Confessions d’un accumulateur de pots compulsif
Les tablettes dans mon coin de rempotage ont plus de 60 cm de profondeur et sont entièrement remplies de pots. Photo: jardinierparesseux.com
Oui, je suis un accumulateur de pots. Comme on voit dans les émissions de télévision américaines au sujet des «hoarders», ces gens qui entassent des milliers d’objets disparates dans leur résidence, j’ai des tas de pots — littéralement des milliers! — dans mon sous-sol, plus que je ne pourrai jamais espérer utiliser, mais je continue à en ramasser davantage.
Officiellement, on appelle cette manie de collectionner à outrance la syllogomanie ou encore, la thésaurisation pathologique. J’ai aussi vu «trouble d’accumulation compulsive». C’est une difficulté persistante à se défaire de biens matériels. Eh bien, j’arrive sans difficulté à donner mes vieux vêtements usés, mais pas mes pots.
Diagnostiqué
Comme beaucoup d’accumulateurs d’objets, je ne savais pas que j’avais un problème. Je ne faisais que mettre des pots de côté pour une utilisation future, après tout. Puis, un jour, je montrais mon coin de rempotage à une amie passionnée de plantes et elle a regardé la scène avec horreur. «Tu sais que tu peux apporter des pots usagés à la jardinerie et qu’on les réutilisera ou les recyclera, n’est-ce pas?» a-t-elle murmuré. Je me suis immédiatement défendu, expliquant que j’avais vraiment besoin de tous ces pots pour de futures plantations. Mais il y avait quelque chose de faux dans ma protestation!
Je me dis que je ne suis pas vraiment un accumulateur de pots compulsif, car il m’arrive de donner des pots. Parfois. D’accord, plutôt rarement. Seulement aux gens aussi passionnés de plantes que moi et qui vont vraiment les utiliser. Ou à mes enfants pour les encourager à devenir aussi passionnés de plantes que moi. La plupart du temps, cependant, il y a beaucoup, beaucoup plus de pots qui rentrent que de pots qui partent.
Bien sûr, je ne fais pas qu’accumuler. Quand j’empote des plantes, j’emploie bien ces pots préutilisés… mais malgré la quantité énorme de pots qui s’entassent chez moi, j’ai souvent du mal à trouver exactement la taille de pot que je veux. Avec des milliers de pots tout près de ma table d’empotage, comment est-ce même possible? Pourtant, cela arrive.
Ce sont les plus gros pots qui manquent, car je rempote les petites plantes dans des pots de plus en plus grands à mesure de leur croissance. Ainsi, j’arrive à un point où tous les gros pots sont pris. C’est une des rares occasions où j’achète des pots sans qu’il y ait une plante dedans. Je n’achète jamais des petits pots ni même des pots de taille moyenne, toutefois: ça, j’en ai plein!
Un classement chaotique
Je classe les pots en fonction de leur taille, en les empilant pour gagner de l’espace (pour faire place à plus de pots à venir, évidemment).
C’est à ce moment que vous réalisez qu’il existe un nombre extraordinaire de formes et de tailles de pots sur le marché et qu’ils ne s’empilent pas de façon logique. Tel pot est plus haut, plus mince, plus étroit à la base qu’un autre de taille apparemment similaire et alors ils ne s’emboîtent pas correctement. Ainsi, les stocker adéquatement devient un cauchemar. Il me semble que les fabricants de pots devraient s’entendre pour choisir une gamme limitée de tailles de pots et s’en tenir à celles-là. Mais, évidemment, ils ne se parlent même pas, la gamme de tailles de pots ne cessant de croître. Et j’essaie toujours désespérément de les empiler dans un ordre raisonnable.
Accumulateur de magazines aussi
Mes habitudes de thésaurisation s’étendent aussi aux magazines portant sur le jardinage. J’en ai pour 45 ans de revues et de publications de toutes sortes, des magazines professionnels aux feuilles de chou de différentes sociétés d’horticulture. Pour certains, j’ai toute la série, de la première publication à la dernière. (Oui, malheureusement, beaucoup de magazines horticoles ne sont plus!) Même si je me donne comme excuse pour cette bibliothèque de revues le fait que je pourrais devoir les consulter un jour, en fait je ne m’y réfère presque jamais.
