Drôles de « fleurs » sur un rosier
Galles chevelues du rosier. Photo: Peter O’Connor, www.flickr.com.
Question: Depuis dix ans que nous avons notre rosier sauvage, jamais nous n’avions vu ces fleurs formidables se former (début août). Je dis «se former», puisqu’étrangement, elles semblent pousser autant sur les feuilles que sur les branches du rosier. Est-il possible que ce soit une espèce qui en parasite une autre? Ça ressemble à des pompons: des boules de poils. Avec des couleurs variées (jaune, or, rose, rouge, braise, etc.).
Simon Lanctot, Lévis
Réponse: Il ne s’agit pas de fleurs, mais de galles chevelues du rosier, aussi appelées bédégars ou barbes de Saint-Pierre, causées par une petite guêpe noire appelée cynips du rosier (Diplolepis rosae). L’adulte est rarement vue, mais elle perce une tige ou la nervure d’une feuille avec sa tarière et y pond jusqu’à 60 œufs. Cela provoque la formation d’une galle de taille variable (plus il y a de larves à l’intérieur, plus elle est grosse) qui se couvre d’une masse de filaments collants, verts au début, mais devenant de différentes couleurs à l’automne.
Les larves se nourrissent des tissus de la galle et si vous en coupez une en deux, vous verrez qu’elle contient des trous que les larves ont creusés en se nourrissant. Il paraît que ces larves sont même comestibles!
Les églantiers (rosiers sauvages) comme Rosa arvensis, R. canina, R. rubiginosa, R. dumalis et R. glauca (R. rubrifolia) sont plus sujets aux galles chevelues que les rosiers cultivés.
Fascinant cycle de vie
Le cycle biologique de l’insecte commence par le dépôt des œufs en mai. Les larves grossissent tout l’été, passant par plusieurs stades, et forment des nymphes à la fin de l’automne, nymphes qui hivernent dans la galle. Au printemps, après une courte pupaison, une nouvelle génération de guêpes émerge de la galle, généralement que des femelles, car cet insecte se reproduit habituellement par parthénogenèse (sans besoin de fécondation par un mâle). Ainsi, le cycle recommence.
Souvent, les larves sont parasitées par d’autres guêpes qui sont parfois elles aussi parasitées par d’autres guêpes (on parle alors d’hyperparasites) et on trouve alors plus d’une espèce de larve dans la galle.
On trouve plus souvent ces galles sur les plantes un peu stressées, par exemple dans un emplacement très sec ou détrempé ou sur un rosier sévèrement taillé.
La galle en soit est essentiellement inoffensive et sa présence ne semble pas affaiblir la plante, même quand les galles sont nombreuses. Les puristes vous diront de supprimer les galles que vous trouvez sur votre rosier pour que la population de galles n’augmente pas l’an prochain, mais puisque vous les trouvez attrayantes, je vous suggère de les laisser. Après tout, où est le mal à permettre à mère Nature de continuer son œuvre?
La galle chevelue du rosier: une belle leçon de la complexité de la vie, n’est-ce pas?
Les filaments rose (ou pompons, pour reprendre le terme de Simon) est alors du tissus de la plante ou formés par les larves? Est-un moyen défensif de la plante? Et d’où provient la pigmentation? Ces gales m’ont toujours fasciné!
Oui, se sont des tissus de la plante, provoqué, croient les scientifiques, par des produits chimiques dégagés par les larves ou injectés par la mère. Cela donne une forme spécifique à chaque type de gale. On peut présumer que les filaments collants sont un stratège non pas de la plante, mais de ces mêmes insectes, pour se protéger contre les prédateurs. Quant à la couleur, pour cette galle du moins, elle varie selon la plante et la saison: je ne sais pas s’il y a un raisonnement ou c’est tout simplement un hasard.