Le perce-neige: pour des fleurs tôt, tôt, tôt
Perce-neige commun (Galanthus nivalis). Photo: www.crocus.co.uk
Allez dans une jardinerie à cette saison et vous verrez des étalages presque sans fin de bulbes à floraison printanière — tulipes, narcisses, jacinthes, etc. — tous plus désirables les uns que les autres. Des plantes hautes ou basses, hâtives ou tardives, doubles ou simples… et dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Ces plantes populaires assureront un feu roulant de couleurs au printemps: il suffit de les planter à l’automne, voilà tout.
Mais il y a aussi, dans les mêmes étalages, des bulbes un peu moins voyants, aux couleurs un peu plus modestes, qui sont moins connus des jardiniers. Moins connus, mais pas moins intéressants. Et l’un de ces «bulbes négligés» est le perce-neige.
Une petite plante qui a fait le tour du monde
Le nom «perce-neige» désigne toute plante du genre Galanthus, un genre d’environ 20 plantes bulbeuses assez similaires, toutes originaires d’Europe ou d’Asie. L’espèce la plus couramment cultivée est le perce-neige commun, Galanthus nivalis, originaire d’Europe. C’est d’ailleurs une des plantes les plus largement distribuées du continent et elle y forme des tapis blancs au printemps à la fonte des neiges.
Le nom Galanthus vient du grec: gala veut dire lait, et anthis, fleur, une référence à la couleur blanc lait de la fleur.
Il s’agit d’une plante à bulbe, donc possédant un petit «oignon» que l’on plante à l’automne. La plante pousse sous la neige durant l’hiver et est ainsi prête à fleurir dès que celle-ci fond. D’où son nom commun, perce-neige, car c’est une des premières fleurs du printemps. En Europe, on le considère comme une plante à floraison hivernale, car il fleurit habituellement en janvier ou février. Au Québec, où je vis, la floraison a habituellement lieu en avril ou mai, mais débute parfois à la fin de mars dans les emplacements où la neige fond de bonne heure. Elle dure longtemps: 3 semaines et davantage. Plus le printemps est froid, plus longtemps la floraison persiste.
Ne pas confondre
Ne confondez pas les perce-neiges (genre Galanthus) avec les nivéoles (genre Leucojum), un autre bulbe à floraison printanière. Les deux sont apparentés, appartenant tous deux à la famille des Amaryllidacées, mais les perce-neiges portent trois sépales blancs bien séparés, comme une hélice, avec une couronne blanc et vert au centre, alors que les tépales des nivéoles forment une coupe blanche avec un point vert à l’extrémité de chacun. De plus, les nivéoles sont des plantes de plus grande taille qui fleurissent plus tard dans la saison que les perce-neiges.
Une description
Le perce-neige commun est une plante toute simple: chaque bulbe ne produit que 2 feuilles étroites graminiformes qui sortent en même temps que les fleurs. Elles continuent de pousser après la floraison, atteignant 15 cm de longueur.
La fleur unique est portée sur une tige arquée d’environ 10 cm de hauteur et pend sur un mince pédicelle. Elle est composée d’un ovaire ovale vert suspendu qui se termine en trois sépales blanc pur de bonne longueur et d’une couronne intérieure plus courte (en fait, trois pétales très rapprochés) et souvent peu visible lorsque la fleur est vue de haut. La couronne est blanche marquée de vert à son extrémité.
Le bulbe se divise annuellement et donc, en peu de temps, ce qui était à l’origine un seul bulbe devient une petite colonie. Alors, l’effet s’améliore avec le temps. Le perce-neige est très longévif et fleurira annuellement pendant jusqu’à 150 ans au même endroit.
Le perce-neige est peu touché par les prédateurs: même les écureuils, si friands des bulbes de tulipes, l’évitent… et tant mieux pour eux, car les bulbes des perce-neiges sont toxiques. Malgré cette toxicité, le perce-neige est utilisé en médecine depuis fort longtemps et est sous étude pour ses effets contre la maladie d’Alzheimer. N’essayez pas les traitements maison! Il faut savoir bien doser la plante pour éviter tout effet nocif.