La plupart sont des magazines auxquels je suis ou ai déjà été abonné. D’autres, par contre, sont des cadeaux d’amis jardiniers qui n’avaient pas de place pour les leurs. Pourquoi j’accepte ces derniers, je ne le sais pas. Je doute d’avoir déjà même ouvert un de ceux-là, mais je les conserve quand même précieusement.
Bien que je réalise maintenant que je suis un accumulateur pathologique, je n’arrive pas à me corriger. Je me dis que j’ai encore de la place pour entasser d’autres pots et revues. Après tout, un nouvel IKEA vient d’ouvrir près de chez moi avec une quantité industrielle d’étagères, outils indispensables pour les accumulateurs pathologiques!
Quand je mourrai, je vais laisser à mes enfants le soin d’organiser une grande foire de débarras pour faire disparaître mes pots et mes magazines, les offrant gratuitement à qui les veut… à moins que le gène de l’accumulation excessive des objets horticoles n’éclose chez eux aussi!
Ah j’ai réussi à me débarrasser d’une certaine quantité de petits pots parce que je sème beaucoup moins qu’avant. Je me suis aussi débarrassée de beaucoup de pots « inemboîtables » pour garder les formats/matières que je préfère et qui s’emboîtent (relativement) facilement. Je n’avais tout simplement plus de place. Je ne pouvais quand même pas commencer à les empiler dehors! 🙂
Mais il est bien plus difficile de se débarrasser des pots et cache-pots « décoratifs » qui ne sont pas recyclables. J’en emploie beaucoup moins qu’avant mais j’ai encore la tentation d’en acquérir.
Toujours question de place, j’ai conservé seulement les livres que je consulte vraiment ou ceux auxquels je suis attachée.
Je respire mieux depuis, mais il faut dire que durant les dernières années, j’ai dû « vider » deux maisons de syllogomanes de ma famille et je vous assure que c’est épuisant et que ça donne des cauchemars!
Pensez à confier votre collection de magazines à une bibliothèque ou un centre de recherche, c’est une ressource précieuse!
Bonne idée!
À partir du même problème: 1. j’ai commencé par me défaire de tous les pots qui ne répondaient pas à un empilage «standard», selon la forme «dénominateur commun». Déjà, la quantité a été réduite de moitié. 2. J’ai fixé un nombre de pots à conserver en me basant sur le nombre de printemps qu’il me reste à jardiner… théoriquement. Ça aussi, ça minimise l’accumulation! 3. Répéter: ce que j’hésite à jeter, quelqu’un d’autre devra le faire après ma mort, en me maudissant;-) Bon courage à vous, cher Jardinier, car il en faut tellement pour élaguer… peu importe de quoi il s’agit!
Ha Ha! Très drôle, il n’y a pas que vous…..mes enfants m’avertissent ; ils ne veulent pas faire du ménage dans mon accumulation de revues et de pots, un peu moins quand même! Bonne journée. ??
Cher Larry, je crois qu’avec tout le beau travail de vulgarisation et d’enseignement que vous faites depuis des années, à vous voir écrire un blog quotidiennement, et même répondre personnellement à nos questions, vous pouvez vous permettre quelques petits écarts. Votre psychologue bien aimée!
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Merci de nous faire partager vos petites manies. Je ne sais pas si c’était voulu, mais c’est un article plutôt amusant. Par contre, vous n’évoquez pas l’avis de Madame … je suppose que votre liberté finit là où la sienne commence (c’est à dire à l’entrée de la maison).
Je vous souhaite un bon week-end parmi vos pots et vos revues et merci pour tous vos articles si bien écrits.
Madame ne s’occupe pas du coin de rempotage et y tolère les pires dégâts et c’est la même chose dans mon bureau; ailleurs dans la maison, je n’ai pas le droit de laisser trainer quoi que ce soit!
Cher Jardinier Paresseux,
J’ai réussi cette semaine à peine à me défaire de mes xxx pots: les jardiniers du jardin Van den Hende de l’Université Laval étaient très heureux de les avoir!!!!!!!
Je saurais alors à qui les donner… quand je serais prêt!