Le plomb peut encore poser problème dans les sols urbains
La peinture au plomb continue d’empoisonner les sols des décennies plus tard! Ill.: subpng.com, uokpl.rs & onlygfx.co
J’ai vécu un choc horrible au milieu des années 1980. Un reportage a été publié sur des enfants de mon quartier qui avaient été empoisonnés en mangeant de la peinture au plomb. De plus, le rapport suggérait que les légumes cultivés près de vieux murs peints pourraient être contaminés par du plomb.
Bien sûr, où cultivais-je mes légumes, sinon au pied d’un très vieux mur, datant des années 1850, bien couvert de peinture ancienne qui s’écaillait?
Je pense que j’ai rendu mon conseiller municipal à moitié fou avec mes appels insistants pour que mon fils, qui avait 4 ans à l’époque (l’empoisonnement au plomb affecte surtout les enfants) et le sol du potager soient testés tout de suite! Heureusement que les résultats du test de mon fils indiquaient un niveau de plomb tout à fait normal, peut-être parce que nous venions d’emménager dans l’appartement et avaient à peine commencé à consommer les légumes de ce nouveau potager. Et il faut croire qu’il n’avait pas la lubie de manger des écailles de peinture.
Le sol, par contre, était effectivement contaminé. Presque 4?000 ppm de plomb, si je me souviens bien, ce qui est… énorme! On m’a conseillé de ne plus y cultiver de légumes-racines, que les légumes-feuilles devaient être soigneusement nettoyés et rincés avant consommation, mais qu’il n’avait pas de risque de consommer les légumes-fruits. Du moins, c’était l’information qu’on nous donnait à l’époque.
Mais il n’était pas question que je prenne le risque de cultiver quoi que ce soit de comestible dans ce sol contaminé au plomb! Avant même d’avoir reçu l’avis, j’avais déjà vidé de potager de tous ses légumes que j’ai jetés directement à la poubelle. Pas même dans le bac à compost! Et j’ai commencé un nouveau potager dans un jardin communautaire, loin de toute peinture, le printemps suivant.
L’ancien potager au pied du mur est devenu un parterre de vivaces pendant quelques années, puis nous avons emménagé en banlieue dans une maison bien à nous. En raison de son âge moindre, la nouvelle maison n’était pas aussi susceptible d’avoir été contaminée par de la peinture à base de plomb, mais, malgré ce détail, j’ai fait très attention de placer le potager loin de tout mur qui aurait pu être peint.
Cet incident est arrivé il y a environ 35 ans. La peinture au plomb et l’essence au plomb ont été interdites dans la plupart des pays développés entre le milieu des années 70 et le milieu des années 80, mais on sait que le plomb persiste longtemps dans le sol. Quelle alors serait la situation aujourd’hui?
L’article suivant a été écrit par Anna Wade de l’Université Duke pour le site Web Soils Matter, Get the Scoop! de la Soil Science Society of America, une source incontournable d’informations précieuses et honnêtes sur les sols que nous cultivons. Il a été traduit de l’anglais.
La contamination des sols par le plomb est-elle terminée?
L’utilisation du plomb est peut-être terminée, mais les séquelles de son utilisation nous hantent toujours, en particulier dans les zones urbaines.
La première extraction du plomb de mines est très ancienne, datant d’environ 7000 ans avant notre ère. Depuis des millénaires, les Égyptiens l’ont utilisé dans les cosmétiques, les Romains dans leurs tuyaux, les Européens dans leurs munitions et maintenant toutes les sociétés dans les batteries au plomb.
Et, si le plomb n’était pas si toxique pour l’homme, son utilisation serait sûrement encore très répandue dans notre vie quotidienne.
Le plomb est un «métal lourd», c’est-à -dire un élément dense. Le plomb est également mou, malléable, résistant à la corrosion et se distingue par un point de fusion bas. C’est ce qui lui donne ses caractéristiques utiles.

