Compostage de surface: le compostage à son plus simple
Le compostage de surface: efficace, mais pas nécessairement joli. Photo: www.lesjardinsduclosjoli.fr
En cette période où le compostage domestique est surtout une question de bacs en plastique et de couches soigneusement planifiées de matériaux bruns et verts, le compostage de surface apparaît comme quelque chose de radical et d’innovateur. Pourtant, c’est la première forme de compostage, celle que nos ancêtres cultivateurs utilisaient, et elle est si facile à réaliser.
La technique ne pourrait pas être plus simple: jetez simplement vos déchets décomposables dans le jardin, à travers les plantes qui y poussent. Pas besoin de les enterrer (bien que vous puissiez le faire aussi, mais cela relève alors du compostage en tranchées). Laissez-les simplement pourrir (le terme moins poli pour décomposer) là où ils tombent. Et en se décomposant, les déchets nourriront le sol en minéraux et le sol fertilisera à son tour vos plantes. Oui, tout comme le compostage domestique habituel, mais avec moins d’étapes.
Le compostage de surface a commencé dans la nuit des temps. Les agriculteurs qui récoltaient les légumes et les fruits prélevaient les parties comestibles pour les rapporter à la famille et jetaient tout simplement les résidus sur le sol. Les résidus se décomposaient par la suite pour fertiliser le sol en vue de la récolte de l’année suivante.
Dans la version moderne, le compostage de surface est principalement utilisé pour les restes de légumes, les déchets de cuisine et les mauvaises herbes arrachées dans les environs. N’utilisez toutefois pas de racines encore vivantes de mauvaises herbes vivaces qui pourraient prendre racine et envahir le secteur (j’explique comment gérer ces racines ci-dessous) ni de mauvaises herbes portant des graines qui pourraient germer et poser problème. Que des feuilles de mauvaises herbes ou des mauvaises herbes annuelles sans fleurs.
Étalez ces restes en une fine couche de pas plus de 3 à 5 cm d’épaisseur: si les déchets sont trop denses, il pourrait s’en dégager une odeur de pourriture désagréable.
Le paillis comme compostage de surface?
Vous faites peut-être déjà du compostage de surface sans le savoir. Lorsque vous répandez des feuilles d’automne hachées, une couche de paille ou des résidus de branches d’arbres déchiquetés (BRF ou bois raméal fragmenté) sur le jardin comme paillis, c’est en fait une forme plus sophistiquée et attrayante de compostage de surface. Après tout, ces paillis se décomposent avec le temps et enrichissent le sol tout comme le compost. Et il faut en rajouter occasionnellement, car ils disparaissent peu à peu. Cette sorte de paillage est essentiellement une forme de compostage de surface.
Au diable l’esthétique!
Le compostage de surface avec des restes de légumes et des segments de mauvaises herbes n’est pas une technique pour les jardiniers proprets qui tiennent à un jardin d’apparence impeccable. Après tout, vous verrez sur le sol des restes de cuisine et de jardin disparates, donc, des pelures de carottes orange vif, des légumes moisis, du marc de café, etc. Heureusement, il est probable que vous fassiez surtout du compostage de surface dans le potager, et qui se soucie vraiment de quoi le sol entre deux légumes a l’air? Ou faites votre compostage de surface dans les coins les plus éloignés de votre plate-bande ornementale où il ne sera pas très visible.
Certains jardiniers plus pointilleux que moi retirent leur paillis, déposent les restes au sol et remettent le paillis en place pour les cacher. Cela résout le problème esthétique, mais c’est aussi un travail supplémentaire.
Je suis trop paresseux pour cela! Je jette simplement les matériaux sur le paillis et laisse mère Nature s’en occuper. Les vers de terre sortent la nuit à travers le paillis et tirent peu à peu les «déchets» hors de vue, sous le paillis. Si vous êtes patient, vous pouvez même les regarder à l’œuvre. C’est fascinant de voir ces petits détritivores faire le ménage à votre place!
Tuez les racines et les rhizomes d’abord
Ne déposez pas les racines et rhizomes vivants de mauvaises herbes vivaces sur un sol nu. Si vous le faites, ils vont rapidement s’y enraciner et commencer une nouvelle invasion. Donc, faites-les sécher d’abord, en les plaçant en plein soleil jusqu’à leur mort. Cela peut prendre quelques jours, même jusqu’à une semaine par temps frais et humide, mais l’exposition à l’air et aux rayons solaires finira par tuer même les racines les plus tenaces.
