Le criocère du lis s’attaque aux lis et aux fritillaires de nos jardins. Photo: http://www.telegraph.co.uk
J’écris habituellement ce blogue pour répondre aux questions de jardinage posées par d’autres personnes, mais j’en ai une moi aussi. Et peut-être avez-vous la réponse.
Qu’est-il arrivé au criocère du lis (Lilioceris lilii)? J’en ai vu très peu dans mon jardin l’année dernière et aucun cette année. Oui, zéro! Pourtant, au cours des années précédentes, ils étaient si nombreux qu’il n’était vraiment plus possible de cultiver des lis (Lilium spp.) sans appliquer une méthode de contrôle quelconque.
Ces insectes rouge vif seraient normalement difficiles à manquer: ils se démarquent vraiment des feuilles de lis vertes et les dégâts qu’ils causent, feuilles mangées et boutons floraux troués, sont assez évidents.
Et ce n’est pas seulement chez moi qu’il y a une baisse. La lectrice Rebecca Baker, de Montréal, rapporte la même chose. Aucun criocère en 2019. Pourtant, elle réside à 250 km à l’ouest de chez moi.

Lors d’une visite au Jardin ornemental de la Ferme expérimentale à Ottawa, Ontario, situé encore 200 km plus à l’ouest, le mois passé, les lis étaient magnifiques, mais j’ai quand même vu un criocère du lis sur les plants et quelques feuilles mâchouillées. Donc, il y a au moins une présence limitée de cet insecte dans l’est de l’Ontario.
Météo ou…?
Selon toute vraisemblance, la disparition/diminution du criocère du lis serait tout simplement un phénomène envirométéorologique. Dans l’est de l’Amérique du Nord, nous avons eu deux hivers très durs de suite: l’hiver 2017-2018 a été extrêmement froid, avec des gelées descendant jusqu’à des profondeurs inouïes dans le sol, et si les températures de l’hiver 2018-2019 n’ont pas été pas aussi extrêmes, l’hiver est arrivé exceptionnellement tôt et a duré exceptionnellement longtemps. Peut-être que les criocères n’ont pas pu survivre à de telles conditions.

Mais il est également possible que l’un des parasites du criocère du lis libérés pour aider à les gérer soit finalement entré en action. Divers parasites ont été introduits aux États-Unis et au Canada pour tenter de lutter contre le criocère, notamment une guêpe parasitoïde (Tetrastichus setifer) et une guêpe ichneumon (Lemophagus errabundus), car le criocère du lis, d’origine eurasiatique, n’a pas de prédateurs naturels en Amérique du Nord. Les deux prédateurs se sont avérés très efficaces localement et certains signes indiquent qu’ils se propagent. Sont-ils rendus dans mon secteur?
En Europe aussi
Le criocère du lis a beau être indigène en Europe, il a pris une expansion inouïe depuis quelques années, notamment en Europe de l’Ouest, où autrefois, sa présence était très sporadique, forçant beaucoup de jardiniers en France et en Belgique à abandonner la culture du lis. L’avantage pour les jardiniers européens, comparativement aux jardiniers nord-américains, est que les prédateurs du criocère sont déjà présents naturellement sur votre continent, mais peut-être pas encore aux bons endroits. Avec un peu de chance, ils étendront leur aire de distribution pour correspondre à l’aire de distribution agrandie du criocère du lis.
Questions
Donc, j’ai deux questions pour mes lecteurs.
- Avez-vous remarqué une diminution du nombre de criocères du lis dans votre jardin?
- Si leur nombre a chuté, avez-vous une idée pourquoi?
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Merci pour votre aide!
Amos, aucun l’an passé et aucun cette année !!! J’en ai eu les autres années auparavant.
J’ai été attirée par votre article parce que justement, cet été, je n’ai vu AUCUN criocère sur mes lis. Chaque année, c’était l’infestation et je n’entretenais plus mes lis, ça ne valait pas la peine. Ils étaient mangés dès les premiers bourgeons. J’avais planté de l’armoise à côté et de la tanaisie, faisant le test du répulsif naturel. J’ai eu une floraison spectaculaire cette année et j’ai observé de près. La seule différence observable, c’est que j’avais beaucoup de fourmis sur mes lis – un peu comme on peut en voir sur les pivoines – alors qu’habituellement, je n’avais pas particulièrement remarqué. Mon armoise a bien grandi aussi, je ne sais pas si ça joue pour vrai. La tanaisie quant à elle n’a pas survécu à la transplantation, cette pauvre indigène. Voilà pour mon compte-rendu, en espérant cette information utile. Je m’ennuie presque de ces superbes bibittes rouges… j’ai peur que ce soit un signe d’une perte de biodiversité chez moi, c’est pour vous dire…
J’ai oublié de spécifier que je suis à L’Islet sur la Côte-du-Sud près de Saint-Jean-Port-Joli.
Malheureusement ce n’est pas le cas pour moi…. j’habite à Montréal et j’ai dû en tuer quelques un…. et ils ont encore fait des ravages sur mes lys 😦
J’habite à Laval (Fabreville) et en effet j’ai remarqué que depuis certainement deux ans, il n’y en avait plus sur mon terrain.
J’habite dans le sud de Mirabel et cet insecte est complètement disparu depuis 2 ans. Auparavant, ils causaient énormément de dommage chez mes lis.
J’habite à la campagne dans le Sud-Ouest du Québec proche des lignes ontariennes et aucun insecte cette année. L’hiver 2018-2019 a été très dur chez moi, j’ai perdu beaucoup de vivaces, entre autre des grosse tales de marguerites, est-ce la raison?
Peut-être. Mais personne ne sait!