Pourtant, le plomb est un métal hautement toxique. Sa présence perturbe presque tous les organes du corps en cas d’inhalation ou d’ingestion. Le plomb déplace d’autres métaux dans le corps, comme le calcium et le fer, perturbant les réactions chimiques. Les effets les plus problématiques concernent les enfants. En imitant le calcium, le plomb peut pénétrer dans le cerveau en développement d’un enfant et perturber le fonctionnement des mitochondries.
À l’heure actuelle, il n’y a pas de niveau de plomb dans le sang qui est considéré comme «sûr» chez les enfants. Depuis 1960, le niveau consultatif du Centre de contrôle des maladies américain pour la plombémie (intoxication au plomb) est passé de 60 microgrammes par décilitre à 5 microgrammes par décilitre.
Aux États-Unis, le risque d’exposition au plomb appartient de plus en plus au passé. Dans les années 1970, la peinture à base de plomb était courante, car elle augmentait la durabilité des peintures et accélérait le séchage. Il était également utilisé dans l’essence au plomb, ce qui permettait aux moteurs de voiture de cette génération (et des précédentes) de fonctionner plus sans encombre.

Malheureusement, le plomb de l’essence était également envoyé dans l’atmosphère par les gaz d’échappement des voitures. Il a atterri dans les sols un peu partout. Plus la concentration de voitures est élevée — comme dans les villes et sur les autoroutes —, plus il risque d’avoir une forte concentration de plomb dans les sols.
La peinture au plomb représente un risque important pour les enfants. Des études médicales ont montré que l’exposition au plomb affectait les capacités d’apprentissage et causait d’autres problèmes de santé, en particulier chez les enfants. La peinture au plomb qui s’écaille ou qui crée de la poussière pourrait être ingérée ou inhalée. Cela est particulièrement vrai à proximité des extérieurs de maisons anciennes, autour des fenêtres et dans d’autres endroits où la peinture au plomb était utilisée.
Heureusement, les États-Unis ont interdit la fabrication de peinture à base de plomb à la fin des années 1970. L’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a mandaté une réduction graduelle du plomb dans l’essence, bannissant complètement l’essence au plomb à partir de 1986. Entre 1980 et 1991, la plombémie moyenne des enfants âgés de 1 à 5 ans a chuté de 77% aux États-Unis.
Malgré l’élimination progressive du plomb dans la peinture et l’essence, les sols urbains demeurent l’une des principales sources d’exposition au plomb. Cela remonte également au fait que le plomb est un métal lourd. Ce caractère signifie qu’il a tendance à s’accumuler dans les sols et reste biodisponible pendant de longues périodes.
Une fois que le plomb est déposé dans un sol, il y reste longtemps. Le plomb se lie fortement à l’argile et à la matière organique de la couche arable. Le plomb n’est pas absorbé en quantités substantielles par les plantes et il n’est pas facilement lessivé du sol, ni ne migre-t-il très efficacement vers le bas. Au lieu de cela, ce plomb reste dans le sol urbain et sa poussière demeure susceptible d’être remise en suspension pendant les périodes de sècheresse. Cette remise en suspension est la raison pour laquelle les taux de plombémie chez les enfants urbains culminent pendant l’été et baissent un minimum en hiver.
Il y a quand même quelques bonnes nouvelles. Une étude récente à La Nouvelle-Orléans a signalé une baisse d’environ 45% du plomb dans le sol urbain sur une période de 15 ans.

Actuellement, un groupe d’étudiants et de professeurs de l’Université Duke cartographient les concentrations de plomb dans le sol à Durham, en Caroline du Nord. Nous avons collecté des sols en bordure de rue le long de 40 km d’artères de la ville et nous échantillonnons actuellement plus de 60 maisons dans toute la ville. Les résultats montrent qu’il y a encore une contamination généralisée au plomb datant d’avant l’entrée en vigueur de la réglementation restreignant son utilisation.
Un sol normal non contaminé contiendra quand même tout naturellement du plomb, soit environ 25 parties par million (ppm). Les sols du long des rues à Durham contiennent actuellement en moyenne 245 ppm de plomb. Les sites situés en face d’anciennes stations-service, de bornes d’incendie et de bâtiments plus anciens ont des niveaux de plomb allant jusqu’à 3?000 ppm. Notre seul point de comparaison est une étude de 1976, qui a trouvé 2?850 ppm de plomb dans les sols des rues.
