Plantes d’intérieur que vous voudrez caresser
Certaines plantes semblent tellement douces qu’on a envie de les serrer dans nos bras! Ill.: clipartmac.com & pinclipart.com, montage: jardinierparesseux.com
Certaines plantes d’intérieur semblent faites pour être caressées. Couverts de duvet ou de poils, elles nous invitent presque à les flatter, comme un chiot ou un chaton. Même lorsque vous les voyez dans une jardinerie, il est difficile de résister à la tentation de les toucher.
Saviez-vous que… les poils des plantes s’appellent trichomes?
Le pourquoi des poils
Bien sûr, les plantes ne se recouvrent pas de duvet juste pour plaire aux humains. Les poils abondants ont toujours un but, mais lequel? En fait, cela dépend de la plante. Le but peut être pour:
- Protéger la plante des animaux et des insectes herbivores (beaucoup évitent les plantes hirsutes);
- Aider à diffuser les répulsifs chimiques naturels que certaines plantes aromatiques produisent;
- Empêcher les vents froids et secs d’endommager les feuilles et les cellules fragiles;
- Attraper les insectes (poils collants des plantes carnivores)
- Protéger contre le gel, comme un bon manteau, surtout chez les plantes poussant en haute altitude;
- Agir comme crème solaire végétale, protégeant la plante contre les rayons UV nocifs, surtout dans le cas de plantes qui croissent dans des sites extrêmement ensoleillés;
- Opérer comme une éponge, permettant à la plante à absorber l’eau nécessaire à sa croissance (le cas chez les tillandsias);
- Réduire l’évaporation et éviter les pertes d’eau;
Ou une combinaison de ces facteurs.
Il y a cependant un prix à payer pour une bonne couverture pileuse: moins de lumière traverse le duvet pour atteindre les cellules photosynthétiques sur les feuilles ou les tiges. Le résultat est que la plupart des plantes velues ont besoin d’une lumière intense ou même du plein soleil; vous n’en trouvez pas beaucoup dans des recoins ombragés.
Un peu de vocabulaire latin
Quand vous voyez les termes suivants incorporés au nom botanique d’une plante, vous pouvez deviner qu’elle est velue, car tous ont des significations liées à la pilosité. Notez que les terminaisons peuvent changer de -um à -a ou -us, mais cela n’influence le sens du terme.
- barbatum;
- canescens;
- ciliatum;
- echinatum;
- floccosum;
- hirsutum;
- hirtellum;
- hispidulum;
- hispidum;
- incanum;
- lanatum;
- lanuginosum;
- piliferum;
- pilosum;
- plumosum;
- puberulum;
- pubescens;
- pulvinatum;
- senilis;
- sericeum;
- setosum;
- strigosum;
- tomentosum;
- velutinum;
- villosum.
Plantes d’intérieur poilues ou duveteuses
Voici quelques-unes des plantes d’intérieur duveteuses les plus connues que vous pourriez cultiver dans votre maison.
Echevérias
La plupart des echevérias (Echeveria spp.) sont à feuilles glabres, souvent recouvertes d’un enduit blanchâtre et cireux appelé pruine, un autre type de protection contre le soleil brûlant nécessaire pour la survie dans leur région d’origine, les secteurs arides de l’Amérique centrale et du Sud. Mais certains ont choisi à la place une bonne pilosité comme protection contre le soleil et les vents asséchants. Cela comprend plusieurs variétés couramment vendues en jardinerie comme Echeveria pulvinata, E. harmsii, E. setosa et E. ‘Doris Taylor’.
Les echevérias glabres forment habituellement une rosette dense et basse sans tige visible et composée de feuilles succulentes, mais en général les variétés hirsutes sont plutôt dressées, formant avec le temps une ou plusieurs tiges épaisses, et ont un feuillage moins densément serré. Toutes les variétés produisent des tiges florales terminales arquées portant des fleurs rouges, orange, jaunes ou roses.
Les echevérias aiment le soleil intense et s’étioleront avec un éclairage moyen. Ce sont des plantes succulentes, alors laissez leur terreau bien sécher avant d’arroser à nouveau.