Personnellement, j’accroche ces mauvaises herbes aux branches des arbres et des arbustes environnants ou sur les feuilles des grands légumes et vivaces. Elles y sèchent parfaitement et, au moment où elles sont si légères suite à leur assèchement que le vent les fait tomber au sol, elles sont déjà mortes et prêtes à se décomposer. Et je les laisse se décomposer là où elles tombent.
Mais la vermine?
L’idée de laisser des déchets en surface fait peur à plusieurs personnes, convaincues que cela attirera la vermine: rats, souris, etc. Pourtant, si cela arrive, ce doit être très rare. Demandez à quelqu’un qui fait du compostage de surface, peut-être un permaculteur. Il vous dira que la vermine n’est pas un problème. En plus de 40 ans de compostage de surface, je n’ai jamais eu plus que quelques oiseaux venus fouiller dans la mince couche de compost à la recherche d’insectes. Il y a bien les vers de terre qui affluent dans le secteur (les lombrics adorent le compostage de surface), mais ils sont assez discrets.
Ce qui est plus choquant est de voir les animaux — lapins, marmottes, etc. — qui ignorent les déchets compostés pour aller bouffer à la place nos légumes de potager. Je suppose que les légumes frais sont tout simplement plus savoureux et attrayants que les légumes pourrissants!
Petits trucs pour réussir son compostage de surface
• Presque tout résidu de légume que vous ne mangerez pas peut rester au potager en tant que compost: fanes de radis et de carottes, feuilles endommagées par les insectes, fruits pourris, racines, tiges et feuilles de légumes arrachées à la fin de la saison, etc.
• Même les feuilles toxiques pour les humains peuvent servir, comme les feuilles de rhubarbe et de pomme de terre. La décomposition détruit rapidement leurs toxines.
• N’utilisez toutefois rien de très coriace ou qui ne se décomposera pas facilement, comme les branches ligneuses ou la rafle de maïs;
• N’y ajoutez pas de produits laitiers, d’œufs, de viande ou d’os, tout comme vous ne les ajouteriez pas à un composteur domestique. (Là, il y aura un véritable risque d’attirer la vermine!);
• Hachez finement les restes de cuisine dans le mélangeur pour une décomposition plus rapide;
• Ne déposez pas les feuilles de légumes malades dans l’endroit où vous cultiverez le même légume ou de proches parents l’année suivante. Par exemple, ne déposez pas des feuilles de tomates atteintes de verticillose ou de fusariose là où vous cultiverez des tomates, des poivrons ou des aubergines. Vous pouvez les composter ailleurs dans le jardin, toutefois;
• Ajoutez-y les rognures de gazon (si vous ne faites pas d’herbicyclage);
• N’ajoutez pas les fleurs ou les capsules de graines des mauvaises herbes au compost de surface: elles pourraient alors se ressemer. Par contre, leurs feuilles et tiges peuvent servir.
Le compostage de surface: je soupçonne que la plupart des jardiniers en font déjà dans une certaine mesure, mais maintenant, vous pouvez donner un nom à cette technique.
Merci pour ces bons commentaires, il est vrai que nous sommes encore frileux à faire notre propre compost. J’utilise maintenant mon gazon coupé comme compost au jardin. (Couche d’un pouce, un pouce et quart environ). Comme il fait très chaud présentement et pas beaucoup de pluie, mon gazon semble monté en graines.. Si je dépose ce gazon au jardin, aura t-il plus de chance de germé? Merci à vous!
Si le gazon est en fleurs/graines, mieux vaut ne pas l’utiliser en compostage de surface, mais plutôt laisser les rognures sur le gazon.
Pas de potager chez moi, que des fleurs, mais tout de même un carré de culture de fleurs à couper. Je composte en surface tous les déchets ménagers marron ou verts (fanes de poireaux, de carottes, marc de café, fleurs fanées, pelures d’avocats etc) et tout ce qui brunit vite à l’air (comme les épluchures de carottes) et je coupe tout en morceaux. Ainsi, aucune gêne visuelle, même dans les parterres de vivaces ou au pied des rosiers, et compostage rapide et efficace. Les autres restes ménagers qui ne seraient vraiment pas esthétiques en surface (en particulier les essuie-tout ou les serviettes en papier par exemple), partent au bac à compost. Pour ce qui est des mauvaises herbes et autres adventives, je coupe les racines d’un coup de sécateur, avant de les laisser se composter sur place en surface.
