Comment les plantes s’acclimatent au froid
Les végétaux de climat tempéré s’adaptent au froid. Source: libreshot.com
Si vous vivez dans une région aux hivers frigides, vous avez sans doute remarqué que la première fois qu’il fait 5 °C à l’automne, vous avez très froid. Il vous faut un manteau d’hiver, un chapeau et des gants pour y faire face. Pourtant, si en février il fait «seulement» 5 °C, vous déboutonnez votre manteau. Entre le mois d’octobre et le mois de février, vous vous êtes acclimaté à l’hiver. Mais l’acclimatation disparaîtra à mesure que le printemps s’installera. Ainsi, s’il fait 5 °C en mai, vous ressortirez parka et compagnie.
Eh bien, les plantes rustiques vivent un processus similaire d’acclimatation et de désacclimatation. Les jours courts et la baisse graduelle des températures à l’automne poussent ces végétaux dans une dormance de plus en plus profonde. Puis, au printemps, la plante s’acclimate de nouveau aux températures plus chaudes et perd graduellement sa résistance au froid. Ainsi, un sapin baumier (Abies balsamea) qui ne bronchera pas à une température de -40 °C en janvier sera sérieusement endommagé s’il fait -10 °C en juillet.
La méthode utilisée par les plantes pour tolérer le froid varie d’une espèce à l’autre : certaines développent un genre d’antigel qui empêche leur sève de geler, d’autres réduisent la quantité d’eau dans leurs tissus (l’eau prend de l’expansion en gelant et fait éclater les cellules), certaines perdent leurs feuilles l’hiver et d’autres se retirent entièrement sous le sol. La plupart combinent différentes méthodes.
L’idéal : une baisse régulière de la température
Idéalement, le froid s’installe graduellement à partir du début de l’automne, en septembre, et les températures baissent alors peu à peu de semaine en semaine. Un «été des Indiens» fait peut-être la joie des promeneurs, mais peut sérieusement nuire aux plantes, qui peuvent perdre leur résistance au froid s’il se prolonge. Au Québec, l’automne 2018 a été jusqu’à maintenant un automne parfait pour les végétaux : de plus en plus froid de semaine en semaine. Si la tendance se maintient, selon l’expression consacrée par les métérologues, nos plantes rustiques passeront l’hiver 2018-2019 dans un excellent état!
L’effet des protections hivernales
Saviez-vous que la plupart des protections hivernales, que je vois beaucoup de propriétaires installer ces temps-ci, ne protègent pas contre le froid? Vous avez beau emballer vos arbustes, arbres et conifères de jute et de géotextile, la température nocturne à l’intérieur de ces protections est tout à fait identique à celle de l’extérieur.
D’ailleurs, il est essentiel que ces protections soient de couleur claire. En effet, les protections foncées absorbent la chaleur le jour et peuvent faire perdre à vos plantes leur résistance au froid. Quand vient une nuit froide, la plante est endommagée et peut même mourir.
Le rôle des jutes et géotextiles n’est pas de réchauffer, donc, mais de minimiser l’effet desséchant du vent. Ils sont donc surtout utiles pour les plantes fraîchement plantées ou exposées à un couloir de vent.
Personnellement, je ne pose pas ce genre de protection hivernale sur mon terrain : c’est trop de travail pour le faible avantage que cela donne… quand il y a même un avantage; souvent, il n’y en a pas. De plus, elles tendent à aider les plantes mal adaptées aux conditions locales à s’accrocher à la vie. Je préfère utiliser les plantes qui aiment mes conditions. Si une plante n’est pas capable de tolérer l’hiver chez moi, qu’elle crève! Je lui trouverai bien une remplaçante.
Comment vraiment garder les plantes au chaud
Il existe toutefois deux protections hivernales qui sont très efficaces pour protéger les végétaux contre le froid : la neige et le paillis.
Pour comprendre pourquoi, il faut savoir que les racines de la plupart des plantes sont moins rustiques que leurs branches et leurs feuilles. Donc, plus le sol est protégé contre les soubresauts de l’hiver, meilleur sera l’état des plantes quand la neige fondra au printemps.
La neige aide en empêchant l’air froid de pénétrer trop loin dans le sol. Plus il y a de neige l’hiver, et surtout quand elle tombe tôt et perdure, meilleur sera l’état de nos plantes au printemps. Quand l’air ambiant est à -15 °C, il fait rarement plus froid que -1 °C dans le sol sous une couche de 15 cm de neige.
Le paillis — une couche de matière organique qui recouvre le sol — agit de la même façon que la neige : il crée une couche isolante entre l’air parfois extrêmement froid et le sol. Son avantage sur la neige est qu’il est fiable : il ne fond pas subitement au mois de janvier comme la neige peut le faire lors d’un redoux. D’ailleurs, la neige par-dessus un paillis rend ce dernier encore plus efficace : c’est une combinaison gagnante.
Protection hivernale ou pas, c’est à vous de choisir, mais rappelez-vous que, cet automne du moins, dame Nature semble être du côté du jardinier.
Bonjour, j’aimerais avoir votre opinion. j’ai beaucoup de béton autour de ma piscine, et j’aimerais mettre plusieurs arbustes feuillus dans des pots de 20 ou 30 gallons en feutre(smartpot). Est-ce que les racines vont geler l’hiver? Est-ce qu’il est préférable de les recouvrir d’une bonne couche de feuille morte à l’automne? Oui je pourrais les mettre en terre, mais beaucoup plus de travail avec un sol argileux et rocailleux.
Je suis très intéressée par toutes vos réponses
.Merci.
Le problème avec la culture en pot est que les racines sont beaucoup plus exposées aux éléments qu’en pleine terre. Alors, en hiver, un redoux peut faire dégeler la motte de terre qui se glace alors, tuant les racines, quand les températures froides reviennent. Une possibilité est d’utiliser un très gros pot: ainsi la masse de terre n’est pas aussi sujette aux soubresauts de température. Ou, comme vous le suggérez, d’entourer les pots de beaucoup de feuilles mortes.
Feuilles mortes ou isolant genre “steerofoam”…
J’espère ne pas avoir perdu plusieurs de mes Bonsais, j’ai trop tarder à les mettre à l’abri de ma maison, et tous les pots étaient “gelé ben dure”! Je les ai tous mis très près de mon solage et les ai recouvert d’une épaisse couche de feuilles mortes, le tout retenu et protégé par des meubles de jardin en guise de barrière contre le vent! (Ça va retenir les feuilles)
Il y a une bonne chance que cela fonctionne pour les bonsaïs rustiques. Pour ceux d’origine tropicale, par contre…
Bonjour Larry,
J’avais lu une recommandation de votre part qui était un pulvérisateur pour les buies (et autres arbustes j’imagine). Nous l’avons utilisé l’hiver dernier et avons constaté qu’aucune branche n’avait jaunie. Malheureusement j’ai oublié le nom. Pouvez-vous me le rappeler ?
Je ne me souviens pas de ce conseil… mais alors, j’en donne des milliers!
J’ai trouvé : Wilt Pruf. Ce n’était peut-être pas vous mais bon, j’ai trouvé que ça avait fait un bon travail. Peut-être cela vous intéressera-t-il ?
Ah oui, j’en avais parlé pour le conifères, mais c’est logique que cela ait fonctionné sur les buis.