Plante de velours
Réellement très originale, cette plante rampante (Gynura aurantiaca ou G. sarmentosa: le nom botanique exact semble un peu vague) porte des feuilles dentées couvertes non pas de poils blancs ou gris, mais de poils pourpres, donnant effectivement une allure veloutée. Les poils sont plus concentrés sur les jeunes feuilles en formation et se diluent à mesure que les feuilles se développent. Ils ne sont pas aussi veloutés qu’ils en ont l’air, mais plutôt un peu rêche.
Il existe également des versions panachées de cette plante, comme ‘Pink Ice’, portant des marques roses.
La plante de velours n’est pas une succulente et nécessite un arrosage régulier. Une lumière vive à moyenne lui convient bien… et mieux vaut supprimer les fleurs orange peu attrayantes et plutôt malodorantes.
Misères laineuses
Les misères, ainsi appelées, je crois, car elles tolèrent la misère, c’est-à-dire les mauvaises conditions, sont des plantes appartenant à plusieurs genres de la famille des commelinacées. Elles ne sont pas toutes velues — la plupart des espèces ont des feuilles glabres! —, mais il y a quand même un certain nombre de variétés duveteuses.
La plupart ont un port évasé dans leur jeunesse, mais rampant à retombant par la suite et conviennent alors au panier suspendu. Leurs feuilles sessiles sont en forme d’épée. La plupart ont des fleurs à 3 pétales violettes, magenta ou blanches qui ne durent qu’une seule journée. Voici quelques exemples:
La misère grise (Tradescantia sillamontana) a des feuilles vertes couvertes de soies blanches douces au toucher et porte de jolies fleurs magenta. Il existe une forme panachée (Tradescantia sillamontana ‘Variegata’) montrant des stries blanches irrégulières.
L’oreille de chat (Cyanotis somaliensis) porte des feuilles vertes plus petites avec une quantité modeste de poils à la surface des feuilles, mais une frange de poils blancs sur les bords comme l’oreille d’un chaton.
C. kewensis, maintenant C. beddonomei, est couvert de poils brunâtres rappelant un ourson en peluche et ainsi on l’appelle misère ourson.
Les misères ci-dessus sont semi-succulentes, alors donnez-leur un éclairage intense et laissez leur substrat sécher entre deux arrosages.
Il faut regarder de près pour voir que les feuilles de la misère élégante (Callisia elegans, maintenant C. gentlei elegans) ne sont pas glabres, mais couvertes de petits poils fins, mais c’est une des plantes les plus douces au toucher, une vraie joie à frôler des doigts. La texture est curieuse: on dirait de la soie. Les petites feuilles sont rayées d’argent et la plante produit, à la fin de l’automne, des dizaines de minuscules fleurs terminales blanches. Cette plante n’est pas une succulente et appréciera un arrosage en profondeur dès que son terreau est sec. Un éclairage moyen à intense lui conviendra parfaitement.
Kalanchoés duveteux
Les kalanchoés sont des plantes de climat aride, venant principalement du Madagascar et de l’Afrique australe, et se caractérisent par un port dressé et des tiges et des feuilles succulentes (charnues). Ils font partie de la famille des crassulacées, bien connue pour ses plantes succulentes. Beaucoup d’espèces ont des feuilles lisses, mais certaines sont assez velues.
Le kalanchoé tomenteux (Kalanchoe tomentosa), appelé «panda plant» par les anglophones, peut sembler pousser en rosette dans sa jeunesse, mais elle montrera bientôt sa nature nettement plus dressée, avec des tiges épaisses et velues et des feuilles gris-vert tout aussi duveteuses avec des dents rouge-brun. Il existe de nombreux clones avec des feuilles plus larges ou plus étroites, avec plus ou moins de duvet et portant des marques brunes variables. Avec son allure de panda végétal, on a toujours envie de la flatter!
Beaucoup d’autres kalanchoés sont tout aussi poilus, mais pas toujours aussi caressables. Je trouve que le kalanchoé de Behara (K. beharensis), une espèce énorme (il peut se transformer en arbre d’intérieur!) avec des feuilles géantes gris-vert en forme de flèche ondulée a, malgré une pilosité abondante, une apparence trop angulaire et rigide pour donner envie de l’enlacer! Les feuilles coriaces prennent une teinte rougeâtre en plein soleil. Il en existe de plusieurs cultivars, y compris ‘Fang’ qui porte des excroissances piquantes en forme de dents sous ses feuilles et est, de ce fait, encore moins caressable que l’espèce.
