2019: Année de la sauge vivace
Chaque année, le National Garden Bureau, un organisme à but non lucratif qui fait la promotion des plaisirs du jardinage, sélectionne une annuelle, un bulbe, une plante comestible et une vivace à mettre en vedette dans son programme L’année de. C’est une excellente façon de découvrir une plante que vous ne connaissez pas ou pour en apprendre un peu plus sur une plante que vous cultivez déjà.
Regardons alors la vivace gagnante pour 2019: la sauge vivace.
La sauge vivace et sa parenté
Les sauges (Salvia spp.) appartiennent à la famille des menthes (Lamiacées) et sont donc des cousines de plusieurs plantes ornementales utilisées dans nos plates-bandes telles le népéta (Nepeta spp.) et la monarde (Monarda spp.). D’ailleurs, de nombreuses espèces de sauge révèlent leurs origines familiales par leurs tiges quadrangulaires et par l’arôme mentholé que leurs feuilles dégagent quand on les froisse.
Le nom Salvia est dérivé du latin salvare, ce qui signifie guérir ou sauver. Il faisait à l’origine référence à la sauge officinale (Salvia officinalis), que nous utilisons actuellement surtout pour aromatiser nos aliments, mais qui était connue autrefois pour ses propriétés médicinales. C’était donc «la plante qui guérit.» C’est Linné qui a choisi le nom Salvia comme nom pour ce vaste genre.
Une caractéristique fascinante des fleurs de sauge est qu’elles contiennent un mécanisme comme un genre de ressort qui dépose le pollen sur les abeilles en visite. Quand l’insecte se pose sur le pétale inférieur, son poids fait réagir les étamines arquées au-dessus et ces dernières se penchent aussitôt pour coller du pollen sur son dos. Ce pollen est ensuite transféré aux fleurs de la prochaine sauge que l’abeille visite, assurant la pollinisation.
Le genre Salvia est d’ailleurs l’un des plus diversifiés dans la palette du jardinier, avec plus de 1?000 espèces trouvées presque partout dans le monde. En plus de la sauge de notre cuisine, il y a des sauges annuelles populaires comme la sauge écarlate (S. splendens) et la sauge farineuse (S. farinacea); des bisannuelles comme la sauge argentée (Salvia argentea) et la sauge sclarée ou toute bonne (Salvia sclarea); et même des arbustes et des petits arbres, mais ces derniers sont tropicaux.
Les sauges pérennes et réellement rustiques ne composent qu’un petit groupe: une cinquantaine d’espèces venant surtout d’Eurasie et, d’un moindre degré, d’Amérique du Nord. Et, de ce groupe, il y a un sous-groupe basé sur la sauge des bois européen (S. nemorosa) et qu’on appelle couramment sauge vivace, le sujet de cet article.
Confusion botanique
Il n’est pas facile de mettre le bon nom botanique sur une sauge vivace. En fait, le terme s’applique à trois espèces très similaires — la sauge des bois (S. nemorosa) et deux espèces hybrides: S. × sylvestris et S. × superba… et les trois sont tellement similaires que même un botaniste aurait de la difficulté à les distinguer.
Il s’avère que S. nemorosa se croise facilement avec la sauge des prés (S. pratensis), ce qui a donné l’espèce hybride S. × sylvestris (sauge sylvestre). Et cette sauge hybride a à son tour été croisée avec la sauge amplexicaule (S. amplexicaulis), donnant une autre espèce hybride, S. × superbum ou sauge superbe. Et aujourd’hui, encore d’autres espèces s’ajoutent au mélange.
Le résultat est que personne ne semble vraiment savoir si les différentes sauges vivaces trouvées sur le marché sont des S. nemorosa pures ou des hybrides.
C’est pourquoi, bien que le groupe entier de sauges rustiques similaires soit parfois appelé Salvia nemorosa par les pépiniéristes, je préfère le terme plus inclusif de «sauge vivace». C’est d’ailleurs le nom que j’utilise dans cet article.
Notez que les croisements entre espèces différentes mènent souvent à la stérilité des fleurs. C’est souvent le cas des sauges vivaces et plusieurs cultivars sont donc stériles ou encore, produisent peu de semences viables.
