Qu’est-ce que l’écologie urbaine et pourquoi est-elle importante?
Un article de Ryan Taylor de l’Université d’État du Colorado pour le blogue Sustainable Secure Food Blog
Traduit et adapté de l’américain par jardinierparesseux.com
À l’été 2007, l’humanité a franchi une étape importante. Pour la première fois dans son histoire, plus de personnes vivent dans les villes que dans les zones rurales. Ces personnes ont besoin de nourriture, d’eau et d’air propres et d’autres nécessités de la vie moderne.
Au tournant du 20e siècle, avec plus de personnes habitant dans les villes, les citadins vivaient plus loin des sources de production alimentaire. Cela a mis à rude épreuve les terres agricoles qui ont dû produire plus d’aliments et a entraîné une augmentation des coûts de transport. De plus, la manipulation d’aliments frais est devenue une nouvelle industrie dans notre culture urbaine.

L’écologie urbaine apporte des réponses à ces questions et à bien d’autres afin que nos villes puissent prospérer sans nuire aux humains, aux plantes et aux animaux qui y vivent. Ce nouveau domaine scientifique peut également aider les villes à apprendre à réutiliser les ressources naturelles grâce au recyclage de nutriments qui sont hyperconsolidés dans l’environnement urbain.
L’une des questions intéressantes auxquelles se débat l’écologie urbaine est celle de la production alimentaire urbaine et de son impact sur les villes et la santé humaine. Un principe écologique bien connu est que plus il y a de diversité d’espèces dans un système, plus ce système est sain. Il est également plus résistant. Par exemple, la Grande Famine en Irlande, qui a eu lieu entre 1845 et 1852, a été causée par un champignon, le mildiou de la pomme de terre (Phytophtora infestans), mais cette tragédie a été principalement causé par le fait que les fermiers irlandais ne cultivaient qu’une seule variété de pomme de terre. Cela a rendu ces pommes de terre — et l’ensemble de la production — plus sensibles à toute attaque d’insectes ou de microbes. (Pour en savoir plus, lisez La pomme de terre qui a causé la Grande Famine.) En conséquence, un million de personnes sont mortes et des millions d’autres ont été chassées de leurs foyers et de leur patrimoine.
Les espèces envahissantes créent également des problèmes similaires à ceux rencontrés par les fermiers irlandais. L’agrile du frêne (Agrilus planipennis), originaire d’Asie, est l’un de ces cas. Le petit coléoptère vert est désormais solidement établi en Amérique du Nord et en Europe, mais il a peu de prédateurs naturels dans ces régions. Ainsi, il a commencé à détruire les frênes indigènes (Fraxinus spp.). Pour donner un exemple, actuellement 15% des forêts urbaines du Colorado sont constituées de frênes et il y a 1,45 million de frênes seulement dans la ville de Denver. Cela signifiait que lorsque l’agrile du frêne a migré vers la région, il n’y avait aucune défense naturelle contre cet insecte envahissant. Sans traitement, la mort de ces millions d’arbres est inéluctable.
C’est bien sûr une tragédie, mais nous pouvons certainement en tirer des leçons. Que ce soit par la diversification des systèmes de culture ou par l’exclusion et la gestion des espèces envahissantes, l’écologie urbaine nous fournit les outils pour faire mieux à l’avenir.

Au fur et à mesure que ces frênes meurent ou sont enlevés, on pourrait les remplacer par différents arbres fruitiers producteurs d’aliments: cerisiers, pommiers, poiriers, mûriers, etc. Non seulement ces arbres producteurs de nourriture sont beaux lorsqu’ils fleurissent, mais ils fournissent du pollen aux abeilles et autres pollinisateurs. La Forêt nourricière Beacon de Seattle, dans l’État de Washington, a produit 1925 kilogrammes de nourriture en 2017! Et cela, ce n’est que sur une partie des 2,8 ha de terrain que la forêt englobera éventuellement.

Les forêts nourricières ne sont pas le seul moyen d’intégrer la production alimentaire dans l’écosystème urbain. De petites parcelles de jardin sur des terrains vagues et des terres publiques peuvent être transformées en jardins communautaires. Les «toits verts» peuvent également servir de jardins et les serres commerciales constituent un système de production alimentaire urbaine florissant dont peu d’entre nous entendent parler. Même votre jardin potager aide en contribuant à la production alimentaire!
La production alimentaire urbaine ne nourrira peut-être pas le monde entier, mais elle peut réduire le nombre total de kilomètres parcourus pour apporter de la nourriture à la ville. Cela signifie moins de pollution de l’air! Elle contribue également à réduire l’insécurité alimentaire et à mieux utiliser l’eau que les humains ont transportée et purifiée. La nourriture urbaine offre des paysages verdoyants qui apaisent l’esprit dans un milieu autrement dominé par une jungle de béton et d’acier. La production alimentaire a un impact sur la ville à plusieurs niveaux. L’écologie urbaine influence la façon dont ces décisions en matière de ressources sont prises et sur comment ces décisions peuvent avoir un impact non seulement sur nous, mais aussi sur les plantes et les animaux qui habitent ces communautés dynamiques.
Cet article a été parrainé par l’American Society of Agronomy et de la Crop Science Society of America. Leurs membres sont des chercheurs et des professionnels formés et certifiés dans les domaines de l’augmentation de l’approvisionnement alimentaire mondial, tout en protégeant notre environnement. Ils travaillent dans des universités, des centres de recherche gouvernementaux et des entreprises privées à travers le monde.
Oui, il faut impérativement développer l’écologie urbaine en multipliants les possibilités de productivité alimentaire, tout en offrant une petite biodiversité au sein des villes.
Je crains cependant que le problème soit avant tout la surpopulation de manière générale, et qu’importe l’amélioration des systèmes, la planète a déjà bien malheureusement dépassé ses capacités à nourrir les hommes et leur bétail. Cela s’aggrave à mesure de l’augmentation démographique absolument exponentielle que nous vivons. Mais c’est encore un autre sujet… Le problème des offres d’emplois qui se regroupent de plus en plus dans les grandes agglomérations, et de ce fait des villes qui grandissent et grignottent les surfaces cultivables tandis que les villages et petites bourgades se vident pourrait quand à lui être un probleme plus accessible à résoudre, ce serait un début…