont remplacées par une attitude plus terre à terre : «exploitons au maximum ces arbres aujourd’hui, car qui sait ce qui arrivera demain». Ainsi, on a vu des arbres avec jusqu’à 120 incisions. Et il n’est plus question d’année sabbatique. Les arbres s’affaiblissent et meurent peu à peu.
Dans de nombreuses régions, les forêts de broussailles isolées où l’arbre à encens n’avait jamais été utilisé auparavant sont maintenant exploitées au maximum, même quand il s’agit de parcs nationaux et de sites sacrés théoriquement protégés. Les arbres sont maintenant si faibles qu’ils ne produisent plus des graines viables. Ainsi, il n’y a plus de jeunes arbres pour remplacer les arbres plus âgés qui meurent lentement.
Il y a eu des efforts pour promouvoir des méthodes durables de production d’encens et quelques individus et groupes très sérieux ont déjà lancé des fermes de production d’encens. Mais au moins 15 ans s’écoulent du semis à la première — même plutôt 25 ans si les conditions ne sont pas parfaites! — et beaucoup d’arboriculteurs découvrent que la situation politique de leur région ne permet pas une telle largesse. Plusieurs de ces projets ont été abandonnés bien avant même que la récolte ne commence, souvent quand l’arboriculteur a dû fuir sous la menace de guerre ou a été «exproprié» par des gangs. Par la suite, les plantations abandonnées sont endommagées par les troupes de chèvres et des vaches qui mangent les feuilles et jeunes tiges et aussi tout semis qui a réussi à germer. On a aussi vu des forêts entières d’arbres à encens coupées pour le bois de chauffage, ou brûlées pour augmenter la surface de pacage.
Récolte durable

Certaines compagnies d’huiles essentielles, comme doTERRA et Lush, ne vendent que de l’encens récolté de manière éthique. Mais ce produit coûte très cher. Une bouteille d’huile d’encens de 15 millilitres peut coûter 11 $ CAN (environ 7 €) chez un revendeur régulier; la même bouteille d’huile d’encens récolté de manière durable coûte environ 10 fois plus cher: environ 120 $ CAN (77 €).
Si l’aromathérapie est importante pour vous, soyez prêt à payer un prix élevé pour un encens récolté de manière éthique… et évitez les substituts bon marché qui encouragent les ravages chez cet arbre. C’est peut-être le seul moyen de sauver cet arbre de l’extinction!
Quel dommage! Merci de nous informer ainsi Jardinier Paresseux!
Vous connaissez sans doute la magnifique Kate Humble qui, pendant 4 heures, nous amène sur la route de l’encens.
https://youtu.be/Zy-JTXwpgGQ
En fait, non: je n’en avais jamais entendu parler, mais je vais essayer de regarder cette émission.
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