Pas de marmottes ici par contre (je dirais bien hélas, si je n’étais pas certaine que vous lèveriez les yeux au ciel d’un air agacé ?), mais seulement les chats qui adorent effectivement fouiner dans les paillis, quels qu’ils soient!
?
En attendant que je me mette au compostage en surface pour engraisser mon potager, j’ai quand même tenté une expérience dans mon potager. L’automne dernier, au lieu «d’arracher» mes plantes potagères incluant leurs racines comme je le faisais à chaque automne, j’ai seulement «coupé» leurs tiges en laissant leurs racines dans le sol pour les laisser se décomposer pendant tout l’hiver. Comme j’avais aussi couvert mon potager de bois raméal fragmenté au cours de l’été dernier, pour la première fois je n’ai pas mis de fumier comme je le faisais à tous les automnes. Donc au printemps, j’ai incorporé «dans» le sol ma mycorhize habituelle avec du compost forestier (15-05-10) à mes plant de tomates et de concombres tout en ajoutant «sur» le sol autour des plants un engrais granulaire à décomposition lente (4-4-8) à répéter en juillet, août et septembre. De un, sachant que les plants de tomates et concombres sont très gourmands en éléments nutritifs, l’apport en ces éléments nutritifs à mes plants est-il suffisant ? Et de deux, est-ce que le sol appauvrira sans l’ajout de fumier à chaque automne ?
C’est vous qui pouvez juger si les plantes reçoivent ce qu’il faut d’après leur croissance, mais le fait que vous laissez les déchets se décomposer sur place et que vous ajoutiez un engrais devrait suffire. Le fumier n’est probablement pas nécessaire.
merci pour cet article. donner un nom à cette technique la rendra peut-être plus populaire et acceptable 🙂 je l’utilise depuis plus de 30 ans et pour justifier ma façon de faire aux personnes qui regardaient mon potager de façon circonspecte je disais que je mimais la nature. je dirai maintenant que je fais du compostage de surface.
Je pensais bien que je n’étais pas seul à le faire1
Peux on faire du compostage de surface dans un jardin en bac?
Oui, mais… ça va beaucoup plus lentement. Les conditions y sont un peu extrêmes et la décomposition est alors ralentit. Coupez tout en petits morceaux aiderait
Cette année je me suis mise à la permaculture (mon fils m’en parlait souvent) J’ai mis du carton sur le carré choisi, de l’herbe tondu et des déchets de cuisine (sauf viande) planté des tomates, salade, un artichaut, courgettes et poivrons, basilic, ciboulette. Les courgettes, salade et poivrons ont été mangés par les limaces. Je continue de mettre des déchets et herbe tondu. Je cherche des solutions pour éviter que les limaces ?
Il y a quelques conseils ici: https://jardinierparesseux.com/2015/07/16/traitements-efficaces-contre-les-limaces-2/
Ce que vous ne dites pas…c est le plaisir de voir sortir des choses qu on n’avait pas plantées…cette année 3 ou 4 aulx que nous avions pris pour du poireau et récolté trop tôt !! Et une vingtaine de pieds de pommes de terre ! C est super !
Deux questions connexes concernant le compost de surface :
1. Peut-on y mettre de la TERRE EN POT s’il y a eu :
a) du mildiou sur la plante en pot (risque qu’il y ait des spores dans cette terre)?
b) des insectes nuisibles sur la plante (risque de larves dans cette terre)?
2. Peut-on y mettre les FEUILLES ET TIGES d’une plante (cultivée en pot ou en terre) s’il y a eu du mildiou ou des insectes nuisibles sur la plante?
J’ai compris de votre question que vous vouliez mettre de la terre sur les racines d’une plante en pot qui a eu du mildiou ou des insectes. En fait, rajoutez de la terre ne devrait pas avoir un effet négatif ou positif; c’est plutôt neutre, n’ayant pas d’effet notable.
Le mildiou est une foule de maladies fongiques très différentes qui partagent un même symptôme. Les spores sont partout de toute façon, même dans l’air. L’ajout de terre change rien. Les insectes, de leur part, migrent facilement dans différentes strates de terre.
