Une vivace à découvrir: le séné américain
Photo: amazon.com
Nom botanique: Senna marilandica, syn. Cassia marilandica
Famille: Fabacées (Légumineuses)
Hauteur: 1 à 2 m
Largeur: 60 à 100 cm
Exposition: soleil ou ombre légère
Sol: bien drainé
Floraison: fin de l’été, début de l’automne
Zones de rusticité: 4b à 9
Si vous cherchez à donner une allure tropicale à votre aménagement, mais que traîner un palmier à l’extérieur en juin pour le rentrer en septembre ne vous tente pas, vous pourriez toujours planter un séné américain.
Cette plante fait partie d’un genre composé surtout d’arbres et d’arbustes tropicaux. J’ai souvent vu de grands sénés en voyage couverts de belles fleurs jaunes. Avec le séné américain, j’ai l’impression de voir la même chose dans ma cour, mais à une échelle beaucoup plus réduite. Avec ses feuilles pennées (style mini-palmier) et ses fleurs jaunes, il fait mentir la météo. Il ne semble pas logique qu’une plante d’allure aussi tropicale puisse survivre à des températures de -30 ?C, et pourtant c’est le cas.
Description

Le séné américain se comporte comme un arbuste qui a dû apprendre à être une vivace! C’est exactement ce qui s’est produit, d’ailleurs. Il s’est habitué, au cours des millénaires, à tolérer des climats de plus en plus froids. Sa stratégie? Il se retire sous le sol, où c’est moins froid, pour l’hiver. Il insiste toutefois pour produire des branches ligneuses tous les étés, même si elles gèlent au sol à l’hiver. Malgré ses lointaines origines tropicales, le séné américain est lui-même assez nordique; on le retrouve à l’état sauvage du Midwest américain jusqu’au Maryland, comme son nom botanique confirme.

La plante commence à sortir tardivement au printemps, mais elle rattrape rapidement le temps perdu, produisant des tiges ligneuses qui atteignent jusqu’à 2 m à la fin de l’été. Elles partent directement de la souche, sans se ramifier, ce qui donne un «arbuste» au port évasé et très symétrique. Les feuilles vert mat sont pennées et composées de cinq à neuf paires de folioles ovales rappelant les feuilles du robinier (Robinia pseudoacacia).

À la fin de l’été ou au début de l’automne, des masses de fleurs jaunes à 5 pétales aux étamines brunes contrastantes s’épanouissent pendant environ un mois. Même si le séné est une légumineuse, soit de la même famille que le pois, les fleurs n’ont pas la forme d’une fleur de pois, étant grandes ouvertes plutôt que plutôt fermées. Ils attirent beaucoup d’abeilles et de papillons.

Après la floraison apparaissent des gousses de graines en forme de cimeterre qu’on peut récolter pour fins de multiplication. Laissez-les sur la plante à l’automne si possible, car elles attirent les oiseaux granivores l’hiver. Il n’y a pas de coloration automnale notable.
La plante forme une seule touffe dense au début, mais elle a des rhizomes latéraux qui peuvent produire des rejets, formant une colonie à la longue. Toutefois, cette multiplication se fait sur de nombreuses années et l’on ne peut guère traiter la plante d’envahissante.
Culture
Le séné américain est une plante de plein soleil (ses tiges deviennent lâches et retombantes, voire rampantes, quand il n’y a pas assez de lumière). Dans la nature, on le retrouve dans les sols riches et plutôt humides. Malgré tout, comme bien des plantes, le séné se montre plus adaptable en culture et pousse bien dans tous les sols bien drainés. En tant que légumineuse, il vit en symbiose avec des bactéries qui fixent l’azote de l’air, ce qui veut dire que la plante fournit son propre azote. Autrement dit, il n’est pas nécessaire de le fertiliser trop assidûment.
Multiplication