Que de choix!
Une grande partie des premiers travaux d’hybridation des sauges a été réalisée par l’horticulteur allemand Ernst Pagels (1913 à 2007), à qui sont attribuées notamment les variétés ‘Blauhügel’ (‘Blue Hill’) et ‘Schneehügel’ (‘Snow Hill’) qu’il a introduites peu après la Seconde Guerre mondiale. Les deux sont encore très populaires, mais l’intérêt pour les sauges vivaces étant en plein essor, le résultat est qu’il existe maintenant plusieurs centaines de variétés de sauges vivaces dans une vaste gamme de couleurs et de tailles.
Le cultivar ‘Mainacht’ (‘May Night’), également développé par un hybrideur allemand, est probablement le cultivar le plus répandu et le plus connu de sauge vivace. Nommé vivace de l’année par la Perennial Plant Association en 1997, ‘Mainacht’ reste un favori pour son abondance de fleurs bleu indigo et sa résistance aux parasites et aux maladies.
Parmi les autres sauges vivaces «classiques», il y a ‘Caradonna’, aux tiges pourpre très foncé et aux fleurs violettes, et le cultivar ‘Ostfriesland’ (‘East Friesland’), à fleurs pourpre sombre.
Cela dit, ces classiques sont peu à peu remplacés par de nouvelles variétés intéressantes produites par des hybrideurs européens et américains. Ce groupe comprend des cultivars primés tels que ‘Blue Marvel’ et ‘Rose Marvel’, qui présentent des fleurs extragrandes et offrent une floraison beaucoup plus longue, et aussi ‘April Night’, qui, comme son nom l’indique, fleurit plus hâtivement que les autres. ‘New Dimension’, ‘Bordeau’, ‘Salute’ et ‘Swifty’ sont d’autres nouvelles introductions destinées à décorer nos jardins.
De plus, les hybrideurs travaillent depuis peu à rétrocroiser les différentes sauges vivaces avec la sauge des prés (S. pratensis). Cela donne souvent une plante aux fleurs plus aérées, mais aussi plus grandes et en forme de «bec de perroquet». C’est le cas de ‘Blue by You’ et de la série Fashionista® (‘Pretty in Pink’, ‘Midnight Model’, ‘Moulin Rouge’, etc.).
Soins et culture
Les sauges vivaces (S. nemorosa et ses hybrides) sont considérées comme étant des plantes très robustes nécessitant peu de soins. Elles peuvent rester au même emplacement pendant des années sans qu’il soit nécessaire de les diviser.
Les sauges vivaces sont généralement résistantes aux insectes, aux maladies et aux mammifères. D’ailleurs, le feuillage que les humains trouvent si agréablement aromatique est bourré de produits chimiques dissuasifs qui éloignent les prédateurs! Les fleurs attirent toutefois les pollinisateurs en grand nombre: papillons, syrphes, colibris et abeilles, beaucoup d’abeilles! Si vous n’aimez pas les abeilles, ne plantez pas de sauge!
Assurez-vous de les planter dans un endroit où elles recevront au moins une demi-journée de soleil direct, ce qui stimulera une floraison maximale.
Comme les sauges vivaces préfèrent un sol moyennement riche en matières organiques, il peut être nécessaire d’ajouter du compost à votre sol au moment de la plantation, notamment s’il est sablonneux. Un excellent drainage est toutefois nécessaire: évitez alors les sols argileux lourds.
Une fois installées dans le jardin, les sauges résistent assez bien à la sécheresse. Il est seulement nécessaire de les arroser si la sécheresse se prolonge indûment.
La rusticité des sauges vivaces est considérée «bonne» et on les cultive sans crainte dans les zones de rusticité 4 à 8. Elles méritent également un essai dans des endroits protégés de la zone 3. Vous remarquerez qu’elles fleurissent plus abondamment quand l’été est plutôt frais que lorsque la chaleur est accablante.
Pour maintenir une croissance verte en bonne santé, il peut être nécessaire de fertiliser à la fin du printemps ou au début de l’été. L’application d’un engrais biologique tout usage à dégagement lent, conformément aux instructions de l’étiquette, fera l’affaire.