Plantez sans tarder
Plantez les perce-neiges peu après leur arrivée en magasin, soit entre le début de septembre et la mi-octobre. On les plante à environ 8 à 10 cm de profondeur et autant d’espacement. Pour un bel effet, plantez-les par groupes d’au moins 10 bulbes.
Le perce-neige se plaît dans tout sol bien drainé, tant qu’il y a un peu de soleil printanier. Il peut donc pousser sous des arbres à feuilles caduques, car le soleil pénètre à leur pied au printemps. Le perce-neige est totalement indifférent à l’ombre estivale, car son feuillage jaunit et disparaît avant que le déploiement des feuilles des arbres ne débute. Il se pérennise bien dans les sous-bois et dans le gazon dans les zones 3 à 8.
Théoriquement, aussi, les perce-neiges se ressèment abondamment… mais pas chez moi. Alors que les scilles (Scilla sibirica, S. bifolia, S. mischtschenkoana et autres), les gloires des neiges (différentes espèces de Chionodoxa) et les puschkinias (Puschkinia scilloides) se multiplient à qui mieux mieux dans mes plates-bandes et ma pelouse, les perce-neiges restent sagement là où je les ai plantés, se contenant de former des touffes de plus en plus larges. Pour en avoir d’autres, je dois les multiplier par division, facile à faire au moment où le feuillage jaunit à la fin du printemps. Vous n’avez pas à remiser les bulbes récoltés jusqu’à l’automne avant de les planter (une idée fausse, mais bien ancrée chez les jardiniers amateurs): il est beaucoup plus facile de les replanter immédiatement après la récolte.
Aucun arrosage ni fertilisation n’est habituellement nécessaire pour les perce-neiges: en fait, après la plantation initiale, le perce-neige n’exige aucun entretien!
Une fleur coupée aussi!
Enfin, on peut aussi faire de petits bouquets de perce-neiges quand ils sont en fleurs tôt au printemps. Vous découvrirez alors que les fleurs sont doucement parfumées, un détail qui nous échappe habituellement quand les perce-neiges poussent au sol, loin de nos narines.
Variétés
Les différentes espèces de perce-neige se ressemblent beaucoup et il n’est donc pas nécessaire de dépenser de l’argent pour l’achat de variétés plus rares à moins d’être collectionneur: dans la plupart des cas, le perce-neige commun (G. nivalis) suffit. Il y a quand même une variété à fleurs doubles du perce-neige commun appelée G. nivalis ‘Flore-Pleno’ que vous pourriez trouver intéressante, ou encore, une espèce plus grande, le perce-neige géant (G. elwesii), qui pourrait peut-être vous tenter. Mais je trouve que ce dernier porte mal son nom commun, car le «géant» ne mesure qu’environ 20 cm de hauteur! Parfois, je vois aussi en magasin G. woronowii, environ de la taille du perce-neige commun, mais à feuilles plus larges.
Si le choix est plutôt maigre dans les jardineries locales au Canada, les Américains et surtout les Européens profitent d’un choix beaucoup plus vaste d’espèces et d’hybrides: ‘Dionysus’, ‘Hippolyta’, ‘Magnet’, ‘Mount Everest’, ‘Wendy’s Gold’, etc. On y trouve même des galanthophiles, amateurs de perce-neiges qui collectionnent les hybrides les plus récents et les plus rares. J’ai déjà visité le jardin printanier d’une galanthophile américaine au Maryland: j’ai été ébahi par toute la variété que ce simple petit bulbe pouvait offrir!
Où en trouver?
Voici la meilleure source que je connaisse au Canada: Phoenix Perennials, mais le choix est quand même plutôt mince.
En Europe, il y a beaucoup plus de choix, surtout en Suisse et au Royaume-Uni. Essayez North Green Snowdrops ou Swiss Drops.
Aux États-Unis, la meilleure source est probablement Carolyn’s Shade Gardens.
Le perce-neige: facile à cultiver, bon marché et résultats garantis. Que demander de plus d’un bulbe à floraison printanière?
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Ressemblent beaucoup aux scilles sauf que ces dernières sont bleues.