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Quand le pollen révèle des crimes

Ill.: www.pngfind.com, www.hiclipart.com & Pixy.org, montage: jardinierparesseux.com

Saviez-vous que le pollen des fleurs devient peu à peu un outil de base dans les enquêtes criminelles? Comme les empreintes digitales et l’ADN, les grains de pollen et les spores aident maintenant à résoudre les cas de meurtre, de contrefaçon, de distribution de drogues illégales, de délit de fuite, de terrorisme et bien plus encore.

Le pollen, semble-t-il, est partout. Et il a tendance à se fixer à la peau, aux vêtements, aux véhicules et aux outils. Il est même très difficile de l’enlever complètement. 

Il existe actuellement plus de 380?000 espèces végétales différentes à travers le monde, chacune avec un pollen de forme unique. De plus, il y a du pollen fossilisé d’encore plus d’espèces qui peut être présent dans le sol et qui peut alors rester collé à un pneu ou à une jambe de pantalon.

Un palynologue (personne qui étudie le pollen) peut déterminer où presque tout objet a déjà été en étudiant non seulement les espèces végétales correspondant au pollen qu’on y trouve, mais également la composition des graines de pollen. Par exemple, près d’une forêt boréale, il y aurait proportionnellement plus de pollen de conifères que de pollen de feuillus ou de graminées, mais dans une prairie, le pollen de graminées prédominerait. À partir de cette constatation, étudier les proportions exactes de grains de pollen spécifiques trouvés peut souvent aider à déterminer l’endroit précis d’origine de l’échantillon.

Et la présence d’espèces exotiques dans le mélange de pollen, que l’on ne trouve que dans certains rares jardins, peut rendre la situation encore plus claire. (Suggestion: si vous pensez commettre un crime, ne le faites pas dans un jardin botanique. La composition de son pollen sera tellement unique qu’elle indiquera immédiatement aux enquêteurs exactement où le crime a eu lieu!)

La première fois

Le pollen trouvé dans la boue collée à des bottes a révélé le lieu du crime. Photo: Ilja Klutman, flickr.com

Le premier cas enregistré de résolution d’un crime par palynologie remonte à 1959 en Autriche. Un homme avait disparu pendant ses vacances à Vienne et la police le croyait assassiné. Il y avait bien un suspect, mais la police n’arrivait pas à le situer près de cette ville au moment du crime et il nia y être allé. Mais les policiers avaient en main les bottes boueuses du suspect. Ils ont donc demandé à un géologue, Wilhelm Kraus, de faire une analyse de la boue prélevée et il a trouvé dans l’échantillon divers types de pollen, y compris du pollen fossile de caryer datant de 20 millions d’années. Or, le pollen de cette espèce n’avait jamais été trouvé ailleurs que dans un seul secteur très limité, en bordure du Danube, juste à l’extérieur de Vienne. Quand le suspect fut confronté avec la preuve qu’il était bien allé dans les environs de Vienne, il avoua son crime et conduisit la police à l’endroit où le corps avait été enterré… exactement dans la zone que Klaus avait prédite.

Dans certaines régions, le pollen trouvé dans les drogues illicites est systématiquement analysé pour déterminer d’où viennent les drogues… et pour voir si elles peuvent être retracées jusqu’à un fournisseur connu.

Le pollen présent dans le miel permet de retracer l’origine de ce dernier. Photo: www.medicalnewstoday.com

Et qu’en est-il du miel illégal? (Je parie que vous ne saviez pas que l’altération du miel était un crime commun, et pourtant, c’est un problème international qui cause beaucoup d’ennuis aux autorités.) Les miels chinois et vietnamiens, bon marché, de mauvaise qualité et souvent contaminés aux antibiotiques et aux pesticides, ont envahi le marché mondial, vendus sous une étiquette indiquant un miel produit localement. De plus, certaines entreprises louches diluent même ce miel de troisième qualité en y ajoutant du sucre blanc ou du sirop de maïs, ce qui est également illégal. 

Laissez les palynologues légistes jeter un œil sur un pot de miel, par contre, et ils découvriront bientôt le pot aux roses! C’est que le miel est fabriqué à partir de nectar floral et est chargé de pollen. Un test rapide permet de distinguer le vrai produit de l’imitation alors qu’une étude plus poussée peut facilement révéler l’origine exacte du miel.

Un cas concret

La botaniste médico-légale britannique Patricia Wiltshire au travail. Photo: www.thesun.co.uk

Dans son livre The Nature of Life and Death: Every Body Leaves a Trace, la botaniste médico-légale britannique Patricia Wiltshire raconte son premier cas.

Un gang de criminels londoniens avait déposé le corps d’une de ses victimes dans un champ du Hertfordshire à plus d’une heure de route du lieu du crime. Les policiers ont retrouvé le corps assez rapidement et arrêté les coupables en se basant sur d’autres indices, mais il leur manquait la preuve que la bande s’était bien rendue dans le Hertfordshire. Ils ont demandé un coup de main au Jardin botanique de Kew qui leur a recommandé la Dre Wiltshire, alors paléobotaniste spécialisée dans l’étude des plantes anciennes. Elle n’avait jamais pensé travailler dans le domaine médico-légal, mais elle s’y connaissait en identification de pollen. Ainsi, elle a étudié la fourgonnette des criminels et a trouvé un curieux mélange de pollen, une combinaison impossible dans la région de Londres, mais correspondant à la région où le corps avait été retrouvé. Crime résolu! Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Elle a été invitée après coup à visiter le champ où le corps avait été trouvé et, quand elle s’y est rendu, les policiers ont voulu l’emmener directement à l’emplacement, mais elle a refusé. «Laissez-moi analyser le site toute seule, a-t-elle dit, pour voir si je peux vous le dire.» Elle a erré çà et là dans le champ, notant qu’il y avait à proximité un fossé rempli de diverses espèces de mauvaises herbes et une haie sauvage où se mélangeaient différentes combinaisons d’arbres et d’arbustes. Mais jamais tout à fait la bonne combinaison… jusqu’à ce qu’elle remarque un emplacement où tous les bons végétaux étaient réunis. «Je pense que le corps a été trouvé ici!», a-t-elle dit, en désignant une section spécifique du fossé. Et en ce faisant, elle a stupéfié les policiers, car elle avait trouvé exactement l’endroit où le corps avait été localisé!


Alors, criminels, faites très attention! Ne commettez jamais un crime quand il y a des plantes dans les environs!

Comment? Vous dites qu’il y a des plantes partout?

Puis-je alors vous suggérer qu’il n’est probablement pas sage de commettre le crime du tout?

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commentaire sur "Quand le pollen révèle des crimes"

  1. Chronique super originale ! Merci!

  2. Merci Sherlock Hodgson pour tous ces détails palynologiques, grâce à vous l’enquête est désormais résolue.

    Connaissez-vous cette fameuse méthode rapide et facile pour détecter le vrai miel de son imitation frauduleuse ? Ce serait bien pratique (et bien drôle) de voir des dizaines de clientEs l’œil rivé à un genre de “pollennoscope” en plein milieu d’un supermarché pour reconnaitre le vrai du faux miel…

    J’en profite pour vous souhaiter, à vous et à vos lecteurTRICEs, la meilleur des nouvelles années, verte et pleine de santé. Oui pour les humains aussi, bien entendu ;0)

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