Contrôle des campagnols avant l’hiver
Un campagnol est si petit, mais fait tant de dégâts! Photo: J. Maughn, Flickr
S’il y a bien un animal qui paraît inoffensif, c’est le mulot, ou, pour utiliser son vrai nom, le campagnol, un petit rongeur à peine plus gros qu’une souris. Il existe plus de 150 espèces de campagnols, présentes un peu partout dans l’hémisphère nord. Au Canada, l’espèce la plus courante est le campagnol de Pennsylvanie (Microtus pennsylvanicus); en France, le campagnol commun (M. arvalis).
On distingue facilement les campagnols des véritables souris, comme les souris des champs (les vrais mulots), par leurs oreilles plus petites et leur queue courte. Le campagnol est omniprésent dans les jardins comme dans la nature, abondant autant en ville qu’à la campagne, mais passe généralement inaperçu, puisqu’il est surtout nocturne du printemps à l’automne.
Il y a jusqu’à 10 générations de campagnol par année et les femelles arrivent à maturité en moins d’un mois. Rares sont les campagnols qui vivent plus d’un an cependant. Typiquement, la population va en augmentant pendant 3 à 6 ans et les dégâts au pic sont alors importants, puis la population chute radicalement et peu de dégâts sont remarqués pendant quelques années.

Les dégâts que le campagnol cause sont peu remarquables durant l’été, car il y a une abondance de choses à manger (graines, insectes, feuillage, etc.), mais l’hiver, quand le sol est gelé et que ses sources de nourriture classiques ne sont plus disponibles, il trouve une autre nourriture: l’écorce des arbustes et des jeunes arbres ainsi que, parfois, les bulbes de tulipes et les racines de nos vivaces. On remarque surtout ces dégâts au printemps, quand il est trop tard pour réagir.

On note aussi dans les gazons, à la surface du sol, des sentiers de 2,5 à 5 cm de large dont l’herbe a été piétinée et détruite et qui conduisent à des terriers peu profonds. Habituellement, la pelouse récupère assez rapidement de ce dégât, mais cela dérange quand même au plus haut point les jardiniers avides de pelouses parfaites.
Sous la neige
Durant l’été, le campagnol se promène sous le sol ou à travers les feuillages des plates-bandes, pelouses, etc. Il est alors très craintif, car plusieurs prédateurs rôdent, notamment, en milieu urbain, les chats. L’hiver, par contre, il devient plus audacieux. Il creuse des tunnels à travers la neige et, ainsi protégé des prédateurs, il devient alors diurne.

Effectivement, les chats ne sont plus d’aucune utilité pour son contrôle hivernal. En dehors de la ville cependant, les renards, les belettes, les martres, les lynx, les hiboux et autres prédateurs ont des techniques pour les trouver, malgré la protection de la neige. Les renards, par exemple, écoutent attentivement et, grâce à leur ouïe exceptionnelle, réussissent à les localiser, puis sautent à pattes jointes pour trouer la neige afin de les prendre.
En hiver, en l’absence de tout prédateur valable, les campagnols, qui sont très nombreux à la fin de l’été, s’en donnent à cœur joie à leur passe-temps hivernal préféré, c’est-à-dire la recherche d’une écorce intéressante à gruger.
Le campagnol n’est pas un castor et peut difficilement gruger l’écorce des grands arbres. Mais les arbustes et les jeunes arbres, c’est une autre histoire. De plus, il adore l’écorce des pommiers, des cerisiers et des autres fruitiers, dont l’écorce serait sucrée et, de plus, reste mince même quand les arbres sont adultes.
Décourager les campagnols
Il y a plusieurs trucs pour réduire la prédation des campagnols durant l’hiver.
Le plus important, c’est de ne pas faire le ménage des plates-bandes et du potager (faites plutôt votre ménage au printemps, quand les campagnols peuvent trouver une abondance de nourriture sans déranger nos habitudes de jardinier). En éliminant leur source première de nourriture à l’automne, vous les poussez directement vers les seules sources de nourriture qui restent: les arbres et les arbustes, les bulbes, les racines de vos vivaces, etc.
Vous pouvez toutefois dégager le secteur entourant les arbres en taillant court les végétaux denses où les campagnols pourraient se cacher. Si vous avez planté des fruitiers dans une pelouse, par exemple, tondre court lors de la dernière tonte automnale va aider à les décourager.
Des barrières anti-campagnols

Vous avez sûrement vu des spirales anti-rongeur en plastique placées autour des troncs d’arbre à l’automne. Elles sont disponibles en jardinerie et servent justement à protéger le tronc contre les campagnols et autres animaux grugeurs durant l’hiver.
Le hic, c’est que ces spirales ont été développées pour un climat où la neige est peu abondante. Dans les régions où la neige est très épaisse, comme dans l’est du Québec, elle dépasse rapidement la spirale, ce qui permet aux campagnols de gruger l’écorce située au-delà de la barrière. Vous pouvez cependant placer une deuxième spirale au-dessus de la première pour gagner de la hauteur.