Habituellement, on multiplie les sénés par graines qui germent après une stratification au froid humide de 2 mois. Leur germination est irrégulière, de 1 à 12 semaines, mais par la suite, la croissance est rapide. On peut aussi prélever et replanter les rejets. Enfin, il est aussi possible de diviser les plantes matures, mais une scie ou une hache sera nécessaire.
Utilisations
Comme les sénés sont de grandes vivaces qui ressemblent à des arbustes, on les utilisera comme des arbustes, c’est-à-dire comme écran, haie, fond de scène d’une plate-bande, etc. On peut aussi les naturaliser dans un pré fleuri ou le long d’un ruisseau.
Associations
Essayez cette plante avec des végétaux à feuillage argenté, comme Elaeagnus × ‘Quicksilver’ ou les armoises (Artemisia spp.). Elles sont jolies aussi en arrière-plan de grandes marguerites (Leucanthemum x superbum) ou d’hémérocalles (Hemerocallis spp.).
Problèmes
Peu fréquents. Dans leur aire naturelle, les larves de certains papillons jaunes (très jolis, d’ailleurs) s’en nourrissent, mais elles ne sont pas présentes en Europe ni dans la plupart des régions du Canada et causent, de toute façon, peu de dommages visibles.
Les fourmis qui fréquentent la plante viennent chercher du nectar produit par les nectaires situés sur les tiges. Elles ne nuisent pas à la plante; au contraire, on croit que la plante fait tout pour les attirer, car ce sont des prédatrices féroces qui ne laissent aucun autre insecte envahir leur territoire.
Autre séné rustique

Il y a plus de 260 espèces de séné, mais la majorité est d’origine tropicale. Une autre espèce au moins est tout à fait rustique, voire peut-être plus rustique que S. marilandica: le séné sauvage (S. hebecarpa, syn. Cassia hebecarpa). Cette espèce a environ la même distribution que le séné américain, mais s’étend un peu plus au nord, jusqu’en Ontario. Les rares pépiniéristes qui l’offrent lui accordent une zone de rusticité 4a, alors que le séné américain mérite une zone 4b. C’est peu de différence, mais si vous vivez en zone 4a, c’est important. Personnellement, je crois que les deux sénés sont probablement rustiques en zone 3 aussi, mais je ne connais personne qui les ait essayés.
Le séné sauvage atteint 1 à 2 m × 60 à 100 cm.

Mais quelle est la différence entre S. marilandica et S. hebecarpa? Les gousses de S. hebecarpa sont plus poilues et ouvrent à l’automne, laissant tomber leurs graines au sol avant l’arrivée des neiges. Celles de S. marilandica sont moins duveteuses et restent fermées l’hiver, ne s’ouvrant qu’au printemps. Il y a également quelques différences mineures dans les fleurs, mais du point de vue d’un jardinier, il n’y a aucune différence notable. Achetez l’un ou l’autre: il est inutile d’avoir les deux.
Encore plus

Le «séné», un remède populaire dérivé des feuilles d’une espèce africaine, Senna alexandrina, syn. Cassia angustifolia, était déjà une plante médicinale connue des Européens à leur arrivée en Amérique. Ils ont découvert que les peuples indigènes employaient les feuilles des sénés indigènes de la même façon, notamment comme laxatif.
Où trouver le séné américain ou le séné sauvage?
Essayez une pépinière locale spécialisée dans les vivaces. Au Québec, il y a Jardins Michel Corbeil et Beaux arbres, mais il faut acheter sur place; ils n’offrent pas de commande postale. En Europe, Matelma.com et Pépinières indigènes vendent par commande postale. Les semences sont plus facilement disponibles, même sur Amazon et Etsy ainsi que dans de nombreux catalogues de semences.
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Article adapté du livre
Les coups de cœur du jardinier paresseux, Tome 1
Toujours intéressant vos articles !!
Merci !
?
Bonjour, est-ce que c’est possible de trouver ce sene américain cet automne et où?
Merci.
Dans certaines pépinières dans la région de Laval, probablement. Sinon, on peut commander des semences en tout moment.
Bonjour, savez-vous si les chevreuils sont attiré par le séné? J’aimerai savoir si possible avant de les essayer, car chez moi il y a beaucoup de chevreuil et nous somme très limité dans nos choix! Merci!
Bonjour le Paresseux,
N’existe-t-il pas de risque invasif ?
Cette plante semble intéressante de par sa taille pour le parc jouxtant mon appartement. Je suis dans le sud ouest de la France.
Merci
Willy
On ne le considère pas invahsif. Il se multiplie trop lentement, ce qui permet un contrôle facile.
merci.