La plante derrière la feuille
Si vous avez récemment mangé dans un restaurant sophistiqué, vous avez peut-être vu, en salade ou en hors-d’œuvre, une petite feuille en forme de cœur avec des nervures et un pétiole rouge foncé. Mais qu’est-ce que c’est?
Il s’agit de l’oseille sanguine (Rumex sanguineus sanguineus), aussi appelée patience sanguine. Curieusement, il s’agit d’une plante vivace cultivée jusqu’à récemment surtout comme plante ornementale: son utilisation comme salade BCBG est tout à fait récente.
Les petites feuilles ne sont pas simplement décoratives, elles sont aussi savoureuses et ont un goût acidulé semblable à celui de l’épinard (un proche parent). Et elles sont très faciles à produire.
Une plante, deux cultures
Vous pouvez faire pousser de l’oseille sanguine de deux manières différentes: comme annuelle à croissance rapide ou comme vivace de longue vie.
La cultiver comme annuelle
L’oseille «annuelle» sert pour la production de salades. Semez les graines à l’intérieur ou à l’extérieur (à l’intérieur, sous une lumière intense). Les graines germent rapidement et produisent de petites feuilles cordiformes récoltables au bout de 40 jours et des feuilles plus grandes mais toujours comestibles au bout de 55 jours. Vous pouvez également la cultiver comme germe (petit semis consommé à peine germé), une production encore plus rapide. Après quelque temps, toutefois, les feuilles changent de forme, devenant longues et étroites et trop coriaces et amères pour le comptoir à salades. Sa vie utile terminée, l’oseille annuelle finit dans le compost.
La cultiver comme vivace
L’autre possibilité est de la cultiver comme plante vivace ornementale. On pourrait, bien sûr, la cultiver à partir de semences, mais généralement les jardiniers achètent de jeunes plantes bien établies dans des pots de 10 cm. Il suffit alors de les planter dans le parterre et de profiter de leurs jolies feuilles tout de suite.
L’oseille sanguine forme alors une plante d’environ 30 à 40 cm de hauteur et 30 cm de diamètre avec de longues feuilles nervurées de rouge. Les feuilles sont persistantes dans les climats doux, mais meurent à des degrés divers dans les régions aux hivers froids. Dans mes plates-bandes, elles restent attrayantes jusqu’à ce que la neige les cache de la vue et la reprise de la croissance se fait très tôt au printemps quand la plupart des autres vivaces sont encore bien endormies.
La plante fleurit aussi, mais pas très gracieusement. La tige florale, munie de feuilles étroites, paraît au milieu de l’été et atteint environ 60 à 90 cm de hauteur, mais les petites fleurs vertes sont sans attrait. De plus, à la floraison, la plante commence à décliner, prenant ainsi une apparence lâche et négligée. La plupart des jardiniers suppriment la tige florale, ce qui stimule une reprise de la croissance et maintient une belle apparence.
Vous pouvez quand même récolter des feuilles de votre oseille vivace. Au printemps, vous pouvez cueillir environ la moitié des nouvelles feuilles, mais laissez ensuite l’autre moitié pousser pour que la plante puisse récupérer. Ensuite, au moment de la floraison, vous pouvez rabattre la plante entière au sol et elle repoussera rapidement, produisant une nouvelle récolte. Encore une fois, ne récoltez pas plus de la moitié des feuilles.
N’en mangez pas trop!
Comme pour beaucoup de plantes au goût aigre-doux, y compris son cousin, l’épinard, le goût acidulé de l’oseille sanguine vient de l’acide oxalique, qui peut être toxique s’il est consommé en quantité importante. Limitez les portions à deux tasses par personne par repas. Les personnes sujettes à la goutte devraient éviter l’oseille… et les épinards.
Pas de risque d’envahissement
Les jardiniers qui luttent pour contrôler l’oseille des jardins (Rumex acetosa), le légume-feuille utilisé pour préparer la soupe à l’oseille, mais qui est aussi une mauvaise herbe incroyablement envahissante en raison de ses rhizomes errants et de ses semis abondants, peuvent se détendre avec l’oseille sanguine. Elle ne produit pas de rhizomes vagabonds, mais qu’une dense rosette de feuilles. Elle peut se ressemer si vous la laissez fleurir, mais tend à ne le faire que modestement.
La sous-espèce nervurée rouge
Sachez que la version sauvage de notre oseille sanguine s’appelle patience des bois (R. sanguineus) et est entièrement verte. C’est une plante sauvage courante un peu partout en Eurasie et jusqu’en Afrique du Nord. La version à nervures rouges, l’oseille sanguine, est une sous-espèce (R. sanguineus sanguineus). On la trouve ici et là dans l’aire de répartition naturelle de la patience des bois.
Culture de base de l’oseille sanguine
Dans le parterre ou le potager, plantez l’oseille sanguine au soleil ou à la mi-ombre dans un sol plutôt riche et, surtout, humide. En effet, à l’état sauvage, elle a tendance à pousser en bordure des cours d’eau, dans un sol uniformément humide. Ainsi, elle constitue une bonne plante marginale pour le jardin d’eau.
Cela dit, vous pouvez facilement cultiver l’oseille sanguine dans la plate-bande sans préparation spéciale pourvu que vous compreniez qu’il faudra peut-être l’arroser par temps sec. Un bon paillis dans la zone des racines aidera à garder le sol plus humide et l’oseille plus heureuse.
Enfin, en ce qui concerne la résistance au froid, l’oseille sanguine croît sans difficulté dans les zones de rusticité 4 à 8 et même en zone 3 sous une bonne couverture neigeuse.
L’oseille sanguine: du bar à salade aux germes et au jardin de fleurs, c’est une plante attrayante aux multiples usages!
Où acheter les graines d’oseille sanguine? Je ne me souviens pas d’en avoir vues dans aucun catalogue…
Essayez https://www.terrepromise.ca/produit/oseille-sanguine/
La mienne est clairement envahissante (pourtant, elle est exactement comme sur la photo), c’est curieux…
Savez-vous où je peux acheter des plants d’oseille sanguine dans la région de Québec?
Parfois vendue en jardinerie parmi les fines herbes.