Le kalanchoé à cuillers (K. orygalis), que les anglophones appellent «copper spoons», a justement des feuilles en forme de cuiller, mais couvertes de poils très courts. Les jeunes feuilles ont une coloration cuivrée intéressante, mais deviennent gris vert en mûrissant.
Donnez à tous les kalanchoés le plein soleil et des arrosages bien modérés, laissant le terreau s’assécher assez profondément avant d’arroser de nouveau. Les espèces mentionnées sont toutes faciles à cultiver, mais aucune ne fleurit aisément. Et ne les mangez pas: les kalanchoés sont toxiques.
Il en va de même pour leur proche parente, sosie du kalanchoé tomenteux, la patte d’ours (Cotyledon tomentosa, dont C. tomentosa ladismithiensis, anciennement C. ladismithiensis), car elle aussi est toxique: vous pouvez la flatter tant que vous voulez, mais pas la manger. La patte d’ours est un arbuste succulent aux feuilles duveteuses extrêmement épaisses avec des «griffes» à l’extrémité qui, chez certains cultivars, brunissent lorsqu’elles sont cultivées en plein soleil. Donnez-lui les mêmes conditions qu’un kalanchoé.
Cactus laineux
Le plus connu des cactus laineux est le cactus tête de vieillard (Cephalocereus senilis), un classique des jardineries depuis plus de 50 ans. Ce cactus colonnaire est entièrement recouvert de longs cheveux blancs. N’entrelacez pas celui-ci cependant: il cache des épines vicieuses sous sa couverture laineuse. Croissance très lente.
Le cierge laineux (Espostoa lanata) est assez similaire, mais un peu moins hirsute. Des épines dorées jaillissent des cheveux blancs sur les spécimens plus matures.
Le cierge de Strauss (Cleistocactus straussii) a des tiges plus étroites, souvent groupées, et des cheveux blancs qui ne sont pas aussi longs ou denses que les deux autres. C’est l’un des rares cactus colonnaires susceptibles de fleurir dans la maison, avec de curieuses fleurs rouges tubulaires, mais seulement après de nombreuses années.
Il y a aussi des cactus laineux parmi les espèces de plus petite tailles comme la mammillaire de Bocas (Mammillaria bocasana), un petit cactus en forme de boule poussant en colonie. Il se recouvre de peluche blanche et porte parfois de jolies petites fleurs roses ou blanches. Plusieurs autres mamillaires sont tout aussi duveteuses: Mammillaria candida, M. albicoma, etc.
Tous les cactus laineux ont besoin d’un soleil intense, d’un arrosage attentif (laissez-les sécher complètement avant d’arroser à nouveau) et d’hivers frais à froids mais libres de gel.
Filles de l’air
La plupart des tillandsias (Tillandsia spp.), également appelés filles de l’air, sont au moins un peu grisâtres et quand vous les regardez de très près, se révèlent couverts de courts trichomes blancs. La plupart sont des épiphytes, se fixant sur d’autres plantes dans la nature grâce à leurs racines aériennes courtes qui ne servent pas à absorber l’eau, mais seulement à s’agripper.
Les trichomes qui recouvrent leurs feuilles jouent un rôle spécial: ils sont hydrophiles et absorbent l’eau très efficacement — pluie, brume et même rosée —, ce qui explique comment ses plantes peuvent vivre suspendues dans l’air.
Le degré de pilosité varie énormément d’une espèce à l’autre. Un des tillandsias les plus laineux est T. tectorum qui est si plumeux qu’on ne voit même pas le limbe de la feuille. On peut se demander comment il arrive à faire de la photosynthèse.
Plus la plante est argentée, plus elle aura besoin de soleil. Arrosez ces plantes en les trempant dans de l’eau pendant 10 à 20 minutes, même plus, puis en les laissant sécher. Certaines personnes les arrosent en les vaporisent d’eau, ce qui semble bien fonctionner au début, mais mène éventuellement à leur perte dans la plupart des cas.
Nul besoin de pot: on peut cultiver les tillandsias à nu, les plaçant sur une table ou une assiette, ou encore, les suspendant d’un fil. Habituellement, cependant, on les fixe à un morceau de bois ou à un autre objet. Pour plus d’information sur la culture des tillandsias, lisez Succès avec les filles de l’air.
Si vous aimez les plantes douces, laineuses et velues, revenez demain pour la deuxième partie de cet article.
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