Un truc aussi efficace consiste à entourer le tronc d’un grillage métallique dont les ouvertures sont de 0,6 cm (¼ po) ou moins, et ce, jusqu’à la hauteur des premières branches. Il faut toutefois former un tube avec le grillage de façon à ce qu’il ne touche pas directement à l’écorce, sinon les campagnols réussiront à gruger l’écorce par les trous. Le grillage doit donc être à au moins 2 cm de l’écorce, et ce, tout autour du tronc et doit aussi toucher et même s’enfoncer dans le sol.
Vous pouvez aussi protéger l’écorce avec une section de tuyau de drainage fendue sur la longueur de façon à pouvoir la placer autour du tronc.
Il faut poser toutes ces protections tardivement, au début de l’hiver, et les enlever tôt (à la fonte des neiges), sinon elles peuvent servir d’abri aux insectes nuisibles.
Les répulsifs
Il existe aussi des répulsifs qu’on peut vaporiser ou badigeonner sur le tronc à la fin de l’automne. Ces produits sont soit malodorants ou, encore, ont un goût piquant ou amer. Leur efficacité est toutefois moindre sous un climat pluvieux, car ils sont souvent délavés avant l’arrivée de l’hiver, d’où l’importance de les appliquer le plus tardivement possible. Certains répulsifs, comme le Ropel, sont à l’épreuve de l’eau et durent alors plus longtemps.
Il existe plusieurs modèles de répulsifs à ultra-sons qui sont censés éloigner les campagnols. Malheureusement, l’effet n’est pas très durable, car l’animal s’habitue rapidement au bruit, souvent en moins de 2 semaines.
Les pièges

On peut aussi piéger les campagnols avec un simple piège à souris. Comme appât, essayez une tranche de pomme badigeonnée de beurre d’arachide. Ce qui surprend est la quantité de campagnols qu’on prend, même sur un tout petit terrain: des dizaines, voire des centaines. Il peut être nécessaire de poser plusieurs pièges et de les vider quotidiennement pour avoir un réel effet.

Évidemment, ces pièges tuent les campagnols. Si cela vous dérange, il existe des pièges humanitaires (qui ne blessent pas l’animal) comme le Havahart qui sont faciles à trouver et efficaces, bien que très chers. Il en existe de différentes tailles: il vous faudra la plus petite pour les campagnols. Il faut les libérer à au moins 5 km du terrain d’origine, sinon ils peuvent y revenir. Et libérer les campagnols chez autrui n’est pas très apprécié et peut même être illégal.
Compactez la neige

Pendant l’hiver, prenez l’habitude de marcher autour des arbres fragiles. Ainsi, vous compacterez la neige, formant une barrière de neige endurcie qu’ils n’arriveront pas à pénétrer.
Le temps d’agir
Avec l’hiver qui approche, il est temps de penser comment vous protégerez votre terrain des ravages du tout petit mais dévastateur campagnol.
Merci! Donc il n’y a pas d’enjeu lié à leur présence, même nombreuse, autour d’un potager?
Non.
Bonjour. Il paraît que la plante de ricin à un effet répulsif. Qu’en pensez-vous?
Merci pour votre réponse
C’est la même chose: aucune plante n’éloigne les taupes.
Pensez-vous qu’en mettant du poison à la grandeur de mon terrain, les mulots épargneront ma pelouse à l’hiver?
Peut-être, mais vous tuerez oiseaux, petits animaux, toutous de vos voisins, etc.
Je remarque que le sujet des arbustes fruitiers n’est pas abordé. Je suis en train d’implanter quatre rangées de cinq bleuetiers chacunes. Comment protéger mes arbustes des mulots? Je ne pense pas les emballer individuellement, mais plutôt les clôturer. Dois-je enfouir le grillage dans le sol? Quel est le meilleur format de grillage ? Amitier
Je possède 3volumes que je consulte régulièrement dont:
Les arbustes / Les vivaces /1500 trucs de jardiniers paresseux.
Ils sont d’excellents livres de référence au besoin.
Merci beaucoup!
Excellent Article, Excellent Blog , Excellent Site ???