Quand les aleurodes infestent le jardin
On ne voit jamais une seule mouche blanche (aleurode), on en voit plutôt des centaines! Photo: www.selbst.de
Question: Dans mon beau jardin, il y a de petites bestioles, plus petites qu’un moustique. Elles sont blanches et apparaissent dès que je bouge une plante ou agite les feuilles. Elles s’envolent en formant un petit nuage. J’aimerais bien savoir de quoi il s’agit. Sont-elles nuisibles? Dois-je m’en débarrasser? Si oui, comment procéder?
Johanne Huot
Réponse: Il s’agit d’aleurodes, communément appelés mouches blanches. Il s’agit probablement de l’aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) qui, malgré son nom, ne se limite pas du tout aux serres. Une autre espèce, l’aleurode du tabac (Bemisia tabaci), est l’autre espèce courante. Il y a plus de 1500 espèces d’aleurodes trouvées surtout sous les tropiques, mais les deux qui sont mentionnées sont les plus courantes dans les jardins de climat tempéré.
Comme vous l’avez mentionné, les aleurodes sont minuscules: la plupart mesurent moins de 2 mm de long. Ces «mouches blanches» sont effectivement blanches — ou du moins leurs ailes le sont —, mais ce ne sont pas de véritables mouches; elles sont plutôt étroitement apparentées aux pucerons.
Les aleurodes décollent en panique lorsque vous dérangez leur plante hôte, puis y reviennent rapidement. Certaines personnes disent qu’elles ressemblent à des pellicules volantes.
Insectes intérieurs et extérieurs
Les aleurodes sont très sensibles au froid et peu d’espèces tolèrent même une touche de gel. Alors, comment expliquer la présence abondante d’aleurodes dans les jardins de climat tempéré?
C’est là que les serres entrent en jeu. En règle générale, les aleurodes hivernent dans les serres ou sur les plantes d’intérieur, souvent en état de diapause (un état près de l’hibernation), puis commencent à se multiplier massivement, à l’intérieur, au printemps. Lorsque nous ouvrons nos fenêtres lors des premières belles journées du printemps, les aleurodes en profitent pour prendre la clé des champs… et voilà qu’une nouvelle génération arrive dans nos potagers et plates-bandes.
À l’automne, nous les transportons encore à l’intérieur sur des plantes que nous rentrons pour l’hiver, sur nos vêtements ou, encore une fois, par une fenêtre ouverte. Voilà comment le cycle se répète.
Vous trouverez probablement une grande abondance d’aleurodes quand l’été est sec, car les pluies régulières interfèrent avec leur alimentation et leur reproduction et aident à les contrôler.
Cycle de vie de l’aleurode
Il y a plusieurs générations par saison et ces générations se chevauchent, donc, à tout moment, il y aura des œufs, des nymphes et des adultes sur la même plante. Les populations augmentent à mesure que l’été avance, puis diminuent à l’automne.
La femelle adulte pond des œufs sur la face inférieure des feuilles des plantes, souvent en rond. Elle peut pondre plus de 100 œufs (parfois jusqu’à 500) au cours de sa durée de vie de 3 à 6 semaines.
Ces œufs minuscules, et donc rarement remarqués, donnent des nymphes semi-transparentes qui se fixent rapidement sous une feuille et deviennent alors immobiles, ne bougeant pas même si on y touche. En forme de petites écailles presque transparentes, elles sont collées sur la feuille, habituellement en présence d’adultes ailés.
Après 16 à 18 jours, les adultes émergent de la coque nymphale, qui demeure longtemps sous la feuille, transparente et vide. La femelle peut parfois déjà commencer à pondre seulement 24 heures après son émergence.
Dommages
Les aleurodes infestent toute une gamme de plantes, mais semblent préférer celles à feuilles minces et relativement molles. Ils sont fréquents sur les légumes (tomate, chou, aubergine, poivron, concombre, courge, patate douce, etc.), les herbes aromatiques (notamment le basilic) et les arbres fruitiers ainsi que sur de nombreuses plantes ornementales (coléus, fuchsia, lantana, pélargonium, poinsettia, etc.).
Les nymphes et les adultes se nourrissent de sève, perçant les tissus végétaux sur la face inférieure des feuilles et suçant la sève qui s’en écoule.
Curieusement, leurs aleurodes prennent rarement assez de sève pour vraiment nuire à la plante et d’ailleurs, de nombreuses plantes présentent peu de symptômes de leur action de succion, autres que le nuage d’aleurodes qui entoure la plante lorsque ceux-ci sont dérangés, sinon une croissance ralentie et un rendement amoindri. Parfois, par temps chaud, les feuilles fortement infestées flétrissent en raison d’une diminution de la turgescence, car alors les aleurodes aspirent la sève plus vite que la plante ne peut la remplacer. Sur certaines plantes, cependant, en particulier lorsque l’infestation est abondante, les feuilles peuvent aussi souffrir visiblement, devenant marbrées ou jaunes.
Souvent, les feuilles inférieures deviennent recouvertes de miellat, une substance collante et sucrée émise par les nymphes et les adultes. De la fumagine (une moisissure noire) peut alors se former sur les feuilles collantes. La fumagine est inoffensive en soi, mais réduit la photosynthèse. On peut l’enlever en frottant doucement avec un linge trempé dans de l’eau savonneuse.
Le problème le plus grave relié aux aleurodes est qu’elles peuvent transmettre des maladies phytopathogènes, y compris des virus, et qu’il n’existe aucun remède contre les maladies virales. On sait que les aleurodes peuvent transmettre une centaine de virus phytopathogènes.