Pouvez-vous utiliser des résidus d’une plante ayant eu une maladie ou un insecte dans le compost de surface? Pourquoi pas? Dans la nature, elles tombent au sol et se décomposent, tout simplement. La même chose pour les déchets végétaux que vous ajoutez au sol vous-même.
Quand vous faites comme dame Nature, ça fonctionne toujours!
Un grand merci pour votre réponse rapide!
En fait, dans ma première question je me demandais si je peux mettre au potager la terre d’un pot dans lequel il y avait une plante qui souffert d’une maladie ou qui a été la proie d’un insecte nuisible (chrysomèle de la courgette, par exemple). Dans ce dernier cas, est-ce que je ne risque pas « d’importer » dans mon potager des larves de chrysomèles qui se réveilleront au printemps? Est-il préférable que je dispose de cette terre en pot dans un endroit où elle risque de faire moins de dégâts (une platebande de fleurs, par exemple)?
Il suffirait de déposer le terreau peut-être contaminé d’une maladie ailleurs que là où vous pensez cultiver une plante apparentée, comme une plate-bande de fleurs, comme vous dites. Quant aux chrysomèles, je doute qu’elles pondraient dans un pot, lieu peu proprice à l’hivernement. De toute façon, vous les verrez en vidant le pot, car ce sont les adultes qui hivernent.
Merci pour vos précieux conseils!
Merci pour votre article. Je dépose mes déchets de table dans un contenant mais, une fois plein, il y a parfois un délai avant que je le vide dans mon composteur. Lorsque j’ouvre le contenant, a moisissure a parfois commencé. Est-ce que cela a un impact sur la qualité de mon compost?
Non.
Au début, je mettais le compost sous terre mais j’en avais marre de creuser et les animaux déterraient le compost. Alors maintenant, je jette simplement le compost sur la surface du sol et je laisse la nature faire son travail. La décomposition prend plus de temps mais cela ne me dérange pas.
?
Merci pour vos précieux conseils, car je vérifie que ce que je faisais déjà fonctionne. j’ai commencé à se laisser décomposer les prunes de mon prunier l’été il y a deux ans, mais une grosse souris est apparue et transportait des fruits ( ça marche debout ) qu’elle emmenait sous mon gros bac à bambous, ou elle s’est mise à fabriquer une famille, je suppose, jugeant l’endroit agréable pour elle. J’ai réussi à les faire partir, en tout cas je ne les ai jamais revus. J’ai vu ensuite qu’ils vendaient sur internet des sortes d’amphores percées en terre cuite, assez chères, et qu’ils enterraient après y avoir mis du compost. Je me suis dit qu’il suffisait dans ce cas de renverser un petit pot de terre cuite, ou une tesselle de terre cuite, (lorsque les pots de terre cuite éclatent avec le gel), il peut rester des bris de pots, assez esthétiques, en arc-de-cercle. je mets simplement mon marc de café, épluchures, coquilles d’oeufs, cendre et restes de fruits sous ces tesselles. En effet, deux ou 3 mois plus tard, lorsqu’on soulève ces abris, on voit quelques insectes, vers de terre et cloportes . Et ma plate-bande, qui est en plein soleil et souffrait de sécheresse, ( la terre était comme du sable gris à cet endroit-là) l’ai couverte de végétaux, ai planté quelques arbres pour lui faire de l’ombre, mais depuis que j’amende la terre avec cet apport de déchets, ça marche, et maintenant les plantes qui y poussent sont bien plus belles. De plus je précise que planter des arbres dans son jardin évite les arrosages trop fréquents et protège les plantes qui ont toujours besoin d’un peu d’ombre à un moment ou l’autre de la journée.
On peut aussi casser le fond d’un pot de terre au marteau, l’enterrer, et trouver une soucoupe en terre qui sert de couvercle, et que l’on peut remplir d’un peu de terre et y faire pousser des petites plantes grasses, pour la cacher.
Ainsi, j’ai dans mes plates-bandes maintenant des “bacs à compost” de 30 cm de large et peut-être 25 ou 30 de profondeur ( en fonction des pots) et dont je soulève le couvercle pour y mettre mes fruits, etc. Les vers de terre passent par en-dessous, ni vu ni connu, et en surface on ne voit pas trop la soucoupe puisqu’elle va se couvrir de mini-plantes grasses ! voilà bien une astuce de jardinière paresseuse qui me plaît bien!