Cela signifie que dans certaines parties de Durham, les niveaux de plomb peuvent avoir chuté de 90% par rapport à leurs valeurs maximales. Nos résultats suggèrent qu’en général le plomb des sols urbains diminue à Durham, mais des points chauds très contaminés persistent.
Alors que les principales sources d’émissions de plomb sont chose du passé — l’essence au plomb et la peinture à base de plomb ont été bannies dans tous les pays développés il y a plus de 40 ans — la contamination par le plomb des sols urbains demeure un problème. En cartographiant les niveaux de plomb des sols urbains, nous avons plus de chances que l’exposition au plomb des enfants devient chose du passé.
Êtes-vous préoccupé par une possible contamination par le plomb dans votre jardin?
Évidemment, le rapport précédent concerne surtout les États-Unis, mais il est fort à craindre que les sols urbains un peu partout demeurent suffisamment contaminés au plomb pour être une menace à la santé des enfants. Si vous craignez que la terre de votre jardin puisse être contaminée, voici quelques actions que vous pouvez prendre:

- Évitez de placer un potager à côté d’une route très fréquentée ou d’une maison construite avant 1940 avec un extérieur en bois peint.
- Les particules de sol contaminées sont plus susceptibles de se coller ou de s’incruster dans les légumes-racines (carotte, navet) et les légumes-feuilles (laitue, épinards) que sur les légumes-fruits comme les tomates et les concombres qui alors sont moins susceptibles de contenir des niveaux élevés de plomb.
- Rincez la terre des racines et des feuilles à l’extérieur de la maison, de préférence à l’aide d’un tuyau d’arrosage, pour éviter d’introduire de la terre contaminée dans la maison.
- Lavez toujours tous les légumes et épluchez les légumes-racines avant qu’elles ne soient cuites et mangées. Retirez les feuilles extérieures des légumes pommés comme le chou et la laitue.
- La quantité de plomb absorbée par les plantes est affectée par le pH du sol, sa teneur en matière organique et en phosphore et le niveau total de plomb dans le sol. Pour réduire l’absorption de plomb par les plantes, ajustez le pH du sol à un niveau de 6,5 à 7,0. Ajoutez de la matière organique comme du compost, du fumier, de la litière forestière ou des rognures de gazon au site de jardinage. Ajoutez du phosphore au sol selon les recommandations d’une analyse de sol.
- Ne cultivez pas de légumes ou fruits dans un sol contenant plus de 400 ppm de plomb. Utilisez à la place des bacs remplis de terreau venant d’une source non contaminée ou recouvrez le sol de géotextile et installez un potager surélevé d’environ 30 cm de hauteur par-dessus, utilisant un mélange de terre végétale propre (faible en plomb) et de compost.
- Dans les sols fortement contaminés adjacents à une résidence où la culture de légumes n’est pas recommandée, plantez des arbres, des arbustes ou des vivaces et paillez le secteur pour garder le sol couvert. Si le niveau de plomb dans le sol est supérieur à 5000 ppm de plomb, il serait plus sage d’envisager d’enlever et de remplacer le sol contaminé.
- Nettoyez régulièrement les planchers avec une vadrouille humide ou un aspirateur muni d’un filtre HEPA (à haute efficacité).
- Retirez vos chaussures à l’entrée de votre maison.
- Demandez Ă votre gouvernement local comment faire tester un sol pour le plomb.
bonjour, j ai paille tout l hiver mes planches de culture avec du chiendent ( chouette du vert pour l azote et quand c est sec de la paille pour le carbonne) MAIS je viens de lire que le chiendent n’est pas consommĂ© par certains herbivores car risque de saturnisme Aurais je PLOMBE mes carrĂ©s? Y a t il un risque pour mes cultures?
Il faudrait consulter un agronome. Ces situations sont très complexes et il faut l’avis d’un expert.