La mouche amie du jardinier!
Syrphe typique, avec ses gros yeux et son abdomen bariolé jaune. Photo: www.kiwicare.co.nz
Les humains ont tendance à considérer les mouches comme des insectes nuisibles, piqueurs, porteurs de maladies ou tout simplement dégoûtants. Et beaucoup de mouches partagent plusieurs de ces attributs. Par contre, si vous jardinez, il existe au moins un type de mouche qu’il vous faudra apprendre à apprécier: le syrphe.
Il existe quelque 6?000 espèces de syrphes (mouches de la famille des Syrphidae). En anglais, on les appelle «hoverflies» car, grâce au battement rapide de leurs ailes, ils peuvent faire du vol plané («hover» en anglais). En effet, ce sont de véritables petits hélicoptères!
Beaucoup de syrphes (mais pas tous) ont un corps rayé jaune et noir ou jaune et brun et alors les jardiniers les prennent souvent pour de petites abeilles ou guêpes, mais c’est un cas de mimétisme: ils ont adopté des couleurs semblables à celles des abeilles et des guêpes pour confondre leurs ennemis, car peu de prédateurs s’attaqueraient à ces dernières. Malgré leur coloration qui semble signaler «ne me touchez pas, je suis dangereux», en fait, les syrphes sont inoffensifs pour les humains, ne mordant ni ne piquant jamais.
Cependant, si vous regardez de près, il est assez facile de distinguer un syrphe d’une abeille ou d’une guêpe. Il s’agit de regarder ses yeux. En effet, le syrphe a des «yeux de mouche»: de gros yeux qui couvrent une bonne partie de sa tête et qui souvent se touchent. Voilà qui est très différent des abeilles et des guêpes qu’ils imitent: ces dernières ont des yeux plus petits, portés sur les côtés de leur tête et qui ne se touchent pas.
Il existe des syrphes sur tous les continents sauf l’Antarctique, et dans tous les milieux terrestres, à l’exception des déserts et des latitudes et des altitudes extrêmement élevées. Il y en a plus de 800 espèces en Amérique du Nord et plus de 500 en France. Certains petits pays tropicaux en hébergent deux fois plus! Des dizaines d’espèces différentes visitent la plupart des jardins.
Pourquoi sont-ils nos amis?
Les syrphes adultes sont des pollinisateurs, se déplaçant de fleur en fleur pour se nourrir de nectar et de pollen. Pour compenser ce petit larcin, ils transportent aussi du pollen sur leur corps et contribuent ainsi à la pollinisation des plantes. Ils transportent moins de pollen par voyage que les abeilles, mais comme ils sont plus actifs que les abeilles et visitent davantage de fleurs, ils sont considérés comme tout aussi efficaces.
Leurs pièces buccales courtes en font de médiocres pollinisateurs de fleurs profondes ou tubulaires: ils préfèrent les fleurs grandes ouvertes aux étamines courtes. Ainsi, ils aiment particulièrement les fleurs des Astéracées (famille du tournesol), des Rosacées (famille du rosier) et, plus que toutes autres, celles des Apiacées ou ombellifères (famille de la carotte). Ils pollinisent les fleurs de toutes les couleurs, mais sont particulièrement attirés par les fleurs jaunes et blanches ou encore, par les parties jaunes ou blanches des fleurs qu’ils visitent. Les fleurs parfumées leur plaisent aussi.
La plupart des syrphes sont des généralistes et visiteront un large éventail de fleurs, mais certains sont des pollinisateurs spécialisés. Cheilosia albitarsis, par exemple, ne visite que les fleurs du bouton d’or (Ranunculus repens).
Larves mangeuses de pucerons
Voilà pour les adultes, mais beaucoup de larves sont utiles aussi.
Il existe des espèces dont les larves sont des détritivores (elles consomment des matières végétales ou animales en décomposition et contribuent alors à rendre la matière organique disponible pour les plantes), un bénéfice pour le jardin. D’autres encore sont aquatiques et alors peu utiles aux jardiniers.
La majorité d’entre eux, par contre, sont des insectivores: ils se nourrissent d’insectes nuisibles, notamment des cicadelles, des thrips et surtout des pucerons. En effet, on étudie la possibilité d’utiliser certaines espèces de syrphes dans la lutte biologique contre les parasites des plantes.
Le cycle de vie typique d’un syrphe est le suivant: la femelle pond ses œufs près d’une colonie d’insectes nuisibles et, lorsque ses larves en forme de petits vers éclosent quelques jours plus tard, elles commencent à manger les indésirables, jusqu’à 17 pucerons par jour.
À la fin de leur frénésie alimentaire, les larves de syrphe se retirent dans un cocon, puis éclosent une dizaine de jours plus tard sous la forme de mouches adultes. Il y a plusieurs générations par été, en fonction de l’espèce et du climat local.
Comment attirer les syrphes
Les syrphes visitent souvent les jardins sans effort spécial de votre part, tant que vous y incluez quelques fleurs et que vous n’y appliquez pas d’insecticide. Pour être certain de recevoir leur visite, par contre, essayez d’incorporer quelques-unes des plantes suivantes dans vos plantations:
- Achillée millefeuille;
- Alysse odorante;
- Camomille;
- Centaurée bleuet;
- Ciboulette ail;
- Coriandre;
- Origan;
- Phacélie;
- Sarrasin;
- Tagète;
- Tanaisie.
Les syrphes: souvent, ils passent presque inaperçus, mais ce sont de grands amis du jardinier!
Ce printemps j’en ai vu qu’un seul que j’ai éliminé sans plus attendre puis une belle floraison et lorsqu’il ne restait que 2-3 fleurs une douzaine sont apparus d’un coup (fin juillet).