Parfois, les descriptions des sauges vivaces donnent au jardinier l’impression qu’elles fleurissent tout l’été, mais en fait, elles fleurissent d’abord pendant environ 4 à 6 semaines, puis s’arrêtent. Pour les encourager à refleurir, rabattez les plantes à environ un tiers de leur hauteur initiale quand la première floraison est presque terminée. Cette taille stimule la plante à repousser à partir de son système racinaire… et vous serez récompensé par une nouvelle floraison environ un mois plus tard. Dans les régions aux étés longs, vous pouvez même répéter cette opération une seconde fois à la fin de la deuxième floraison et ainsi obtenir une floraison automnale prolongée.
Enfin, vous pouvez multiplier vos sauges par boutures de tiges ou par division. Certaines variétés sont aussi disponibles à partir de semences.
Les sauges vivaces font un ajout magnifique à toute plate-bande de climat tempéré et il est donc facile de comprendre pourquoi le National Garden Bureau a choisi de nommer 2019 l’année de la sauge pérenne!
Salut Larry, concernant les semences de mufliers de Mckenzie, je ne sais pas si vous avez le même problème à Québec qu’ici en Estrie. Il est impossible de trouver des enveloppes de mufliers que ce soit en grandes surfaces ou dans les centres jardin. J’ai même appelez McKenzie et je n’ai jamais pu avoir de réponse d’eux. J’aimerais savoir ce que tu en pense.
Effectivement, je n’en vois pas non plus. Par contre, beaucoup de semenciers en vendent par la poste, comme W.H. Perron (www.whperron.com/fr).
Bonjour,
Je fais la culture de la Sauge Blanche (Salvia Apiana) au Québec et j’aimerais trouver des gens qui le font aussi pour échanges d’informations. Contrairement aux autres Sauges, la blanche représente que des défis, de la germination jusqu’à la maturité. Beaucoup de personne font des essais et renoncent par la suite. J’ai présentement été capable de faire une trentaine de plan qui sont en terre dans un champ présentement et que je vais devoir assurément entrer à l’intérieur pour l’hiver.
Pour la germination des semences, j’ai testé déjà la Scarification, Stratification, chimique Peroxyde,) et par le feu (anciennement). Je suis en contact avec plusieurs personnes partout dans le monde, mais personne du Québec à ce sujet.
Au plaisir de vous lire
Éric
PS. Les façons de faire ne sont pas comme les autres Sauge croyez-moi !
Peut-être que des gens intéressés vont lire votre message, mais si vous voulez qu’ils vous contactent, il serait sage de donner votre courriel.
J’habite en Gaspésie, zone 4b, je veux planté des salvias vraiment bleus ”Evening Attire Salvia” de la collection Fashionista mais elle est de zone 5, y a-t-il des chances quelles survivent? Sinon, quelles autres salvias bleu intense puis-je trouver pour la zone 4b
Bonjour Diane, je suis du Québec (ma Parenté viens de la Gaspésir (Baie Des Chaleurs), et j’ai fait de la Sauge Blanche (seul au Canada a ce que j’ai pu voir dans mes recherches).. Malheureusement , aucun de la famille des Salvias va passer l’hiver. Donc, il faut vraiment partir ses semis à l’intérieur (je suggère maintenant) et que couper toutes les récoltes à la mi-automne fin été. Aucun des plans ne sont revenu après une saison malheureusement.
Je soupçonne que ce salvia soit bien rustique dansant zone 4b. C’est un hybride avec Salvia pratensis, solidement rustique en zone 4 et souvent rustique en zone 3. Depuis quelques années, les hybrides de nouvelles vivaces ne testent plus pour la rusticité et mettent souvent une étiquette de zone 5 surtout toutes les nouveautés. Lisez ici pour comprendre pourquoi on ne peut plus se fier sur les zones de rusticité qui paraissent sur les étiquettes des nouveautés horticoles: https://jardinierparesseux.com/2021/01/20/quand-les-zones-de-rusticite-nous-mentent/
Bonjour, merci pour votre engagement. Ce qui concerne la sauge sauvage, est ce qu’il faut rabattre la plante en hiver.