Contrôle des aleurodes
Il y a bien sûr des traitements contre les aleurodes. Notez que la plupart seront plus efficaces tôt dans la saison (tuant l’infestation dans l’œuf). Il est difficile d’éliminer complètement les aleurodes si vous commencez tard dans la saison, lorsque l’infestation est déjà sévère, mais leur nombre peut au moins être sérieusement réduit.
Aussi, notez que les aleurodes ne volent pas la nuit et sont encore inactifs tôt le matin. Donc, pour atteindre les adultes, qui quittent normalement les plantes quand on les dérange et peuvent alors échapper au traitement, une application nocturne ou très tôt en matinée sera plus efficace pour plusieurs des méthodes présentées.
Voici quelques solutions.
1. Secouez les plantes avant l’achat. Si vous voyez des «pellicules volantes», laissez-les dans le magasin… et allez faire votre «magasinage horticole» ailleurs!
2. Installez des pièges collants jaunes. Les aleurodes sont attirés par la couleur jaune et resteront prisonniers sur des pièges collants jaunes (offerts dans le commerce). Vous pouvez également fabriquer vos propres pièges collants en enduisant une carte d’index jaune avec quelque chose de collant comme de la vaseline.
Installez les pièges collants au début de la saison pour (espérons-le) attraper les premiers aleurodes avant qu’ils n’attaquent vos plantes. Quand le premier piège est plein aux trois-quarts, remplacez-le par un piège frais.
Il n’est pas clair si les pièges réduiront sérieusement la population d’une infestation déjà bien avancée, mais il est immensément satisfaisant pour le jardinier de voir des milliers de ses minuscules ennemis plaqués sur un piège.
3. Aspirez-les. Peignez la pointe d’un aspirateur à main en jaune et passez sous les feuilles des plantes infectées: les aleurodes adultes, effrayés par la vibration, décolleront et, attirés par l’extrémité jaune de l’appareil, seront vite aspirés.
De toute évidence, ce traitement n’atteindra que les adultes, car les nymphes immobiles resteront collées sous les feuilles. Il faudra donc répéter tous les quatre à six jours jusqu’à ce que la population s’effondre.
4. Lavez à forts jets d’eau. Oui, étonnamment, appliquer un jet d’eau sur le dessous des feuilles fait tomber les œufs et une partie des nymphes et chasse au moins temporairement les adultes. Aussi, les feuilles désormais humides découragent la ponte. Vous devrez répéter quotidiennement pendant une semaine environ, mais vous serez surpris de voir à quel point cette technique simple fonctionne bien. Vaporisez de préférence tôt le matin pour que les feuilles aient le temps de sécher avant la nuit, car plusieurs maladies végétales ont tendance à se développer sur les feuilles qui restent longtemps humides… et vous ne voudrez pas remplacer un problème par un autre.
4. Pulvérisez du savon insecticide, du neem ou de l’huile horticole. Ce sont des pesticides biologiques considérés assez respectueux de l’environnement que vous pouvez vaporiser sur le dessous des feuilles. Ils sont efficaces sur les œufs, les adultes et les nymphes. Assurez-vous de bien couvrir le dessous de la feuille pour une meilleure efficacité. Vous devrez répéter aux trois ou quatre jours pour un contrôle total. Ne vaporisez pas ces produits par temps chaud (lisez l’étiquette du produit pour plus de détails).
5. Appliquez des contrôles biologiques. Les aleurodes ont de nombreux ennemis naturels — chrysopes, coccinelles, punaises anthocorides, araignées, mêmes libellules et colibris — et ils peuvent offrir un certain contrôle. Il est certain que vous devriez vous abstenir de pulvériser des insecticides lorsque des insectes et des animaux bénéfiques sont présents. Malheureusement, ils offrent rarement un contrôle à 100%.
Il y a des insectes bénéfiques que vous pouvez commander et libérer dans votre jardin (des guêpes parasites comme Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus et Eretmocerus mundus, des coccinelles aleuridophages comme Delphastus catalinae, etc.), mais il n’y a aucune garantie qu’elles resteront dans les parages si vous les relâchez.
Si vous commencez à remarquer que certaines coques de nymphe sous une feuille sont devenues noires, cela signifie que des guêpes parasites sont au travail. Cessez alors tout traitement insecticide pour les laisser accomplir leur boulot.
6. Pulvérisez des insecticides de synthèse. Conservez ce traitement pour une utilisation en dernier recours, car ils peuvent nuire aux abeilles et aux autres pollinisateurs. Le pyrèthre est largement offert et relativement sécuritaire si on l’applique avec précaution. Les insecticides néonicotinoïdes (dinotéfurane, imidaclopride, etc.) donnent d’excellents résultats, mais voulez-vous vraiment appliquer un pesticide méprisé par à peu près tous ceux qui ont la moindre préoccupation environnementale?
Les aleurodes: ils sont minuscules, mais nombreux et difficiles à contrôler. Passez à l’action avec un traitement approprié dès que vous les voyez; sinon, il sera peut-être trop tard.
J’ai utilisée la methode 4 avec succès sur des arbres du voyaugeur sur lesquels ces insectes causaient des vraies degats en lavant le dessous des reuilles 1 a 2 fois par semaine au jet d’eau. Au bout de quelques semaines les aleurodes avaient déménagé. C’est une méthode qui demande un peu de dedication mais qui a l’avantage d’etre 100% naturelle si les plantes touchées peuvent accepter d’avoir leur feuilles fréquement mouillées.
?
Je viens d’emménager dans un appartement jardin il y a un tulipier haut de 10 m couvert d’aleurodes tout est recouvert de miella tout est collant et l’herbe dessous meurt sans parler des plantes alentours…..je suis vraiment désespérée tellement heureuse d’aménager avec amour ce petit jardin, et mon petit potager avec du foin!!!
Répondez moi vite s’il vous plaît